En ce quatre-vingt-troisième jour de l’étape nécessaire pour
passer du monde d’avant au monde d’après qui seront strictement identiques à un
point que la majorité présidentielle nous prépare l’arrivée d’une figure
historique de la gauche (Le Drian) au gouvernement pour y faire une politique
que ferait la droite ou la gauche en sortie d’une grave crise qui semble montrer
qu’il faudrait un peu plus d’interventionnisme de l’Etat dans l’économie, le
social et tout ces trucs comme l’écologie, je me rends compte que je n’ai pas
fait de billet numéroté, hier, contrairement à tous les jours depuis le début
du confinement. Il n’y aura pas de « en ce quatre-vingt-deuxième jour de
déconfiture » ou de « J5 ».
La raison est très simple, braves gens, j’ai enfin vécu hier
une journée à peu près normale et qui le serait totalement si je n’avais pas
débordé d’activités diverses aussi variées que me réveiller avec la tête dans
le cul le lendemain de la première soirée au bistro depuis un temps qui dépasse
l’entendement, réceptionné dès 9 heures du matin un nouveau réfrigérateur, tenter
de rattraper mon retard de lecture de Canard Enchaîné, pris un long bain, faire
une belle sieste suivie d’un billet de blog sur le traitement des vieux dans
les maisons les hébergeant, coupé des roses du jardin pour que ma mère puisse
avoir des fleurs à elle dans sa chambre d’hôte, entamé le sauvetage des plantes
de la véranda et du porche à grand coup de jet d’eau, commencé à ranger les placards
de la cuisine et ceux de ma chambre (du calme ! Il me reste trois mois), visité
ma mère, pris l’apéro (pour la première fois depuis 14 semaines) du soir avec
les copains d’enfance, fait trois fois le tour du jardin pour trouver des
fleurs à offrir pour la fête des mères et enfin fait la fiesta avec mon pote
Gilles au 1880.
C’est une forme de résurrection après un nombre incalculable
sauf en titres de billet de blogs de jours calfeutré dans un appartement où peu
d’activités sont possibles à part celle consistant à écrire des billets de
blogs avec des phrases bien trop longues.
Alors revenons à l’actualité covid de sens dont le rapport pour
Macron d’un illustre inconnu cadre haut placé chez LREM, chef des députés ou un
truc comme ça, qui préconise un grand remaniement et suggère de remplacer
Philippe par Le Drian ce qui est vraiment n’importe quoi. Je vais donc coacher
directement le Macron.
Dis donc, Manu, on te suggère de virer ton premier ministre issu
de la droite qui, grâce à la crise sanitaire, a un taux de satisfaction bien supérieur
au tien et qui va être le seul type de ta majorité à gagner une grande ville
aux municipales ce qui augmentera encore sa popularité ce qui le placera dans
une excellente position pour se présenter face à toi en 2022 et te battre à plate-coupure
car la droite LR n’osera pas présenter un candidat face à quelqu’un issu de ses
rangs ce qui ferait perdre toutes ses chances de survie.
Il souhaite que tu prennes Le Drian à la place, peut-être
pour faire plaisir aux socdems qui subsistent en appelant la dernière grosse
prise aux socialos dans ce gouvernement notamment avec le sabordage de l’avant-dernière
qui vient de s’allier avec la droite réactionnaire à Lyon. Collomb a évidemment
trahi ton camp et celui du centre gauche qui avait apprécié sa démarche de l’accompagner
dans son ralliement à ton « ni de droite ni de gauche » ou « de
droite et de gauche », j’ai oublié. Nous étions donc un certain nombre à
gauche à t’avoir suivi car la gauche ne présentait aucun candidat sérieux en
2017 mais la confiance en ta personne et ta politique a disparu progressivement.
Collomb a montré que l’alliance entre centre gauche et droite réactionnaire n’était
plus à exclure pour des raisons politiciennes visant à évincer un candidat
écologique à la métropole ou la maire de Lyon.
Notons que je ne juge pas de la sincérité de Collomb, au
contraire ! Il est fort probable qu’il pense que les actions des verts qui
le remplaceraient pourrait aller dans le sens inverse de ce qu’il a construit à
la tête de cette ville pendant tant d’années. Mais tout de même… Si on n’avait
pu prévoir, en 2017, la survenance d’un axe Collomb Wauquiez,…
Tu vois, Manu, tu as voulu torpiller le clivage droite –
gauche traditionnel et tu as, à un niveau électoral, probablement eu raison
mais le clivage réel n’est pas mort et tu as montré qu’un type venant de la
gauche pouvait sombrer dans la droite dure… Tous ceux qui croient encore à la
gauche et à la droite vont t’en vouloir alors que LR peut se vanter d’en sortir
renforcé avec la prise d’un gros poisson à la macronnerie de gauche.
