Il faut rétablir les données dans le contexte. Dans les
sondages, quels que soient les candidats en lice, M. Mélenchon arriverait en
tête des candidats de gauche mais il ne serait pas, pour autant, présent au
second tour. En 2017, à 600 000 voix prêt, il y était, mais rien ne dit qu’il
aurait gagné au second tour et, s’il avait gagné, que LFI aurait eu une
majorité pour gouverner ensuite (d’autant qu’il a promis une « constituante »
dès son arrivée… ce gars-là n’a pas nécessairement envie de gouverner).
Continuons néanmoins sur cette piste. Si M. Mélenchon arrive
au second tour, il serait vraisemblablement opposé à M. Macron, un candidat de
la droite, comme M. Bertrand dont on parle beaucoup ces jours-ci ou, évidemment,
Mme Le Pen. A part cette dernière (et encore), il n’y a rien de moins sûr que
la présence des deux autres au premier tour. M. Macron pourrait se rendre à l’évidence :
aucun candidat sortant n’a jamais été réélu sauf en période de cohabitation. Place
à M. Philippe. M. Sarkozy pourrait organiser son grand retour et passerait pour
un sauveur au sein de son camp. Je passe des hypothèses diverses mais il faut
bien reconnaitre que Mélenchon n’aurait aucune chance au second tour face à
Bertrand, Macron, Philippe ou Sarkozy. Face à Le Pen, par contre, je ne sais
pas. Je pense néanmoins que la probabilité de voir deux candidats dits populistes
au second tour est assez faible.
Afin d’effacer tout malentendu, je précise que je n’utilise pas ce mot « populiste » de
manière péjorative mais je pense que les cibles électorales sont assez proches, une France d’en bas comme disait l’un ou périphérique comme disait l’autre, peu importe. Des électeurs qui ne se sentent plus représentés par les partis traditionnels et ne seraient pas mécontents de faire éclater le système à défaut d’être en accord avec les propositions…Notez bien que je n’ai pas dit que Mélenchon n’avait aucune
chance de gagner (ou alors une petite face à Le Pen) mais qu’il n’avait aucune
chance avec les hypothèses que j’ai posées, à savoir dans le cas où il serait
le seul représentant sérieux de la gauche. Vous pouvez être convaincu par le
bonhomme, par son programme, vous pouvez penser qu’il peut gagner et ferait un
bon président, que son programme serait le meilleur pour attirer les électeurs
puis faire avancer le pays. Moi-même, à la limite, il pourrait me convaincre
(il faudrait des conditions : qu’il refuse tout communautarisme, qu’il promette
de défendre l’union européenne non sans tenter de la faire pencher pour ses
choix…). Mon propos n’est pas là.
Avant de poursuivre ma note de cadrage, je voudrais continuer
une certaine démystification en quelques, quitte à me répéter par rapport à
tous mes billets à ce sujet et à passer pour un furieux radoteur. Petit 1 :
à part pour 1965 et 2007, pour aucune présidentielle il n’a été possible, 18
mois à l’avance, de faire le moindre pronostic judicieux. Petit 2 : la
gauche socialiste a déjà connu des déroutes abominables en s’en sortant relativement
rapidement comme en 1986 et en 1993. En complément, la gauche, comme la droite,
ont connu plusieurs longues traversées du désert. Petit 3 : l’union de la
gauche a toujours été un leurre. Les deux phases les plus connues furent le
programme commun et la gauche plurielle. A l’arrivée de l’élection, la gauche
plurielle est partie en vrille. Et la gauche a gagné en 1981 alors que le
programme commun était aux oubliettes.
Maintenant, je voudrais aborder les précédentes présidentielles sous le strict volet des mathématiques, sans m’occuper du contexte politique. 1965 fut un peu à part car taillée pour de Gaulle. Il n’empêche qu’il n’y avait qu’un candidat à gauche, il n’a pas fait le score ridicule attendu mais il n’a pas gagné. 1969 et 1974 sont également à part car il était impossible, 18 mois à l’avance, de prévoir qu’elles auraient lieu. On va quand même en parler.
1969 : c’est dommage de ne pas parler du contexte, mais
il n’y avait qu’un candidat sérieux à gauche, un communiste. Il n’a pas à
rougir du score mais l’échec fut cinglant.
1974 : la gauche a fait l’union. Elle était en tête au
premier tour. Elle a failli gagner. Failli seulement.
