En salle

02 juillet 2020

Halte au « greenwashing » !


Recette Omelette aux champignons de parisEn ce cent-huitième jour suivant le début la déprime de circonstance, je continue à prendre mon rythme pour cette période particulière pour moi : un été presque entièrement en télétravail en Bretagne. Mes lecteurs m’objecteront peut-être que je radote mais je m’en fous. Hier, je parlais de bouffe et d’écologie mais ce n’était que le cent-septième jour depuis que je ne vais plus au bureau. Aujourd’hui, je vais faire une confidence. En télétravail, les journées sont longues.

Aujourd’hui, par exemple, j’ai commencé à 7 heures et fini à 18h30 alors que, ce matin, je me demandais ce que j’allais faire. En fin de compte, je n’ai pas arrêté à part une heure de pause déjeuner… et trois fois un quart d’heure de jardinage (successifs, les trois quarts en question, je rentrais voir mes mails professionnels entre eux). Les tâches professionnelles me sont tombées les unes après les autres. Tous les jours, depuis mardi (ce qui fait donc trois jours), je m’efforce de faire ces pauses dans le jardin (pendant mon premier séjour en Bretagne, début juin, je le faisais par contrainte et, en plus, il faisait mauvais). Cette fois, je commence à y prendre goût. Quand je suis à Paris, je fais ces petites pauses sur mon lit avec mon iPhone…

Dans la première partie de cette période, j’avais redécouvert le plaisir de faire la cuisine, cette fois c’est le jardinage qui n’est évident pas compatible avec une vie loin de son lieu de travail… Mi-juin, j’avais passé du vinaigre blanc dilué dans de l’eau (disons 30 cl pour 5 litres) sur les saloperies qui poussent entre les pavés des allées devant la maison. La plupart sont mortes mais il en restait un peu alors, mardi, j’ai fini le travail et, aujourd’hui, je me suis efforcé de bruler le reste avec un machin fait pour ça. Ce n’est pas très rapide mais, à part le CO2 dégagé par les flammes et l’électricité consommée, c’est écologique.

Je suis donc tout à fait apte à parler d’écologie et comme je discute politique sur ce blog depuis près de quinze ans, je peux faire un billet sur l’écologie politique. Bientôt, je pourrais même aborder le véganisme bio : je m’entraîne. Ce soir, j’ai mangé une omette aux champignons mais je me demande si le beurre et les œufs étaient vraiment d’origine végétale. Il reste les champignons et l’échalotte pour me sauver.

L’échalotte était dans un filet. Je suppose que c’est écologique. Les œufs étaient dans une boite en plastique mais ils étaient bio. Cela compense. Les champignons étaient dans une barquette en plastique. Je cumule. Mais je recyclique.

Vendre des œufs bio dans une boîte en plastique est du « greenwashing ». Vous faites croire que c’est écologique parce que la production respecte deux ou trois normes mais ça ne l’est pas du tout. Vous ne savez pas du tout ce que la « distribution » (l’emballage, le transport et tout ça) a de biologique.

Je vais faire un aparté pour me moquer des végans sans la moindre méchanceté, je connais une lesbienne végane très sympathique. Elle se reconnaitra. A priori, être végan est aussi une facette de l’écologie voire un extrémisme écologique. L’autre jour, je suis tombé sur une publication dans Facebook qui tourne régulièrement : du vin végan… recommandé pour accompagner la viande rouge. C’est très drôle et on ne s’en lasse pas. Cela étant, on peut se demander ce qu’est du vin végan. Les seuls éléments d’origine animale utilisés pour faire du vin me semblent être des résidus d’élevage que l’on met au pied des vignes pour les engraisser. Donc soit les producteurs utilisent de la pisse et de la merde de cochons et autres grosses vaches et c’est donc du « véganwashing », soit ils utilisent des produits chimiques et c’est donc du « greenwashing ». Soit ils n’utilisent rien mais ils vendent des produits dégueulasses.

Je vais aller plus loin dans la démonstration de mauvaise foi. Prenez les lascars qui luttent contre les OGM. Ils préconisent quoi pour nourrir les sept milliards de terriens, qu’ils soient racisés, blancs ou verts ? Des pesticides, des engrais chimiques et j’en passe ? La lutte contre les OGM n’est-elle pas du « greenwashing » ? Tout comme celle contre le nucléaire dont je parlais hier.

Je sais, on devrait vendre les champignons dans des filets biodégradables mais ils se conserveraient moins longtemps et les consommateurs passeraient beaucoup plus de temps à les laver. Il ne faut jamais faire chier les consommateurs au moment de l’acte d’achat. C’est du « greenwashing » détourné. Ils finiront par voter contre les écolos aux élections. On n’est pas loin de la genèse des gilets jaunes. On augmente les taxes au nom de l’environnement et tout le monde se retrouve dans la rue.