Alors des gens te disent : met un gros poisson de
gauche à la tête du gouvernement pour compenser. Ca ne fonctionnera pas. Ce genre
de stratagème ne fonctionne jamais. Remplacer un premier ministre à l’issue d’une
élection intermédiaire largement perdue par la majorité est de bonne guerre,
voire une heureuse coutume républicaine qui a plaisamment remplacé la
guillotine pour ceux qui ont échoué, mais nous sommes dans un cas particulier
vu que le premier ministre va gagner sa propre élection et qu’il est plus populaire
que toi.
Alors, laisse-le en place ! Conseil de spécialiste
(dans un tout autre domaine que la politique, évidemment, moi, mes domaines de
spécialité sont les distributeurs automatiques de billets et la bière blonde
légère). Si tu ne peux plus le blairer, console-toi, dans l’instant, par le
fait qu’il pourrait très bien démissionner tout seul au prétexte qu’une
nouvelle mission confiée par des électeurs l’attend, il le ferait avec panache
et un sans doute certaines idées derrière la tête… Console-toi aussi au cas où
il resterait : un premier ministre en place ne gagne jamais une
présidentielle (pauvre Balladur).
Par ailleurs, n’oublie pas qu’un président de la république
n’a jamais été réélu sauf en période de cohabitation auquel cas le sortant est
élu triomphalement (rappelons-nous des 35% au premier tour de Mitterrand en
1988 ou des 82% du deuxième de Chirac en 2002). N’oublie pas, non plus, qu’on
ne peut pas faire de prédictions longuement à l’avance. Qui auraient pu prévoir
en 2010 et en 2015 que, respectivement, Pépère et toi, auraient été présidents
en 2012 et 2017. En outre, tu es le premier à savoir qu’un clown ambitieux peut
faire en sorte qu’un sortant ne soit pas en position de se représenter.
La solution est donc d’entrer en phase de cohabitation pour
ne pas être giscardisé, sarkozyfié ou hollandisé… Pour cela, tu as deux solutions.
Provoquer la dissolution de l’Assemblée Nationale avec un joli thème du genre :
« voila les gens, la crise sanitaire nous a montré qu’il fallait partir d’un
nouveau pied et qu’on ne peut pas poursuivre la politique pour laquelle on a
été élu ». Tu passerais, néanmoins, pour un con : les Français t’auront
vu laisser le premier ministre géré la crise sanitaire à ta place puis
dissoudre la majorité qui l’a soutenu tout en prenant un gros risque électoral.
Laisse tomber.
Tu dois donc entrer en cohabitation avec Edouard Philippe.
Tu te charges du monde, de la guerre entre la Chine et les USA, tu vas négocier
des machins avec Angie et les autres et tu le laisses dans la gestion de la
merde quotidienne.
Pour éviter le chaos, il sera obligé de faire une politique
interventionniste ce qui générera des critiques des vrais libéraux de droite
comme de gauche mais aussi de la gauche de la gauche qui ne comprend pas que donner
5 milliards à Renault donc intervenir dans des affaires privées est tout sauf
libéral. La droite normale critiquera des trucs non critiquables pour le
plaisir d’exister et dans l’espoir de paraître un recours pour 2022… Pendant ce
temps, tu critiques légèrement certaines de ses décisions pour bien montrer que
tu n’es pas à la manœuvre mais sans te désolidariser que LREM est ton enfant…
Je te souhaite bon courage.
L’autre information dont au sujet de laquelle je voulais donner
mon avis est « le gouvernement veut créer une commission indépendante sur
la gestion de la crise ». Le gouvernement peut bien enquêter sur ce qu’il
veut mais il n’a pas à créer une commission hors du cadre des institutions et n’est
pas obligé de nous faire rire. Tu imagines des types payés par l’Etat rendre un
avis négatif sur son propre boulot ? Il y aura déjà des commissions d’enquête
parlementaire par les deux chambres ce qui n’en est pas moins risible mais c’est
le jeu démocratique : le Parlement contrôle le gouvernement. La commission
de l’Assemble dira que la crise a bien été gérée. Celle du Sénat dira qu’elle l’a
mal été.