1981 : il y avait deux candidats sérieux à gauche, un à
25%, l’autre à 15. Elle l’emporte.
1988 : Il n’y
avait qu’un candidat sérieux mais la gauche dépasse 40% au premier tour. Elle l’emporte.
1995 : il n’y a qu’un seul candidat sérieux à gauche,
avec les deux suivants, qui n’ont pas démérité, elle n’atteint pas 40%. C’est l’échec.
2002 : il n’y a qu’un seul candidat sérieux à gauche,
elle prend la claque que l’on connait.
2007 : il n’y a qu’un seul candidat sérieux à gauche
(qui fait un très beau score au premier tour), la gauche n’atteint pas 40%, c’est
l’échec.
2012 : il y a deux candidats sérieux à gauche qui
cumulent plus de 40%. Elle l’emporte.
2017 : un seul candidat sérieux, l’échec.
Vous me direz que ce pauvre Chirac ne pouvait pas gagner en
1988, que personne ne pouvait battre Sarkozy en 2007 et que gnagnagna 2002. Il n’empêche
que l’union n’a jamais fait gagner la gauche et quand elle a présenté deux
candidats pouvant faire 40% à eux deux, elle a gagné. Point barre ! Arrêtez
avec cette histoire d’union !
Actuellement, seule la gauche de la gauche a un candidat sérieux à présenter. J’ai même dit que je pourrais voter pour lui sous deux conditions (fortement improbables : lutter contre le communautarisme sérieusement nécessiterait que Mélenchon vire une partie de ses soutiens, par exemple). S’il n’y a qu’elle de sérieuse à gauche, il y aura un boulevard pour le candidat centriste. Macron (ou Philippe…) sera au second tour. Le centre gauche (appelez-le comme vous voulez : la sociale démocratie, la sociale écologie, la gauche de gouvernement, les sociaux-traitres…) doit se reconstruire sur les cendres des 25% de Mitterrand en 81 (et les 35% en 88), sur les 27% de Royal en 2007, sur les 29% d’Hollande en 2012…
L’union ne peut qu’être là, et uniquement pour éviter la
division, notamment entre les écolos et les socialos. Pour éviter la
division totale. Pour avoir un candidat susceptible de gagner ou à même d’apporter
des voix à celui de la gauche qui arrivera en tête, comme un probable insoumis.
Les dix-huit mois qui arrivent doit se passer dans le respect, à gauche, pour
le bien de tous et sans préjuger des forces en présence : on ne sait pas
ce qui va arriver, on ne peut jamais prévoir ! On peut se dire qu’une
présidentielle se gagne toujours au centre (et hop, vazy que je te fasse le
coup de la fracture sociale pour quitter la droite de la droite qu’il disait, l’autre)
et un candidat de gauche ne peut pas gagner tout seul. Et advienne que
pourra.
Un militant politique est toujours persuadé d’avoir raison
sur tous les points et c’est tout à son honneur mais il faut prendre du recul.
Avant de réfuter mes arguments, il doit analyser, remettre le tout dans
contexte et se creuser les méninges. Prenons un type au hasard : moi. Je
suis persuadé que la politique menée par Hollande était la bonne et que ça
serait une excellente chose pour le pays qu’il revienne au pouvoir. Par contre,
je ne vais pas préjuger de sa capacité à être élu ni même à être choisi pour
représenter le PS : il me semble grillé. S’il peut se remettre, tant
mieux, mais je ne vais pas me baser sur cette hypothèse !
Alors, me demanderez-vous : que doivent faire le PS
et EELV ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que je me fous des écolos
en tant que mouvement politique. Je n’y crois pas. Qu’ils fassent ce qu’ils
veulent ! L’important est que les socialos et les écolos se retrouvent, début 2022, pour
se dire qu’ils vont faire un bout de route ensemble. Ce qui se passera avant n’a
aucun intérêt, même si nous ne conchierons pas des accords pour les élections
qui vont se dérouler d’ici là.
Il me reste donc les socialistes comme occupation, comme objet de conseil ou de blogage.
Ce billet est assez long. J’aurai l’occasion de revenir sur
ce sujet dans les prochains jours si un poil ne me repousse pas dans la main.
Mais j’ai une première idée : faites comme si vous étiez le Parti Socialiste,
la deuxième force politique du pays, en nombre d’élus, après la droite de
gouvernement. Faites comme s’il était normal et évident que vous aurez un
candidat à l’élection présidentielle. Faites comme s’il était certain qu’il
figurera au second tour, comme toujours, sauf quand vous étiez au pouvoir juste
avant…
Amen.
