Heureuse banlieue non confinée |
Je vous présente néanmoins mes plus vagues excuses :
pendant trois ou quatre paragraphes, je ne vais être on ne peut plus sérieux en
rappelant l’historique de mes avis et donc de mes changements. Vous noterez que
c’est tout à mon honneur, les autres lascars ayant une fâcheuse tendance à s’enterrer
dans une idée initiale ou à ne pas avouer leurs propres mutualisations
intellectuelles. Tout d’abord, pendant un ou deux mois, j’ai plus eu confiance
dans les scientifiques de Facebook que ceux du gouvernement, ce qui me semble
naturel tant ils racontaient n’importe quoi. J’ai ensuite fait différents
constats, notamment à partir du fait que la pandémie était réellement mondiale
sans donc dépendre de nos tergiversations franchouillardes. C’est ainsi, par
exemple, que j’ai rapidement enterré les raoulteries. Je suis devenu assez
consensuel notamment par rapport à l’avis officiel mais aussi celui de
personnalités qui me semblent intéressantes comme Axel Kahn.
La courbe, ci-contre, est très jolie. Ne prenez pas en
compte l’indicateur précis qu’elle mesure. De toute manière, on trouvera
toujours des contradicteurs ou des couillons qui pensent que j’aurais dû en
montrer d’autres. On se fout de tout cela, ce qui importe, c’est la forme
globale : une grosse montée en mars en avril suivi d’une baisse pour l’été
et d’une nouvelle forte croissance, une petite baisse qui semble bien être
terminée. Pendant cette période, j’ai eu plusieurs avis (peu importe qu’ils
aient été bons ou mauvais, dans la mesure où ils n’ont pas été suivis par le
gouvernement, on ne peut pas vérifier mes thèses et je n’ai absolument pas la
prétention de devoir être écouté par le gouvernement qui a déjà 66 millions de
procureurs à lui casser les couilles).
Mes lecteurs se rappelleront sans doute de ces avis d’autant
que, quand j’ai un truc dans le crâne, j’ai un peu tendance à le répéter. Tout d’abord,
dès juillet, j’ai cru à la deuxième vague. Je pensais même qu’elle arriverait
beaucoup plus vite que ce qui était prévu par le consensus (fin août, de
mémoire). Ainsi, persuadé de l’arrivée de nouvelles mesures de protection, j’ai
imaginé ce qu’elles devraient être en tirant la leçon du premier confinement.
Certaines étaient trop compliquées (notamment ce à quoi je pensais pour limiter
les déplacements) et d’autres polémiques. Il me semblait notamment
indispensable de réfléchir à ce qui était une « activité économique
indispensable ». Parallèlement, je me suis dit que les cycles « confinement
– déconfinement » pourraient durer assez longtemps et qu’il vaudrait mieux
les calquer sur le rythme de la vie en France que sur les courbes sanitaires. Par
exemple, j’ai promu un reconfinement dès début octobre afin de nous permettre de
disposer de décembre et des fêtes, suivi d’un autre dès début janvier afin de
nous libérer pour les vacances de février. A posteriori, avouez que cela n’aurait
pas été si idiot… même si on peut facilement comprendre les motivations du
gouvernement.
Un dernier mot d’introduction, à propos des bistros.
Longtemps, j’ai nié qu’ils pouvaient « participer » à la pandémie
parce que les bistros que je fréquente (en Bretagne ou en banlieue parisienne)
sont assez calmes : il est évident qu’il y avait plus de risque dans d’autres
commerces de dans les transports en commun. Et j’ai changé d’avis à l’occasion
d’une de mes visites au bureau quand j’ai vu des bistros en « afterhours »
à partir de 18 heures : ces crétins n’avaient pas compris. Je me suis
rappelé certaines de mes soirées festives. L’évidence m’est alors apparue :
il fallait fermer certains bistros à certaines heures mais le « certain »
étant difficile à définir, il n’y avait pas le choix…
Et maintenant, où en sommes-nous ?
Je continue à rager contre les mensonges qui nous ont été
faits depuis le début ! Rien que pour reprendre l’histoire des masques, la
folie continue. Après nous avoir dit qu’ils étaient inutiles voire dangereux,
ils sont devenus obligatoires et, maintenant, on commence à nous dire que les
masques en tissus sont dangereux. Pendant des mois, j’ai dit qu’il fallait éviter
les transports en commun urbain car l’entassement, malgré le masque, me
semblait être la plus heureuse chose possible pour l’épanouissement de la
covid. Afin de nous forcer à travailler, les autorités prétendaient le
contraire. Aujourd’hui, on nous prépare à nous
empêcher de parler dans le métro… Si ce n’est pas la preuve… Et pas
seulement du grain de la folie.
Du fait de la présence de ma mère en maison de retraite, j’ai
toujours été sensible à la condition des personnes âgées en hébergement, y
compris les Ehpad et j’ai raconté plusieurs fois des scènes surréalistes dans Facebook.