Il convient néanmoins de se poser certaines questions.
La première est de savoir s’il y a eu une défaillance de l’Etat
avant la crise, notamment dans la gestion des masques (je ne connais pas la
réponse, mais je pense que « oui » est la réponse la plus crédible
mais il faut en savoir plus : si le gouvernement n’a fait que poursuivre
la politique des gouvernements précédents, on peut difficilement le blâmer).
La deuxième est de savoir si le début de la crise a
correctement été géré (la réponse est assurément « non » mais ne
confondons pas la communication, évidemment mauvaise, et les actes et autres
décisions. Mon « non » est a posteriori et nous avons tous vécu les
événements « en direct ». Il n’empêche que seul notre antimacronisme
primaire nous pousse à dire, par exemple, que le premier tour aurait dû être
annulé. La deuxième question devrait être formulé, par exemple : « le
gouvernement avait-il des informations fiables qui auraient pu pousser à d’autres
décisions ? »).
La troisième question est de savoir si le confinement était
bien nécessaire, toujours dans l’état des connaissances de l’époque, avec ses conséquences
sociales et humaines (je pense que oui, ne serait-ce que pour préserver les
services de réanimation mais des études complémentaires sont nécessaires).
La quatrième question est de savoir si le confinement a bien
été géré (pour ma part, je pense que l’attestation était grotesque et les
contrôles qui allaient avec lamentables mais, d’un autre côté, cela n’a-t-il
pas eu un effet pédagogique très important, pour expliquer aux gens qu’il ne
fallait sortir que si c’était nécessaire ? Je pense aussi que le
confinement strict aurait dû être allégé à mi-parcours mais, encore une fois, c’est
un jugement a posteriori sans connaître les éléments qu’avaient entre leurs
mains les décideurs).
La cinquième est la même que la quatrième mais porte sur le
déconfinement (vous connaissez ma position, j’ai été moi-même assez déconfit
par les décisions. Je vais quand même donner mon point de vue : la
première phase du déconfinement a été faite le 11 mai pour avoir lieu après
deux week-ends de trois jours et la deuxième le 2 juin pour suivre un week-end
de quatre jours et un de trois jours. Je ne crois pas au hasard et cette
position est logique : il fallait éviter les déplacements en masse de la
population. Mais il aurait pu être possible de se déplacer en dehors de ces
week-ends et ponts même en étant obligé d’avoir une autorisation préalable de
la part de je ne sais quelle autorité pour un motif sérieux : « je
dois aller voir mes parents en province et j’ai pris deux jours de congés pour
cela » ou, pour ma part, « j’aurais des bien meilleures conditions de
vie, de télétravail et de blogage dans la résidence familiale du Centre
Bretagne que dans mon appartement de proche banlieue parisienne ». Mais,
là encore, ma position est a posteriori sans savoir, par exemple, si ce que je
préconise maintenant était envisageable, légal et organisable).
Les deux suivantes portent aussi sur le déconfinement. La
sixième est au sujet des restaurants et bistros (encore avec les mêmes réserves
mais n’aurait-on pas pu appliquer les règles actuelles dès le onze mai et
anticiper le fait de pouvoir occuper la voie publique pour les terrasses des
bistros). La septième concerne les maisons de retraite et autres Ehpad (vous connaissez
aussi mon point de vue mais je vais résumer : le confinement aurait dû
être allégé mais en faisant basculer les règles sous la responsabilité des directeurs
d’établissements, les bureaucrates du sommet se sont retirés toutes
responsabilité notamment vis-à-vis de la justice et muselé les directeurs en
question qui n’osaient pas être souples. Quand le gouvernement dit « il
faut permettre aux vieux de recevoir plusieurs personnes en même temps mais
dans les mêmes conditions de prudence qu’actuellement », cela oblige les
tauliers à organiser les visites dans des lieux vastes, tels que les
réfectoires, sous la surveillance du personnel et à la vue des autres inviteurs,
en supprimant toute intimité. En disant « les visites en chambre doivent
être autorisées », le gouvernement se défausse sur les établissements qui
doivent assurer la sécurité… et qui n’ont pas assez de personnel pour
désinfecter les ascenseurs et les couloirs après le passage de chaque loustic…).