Les dix-huit mois qui arrivent doit se passer dans le respect, à gauche, pour le bien de tous et sans préjuger des forces en présence le respect ? mais allons ils vont se taper dessus ! sinon t'as pas vu le PS avec Elodie et les autres veut relancer la coopol => "Les réseaux sociaux sont désormais une des principales sources d’information pour la population. En ces temps -sombres- de pandémie mondiale, il devient indispensable que les fédérations puissent se jouer des barrières physiques pour toucher leurs militant-e-s, leurs sympathisant-e-s et leurs électeurs et électrices."
RépondreSupprimerOui, je trouve ça délirant !
Supprimerje ne dirait pas du mal des signataires. Mon petit doigt dit qu'on va en rigoler ce midi avec Gilles.
SupprimerLes signataires ont raison : c'est le PS qui a fait foirer la chose dès le départ.
Supprimertrès long ce billet mais il tient bien la route. Bien documenté aussi; je suppose que tu avais tous ces scores en tête. Tu as bien fait de préciser que même en 65 la gauche avait fait un excellent score qui avait surpris tout le monde y compris De Gaulle. Peut être les prémices d'un 68 ....En réalité, tu le laisse d'ailleurs entendre, tout le monde prône une union de la gauche en espérant un rassemblement le plus large possible c'est à dire tout le monde sauf LFI dont le score devrait être divisé par 2 par rapport à 2017 et qui devrait se reporter facilement au second tour. Aujourd'hui deux candidats peuvent réussir ce tour de force, Hidalgo et Piolle...les écolos sont la force montante surtout localement et commencent à prendre du métier. Trop de socialistes n'y croient pas assez... commentaire trop long
RépondreSupprimerC'est trop tôt pour donner des noms. Piolle ne vaut rien. Totalement inconnu et sans intérêt.
Supprimer"les écolos sont la force montante"... taper dans n'importe quelle poubelle infographique pour se rendre compte que gagner dans quelques villes de + de 100 000 habitants n'est pas un gage de réussite nationale. Une fois les moyennes rétablies, EELV fait pareil aux municipales de 2020. Mais il est intéressant politiquement pour Macron de laisser Jadot et EELV prendre le melon, cela ne fera qu'accroître les tensions déjà bien réelles au sein de la dite "gauche". Bon courage les gars!
Supprimer"les écolos sont la force montante" aaah oui dans 5 ou 6 villes, y'a 100 villes de plus de 30 000 habitants en France. En effet ça monte vachement.
Supprimer"lutter contre le communautarisme sérieusement nécessiterait que Mélenchon vire une partie de ses soutiens" ... une partie très importante sans laquelle son parti se réduirait à un groupuscule.
RépondreSupprimerMédisant !
Supprimerc'est hélas vrai, mais je pense que dans la FI les cocomunautraristes sont minoritaires en nombre et majoritaires en bruit (médias, réseaux sociaux).
SupprimerJe pense aussi.
Supprimer« les cocomunautraristes sont minoritaires en nombre et majoritaires en bruit »
SupprimerC'est bien possible, en effet. Le problèmes est que, contrairement à ce qu'un vain peuple s'imagine, ce sont toujours les minorités décidées qui l'emportent et non les majorités assoupies. L'histoire le montre surabondamment.
L'autre, il lit pas le billet et répond qu'à Dagrouik. La blogosphère a bien changé...
SupprimerEh ! c'est que je n'en ai rien à faire, moi, de l'avenir électoral de la gauche ! Non plus que de celui de la droite du reste : je vous rappelle que j'ai l'abstention chevillée au corps…
SupprimerDonc, mon mot d'ordre : élisez celui que vous voulez, de toute façon il sera catastrophique.
Ah mais je n’en ai rien à foutre non plus mais j’aime bien bloguer.
SupprimerJ'aime bien...
RépondreSupprimerMais j'ai un problème. Tu dis "je tiens à préciser que je me fous des écolos en tant que mouvement politique. Je n’y crois pas. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent !"
Mais pour moi, c'est pire : je ne m'en fous pas, je pense qu'ils sont nuisibles (pas l'écologie en tant que telle, hein, mais ses représentants politiques).
Je n'irai pas voter pour un candidat écolo à la présidentielle, même soutenu par le PS. Et j'aurai du mal à voter pour un éventuel candidat PS si son programme est soumis aux oukases des écolos (ceux qui veulent lutter contre le réchauffement climatique en arrêtant les centrales nucléaires...)
