En
utilisant Google News, je suis allé voir ce que disait la presse sur le
télétravail. On trouve du bon et du mauvais avec un certain nombre d’extrémistes,
soit totalement opposant à la chose, soit partisan d’une généralisation voire d’un
« tout en télétravail ». Leurs arguments sont stupides car il existe
une juste mesure, comme la possibilité de ne faire que deux jours de
télétravail par semaine.
Pour
ma part, je serais plus pour une solution avec deux semaines sur trois en tout
télétravail et une semaine avec quatre jours au bureau, par exemple, quatre
jours qui seraient les mêmes pour tout un service mais laissons tomber mon cas
particulier.
Les
arguments en faveur du télétravail sont évidents, je les ai déjà évoqués, tout
comme ceux opposés comme le risque d’exclusion social du solitaire obligé de rester
à la maison. Aucun article ne cite un élément : dans beaucoup d’entreprises,
les nouveaux embauchés ne peuvent pas vraiment faire de télétravail car il leur
faut plusieurs semaines ou mois de formation ou d’accompagnement. Et il faut
donc que des personnes soient presque en permanence au bureau pour les assister…
Les articles et interviews sont très incomplets et orientés.
Ainsi,
dans cet
article, un patron, opposant, est interviewé et dit, à un moment « Je veux que
mes salariés reviennent au bureau pour pouvoir prendre un café avec eux. Pour
pouvoir les voir et aller chercher celui ou celle plus timide, mais chez qui je
vois, dans le regard, qu'il a une idée intéressante mais qu'il n'ose pas
l'exprimer. Pour des brainstorming tous ensemble et pas sur Zoom, Teams ou
Meet. Ce sont des moments de vie dont on a besoin... et ça, on peut les avoir
quand on est dans le même espace ! » Ce côté paternaliste des patrons
de petites boîtes est insupportable et les brainstormings en visio fonctionnent
très bien… En revanche, il est nécessaire que les gens se connaissent. Deux
jours par semaine sur le lieu de travail permettent cela… D’ailleurs, certaines
personnes interviewées disent que leurs collègues leur manque, ce qui est mon
cas, mais je n’ai pas besoin de les voir tous les jours… L’autre phénomène est
qu’on n’est pas habitués à se téléphoner entres collègues qui travaillent dans
les mêmes locaux et on ne sait pas trop le faire (dans tout mon service, sur
les six personnes qui avaient une journée de télétravail par semaine avant sa
généralisation, seule une osait appeler… Maintenant qu’on est 20 concernés et
en permanence, il m’arrive d’appeler des collègues mais la grande majorité
préfèrent d’autres outils). Le tout s’apprend et c’est aussi aux patrons de
fixer les règles.
Il
n’est pas utile, je pense, de parler du « tout télétravail » tel que
va le faire Facebook, cela me paraît ahurissant. Par contre, deux arguments
contre le télétravail doivent être torpillés. Le premier est qu’il crée une inégalité
entre ceux qui peuvent le faire et ceux qui ne peuvent pas. C’est parfait exact
mais il faut quand même reconnaître qu’il faut obliger tout le monde à prendre
les transports en commun car certains le sont. Le second est qu’il n’est pas
possible pour les non-cadres. Ce n’est pas vrai. Les moyens technologiques
permettent maintenant aux opérateurs de saisie, à ceux des centres d’appel,… de
faire du télétravail.
Quelques
éléments, enc ore, avant d’entrer dans ce qui motive la rédaction de ce billet.
Tout d’abord, les entreprises doivent fournir les moyens techniques. C’est une
évidence mais pendant le confinement, les difficultés ont été terribles
notamment parce que chaque collaborateur n’avait pas d’ordinateur portable.
Ensuite, le télétravail a un coût du fait de l’impossibilité d’aller à la
cantine. A contrario, prendre un passe Navigo annuel et me faire rembourser la
moitié alors que je pourrais ne prendre le métro qu’un jour sur deux est
crétin. Il faut donc que la législation évolue pour mieux encadrer ces espèces
d’avantage en nature en permettant, par exemple, aux employeurs de donner 200
euros par mois (non fiscalisés) aux employés à qui ils ne subventionneraient
pas les repas et les transports.
Ce
qui motive la rédaction de ce billet est le titre de cet
article : « Déconfinement : ces entreprises qui envisagent de faire durer le
télétravail plusieurs mois. » Je ne l’ai pas encore lu mais je me
dis qu’il pourrait bien être objectif ! En effet, mon entreprise n’a pas
le choix. On devait déménager pendant le confinement mais les travaux d’aménagement
des nouveaux locaux ont été retardés. On n’a donc plus de bureau avant le 15
septembre. Ce retard est aussi dû au fait qu’on aurait dû bosser en plateau
mais, après la crise sanitaire, il a fallu revoir les plans…
Pour
en revenir l’article, il est en effet objectif mais il ne dit pas grand-chose.
