En ce cinquante-septième jour après le début du confinement,
il n’y a aucun changement lié au déconfinement pour moi. Je n’ai pas arrêté de
bosser de la journée. Pas intensément, des réunions chiantes. Je suis resté à l’écoute,
en particulier, de 14 à 18 heures en ne parlant pas plus de cinq minutes tout
en traitant mes mails professionnels. Je me rappelle que j’en avais parlé le
mois dernier, après la même réunion mensuelle (le premier mardi de chaque mois,
sauf ce mois-ci).
Je vais donc en profiter pour donner des conseils aux
collègues en télétravail (les problèmes existent aussi au bureau mais le fait d’être
à distance et souvent au téléphone multiplie la gène, je vais donner un exemple
avec mon premier point).
Premier point :
soyez à l’heure aux réunions. Quand on fait une réunion au bureau, on la
commence quand les visiteurs arrivent, on va se chercher entre collègues, on
voit les autres se lever… On papote sur le chemin de la réunion et commence
cinq minutes après le top départ. Au téléphone, il faut arriver à l’heure
exacte. S’il y a dix personnes à une réunion et qu’elles attendent le onzième
pendant cinq minutes, ça fait 10 personnes qui se font chier et cinquante
minutes de travail perdu. La ponctualité est la politesse des rois.
Mon deuxième point apportera une aide. J’arrive pour ma part
aux audios teams avec un peu d’avance, trois ou quatre minutes, ce qui permet
de papoter avec les présents et évite de perdre du temps en politesses après l’heure
de début. Et quand c’est moi qui suis l’organisateur, je commence au maximum
avec deux minutes de retard, tant pis pour les absents.
Vous n’avez pas le droit de déranger les autres parce que
vous êtes en retard.
Deuxième point :
sachez finir une réunion. Quand vous constatez que l’heure de fin prévue de
la réunion arrive dans cinq minutes, dites-le et dites que vous avez un
impératif. Il y aura toujours un imbécile qui dira « mais on a presque
fini ». Envoyez-le chier (poliment), sauf s’il est bien placé dans la
hiérarchie (dite seulement que vous avez une autre réunion importante juste
après et que vous ne pouvez pas être en retard. Si un sujet n’a pas été traité
dans un temps imparti, c’est qu’il faut prévoir une autre séance. Dites-le.
Troisième point :
ne traitez pas les points qui n’intéressent pas tous les participants. Si
vous êtes patrons d’un bistro et que vous faites une réunion avec les salariés
pour préparer le confinement, faites des réunions générales pour présenter la
situation et contentez-vous d’annoncer que vous allez ou vous avez traité la
question de l’intendance pour la cuisine avec les cuisiniers.
Si vous constatez une dérive, dites-le. Si au cours de ces
comités mensuels où vous traitez tous les aspects et que l’un d’entre eux
dérive, demandez l’organisation d’un groupe de travail spécifique.
Quatrième point :
n’invitez que les personnes utiles. Cette
après-midi, j’avais un comité mais n’avait pas été averti que seul le planning
général serait abordé or il ne me concerne pas (sur 11 invités, seuls quatre
ont réellement parlé). Dites tout dans l’invitation, que vous invitez des gens
uniquement pour information.
Cinquième point :
faites gaffes aux outils de conversation instantanée. Dans ma boite on
utilise Teams pour les réunions depuis peu et les collègues ont découvert le « chat »
qui va avec mais oublient qu’ils ne sont pas avec des potes dans Messenger. Ils
n’arrêtent pas de jacasser. La conversation instantanée doit servir pour des
choses utiles seulement sinon ces dernières passent à la trappe.
Sixième point :
dans les messageries, évitez les listes de diffusion ou boites génériques.
On ne sait plus à qui en cause. Elles sont destinées à être un point d’entrée
unique avec des destinataires précis qui s’assureront que le mail est traité.
Exemple : direction@lacomete.fr. J’ai des collègues qui utilisent la boite
générique de leurs équipes pour éviter de mettre en copie leurs collègues
individuellement. Mais ils ne savent pas que les destinataires sont aussi la
MOA et les chefs de service. Non seulement, ils sont importunés mais en plus,
les échanges les engagent.
Septième point :
les destinataires des mails... Il y a plusieurs volets et cela n’a rien à
voir avec le télétravail.
