En ce quatre-vingt-dix-neuvième jour depuis le début du
confinement, je me dis qu’il ne faut pas que je loupe le billet de demain.
Surtout, j’avais passé 100 jours sans aller au bureau. J’y suis retourné, ce
matin, pour faire mes cartons en vue du déménagement. Notre arrivée dans nos
nouveaux locaux est prévue pour le 21 septembre, ce que je viens d’apprendre,
dans trois mois, donc, ce qui fera 188 jours, soit près de 27 semaines.
Je vais continuer mes comptes d’apothicaire et je prie mon
aimable lecteur.e (toi.e) de m’en excuser mais il faut que je continue mon
militantage pour le téléboulot. Compte tenu des trois semaines de congés à
venir, celle déjà prise depuis le début de la confination, des quelques
demi-journées que je vais prendre, des six jours fériés de la période et des
cinquante-quatre jours de week-end, on aura passé plus de cent jours
consécutifs sans mettre les pieds au bureau (sauf une heure pour préparer un
déménagement, la moitié étant consacrée à des papotations avec les collègues).
Tout c’est très bien passé à part quelques problèmes
techniques qui auraient pu être évités si des ayatollahs de la sécurité
informatique et des postes de travail individuels étaient un peu moins écouté
ou, du moins, ne contournaient pas, par habitudes, des problèmes de sécurités par
des interdits divers ce qui fera l’objet de billets complémentaires. Mais il y
reste toujours des gens qui sont persuadés qu’on ne peut pas faire du
télétravail massif dans certaines professions (massif ne veut pas dire « total »).
A part les premières semaines de confinagement intégral, j’ai adoré cette
période, notamment mes trois semaines en Bretagne et les quelques jours à
Bicêtre avec des bistros ouverts.
Reprenons la journée avec son lot d’anecdotes sans le
moindre intérêt. Ce matin, j’ai confusionné. Depuis 99 jours, je commence à
bosser quand j’ai envie ce qui se traduit par une plage horaire entre cinq et
dix heures. Quand je vais au bureau, je m’arrange pour y être vers 10 heures.
Ce matin, il était hors de question que je travaille chez moi puisque j’avais
des cartons à faire au bureau mais j’ai oublié que j’avais une heure de trajet.
C’est à neuf vingt que j’ai réagi, d’autant plus à la bourre que j’avais
rendez-vous, à la Comète, entre 9h et 10h pour prendre un café avec l’ancien
patron qui était là pour récupérer les machins électroniques. A 10 heures, j’ai
décidé de prendre le taxi (en fait, la décision étais sans doute prise avant vu
que je me vois bien passer 188 jours sans métro). Je me trompe dans la commande
et réserve une voiture de La Défense à Bicêtre au lieu du contraire…
Je me pointe au pied de la tour, au deuxième sous-sol, mais
l’entrée était interdite aux salariés. Il fallait passer par l’entrée
principale au rez-de-chaussée, pour nous inscrire sur un registre (sans doute
pour prévenir les gens au cas où un des types présents serait infecté par la
méchante Covid ce qui est complètement con vu que tous les salariés doivent
passer pour faire les cartons selon un planning bien précis…
J’ai croisé une petite dizaine de collègues sur une
centaine. Deux travaillaient là car ils ne peuvent pas travailler chez eux pour
des raisons étranges qu’il ne faudra pas que j’oublie lors de mes élucubrements
sur le téléworkage, un parce que, tout simplement, il n’arrive pas à se
concentrer quand il doit travailler chez lui (et j’avais bien cru que je serai
dans le cas ; il faudra que je discute avec lui, pas pour le convaincre
mais pour le comprendre). Quant à l’autre, comme lui, il bosse à plein temps au
bureau mais parce qu’il ne supportait plus ses adolescents à la maison, ce que
je comprends très bien. Deux autres sont obligés de travailler là une partie du
temps et le reste de la bande n’a pas le choix : on a assez rarement des
distributeurs automatiques de billets de test dans son salon.
