« Vive Jospin » fut notre cri de ralliement lors de nos soirées de blogueurs, à la fin des années 2000, parce Martin P., devenu insoumis, nous payait un verre à chaque fois qu’on le disait ! Et Yoyo, en cette période agitée pour la gauche, représentait quelque chose, pour nous… Je vais te raconter une anecdote. En 2012, j’avais été invité sur le plateau de France 2 pour la soirée électorale de la présidentielle. Après la première partie, vers 22h, sûrement, j’étais bien décidé à rejoindre les copains blogueurs qui fêtaient la victoire de François Hollande. Je profite donc de la pause publicitaire pour sortir.
Je me précipite aux toilettes pour y procéder à une vidange
légitime qui fut suivi par un énergique lavage des mains digne des plus grandes
pandémies historiques de coronavirus mais, en tant qu’usager de bistro, je ne
me les sèche pas ! Les torchons sont souvent dégueulasses et les
souffleries dispersent les résidus… Un aller retour sur mon pantalon suffisait
à résorber une partie de l’eau.
Au bout du couloir, le Saint Homme était là, majestueux (il
est très grand, mince, la blancheur de ses cheveux fait ressortir une espèce de
majesté, justement, et, merde à la fin, c’est quand même Jospin). Il était seul
et attendait un journaliste connu pour une brève interview. Tous les passants
(des politiciens, les journalistes…) lui serraient la main brièvement ! J’allais
pouvoir faire de même avec son éminence mais, j’étais trempé… Je fonce donc aux
toilettes pour sécher tout ça et, évidemment, à la sortie, l’interview avait
commencé et papy n’était plus accessible.
Déçu, je me plante quand même à côté pour boire ses paroles en
direct et sans interposition d’électronique. Cela étant, mon poulain venait d’être
élu président de la République et je projetais de boire autre chose ! Je
me suis cassé.
A noter qu’on apprend beaucoup sur les plateaux télé. Par
exemple, Nadine Morano est une très belle femme (mais il faudrait lui couper la
tête) et FOG fait encore plus abruti hautain que dans le poste.
Lionel Jospin vient de sortir un livre. Il assure donc sa
promotion et écume les rédactions et plateaux. Une copine a diffusé dans
Facebook sa première interview (dans l’Obs, évidemment) et je vais citer deux
extraits.
« Dans l’élection
d’Emmanuel Macron, n’oublions pas les aspects contingents. Si François Fillon
n’avait pas été touché par une affaire, il aurait été présent au second tour,
et sans doute président de la République. Si le président sortant, François
Hollande, s’était représenté, Emmanuel Macron n’aurait pas franchi le premier
tour de l’élection présidentielle car une bonne partie de l’électorat
socialiste lui aurait fait défaut. » A l’heure où les partis de
gauche font beaucoup de bruit en préparation de la prochaine présidentielle, les
militants et sympathisants, sans oublier les pingouins de Facebook, devraient
relire plusieurs fois cela plutôt que de multiplier les analyses diverses,
surtout différentes des miennes, hein !
Sa Majesté nous rappelle que Macron a été élu par hasard
suite à une erreur de la droite (je suis gentil). Elle nous confirme par
ailleurs que François Hollande a pris la bonne décision pour éviter la victoire
de la droite mais aussi pour une évidence : l’électorat socialiste était
en vacances. Sous entendu : tout autre candidat socialiste n’avait aucune
chance vu que le centre gauche suivait plutôt Macron.
A propos du quinquennat de son ancien poulain : « La majorité s’est défaite, l’esprit disciplinaire a régné
au gouvernement cependant que la tentation de la fronde s’emparait d’une partie
des élus et des militants. Le consensus sur une politique s’est perdu. L’identité
socialiste s’est dissoute dans l’infléchissement libéral. » L’homme
qui avait dit « L’état ne peut pas tout » en venait à critiquer le
libéralisme.
C’est amusant parce qu’un tas de copains de « gauche
antihollande » se sont précipité pour diffuser l’interview (et je comprends :
ça fait du bien de revoir l’ancien) en mettant l’accent sur cette partie. C’est
surtout amusant parce que c’est la politique menée de 1997 à 2002 qui m’a ancré
dans ce centre gauche… libéral.
Qu’a fait Jospin en cette période ? Je ne vais pas
faire l’inventaire. Il y a évidemment de grandes mesures de gauche comme les 35
heures, la CMU, l’APA, les emplois-jeunes, le PACS. Il y a aussi, par exemple,
la baisse de la TVA, de 20,6 à 19,6. Nicolas Sarkozy avait fait voter une augmentation
à 21,2% (de mémoire). Hollande a annulé cette hausse (et fait le mariage pour
tous, les contrats de génération,…) et a porté l’imposition sur le capital au
niveau de celui sur le revenu.