Le premier : les destinataires principaux des mails
doivent être ceux dont vous attendez une action (une réponse, la bonne prise en
compte dans le service ou l’entreprise, donc pas deux personnes dans la même
entité). Vous pouvez mettre en copie qui vous voulez (vos collègues, les
collaborateurs des destinataires principaux), vous avez toute la légitimité
mais pensez au temps que vous risquez de faire perdre à tous ces braves gens
pour qu’ils vous lisent et supportent les potentiels répondre à tous. Pensez au
temps que vous allez perdre si des discussions s’engagent (c’est un peu pareil
avec les tauliers des blogs : voir mon billet de ce matin).
Il y a une exception : les mails d’information.
Si vous mettez trop de destinataires à un mail sans intérêt,
tout le monde pensera que vous êtes là pour justifier votre salaire ! Ca
ne marche pas.
Le deuxième : mettez vos chefs en « copie cachée »
(je reconnais que je pratique peu). Ils seront informés de votre démarche, ne
seront pas pollués par les réponses et pourront vous désavouer tout de suite ou
ultérieurement car les autres se sauront pas qu’il était au courant dès le
début. Ne les mettez en copie visible que si vous pensez qu’il faut faire
savoir qu’il cautionne le mail ou si vous écrivez à quelqu’un placé plus haut
dans la hiérarchie.
Le troisième : ne faites pas de répondre à tous si ce n’est
pas justifié ou si vous ne connaissez pas tous les destinataires ou s’il y a
plus d’une demi-douzaine de types en copie.
Le quatrième : quand vous faites un « répondre à
tous » malgré tout mais que vous supprimez quelques personnes ou en
ajoutez, dites le explicitement dans le mail, pour pas que ça soit vu comme une
traitrise ou un parachute. L’autre jour, je discutais avec un salarié d’un
client (qui est un des deux actionnaires de ma boite) et plusieurs autres
salariés de ma boîte. Au bout de quelques échanges, il ajouté son directeur à
la discussion. Une réponse n’a pas plu, le gars a écrit au directeur général de
la filiale où je bosse (mon N+5, quand même) et ça m’est retombé dessus par la
voie hiérarchique de N-1 en N-1… (je rigole, en deux étapes seulement). Je ne
le connaissais pas et n’ai pas fait attention. C’est une belle traitrise. Il
aurait dû écrire en commençant son mail par « J’ajoute M. Dugland, qui est
mon boss, Directeur adjoint à la charcuterie, car je pense que nous ne pouvons
pas traiter le sujet à notre niveau, je pense qu’il vaut mieux qu’il s’adresse
à ta direction mais j’ai bien compris ton argumentation. »
(le plus drôle dans cette histoire est que j’ai réussi à
convaincre tout le monde de mon argumentation ; il s’agissait de monter en
urgence un projet dans le cadre du confinage et mon argument était qu’on
prenait trop de risques, argument qui a fait mouche, puisque parallèlement une
autre direction du client, celle directement responsable de mon activité alors
que la première était en charge du service à la clientèle, a fait une escalade
en parallèle pour me soutenir mais sans passer par ma direction).
On pourrait en tirer un autre volet : le directeur en
question m’a mis en embarras auprès de mon directeur général en faisant suivre
mon mail et à mis en embarras ma hiérarchie dont le DG parce qu’il a fait
suivre mon mail (elle était en embarras parce que mes arguments étaient en béton).
Ne jamais faire suivre un mail d’un type d’une autre entité à la hiérarchie du
type sauf pour se plaindre ouvertement de son comportement. Surtout en période
de confinement : mon DG vient d’arriver et je ne l’ai pas rencontré, il ne
me connaît pas, ne connaît pas bien le travail de chaque équipe,… Je suis N-4
parce je refuse de faire du management mais je parlais souvent à son
prédécesseur.
Huitième point :
commencez les mails en exposant bien les sujets. Si vous avez un mail assez
long à faire, disons plus d’une dizaine de lignes, commencez par un résumé de
vos propos sinon les interlocuteurs qui ne seront pas concernés directement ne
lirez pas et ceux qui le sont remettront la tâche à demain et oublieront. Vous
ferez perdre du temps à tout le monde. Quel que soit le mail.
