En salle

24 mai 2020

Réinventer la campagne pour les municipales


 Le Kremlin-Bicêtre, ce samedi. Jean-Luc Laurent (MRC-GRS) a choisi le quartier sensible des Martinets pour lancer son premier week-end de campagne.La date du second tour a été fixé et il y a bien sûr des polémiques mais ne rentrons pas dedans maintenant sauf pour citer quelques faits dont l’essentiel : la campagne ne pourra pas se dérouler comme d’habitude. Il ne pourra pas y avoir de réunions publiques ni même de réunions d’appartement. Le porte-à-porte est impossible et les séances de tractage seront délicates : les candidats et les militants doivent être exemplaires et il n’est pas question de faire le job sans les masques et la fameuse distanciation sociale.

Il faut donc réinventer une campagne électorale et je vais prendre pour exemple ma commune, Le Kremlin-Bicêtre, et la liste que je soutiens, celle de Jean-Luc Laurent (ce qui n’enlève d’ailleurs rien à l’amitié que j’ai pour le maire sortant, Jean-Marc Nicolle). Bicêtre est un cas particulier que je vais résumer : Jean-Luc Laurent a été maire de 1995 à 2016, je crois, et a laissé sa place à Jean-Marc Nicolle qui était son premier adjoint car il était aussi député. Mais il y a eu bisbille entre les deux. Au premier tour, le sortant a fait près de 23% et l’ancien plus de 19. Les listes LR et LREM devraient figurer aussi au second tour alors qu’elles ont fait environ 12% chacune.

Dans toutes les communes de France, les sortants ont été mis en avant par la crise sanitaire et ont gagné des points tout en renforçant leur notoriété par rapport aux autres qui ont maintenant un large déficit (sauf peut-être à Bicêtre pour les raisons que j’évoquais). C’est aussi un sujet de polémique mais l’objet de mon billet n’est pas de l’approfondir.

Par ailleurs, je pense que les outils de campagne traditionnel dont je parlais et qui sont bien connus, voire chéris, par les militants ont un effet assez dérisoire sur l’issue du vote sauf peut-être la présence des têtes de liste dans les lieux de vie de la commune pour des séances de distribution de tract. On vote plus facilement pour quelqu’un que l’on connaît (et on a du mal à le dénigrer).

Une autre difficulté, également sujet de polémique, est que le programme présenté au premier tour est mis à mal par la crise sanitaire : le fond doit être conservé puisque les électeurs du premier tour se sont prononcés en sa faveur ce qui donne la légitimité aux participants au second, mais il doit être adapté. Cette adaptation n’a rien d’exceptionnel : entre les deux tours, il faut organiser les soutiens, les fusions de listes,… donc « corriger » les projets. C’est d’ailleurs pour cela que je ne regarde jamais vraiment les programmes du premier tour. Imaginons que les élections aient eu lieu les 16 et 23 février. On aurait eu un programme de premier tour, des accords entre candidats pour le second, un projet vite bouclé pour imprimer les tracs avant le mercredi… Et dès l’installation du nouveau conseil municipal, la crise sanitaire aurait obligé les vainqueurs à faire tout autre chose que ce qu’ils avaient promis.

Val-de-Marne : l'hôtel de ville du Kremlin-Bicêtre et le domicile ...Ainsi, la configuration que nous avons cette année, avec plus de trois mois entre les deux tours et une campagne de second tour qui va durer un mois, est intéressante et, à la limite, rendra plus légitime l’issue du scrutin. Peut-être faut-il en prendre de la graine pour de futures élections importantes ?

Enfin, je rappelle que je ne veux pas d’une polémique en commentaire. Le gouvernement a pris une décision : point barre. Il faut maintenant la mettre en musique.

Toujours est-il que nous voila à réinventer la campagne !

Mais avant, il faut repenser le programme pour tirer les enseignements de la crise sanitaire.  Les candidats connaissent mieux la commune et ce qu’il faut pour les habitants que moi mais ils doivent montrer qu’ils sont expérimentés et qu’ils sauront gérer ce qui se passera demain, ce que personne ne sait ! Ils devront prouver qu’ils pourront faire face à l’inconnu. Ne me demandez pas comment…

Ils doivent aussi se demander ce qui a manqué pendant ces deux mois, surtout après le 11 mai. Je vais répondre pour moi, pas égoïstement (je me doute bien que chacun a son avis et que tout a un coût).

Tout d’abord, il manque de bancs publics place Victor Hugo. Cette dernière doit être entièrement refaite pour mieux répondre aux besoins : un espace de jeux pour les mômes et des coins pour se poser, avec d’autres, pour discuter, pour lire,… Ce n’est pas le tout de créer des espaces verts, il faut aussi que les espaces existants soient améliorés et vivables, avec des arbres pour faire de l’ombre, l’ouverture des carrés de pelouse. Jean-Luc Laurent a, à son projet, la refonte de l’avenue Eugène Thomas (c’est une très bonne idée). Cela doit être l’occasion de repenser l’accès à la place (et au parking de Leclerc) qui doit aussi être mieux ouverte sur l’avenue de Fontainebleau (qui sait qu’on peut accéder au théâtre en passant par l’espèce de cour cradingue du 114, qui fait naturellement office d’entrée pour une partie des habitants de la place ?).

La place de La Comète et, en face, celle de l’Aéro, qui ont été refaites il y a peu, doivent aussi être améliorées, également avec des bancs, et tant pis si le marché doit être repensé. Il doit être possible d’acheter des canettes de bière à l’épicerie et de se poser, calmement. Les bistros doivent pouvoir élargir leurs terrasses (quand ils seront ouverts…).

Ce ne sont que des exemples mais ils me sautent aux yeux depuis deux semaines alors que j’habite là depuis 25 ans.

Une campagne par internet

Compte tenu de ce que j’exposais en introduction, les sites web des candidats pourraient servir de principal support à la campagne. Je suis allé voir les deux dont je parlais, ils sont entièrement à revoir. Le programme doit être lisible clairement, dans une seule grande page, et les sites ne doivent pas se contenter d’afficher des extraits des tracts. Par exemple, le site de Jean-Luc Laurent contient une « lettre au Kremlinois » : elle n’est pas en mode texte mais en mode graphique, presque illisible. Le programme n’est pas réellement lisible et les « 101 engagements » ne sont qu’en pdf. Ce n’est pas ça, Internet. Internet va remplacer les tracts, les professions de foi,… Les sites actuels sont pensés pour des gens qui voudraient aller chercher des informations pour comparer les projets mais pas pour vendre les projets et les présenter réellement.

Les tracts, qui restent indispensables néanmoins, doivent incident les citoyens à se rendre sur les sites web des candidats.

https://www.zdnet.fr/i/edit/ne/2020/04/ZoomUKgov.jpgRéinventer les réunions d’appartement

Si j’étais candidat, je ferais un direct de trois heures, trois fois par semaine, en « visio », de type « zoom », chacun pouvant interroger les colistiers de permanence. Au moins, la crise sanitaire a permis à de nombreux outils pratiques de se montrer. Tiens ! C’est pas beau, ça ?


Pas d’application à installer. On clique sur la page d’accueil du site, on autorise le machin à utiliser sa caméra et son micro et on peut dialoguer avec ceux qui sollicitent nos suffrages.

Il reste cinq semaines, deux pour se mettre en ordre de marche et trois pour faire campagne. Il n’y a plus qu’à…

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