En salle

03 novembre 2020

Montebourg, le roi !


Samedi, nous avons repris nos « Visio KdB », réunions de blogueurs ou pas de gauche ou pas autour d’un verre et d’un réseau de visio conférence. Nous y rigolons bien et, une fois les quelques premiers verres digérés, nous refaisons le monde et la gauche. Samedi, on beaucoup parlé d’Arnaud Montebourg, Denis étant persuadé qu’il est le seul à pouvoir faire gagner notre famille politique. Ce matin, il en fait un billet !

L’occasion de reprendre les discussions entre blogs, ce que nous chérissions autrefois et qui dégénérait parfois en blogowars. Avec tout l’amitié, Denis sera ma cible, ce matin, plutôt que Didier qui, dans sa dernière publication, semble en vouloir à tous ceux qui essaient d’imaginer comment nous sortirons de cette crise. Nous allons donc nous adonner à la pratique préférée des blogs politiques :

 

L’analyse débile des perspectives électorales.

 

Nous allons joyeusement commencer par un peu d’histoire récente. Aux élections présidentielles, les grands partis de gauche ont toujours cumulé aux alentours de 40% des voix aux premiers tours ce qui permettait, souvent grâce à un rejet du candidat de droite, de gagner ces élections. Lors de la dernière échéance, les candidats sont arrivés aux alentours de 25% : il manquait ainsi 15 points à la gauche officielle pour être ce qu’elle avait été.

Ces 15 points représentent plus de la moitié des voix « habituelles » du candidat de la gauche socialiste qui est descendu à 6% en 2017. Pour arrondir, nous allons dire que cette gauche a perdu 10 points mais l’aile majoritaire, celle représentée par le PS, en a perdu une vingtaine. Arrondissons ai-je dit et clamons que la moitié est partie vers le candidat de la gauche de la gauche et l’autre vers ce que nous allons appeler « le candidat du centre » uniquement le temps de finir ce paragraphe.  

Reste à connaître la cause de cette évaporation relative des 15% ! C’est évidemment le quinquennat de François Hollande qui en est à l’origine mais, au sein de la formation politique de ce dernier, celle qui est passée de 26 à 6, il n’a jamais été possible de faire le moindre consensus sur les raisons profondes ce qui est une grave erreur, presque une grosse faute de la direction du Parti Socialiste, Olivier Faure en premier, balayant cela d’un revers de main en évitant tout débat de fond. Cela étant, on pourra chercher des points partout.

 

Il n’empêche que passer de 40 à 25, ça fait une perte de 15. Le sujet peut être traité par tous les bouts mais à 18 mois de la prochaine élection, il est temps de tourner la page. J’ai déjà fait deux billets complets pour expliquer qu’il est vain de chercher l’unité à ce stade et qu’il était temps de présenter un projet aux Français sans oublier que la plupart des candidats de la gauche ont le charisme d’une huitre, réduit à celui d’un bulot pour la plupart des candidats putatifs du PS.

 

Revenons à Montebourg et au billet de Denis

 

Il nous parle des discussions qu’il y a au sein des groupes de soutien à Montebourg qui portent à savoir si Nono a la capacité de rassembler la gauche. « Et ben, non ! Pour une raison simple : les sociaux-libéraux de l’aile droite du PS devenus macronistes – et même ceux qui ne le sont pas devenus – ne voteront pas Montebourg, même après avoir bu une dizaine de pintes de bière ! La gauche toute habillée pour l’hiver pèse 25-26% des voix. »

Au moins sommes-nous d’accord sur le 25%. Denis fait quelques erreurs. Tout d’abord, l’aile droite du PS n’existe plus depuis longtemps, disons depuis 2007 quand Nicolas Sarkozy a ouvert son gouvernement à des gens comme Eric Besson et Jean-Marie Bockel. J’aurais tendance à dire que mathématiquement (ou géographiquement), la gauche n’atteignant jamais 50%, il ne peut y avoir aucune gauche à droite. Les mots ont un sens. On ne peut pas qu’il y ait une aile droite au PS…

D’autre part, il faut arrêter de dégainer ce « macronistes » comme une insulte. Je fais partie de ce centre gauche et si j’ai voté pour Macron en 2017, et je ne suis pas le seul, c’est parce que les candidats de la gauche officielle ne me satisfaisaient pas.