Deux extraits : « une entreprise sur dix se dit prête à continuer en télétravail
au-delà de l’été. Un choix qui n'est pas sans conséquence sur l'organisation du
travail et la gestion humaine des employés. » Un chef d’entreprise
est interviewé « Mais ce n'est pas pareil de passer deux mois en télétravail quand
toute la France est à l'arrêt et d'y rester quatre ou six mois de plus, alors
que la vie reprend dehors. Cela va donc demander quelques adaptations dans la
gestion des salariés. "Il va être nécessaire de recréer des moments de
convivialité, en visioconférence ou physiquement, en petits comités avec les
gestes barrières qui s’imposent, pour que les relations que l’on ait ne soit
pas exclusivement des "discussions de travail" »
Un
autre
article est intéressant. Il est au sujet des entreprises qui sont tombées
dans le télétravail avec la crise, ont constaté que cela fonctionnait bien et
envisagent de continuer à vie. Néanmoins, il reprend quelques objections
intéressantes. « Une entreprise est aussi un lieu de jeu politique. Les salariés en
télétravail ont tendance à être moins promus que les autres. » Je
vais le formuler autrement : je me demande ce que foutent certains
collègues pendant la journée et la réciproque est sans doute vraie. Le résultat
est que beaucoup ont tendance à montrer ce qu’ils font, qu’ils sont
indispensables et on a de plus en plus de monde en copie des mails (je parlais récemment
d’une espère de folie survenue au bout de huit semaines). Les gens parlent
beaucoup de ce qu’ils font pendant les réunions d’équipe comme s’ils avaient
peur d’être oubliés… « Pour se construire, un salarié va avoir besoin d’interactions
de proximité. Sans cela, il finit par être réduit uniquement à la tâche qu’on a
à faire. Il faut être très vigilant. »
« Et de conclure : “Si
le télétravail doit se développer massivement, le niveau de confort à la maison
doit être le même que celui en entreprise.” Autrement dit : travailler dans sa
cuisine entre les tomates et le four qui sonne s'apparente plus à du
confinement que réellement à un espace de travail optimisé. » C’est
caricatural (j’aime bien faire la cuisine en travaillant – du moins pendant le
temps de cuisson, voire faire des audios tout en épluchant les pommes de terre)
mais je reconnais que je me sens toujours confiné. C’est aussi pour ça qu’il me
tarde de rentrer en Bretagne où j’ai une pièce rien qu’à moi (ma chambre, en l’occurrence,
celle que j’avais quand j’étais gamin avec un grand bureau dans une pièce de
20m2) et tout le reste de la maison que je pourrais occuper en dehors des
heures de sommeil et de travail : la cuisine pour déjeuner et préparer les
repas, 20 m2, le séjour pour l’apéro, la télé,…, 50 m2, le bureau des parents
pour l’ordinateur personnel, 16 m2, la véranda, le jardin,…
Cela
résume certains des articles qui parlent des salariés qui peuvent quitter la
région parisienne pour avoir de meilleures conditions de vie et de travail.
Néanmoins, le télétravailleur (surtout vivant seul) doit déconfiner, avoir une
vie sociale, faire du sport ou aller au bistro et ne pas limiter les sorties à
des obligations utilitaires : faire les courses, aller chercher les gamins,…
Le
télétravail nécessite une organisation particulière, un aménagement des
habitations, ce que je n’ai pas pu faire chez moi, à cause du confinement (il
faut que j’achète un fauteuil de bureau et que je dégage une table qui serait
exclusivement réservée au travail, les sièges du séjour font mal au cul). Un de
mes collègues travaille dans sa caravane, dans son jardin. Elle est neuve, bien
meublée pour le travail… Ca lui a permis de bien séparer le travail et la
famille avec sa femme et ses enfants dans la maison.
Enfin,
j’ai vu un article, l’autre jour, aux sujets de personnes en télétravail forcé
qui disait que cela les fatiguait et qu’ils avaient hâte de reprendre le chemin
bureau. Ils se trompent dans l’analyse, ce n’est pas le télétravail qui fatigue
mais le confinement, avoir le stress, presque la peur, se « cacher »
pour faire des courses, avoir les enfants en permanence à la maison, ne pas
pouvoir aller chez le coiffeur ou au bistro, ne pas avoir de vie sociale.
Le
télétravail n’est pas le confinement et beaucoup d’articles de presse manquent
de recul à ce sujet. Il est porteur, c’est le moment d’en parler mais pas n’importe
comment. C’est d’ailleurs surprenant que des journalistes ne puissent pas
imaginer ce que peut-être le télétravail, eux qui peuvent faire une grosse
partie de leur métier de chez eux quand ils n’ont pas à aller sur le terrain en
reportage ou enquête.