Et pour (en partie) des raisons similaires je n'irai probablement pas voter Mélenchon au premier tour, bien que je l'aie fait en 2017 parce qu'il était le seul candidat de gauche un tant soit peu crédible et qui avait une petite chance d'être au second tour (je n'ai jamais pensé que Macron était de gauche, ne serait-ce qu'à moitié...).
Et comme je ne pense pas être le seul de mon espèce, qu'il y ait un ou deux candidats "crédibles" à gauche, leur total risque fort de ne pas atteindre tes 40% fatidiques.
Un probable futur abstentionniste (au moins au premier tour; au deuxième je me résignerai sans-doute à aller voter pour n'importe-qui contre Le Pen).
On est à peu près d'accord sur les écolos, donc...
SupprimerEt je suis d'accord avec ta conclusion en forme de message aux socialistes :"faites comme si vous étiez le Parti Socialiste, la deuxième force politique du pays, en nombre d’élus, après la droite de gouvernement. Faites comme s’il était normal et évident que vous aurez un candidat à l’élection présidentielle. Faites comme s’il était certain qu’il figurera au second tour".
SupprimerA ça près qu'à force d'avoir les chevilles qui enflent, j'ai du mal à imaginer que, sans accord préalable (et donc programme commun ?) les écolos retirent leur candidat avant le premier tour. Et si accord il y a, j'ai peur de ce qu'il contiendra, et des promesses que le candidat PS aura faites aux écolos...
Mais avec trois candidats, en comptant Mélenchon qui ne se retirera pas, le risque est grand qu'il n'y en ait aucun au second tour.
A moins que le PS trouve son candidat-miracle, assez populaire pour que les sondages le mettent largement devant le candidat écolo fin 2021 ?
Mais celui-là, il faut encore plus d'imagination pour l'inventer...
J'attends avec impatience ton prochain billet pour voir si tu as la solution de l'équation.
Si le candidat socialo est bon, les écolos se dégonfleront comme une baudruche ! Le PS a une bonne réserve de candidats. Chacun fait un peu grincer des dents auprès d'autres mais que veux tu, par exemple, que devienne un candidat écolo si Hidalgo est candidate ?
SupprimerIl manque un mot dans mon avant dernière section, je voulais dire qu'il importait que les socialos et les écolos se retrouvent début 2022. Je corrige.
Par ailleurs, je n'ai pas dit que le candidat devrait être issu du PS. J'ai dit qu'il fallait faire comme si, dans un premier temps. Faure est con de dire que ça pourrait ne pas être le cas. Les militants sont assez intelligents pour comprendre, début 2022, qu'il faut trouver autre chose.
RépondreSupprimerOn va tous voter pour Bellamy !
RépondreSupprimersi j'analyse bien ce long (et bon) rappel. En gros, il faut au delà d'une union, d'un programme commun ou que sais-je...une force politique qui aille chercher au centre gauche, genre centre centre des voix pour atteindre cette barre de 40%. Mais ca n'est possible qu'à condition que les "organes centraux" arrivent à faire ces renoncements, accords, synthèse qui fonctionnent visiblement bien pour les élections locales...
RépondreSupprimerPour compléter l'analyse, ca serait peut-être utile de comparer les "personnalités" des têtes d'affiche de ses élections et le programme qui va avec... Parce que 2007, c'était surtout tout sauf Sarko...
Donc pour 2022, on a une tête mais un programme qui fait peut à au moins 51% des français et au PS... ben pour le moment, j'ai beau creuser...ni l'un ni l'autre. Quant aux écolos, ils vont bien se débrouiller pour se saborder tout seul, ils ont un art consommé de la pratique sans compter leur propension à sortir des phrases de nulle part, juste pour ce faire plaisir...désespérant pour eux d'ailleurs
Premier paragraphe : ce n'est pas exactement ce que je dis (mais on est d'accord). Ce que je dis est qu'il est trop tôt pour s'occuper de tout ça.
SupprimerDeuxième paragraphe : le TSS, c'était plutôt 2012... On ne peut pas comparer les têtes d'affiche vu qu'on ne les connaît pas et ce n'est pas significatif (18 mois avant le scrutin, il n'était pas possible de prévoir le vainqueur en 2012 et 2017).
Pour la fin, on est d'accord. Mal barrés...
oups, oui.
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