Par ailleurs, derrière macronisme, il y a peut-être plusieurs choses. Il y a d’abord un positionnement politique qui, on ne va pas le nier, finit bien à droite sur beaucoup de points (mais pas tous). Il y a ensuite une manière de faire de la politique, le fameux « ni de droite ni de gauche » qui permet de prendre des individus de toutes origines politiques pour essayer de travailler ensemble. Cela me parait honorable plutôt que de chercher à rester dans une espèce de gauche bien officielle mais ne permettant de récupérer la moindre once de pouvoir et de faire pencher un peu la balance.

Enfin, et je l’ai déjà dit dans mon blog, je suis tout à fait disposer à voter Montebourg si les circonstances électorales le permettent. Imaginons que les sondages donnent Le Pen à 25% et Macron à 20%, suivis à 15% par, disons, Bertrand, Mélenchon et Montebourg, je pourrais voter Montebourg.

 

Continuons. « Macron et Le Pen sont au même niveau. Avec les candidatures des trotskards et d’EELV, faire de la politique à l’ancienne, c’est l’assurance d’échouer sous la barre des 10% au 1er tour. » C’est déjà mieux que 6% ! La politique à l’ancienne est bien de se murer dans un affrontement gauche droite.

« Autrement dit, il ne faut plus avoir peur des gros mots, comme souveraineté, made in france, circuits courts, protection, peuple, technostructure, élites, état profond, immigration, sécurité. » Il n’y a même plus l’écologie ? Et plus d’Europe ? Protection de quoi ? Il faut avoir peur des gros mots… Les mots ont un sens et il n’est plus le temps de faire un catalogue des mots. Tu peux faire un smartphone en France mais s’il coûte deux fois plus cher que le concurrent arrivé à pied de la Chine, les électeurs vont rigoler. Tout cela dit sans méchanceté : il y a encore le temps d’expliquer tout cela aux électeurs.

 

La politique à l’ancienne ?

 

Montebourg a déjà été deux fois candidat à la primaire de la gauche socialiste pour les présidentielles. Ces deux fois, il a fait 17% avec des discours pas nécessairement similaires mais en prenant ces 17 points à la gauche du PS, déjà partie à LFI…

N’oublions pas le vieil adage. « L’élection se gagne au centre ». Cela a été le cas en 2017, c’est évident, mais aussi en 2012 avec un Sarkozy qui s’était bien droitisé après une campagne de 2007 bien plus libérale et centriste. 2002 était un cas particulier mais cela ne change pas grande chose. En 1995, le candidat le plus à droite avait sorti une fracture sociale pour se remettre au centre.

Et alors ?

 

18 mois avant une échéance, il n’est pas possible de faire la moindre prévision. Aussi bien, en novembre 2015, Macon ne croyait pas à ses propres chances pour 2017 et visait 2022. On n’en sait rien ! Par rapport à ce que je disais en introduction, un blogueur ne fait pas de prédiction dans son blog, surtout un vieux blogueur qui s’est pris une dose importante de pelles. Il ne fait qu’exprimer un ressenti.

Je serais aux anges en 2022 si le second tour oppose Macron et Montebourg. Cela signifierait qu’un type lancé par la sociale démocratie pourrait écraser la droite traditionnelle et qu’un type issu d’une autre branche de ce bordel pourrait écumer les voix qui auraient pu aller à des candidats plus populistes. Dans ce cas, je voterai probablement Montebourg même en ayant voté Macron au premier tour.

La probabilité semble quand même légère.

 

Les candidats, les partis, les idées doivent avancer. On fera un premier tri dans un an.

14 commentaires:

  1. La question de l'incarnation se pose tout autant que celle d'idées qui ont été déjà développées en long, en large et ne travers par nos impétrants uniques et préférés. Elles demanderont à être repackagées au gré des circonstances historiques, des crises.

    Concernant le PS, compte tenu de la majorité des personnes au BN, j'ose continuer à affirmer que le PS et son aile droite continuent de faire une entité une et indivisible. Où sont Mélenchon, Hamon, Maurel, Lienemann et Montebourg. Partis voguer vers d'autres cieux. CQFD. Cite-moi une seule personne de l'aile gauche qui soit restée au PS ?