Ma dernière réponse est beaucoup plus tranchée que les premières
et pas vraiment a posteriori (mais il reste à étudier si d’autres solutions
étaient possibles). Vous pouvez avoir d’autres questions à suggérer à nos
commissions.
Mais que fera-t-on des réponses ? Il n’y aura pas de
suite politique à part dans les urnes en 2022. Et encore… Il peut y avoir une
réponse judiciaire. Je dirais même qu’il doit y en avoir une si les décisions
prises ont été graves, si la non-disponibilité de masques, par exemple, a
provoqué une poussée massive de la mortalité. Mais, objectivement, ça nous fera
une belle jambe de savoir que Mme Buzyn aura été condamné à 10000 euros d’amende
et six mois de prison avec sursis, condamnation qui devra être confirmé par la
cour d’appel, celle de cassation, celle européenne des droits de l’homme et j’en
oublie certaines. On découvrira peut-être qu’elle est « responsable mais
pas coupable » (position qui me va d’ailleurs très bien : si quelqu’un
de mon équipe prendre une mauvaise décision ou m’incite à le faire, je serai responsable
mais aucune coupable).
On va voir de graines de Fouquier-Tinville mais cela a-t-il
le moindre intérêt ?
Je n’avais pas fait de billet hier mais n’allez pas dire que
je vous gruge côté quantité de mots publiés, hein !
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerJe publie ce commentaire pour montrer le type de truc que je devrais supprimer : anonyme et totalement hors sujet.
SupprimerQuel trou du cul.
Elie : va chier. Je ne publie pas les commentaires de ceux qui critiquent les confrères, qui sont hors sujet et tout ça.
SupprimerJe supprime, tout, tiens ! Fallait pas insister.
SupprimerElie, taré, le commentaire supprimé dont tu parles évoque mal-à-propos un point que je dis pour illustrer. Je vais le citer dans son intégralité : "Beaucoup de copains,restés au PS,m'avaient convaincu, dès le début de 2006,que Hollande serait élu en 2007: car si DSK était donné gagnant par tous les sondages, les sondeurs oubliaient qu'il fallait d'abord passer le cap des primaires de la gauche, et qu'un président du FMI était mal placé pour ça; et que Hollande avait passé tout son temps,depuis 2005,sans qu"on en parle, à visiter toutes les sections du PS."
SupprimerTu te trompes de cinq ans dans les dates en parlant de fin 2005 au lieu de fin 2010 mais dans mon billet j'évoque explicitement mi 2010.
Tu ne parles que d'une bricole et tu devras bien comprendre que ça ne m'intéresse pas vu que, moi aussi, fin 2010 je croyais en une victoire d'Aubry ou d'Hollande, mais pas de DSK. En outre, les gens n'ont commencé à croire à la candidature d'Hollande qu'après l'été 2010, quand il est revenu de vacances avec 15 kg en moins. Or nous ne sommes pas encore à l'été 2020...
Moi, aussi je peux faire du hors sujet mais je suis dans mon blog.
Ton commentaire était anonyme et hors sujet : il est passé à la trappe. Mes propres commentaires ne sont pas soumis à la modération, je n'ai pas de risque de les effacer par mégarde.
Elie, c’est encore raté. Devriez comprendre que trop c’est trop. Repassez demain. Ou pas.
SupprimerMais ça va pas, de nous pondre des tartines pareilles ? Vous devriez proposer un "digest" dans votre annexe, pour les lecteurs un peu pressé – ou beaucoup flemmards.
RépondreSupprimerCa fait 45 ans que vous lisez toutes mes conneries ! Vous n'êtes quand même pas à une tartine près.
Supprimer(désolé, votre commentaire était resté bloqué dans les tuyaux vivement l'anniversaire d'Oradour machin pour qu'on puisse déconner comme avant).
Pour le premier ministre, tout dépendra de la feuille de route donnée par
RépondreSupprimerE. Macron pour la fin du mandat : si elle est en faveur du social et du renforcement de l’état, ça ne pourra que conforter la position d’E. Philippe dans sa fonction et il pourrait bien en récolter les fruits.
(Enfin ... à mon avis).
Hélène
(Pour toi je ne suis plus anonyme puisque je t’ai donné mon nom et adresse mail sur l’ex pétition🙂)
"Un clown ambitieux peut faire en sorte qu'un sortant ne soit pas en position de se représenter " .
RépondreSupprimerVu que la catégorie " empêcheuse " est plutôt bien garnie, ça risque de faire beaucoup de sortants auto - sortis !
A . b