Par exemple, j’ai reçu, à titre personnel, dans le cadre du
Covid-19 des mails de ma boîte, évidemment, de mon assureur, de ma banque, du
syndic de la copropriété, de la RATP, de la SNCF. J’en passe. Ils commençaient
tous par un préambule pompeux …
Pour la RATP : « Cher·e·s voyageur·euse·s,
cher·e·s client·e·s, Face à la situation exceptionnelle que notre pays traverse
et à la limitation des déplacements individuels qui bouleverse nos vies tant
sur le plan personnel, familial que professionnel, je tiens à vous exprimer
l’engagement et la solidarité du groupe RATP et de ses agents. Si la santé et la sécurité des équipes sont
notre priorité, sachez que nous restons mobilisés pour assurer notre rôle de
service public fondamental. Il s’agit de permettre aux autres fonctions
essentielles de poursuivre leur mission. Je pense en particulier à tous les
personnels médicaux et hospitaliers, à tous les salariés des commerces
indispensables à notre vie quotidienne, au personnel de la police, de
l’énergie, de la gestion des déchets... »
Qui va lire un tel truc ! Un résumé aurait été plus
utile. « Dans le cadre de la crise sanitaire, nous sommes obligés de
réduire le trafic et de réaménager nos bus pour faire prendre moins de risques
à nos chauffeur, le tout dans la précipitation pour permettre à nos usagers qui
ont des déplacements impératifs à accomplir, nous exprimons notre solidarité
envers tout le monde, y compris nos clients pochetrons qui ne pourront pas
aller au bistro ». A la limite, tout le reste aurait été inutile.
Neuvième point :
apprenez à utiliser les outils modernes de partage des fichiers, ceux qui
permettent de travailler à plusieurs sur le même document. Mais je n’argumente pas, je ne rendais pas
compte que ce billet était aussi long.
Dixième point :
apprenez à utiliser des ordinateurs portables. Ils n’ont pas de souris mais
un « touchpad ». Cela fonctionne très bien…
Côté confinage, ma mère a enfin revu un de ses enfants
aujourd’hui. Des informations me font rigoler comme celle sur celle sur la
préparation du reconfinement par le gouvernement. Je suppose qu’après, ils vont
préparer le redéconfinement puis le rereconfinement puis le reredéconfinement.
Il va falloir que les dictionnaires intègrent les néologismes de plus en plus
vite.
Une autre m’horrifie, celle du service gériatrie de l’hôpital
de Lannion et qui pourrait arriver à d’autres. Ces services n’ont pas les mêmes
règles que les maisons de retraite. Une vieille a eu des contacts avec un malade
de sa famille (je crois), elle a choppé le machin et l’a refilé à une grosse
vingtaine de soignants et une autre vingtaine de séniles. Ma nièce bosse
sans-doute dans un service proche, voire là…
Côté personnel, il n’y a vraiment aucun changement. Hier
matin et au réveil aujourd’hui, je me réjouissais de pouvoir aller faire un
tout sans avoir à signer une honteuse attestation mais j’ai visiblement pris l’habitude
de rester à la maison à traîner sur les réseaux sociaux.
C’est ainsi.
D'accord sur presque tout (sur l'utilisation du chat pour faire les potaches, je suis plus mesurée je dirais OUI si ça a été convenu et si le chat ne sert plus qu'à ça). Sinon nouvel avantage qu'on n'avait pas dans le monde d'avant, sur une réunion importante type négo avec de l'externe, tu crées une boucle whatsapp ou autre avec les gens de ton organisation - en dehors donc de l'outil qui supporte la réunion et idéalement sur un autre support. Vous pouvez ainsi échanger assez discrètement (dans une salle de réunion ce serait juste impossible) pour ajuster les stratégies, définir les positions et le "jeu de rôles" pendant la réunion.
RépondreSupprimerOui, mais on peut le faire avec Teams (créer une conversation indépendante de la réunion tenue dans l'outil).
SupprimerCe qui est bien, avec des billets de ce genre-là, c'est que même les trolls les plus endurants en restent cois…
RépondreSupprimerMais non ! Détrompez-vous. Fredi n'arrête pas de commenter. Peut-être une vingtaine de fois depuis que j'ai réactivé la modération... Je suis même persuadé qu'il est abonné aux commentaires, ici. J'ai créé un filtre pour ne plus recevoir de commentaires quand il commente.
SupprimerEn fait, je pensais plutôt au gars moi-même…
SupprimerOn me demande ?
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