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    1. Il me semble que dans tous mes billets au sujet du PS, dont celui-ci, je critique Faure, donc le BN.

      La question de l'incarnation se pose mais pas encore et surtout pas dans l'état actuel des discours.

      Et je connais autant que toi l'état du PS...

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  2. En tant que membre du PS (à l'époque), j'avais organisé la dernière primaire dans mon secteur. Autant dire que j'ai vu passé les électeurs de cette gauche qui se mobilise. Autant dire aussi due j'ai vite compris dès le premier tour de la direction que prenait cette primaire. Mon centre-gauche faisait déjà défection. Ne restaient que ceux qui avaient une dent contre Hollande et Valls. quelques-uns avaient aussi des calculs politiques bien à eux.
    Tout cela pour dire que Montebourg ou Hamon ont montré de quoi ils étaient capables. Faut-il que notre démocratie soit malade, pour croire qu'après deux déculottées historiques (pour l'un et l'autre), on puisse être encore en capacité d'être élu.
    L'Europe, la solidarité, la laïcité et l'entreprise seront entre autre pour moi les marqueurs de mon choix lors de la prochaine élection. Et pour l'instant ils ne sont pas nombreux à cocher toutes les cases.

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    1. Personne ne coche les cases... Mais tu as raison, certains sont bien optimistes...

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  3. Je n'en veux à personne : je me contente de rire des aberrations que je constate autour de moi. Et, le plus souvent, je le fais dans mon coin sans en avertir personne, alors que je pourrais.

    Par exemple, là, si j'avais l'esprit caustique, je pourrais très bien me gausser des esprits en jachère qui croient encore qu'il existe un parti socialiste et qui, dans leur profonde déshérence, en sont réduits à se raccrocher à un Montebourg, dont l'existence même m'a toujours semblé relever de la plaisanterie.

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    1. Vous n'en voulez à personne mais faites des billets de blog, en parlez dans votre journal...

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    2. Mais oui, j'en parle ! mais sans une once de ressentiment, ou de quoi que ce soit d'approchant.

      Il arrive que mes frères humains m'attristent, il arrive plus souvent qu'ils m'amusent : mais pourquoi et au nom de quoi leur en voudrais-je ?

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    3. Je vais le dire autrement : ça fait dix ou douze ans (disons-même peut-être quatorze) que vous suivez mon blog et ceux des autres andouilles comme moi et qu'on radote sur les mêmes sujets. Même à propos du réchauffement climatique, vous n'en faisiez pas autant que pour ce virus...

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    4. Mais c'est que le prétendu réchauffement en question n'a jamais occupé les esprits, ni les blogs, aussi hégémoniquement que ne le fait le petit Chinois depuis d'interminables mois !

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    5. Non mais on en cause dans les blogs depuis 1963, je crois. Et il ne m'empêche pas d'aller au bistro (pour l'instant, parce que le gaz produit par la bière...).

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  4. « Je serais aux anges en 2022 si le second tour oppose Macron et Montebourg »

    Marine Le Pen a beau être une grosse nullarde, je vois mal comment votre Montebourg (et bourg et ratatam) pourrait arriver devant elle au premier tour.

    Cela dit, je n'ai pas lu votre billet, j'ai juste pêché cette phrase-là à la volée…

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    1. J'ai dit que je serais aux anges, pas que la probabilité était élevée.

      Vous devriez lire mon billet, je lis bien votre journal (en diagonale, mais quand même).

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    2. Ce que j'ai du mal à comprendre c'est pourquoi tout le monde s'évertue à chercher un candidat socialiste, alors que vous avez déjà Macron à l'Élysée, qui fait la même politique que Hollande avant lui.

      (Ou alors, un truc essentiel m'aurait échappé ?)

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    3. La politique menée n'est pas la même au niveau fiscal et Hollande avait quelques limites dans ses dérives libérales.

      Cela étant, j'aime bien rappeler à mes camarades que la base de l'électorat de Macron est la même que celle d'Hollande et que d'insulter ce qui n'est plus officiellement à gauche ne sert pas à grand chose.

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