Ca m’a fait plaisir de les voir, notamment les jeunes qui
apporte une curage de jouvenciation. J’ai passé plus de temps à papotassionner
qu’à embarcader mes effets personnels dans un carton prévu à cet effet. 16 ans
que je bosse pour eux et mes affaires se limitent à deux boites de café, trois
cahiers entamés, deux finis, et des papiers administratoires que j’ai toujours
eu la flemme de ramener à la maison qui étaient parfaitement rangés depuis mon
dernier déménagement, il y a dix-huit mois, dans deux sacoches. J’ai trouvé des
cartes de visites qui dataient de la boîte de consultation que j’occupaillais
jusqu’à débutement de 2008. Et des bouquins que j’avais fini de lire dans le
métro en venant au bureau.
Ensuite, je suis allé au bar tabac un peu au-dessous, vers
le métro. Le copain patron n’avait pas remis en route les fûts de bière. Il n’a
jamais fermé de la période car il continuait à faire de la vente à
emportationner et il y a de l’espace, dehors pour les clients. Mais il n’a pas
remis de bière en perçage car il n’y a pas assez de clients et les fûts s’éventillent.
J’ai pris un jus d’orange.
Je suis passé au Nouveau Monde. Le patron était content de
me voir et m’a offert une bière avant que je puisse commander. Par politesse, j’en
ai pris une seconde puis j’ai décidé de déjeuner là. Mon premier repas au
restaurant depuis la confination. Il me fallait donc une autre bière en
mangeant. Ce n’était pas bon, d’ailleurs, je n’y avais jamais mangearé mais je
soupçonnaissais une cuisation à base de sous-vide. C’est dommage, c’est bien
sympathique et les gens sont extras.
Sur ces entrefaisage, j’ai réalisé que j’avais égaré mon
câble d’iPhone. Il était illusatoire que je le retrouvasse en retournant au
burlingue vu que la probabilité qu’il échouât dans mon carton n’est pas nulle.
Il me fallait donc faire une nouvelle aquérence en urgeation. Je plongeas donc
le métro en espérance de l’ouverture d’un commerce idoine mais que nenni. Mon
passe Navigo fonctionnait toujours mais quand j’ai vu une rame passer avec la
moitié des places assises condamnés à une lourde et des andouilles entassées
près des portes pas lières mais presque, je suis sorti pour happer un nouveau
taxi qui m’a entrainé à l’hypermarché de Biscaille dont au sujet duquel il y a
une boutique en face qui vend un tas de trucs. Il m’a coûté dix euros. J’espère
qu’il va durer jusqu’à mon retour en Bretagne où deux câbles m’attendent
sageament ce qui me fait penser que j’en ai cassé deux en trois mois.
On rigole avec nos téléphones à prix démesurationnément
supérieur à 1000 euros mais comme ils durent quatre ans, ils nous coûtent
presque plus cher en câbles et batteries de secourage.
Pédibulant jusqu’à la maison, je suis passé devant le PMU où
le patron présent n’avait pas été observé de moi depuis près de six, de mois
aussi. J’entris donc et un demi me fut alloué automatiquement par le préposé de
même qu’à la Comète où je voulais prendre un café pour faire passer le tout.
Pour mes prochaines journées de télétravail à Bicêtre,
penser à ne pas faire plusieurs bistros à midi ou crier qu'on ne veut pas de bière en pénétrant. Il y a un temps pour tout...
Voilà un billet bien-chalament écrivaté, moi je dis !
RépondreSupprimerOui, hein !
SupprimerExcellent billet, très verveux et impertubablement déconifiant.
RépondreSupprimerOui mais j'ai fait une faute d'accord à un oeunéologisme.
SupprimerVous avez fait, si je puis dire, une "faute dans la faute", en écrivant : « Il était illusatoire que je le retrouvasse ». En effet, votre "retrouvasse est ici parfaitement correct, donc il fait tache.
RépondreSupprimerVous eussiez donc dû, pour rester cohérent, écrire "retrouvisse" voire "retrouvusse".
Catastrophe !
Supprimerfaut pas boire
RépondreSupprimerBon ben je crois que tout a déjà été dit par les collègues du dessus.
RépondreSupprimerJe repasserai demain.
Fainéasse.
SupprimerD’amour mourir me font, bière marquise, vos beaux yeux.
RépondreSupprimerEt la mort subite vint
Hélène