Mais aussi :
« Lionel Jospin entreprend, une fois Premier
ministre, une série de privatisations ou d'ouverture aux capitaux privés :
France Telecom, Thomson Multimédia, le GAN, le CIC, les AGF, Société
marseillaise de crédit, RMC, Air France, Crédit lyonnais, Eramet,
Aérospatiale-Matra, EADS Banque Hervet30. Il déçoit également de nombreux
sympathisants de la gauche à propos de l'usine Renault de Vilvorde en Belgique
: bien que s'étant engagé lors de la campagne des législatives de 1997 à
remettre en cause la décision de fermeture, il ne peut arrêter le processus. »
Et enfin, comme on sait, il a été brillamment été réélu président de la République vu qu'il avait un couloir...
Vive Jospin, tiens !
hahahahahaha la conclusion. Sinon le personnage Jospin est droit, il a une certaine hygiène mentale. Ce n'est pas un excité, un hurleur. Je parle de la forme là, sur le fond, il dit ce qu'il veut. J'espère trouver son livre en format numérique pas cher, voir ce qu'il dit sur l'époque courante. Celle où des hordes des neuneus connectés peuvent devenir violents.
RépondreSupprimerSi tu trouves le livre, tu me l'envoies.
SupprimerEt oui, c'est quelqu'un !
ce n'est pas un vociférateur, tiens hier j'ai écouté Cazeneuve dans ma TV plate: le mec (existe aussi en version femme) tu l'ecoutes, il parle calmement.
SupprimerIl prépare 2022 pendant que Faure fait le con...
SupprimerAh ! la "majesté" de Jospin ! Vous avez décidément une âme de midinette… voire de shampouineuse !
RépondreSupprimerL'amusant est que, pratiquement toutes les mesures que vous portez à son crédit, je pourrais, moi, les aligner dans sa colonne "débit". Mais je suppose que ça ne surprendra personne…
(Dans ces magnifiques mesures, vous avez oublié la féminisation à marche forcée des noms de métiers et autres…)
Je ne suis pas sûr que Jospin s'intéresse vraiment à la féminisation des machins...
SupprimerJe poste à son crédit, certes, mais je me fous surtout de la gueule des types de gauche qui ont oublié qu'ils lui tapaient dessus quand il privatisait...
Mais si, mais si ! c'est bien sous son "règne" que la pratique a été vivement encouragée par l'État. Lequel, une fois de plus, s'est mêlé de ce qui ne le regardait en rien.
SupprimerJe ne dis pas que ce n'est pas sous lui, je dis qu'il se fout probablement de ce genre de sujet, malgré sa grosse. Comme Hollande, il a fait des concessions pour faire plaisir (croyez vous vraiment qu'Hollande en ait quelque chose à foutre du mariage homo alors qu'il a eu plein de gamin et de gonzesses sans ce marier ?).
Supprimer"Si machin... et Si chose ..." Ce n'est pas avec des Si qu'on parvient à niquer la reine du bal. Et bien sûr pas un mot sur l'inénarrable Hamon le fossoyeur.
RépondreSupprimerNon. Au fait, c'est le billet que j'aurais dû faire hier mais Jospin m'a court-circuité (du moins, je tenais à en parler à chaud).
SupprimerRien à redire sur les propos que vous tenez ici. Mais j'ai ironiquement pouffé au passage du "Dans l’élection d’Emmanuel Macron...", ça m'a fait pensé au livre écrit par Michel Rocard "si la gauche savait"... en gros, "si"... et rajoute "ma tante en avait, etc..."
RépondreSupprimerBah ! Là, c'est quand même assez évident... même s'il y a toujours un doute.
SupprimerEffectivement, une parole de Jospin dans le paysage politique actuel a quelque chose de plaisant, réfléchi, structuré. Je n'aurais jamais pensé y prendre goût moi qui était à l'époque contre toutes les mesures prise par son gouvernement et que vous mettez a son crédit: PACS, CMU, et surtout les 35 heures ou à son débit comme certaines privatisations ou que vous ne citez pas comme l'adoption de la monnaie unique.
RépondreSupprimerBref, dès aujourd'hui et grâce à vous, je prendrai Lionel Jospin comme une preuve supplémentaire du "c'était mieux avant". A vrai dire, il manquait à ma collection déjà fort riche.
Je trouve le billet super. Je ne savais pas pour 2012. Mais je suis que tu aies vécu ça.
RépondreSupprimerSur Morano je te partage un truc que je t’ai déjà dit mais quand j’étais aux affaires locales chez moi, elle est venue en qualité de ministre inaugurée une crèche de la communauté de communes. C’était en 2008 je crois. Je me souviens en effet d’une personne qui se remarquait dans l’assemblée. J’avais discuté un bon moment avec elle, et elle était bien moins caricaturale que l’image et la posture qu’elle donne, et que je combat car je pense qu’elle ne sert pas toujours mon camp.
Sur Jospin, j’ai eu respect pour l’homme. Je sais en plus que tu le tiens en estime.
Mais je crois qu’à un moment quand on a décidé de se retirer, ben faut se retirer... Jospin avait tenter un Come back en 2006, Sarkozy s’est pris les pieds dans le tapis en 2016.
On ne peut pas être et avoir été...c’est mon modeste avis.
Bon dimanche soir