Les
entreprises doivent prendre le sujet dans sa globalité, service par service, individu
par individu pour gérer l’ingérable : la nécessité d’avoir du monde au
bureau pour former les nouveaux arrivants, les souhaits de certains d’habiter
en province, le besoin d’avoir tout le monde ensemble quelques jours une fois
par mois pour la cohésion de l’équipe,… Et le résultat de ces quelques mois de
télétravail forcé. Et tout a une solution !
La
crise sanitaire a montré que mes collègues (salariés ou consultants) et moi pouvons
travailler normalement à distance et qu’une réunion quotidienne au téléphone
permet de faire le point sur le travail, de prendre connaissance de ce que font
les autres, d’avoir des informations institutionnelles… Plus besoin de tous les
mètres carrés de bureau et je pourrais travailler en Bretagne et venir cinq
jours par mois au bureau alors que cela arrange ceux qui n’ont pas beaucoup de
temps de transport ou qui n’arrivent pas à se concentrer d’être plus longuement
dans les locaux de l’entreprise.
Mais
c’est à la presse de faire le boulot dans un premier temps. Elle doit arrêter
de ne donner la parole qu’à des patrons qui veulent économiser des mètres
carrés ou, au contraire, avoir leurs équipes sous la main. Elle doit arrêter de
confondre le confinement et le télétravail, d’opposer les cadres et les
employés et de prendre des avis personnels orientés de salariés enthousiastes à
l’idée de gagner deux heures de transports par jour et d’autres obnubilés par l’idée
qu’il faut des collègues à côté.
Il
faut de tout pour faire un monde.
Merde ! Désolé, les gens, j'ai viré un tas de commentaires. Un bug de Blogger.
RépondreSupprimer« Mais c’est la presse qui doit ..... »
RépondreSupprimerJe partage ton avis.
Pour le reste, j’ai évolué sur le télétravail dans la mesure où les gens ont de plus en plus de mal à se loger correctement (une des retombées du tassement des salaires). Ce point là demande à être étudié.
Actuellement, la formule la plus répandue est : deux ou trois jours en télétravail
le reste dans les bureaux, évidemment ça oblige les entreprises à garder des locaux mais peut être moins grands
1. Au moment des grèves de fin d’année 2019, le télétravail a fonctionné à plein
2. Il me semble que c’est un excellent remède contre la pollution des voitures.
Deux jours ou trois jours sur cinq, ce serait pas mal non ?
Hélène
Il ne faut pas nécessairement raisonner à la semaine mais plus sur trois semaines ou un mois. Ça permettrait aux gens de voter majoritairement en province avec un salaire de Parisien et donc se payer de temps en temps des nuits d’hôtel à Paris.
Supprimer... oui, ça permettrait aux jeunes actifs de devenir propriétaires sans trop de risques et de changer de boîte sans avoir à déménager. Bien vu.
SupprimerHélène (ne publie pas ma réponse s’il te plaît je préserve ma paix 🙂)
Oups ! J'ai publié ! Par contre, je ne retrouve pas ton dernier commentaire, j'ai encore merdé. JE reivens.
SupprimerCela étant, ton commentaire est très sensé. Pourquoi ne pas le publier.
L'extension progressive du télétravail portera un coup à ceux qui (comme votre "ami" Sarkofrance ) soutiennent encore qu'après 60 ans, on ne peut plus travailler.
RépondreSupprimer( Le dernier billet hebdomadaire de Sarkofrance dépasse la bêtise et est franchement ignoble : il rend Macron responsable des 28 000 morts de Covid-18 en France. Juan n'est pas bête, mais il cherche à ne s'adresser qu'aux imbéciles, après avoir éliminé de ses commentateurs tous ceux qui pourraient les amener à réfléchir.)
EA
C'est hors sujet et franchement ça me casse les couilles. Vous n'avez pas à parler de Sarkofrance ici. Il vous a viré pour les mêmes raisons que je vous ai viré : vous vous croyez plus intelligent que tout le monde et regardez les autres de haut.
SupprimerAh ben pour une fois que je postais un commentaire intelligent, tu les vires ! Sapotache ! :D
RépondreSupprimerDésolé...
SupprimerJe me rappelle d'audio -réunions, appelées pompeusement " audio - conférences ", il y a une trentaine d'années, qui étaient, disons ... folkloriques .
RépondreSupprimerA.b
J'en fait de manière intensive depuis une quinzaine d'année...
SupprimerBillet intéressant.