Rappelez-vous l’écotaxe votée « sous Sarko » et annulée « sous Hollande » par son ex (même qu’on se demandait ce qu’elle faisait « sous lui »). On met en place une nouvelle taxe qui n’aurait jamais fait diminuer les transports de marchandise mais aurait pesé sur le prix d’achat des marchandises… C’est typiquement du « greenwashing » de droite (comme quand Chirac avait mis le principe de précaution dans la Constitution). En la supprimant, la gauche a fait une excellente chose mais elle s’est fait taper dessus par les écolos. Même les écolos font du « greenwashing ». Ils luttent contre leur camp. Tiens ! Le thème de mon billet d’hier était le pragmatisme de la social-démocratie…

Aujourd’hui, c’est le greenbashing car j’ai eu un échange au sujet de la taxe carbone qui revient au goût du jour, promue par Macron avec comme méchant commentaire : « C'est quand même objectivement rigolo. Les types qui reprochent à Macron d'être libéral lui tapent dessus quand il propose la création d'une nouvelle taxe. » On m’a répondu que c’était une taxe libérale ce qui est crétin : un libéral ne peut pas préconiser une nouvelle taxe sauf pour faire du « greenwashing ». « On » avait confondu le marché du carbone (effectivement assez libéral même si ça se discute) avec la taxe carbone. Ce que je voulais dire n’a rien à voir avec l’écologie (mais la connerie des militants). Macron aurait dit qu’il ne voulait pas de taxe carbone, les mêmes andouilles auraient ronchonné. La taxe carbone est surtout un machin anti-égalitaire qui devrait être honni par la gauche. Elle veut dire : tu as le droit de polluer si tu as plein de pognon.

Je dois avouer que je suis plutôt un écolo autoritariste : plus une voiture individuelle est lourde, plus elle pollue. On doit donc interdire les voitures individuelles lourdes. Point barre. Ca ferait sans doute chier les petits bourgeois qui votent écolo dans les centres-villes mais cela amuserait tous les braves gens avec un peu de bon sens d’autant que la voiture légère coûte moins.

A propos de ces bobos, un canard a sorti aujourd’hui une infographie avec la tendance électorale en fonction de la taille de la commune. Elle mériterait une analyse détaillée mais j’ai la flemme. Toujours est-il qu’elle montre bien que le vote vert ne fonctionne donc que dans les très grandes villes, auprès de gens qui ne connaissent pas grand-chose à l’environnement mais qui ont des boutiques bios en bas de chez eux et qui peuvent faire leurs courses dans un marché avec un panier en osier très tendance.

Ainsi, parler de vague verte pour cette dernière élection est en mensonge et les encouragements divers ne sont que du « greenwashing ». C’est mal. Faire croire qu’on peut sauver la planète en augmentant des taxes est du « greenwashing ». Défendre les circuits courts est très bien mais quand on habite au centre d’une métropole c’est ridicule : on ne produit pas, dans le coin, ce qu’il faut pour nourrir la population.

Promouvoir l’écologie est sans doute très bien mais quand on encourage le « greenwashing », cette tendance naturelle à faire croire que c’est mieux d’acheter tel ou tel produit parce que le producteur fait un peu d’écologie, est un désastre. Surtout quand il est nocif pour le consommateur qui n’aspire qu’à ce qu’on arrêter de lui les briser.

En dessert, j’ai mangé du riz au lait dans une barquette en plastique après m’être assuré que « bio » n’était écrit dessus.

On peut lutter contre les pesticides et autres round-up quand on a un jardin de 250 mètres carrés et qu'on peut utiliser du vinaigre blanc pour l'entretien mais, à l'échelle d'un pays, il faut être prudent. On sait que ces produits sont mauvais, qu'il faut arrêter de les utiliser s'ils risquent de se protéger jusqu'à chez les voisin et les nappes phréatiques mais arrêtons mais prenons garde à ne pas pousser à solutions inapplicables.

C'est du greenwashing, on se fait plaisir mais ça n'avance à rien.

Les ploucs ne savent pas ce qui est bon pour eux mais ils votent. Quand les types de gauche auront compris ça...

12 commentaires:

  1. Ton omelette me paraît fort sympathique.
    Vegan ? tout dépend du nombre d’œufs que tu as mis dedans. Plus de 6 ou moins de 6 par personne...

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  2. Les champignons ne sont pas des végétaux. Désolé, mais ça vous fait un bon point de moins !

    Bon, je retourne lire…

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    1. Oui mais c'est quand même mangé par les végans, non ?

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  3. Personnellement, je serais assez favorable à une réhabilitation du bagne de Cayenne (mille pardon, M'sieur Tonné !) et qu'on y envoie tous les écolos qui la ramène quand on ne leur demande rien. Ils en auraient, de la verdure, là-bas !

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    1. Excellente décision. Mais limitons-nous bien aux écolos qui la ramènent. Après tout, si un type décide de pisser dans ses rosiers pour avoir un fertilisant naturel et économiser l'eau de chasse d'eau, c'est son problème.

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    2. Non, c'est aussi le problème des rosiers…

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  4. « je connais une lesbienne végane très sympathique »

    Vous dites ça pour nous flanquer les chocottes, hein ? Eh bien, ça ne prend pas : tout le monde sait bien que les lesbiennes véganes sont tuées dès la naissance, voyons !

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    1. Allons bon ! Vous allez vous mettre à dos tous les "pro vie" qui n'aiment pas l'avortement, surtout plus de 36 semaines après la conception. C'est ballot. Ce sont les mêmes qui pensent qu'on devient lesbienne à cause de l'éducation (pour le véganisme, tout le monde s'accorde à dire que c'est plus par connerie).

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    2. Cela dit, dans "lesbienne et végane", je vois une contradiction majeure. Non parce que, la tarte aux poils, c'est quand même bien un truc d'origine animale, non ?

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