Le 24, à minuit, j’étais assis devant la cheminée à regarder
le feu qui tonitruait quand le père Noël est sorti de la cheminée en disant « tékon ».
« Oh pépé » lui dis-je « outre le fait que tu n’existes pas, tu
ne devais pas passer cette année à cause de la covid. » « Polope »
me répondis-t-il « pour ta peine, tu n’auras pas les nombreux cadeau que j’avais
prévus, à savoir : un vaccin contre la covid, garanti à vie et sans effets
collatéraux si tu prends soin de l’avaler avec une dose de Ricard et cinq doses
d’eau, même en hiver, des panneaux solaires qui fonctionnent deux jours comme
de nuit même s’ils sont encore dans leurs cartons, un nouveau produits d’entretien
de la nature qui ne tue que les insectes et les plants susceptibles de
provoquer des dommages collatéraux, un système redistributif qui permet aux pue-le-sueur
de dépenser le RSA dans des jeux à gratter tout en leur laissant de quoi vivre
et d’acheter une Clio avec régulateur de vitesse et appuie-têtes en peau de
zob, des transports collectifs universels avec un barbecue sur la plateforme à
l’arrière, des centrales nucléaires sans danger qui produisent du steak haché à
la place de produits qui vont mettre des dizaines de milliers d’années avant de
redevenir sain, un personnel politique objectif et des internautes avec de la
matière entre les oreilles, une laïcité saine et globale également pour les
personnes de couleur et la construction d’un mur pour terminer d’isoler le Royaume-Uni. »
« Ah merde » répondis-je, « j’ai loupé tout
ça » en espérant que papi m’accorde une deuxième chance même avec les avantages
limités comme la fin de la TVA sur la bière ou le wifi qui fonctionne
normalement chez ma mère.
J’étais quand même déconfit. Les larmes commençaient à
couler doucement sur ma couperose. Le père Noël me dit : « ne soit
pas triste, Jégoun ! Je t’ai apporté le plus beau cadeau qu’il soit :
une carte du Parti Socialiste. C’est le plus beau cadeau qu’il soit car c’est la
dernière… » J’ai commencé à méditer, à compte d’auteur. « Qu’ai-je
fait au bon dieu pour métier tout ça ? » me demandais-je avant de me
rappeler que dieu n’existait pas plus que le père Noël.
L’inexistant a entendu mes pensées, il faut croire puisqu’il
me répondit aussitôt : « Tu as jusqu’à la fin de l’année pour
réfléchir. Ta mission, si tu l’acceptes, sera de dénoncer toutes les idées
faussement de gauche qui ont tant nuit à la cause. » « Heu… » m’autant
emportais-je le vent ! « C’est bien joli, tout ça, mais tu
pourrais m’en dire plus, s’il te plait ? »
« Tiens ! Voila un exemple : toi et tes
copains avaient défendu corps et âme puis obtenu le mariage pour tous ! C’est
beau, c’est symbolique, mais est-ce de gauche ? Est-ce que défendre le
mariage, ce résidu de sacrements religieux est-il bien de gauche ? Pourquoi
défendre l’égalité par le bas ? Pourquoi obliger les gens à participer à
une cérémonie pour avoir les mêmes droits que les autres ? »
Je commençais à percevoir l’idée générale de cette vieille
crouille qui n’a de gauche que la vocation de passer une fois par an de maison
en maison pour apporter le bonheur. « Maintenant, lance-toi, me dit-il !
Tu peux même être grossier et traiter des copains de connards et d’andouilles. »
« Je peux dire que c’est complètement con de lutter
contre la privatisation d’Aéroport de Paris sous prétexte que c’est un service
public alors que le service n’est apporté qu’à des compagnies aériennes privées,
par exemple ? » « Oui, c’est un bon début… » « Et
qu’il faut arrêter de traiter un Etat de libéral quand il dépense beaucoup plus
que ce qu’il ne gagne ? Ou qu’on ne peut pas défendre une religion au nom
de l’oppression ? » « Continue ! » « Que verser des
APL permet aux propriétaires privés d’augmenter les loyers ? Qu’on peut
aider les propriétaires privés à faire de la rénovation écologique de leurs
logements mais que l’aide aux propriétaires n’est pas franchement une idée de
gauche. » « Très bien ! Continue un peu avec l’Europe ? »
« Hein ? Tu voudrais que je démontre qu’il faut vraiment tortiller du
cul pour être souverainiste de gauche et le faire uniquement parce qu’on a loupé
le reste et qu’il faut maintenant oublier qu’on ne peut qu’être internationalistes,
à gauche ? Qu’il faut continuer la construction européenne car il n’y a
pas de fatalité de l’échec ? Qu’on ne convaincra pas par un claquement de
doigts les milliards d’autres habitants de la planète que le projet que l’on
peut porter au fond de soi-même est le meilleur de tous les temps, comme Robert
Boulin. »
« Très bien, ton blog aura quinze ans dans trois jours.
Il faut que tu acceptes la mission qui est la tienne ! Rappeler,
éternellement, avec ton ton péremptoire heureusement inimitable, quel est le
chemin. Tu as huit jours pour me donner ton accord : continuer ou pas ».
Au boulot ! Commençons par un apéro, ce soir à 18h30, par
visioconférence.
Putain quinze ans !
RépondreSupprimerOuais !
SupprimerEt bien moi, j'ai eu la preuve de son existence à ce vieux barbu aux cheveux blancs.
RépondreSupprimerHier matin, en me réveillant à une heure indue, j'ai voulu regarde l'heure sur ma tablette et j'ai vu qu'il y avait deux mails.
Le premier était la belle carte de Noël d'un copain et la deuxième était ...
Une facture !
Tu vois il ne m'a pas oublié.
Voila.
SupprimerSais-tu que tu ferais un père Noël tout à fait acceptable ?.
RépondreSupprimerAh ben j'espère !
SupprimerJoli billet qui rappelle pleins de choses...
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