RépondreSupprimerIl apporte quelques réponses à des questions Que je me pose. Je crois que le télétravail en mode normal est un progrès. Là en mode subi je ne sais pas.
J’ai réussi à faire un télétravail correct sans tomber dans la connerie du « café » sur Skype avec les « copains » ou autres conneries comme ça. Et j’ai fait mes réunions de merde en marchant dans mon jardin.
Mais au delà de ça, c’est notre vie professionnelle qui m’interroge. Réunions et jalons à la con. Petits chefs et ambitions personnelles minables. Le TT n’a rien changé. Au contraire.
J'ai sans doute la chance de bosser avec de gens géniaux, que ce soit au niveau de la direction, de la "ligne hiérarchique" ou des collègues. Par contre, je n'ai aucun copain parmi les collègues au sens où tu l'entends. Disons que j'ai quelques amis et d'autres avec qui on a de l'estime ou de l'affection. Mais je le vois, ce copinage, dans d'autres équipes de la boîte et je n'aime pas ça.
SupprimerOn a fait un "café" (pas Skype mais Google Meet) et c'était très sympa, justement parce qu'on n'était pas entre copains mais entre gens qui s'aiment bien mais qui n'ont pas gardé les vaches ensemble.
On fait un "téléafterwork" par semaine, on n'est peu nombreux. Lors du dernier, il y a une bande de copains qui est arrivée (et individuellement, je les aime bien, presque tous) mais l'effet meute est abominable.
Pour en revenir au premier paragraphe de ton commentaire (je crois que j'ai répondu, dans le désordre, aux deux autres), il y a encore deux ans, j'étais contre le télétravail me pensant incapable de bosser chez moi. Je l'ai quand même pris pour aller bosser en Bretagne quand ma mère est tombée malade car je savais que je pourrais bosser chez elle. A la limite, je pense que les raisons sont dans ce billet (grande maison contre appartement pas aménagé pour). Le fait d'avoir eu à le subir pendant le confinement (c'est important : les bistros étaient fermés) m'a fait changer d'avis (et pas seulement pour chez moi mais aussi pour la pratique chez ma mère). Je suis fait pour (avec les nuances que j'exprime dans ce billet).
Mais je comprends que tout le monde ne puisse pas l'être. D'une part, il y a les collègues qui ne sont pas faits pour ça (nous, on ne connaît pas ces ambitions personnelles minables, si on veut monter dans la hiérarchie - j'ai d'autres ambitions pour moi : avoir des projets plus ambitieux, plus compliqué - on a va attendre que le chef se barre et on ne se tire pas la bourre entre collègues, on est même assez solidaires). D'autre part, je comprends très bien qu'on puisse ne pas pouvoir travailler professionnellement dans des pièces de la maison qui ne sont pas faites pour ça (dans le billet, je parle d'un collègue qui a transformé sa caravane remisée dans le jardin en bureau pour faire une étanchéité entre le travail et la famille).
Et donc, il y a un nouveau phénomène qui pourrait se développer (j'en ai parlé dans Facebook et vaguement dans un billet) en région très urbaine : des espaces de coworking près de chez soi. L'entreprise pour payer pour que tu aies un bureau "flex" dans des locaux faits pour être partagés, genre 4m2 chacun pour 3 ou 400 euros par mois tout compris (internet, électricité, toilettes, cafet,...). J'y crois assez (tu n'as plus les transports en commun, tu as les horaires souples et tu as une vie sociale en dehors de la famille). Pas pour moi, mais pour un tas de gens que je connais.
Je remets le commentaire de Gilles.S que j'ai supprimé par mégarde bien qu'il soit très intéressant : "Très intéressant tout ça ! Il y a des choses auxquelles je n’avais pensé !
RépondreSupprimerEn revanche, il y a un avantage autre, c’est de pouvoir recruter des non cadres, comme tu les évoquais dans ton post, en temps partiel, pour de la saisie, par exemple, à faire au choix niveau horaire, dans un laps de temps donné. J’ai mis ça en place il y a 10 ans pile, ça marche super bien et cela permet à des gens, très souvent des femmes, de se faire un complément de salaire sans trop de contrainte horaire."
J'ajoute que quand on est en temps partiel, éviter les transports en commun est très appréciable (passer deux heures dans le métro pour quatre heures de travail n'est pas très profitable).
Dans un monde inhospitalier, les DRH pourraient pousser la logique jusqu’au bout :
RépondreSupprimer- les salariés ont leur outil de travail, leur local, il ne manque plus que le statut d’auto-entrepreneur.
Ma foi ... de quoi demain sera fait ?
Hélène
Tu as raison et j'ai fait une proposition très concrète hier ou avant hier dans un de mes billets au sujet des robots. Il faut imposer la plus-value des boites hors salaires pour torpiller les contrats bidons.
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