Je n’en fais pas des billets de blog car le personnel n’y est pas pour grand-chose
et tout le monde est fatigué au bout de plus d’un an de confinement (il a
commencé en novembre 2019 à cause de la grippe et s’est poursuivi en janvier à
cause de la gastro avant d’être « définitif » pour le coronavirus). Pas
plus tard qu’hier, je suis arrivé avec 10 minutes d’avance à un rendez-vous
avec ma mère (le hasard : j’avais fini mes courses plus tôt que prévu). Le
personnel m’a donc installé dans un coin qui venait de se libérer et qui n’avait
pas été occupé par d’autres rendez-vous. L’aide-soignante est venue me chercher
avant la fin de la demi-heure réglementaire pour libérer la place pour d’autres
parce que d’autres visiteurs étaient arrivés. Je reprends : j’avais
rendez-vous pour voir ma mère de 16h45 à 17h30, mais comme je suis arrivé par
hasard en avance (sans revendication particulière), j’ai pu être avec elle de
16h35 à 17h05… Ubuesque !
Ce n’est qu’un exemple mais comment voulez-vous que nos
aînés vivent cela bien ? Depuis quelques mois, je suis aussi assez
sensible à la cause des étudiants qui se morfondent chez eux. Entendons-nous bien,
je ne suis pas de ceux qui parlent de « génération sacrifiée ». Nos
ancêtres qui ont eu 20 ans en 1915 ou en 1940 ont été un tantinet plus
sacrifiés et en plus ils avaient des couilles. Je vous passe d’autres
générations qui ont eu 20 ans à une mauvaise époque, comme pendant la guerre d’Algérie !
Ou la mienne, 20 ans en pleine crise du sida : obligé de boire plutôt que
de baiser ce qui laisse des traces.
Non, tout simplement je pense à ces jeunes seuls dans une
chambre à longueur de journée, avec les difficultés matérielles propres à cet
âge, sans pouvoir rencontrer les copains. Moi, tout seul dans ma grande maison
avec une pompe à bière, je me fais déjà chier. Alors eux…
Emmanuel Macron en parlait dans un de ces récents discours.
Il a même évoqué un passeport psychologique ou un truc comme ça qui permettrait
aux mômes d’aller consulter. C’est évidemment ridicule et pas simplement parce
qu’il n’y absolument pas assez de psychologues en France pour s’occuper de 5%
des étudiants…
J’ai bien la solution ! Rouvrez les bistros.
Avec les fêtes, on nous a fait la leçon, les risques liés
aux rencontres, cette folle « partie » en Ille-et-Vilaine avec 1500
jeunes andouilles. Les fêtes sont passées depuis bientôt trois semaines :
il n’y a pas eu de rebond réel de l’épidémie mais seulement une courbe qui est
plate comme elle l’est depuis début décembre. Le violon est plein d’urine.
Jolie courbe sur laquelle on peut cliquer si on voit mal |
Regardez bien la courbe en illustration sans en tirer trop
de conclusions hâtives, tout n’étant pas égal par ailleurs (notamment les
impacts saisonniers au travers des conditions climatologiques et des congés d’été).
Il y a une chose qui saute aux yeux : les courbes des deux pics (ceux
culminant en avril et en novembre) sont à peu près parallèle mais la « descente »
du second cesse au bout d’un mois.
Il parait qu’un troisième confinement va arriver (vers le 7
février si j’en crois la boule de cristal des réseaux sociaux).
Cher Emmanuel, cher Jean, cher Olivier,
Avant de préparer quoi que ce soit, demandez-vous, en
regardant cette courbe, si le plus urgent n’est pas de maintenir les gamins à
la maison ! A la limite, je me fous de leur éducation : de toute
manière, ils finiront cons comme des bites à 25 ans. N’allez pas croire que je
balaie les problèmes d’un coup de manche mais un type de ma condition ne va pas
s’attaquer aux détails, surtout s’il n’y connait rien (mais il me semble que
les profs ont montré leur capacité à s’occuper d’une partie d’entre eux à
distance et que les difficultés provenaient aussi d’un manque de moyens, d’organisation,…).
Le ralentissement de la baisse de la deuxième courbe a
commencé au moment précis où vous tergiversiez sur les activités économiques
essentielles. Vendre des livres en présentiel, des jeux, des fringues n’est pas
une activité économique essentielle. N’écoutez pas les pleurnichards dont je n’ai
absolument rien à cirer sinon nous sommes dans la merde pour des années encore.
Rien ne permet de dire que les fermetures des bistros ont
contribué à des baisses d’épidémie (qui n’ont d’ailleurs pas eu lieu). Par
contre, qu’est-ce qu’on se fait chier ! Et rien n’empêche la mise en place
de contrôles de respect des gestes barrière et de la distanciation sociale pour
permettre des ouvertures : cela n’a jamais été fait. Et ne me dites pas
que ce n’est pas possible avec 250 000 flics pour 35 000 bistros… Si
chacun va prendre un café avec un collègue quatre jours par semaine, ça nous
fait deux contrôles par jour et par troquet et ça renforcera la proximité entre
les forces de l’ordre et la population.
Pendant ce temps, vous pouvez continuer à amuser la galerie
avec la qualité des masques, les quantités de vaccins, le nombre de cinquièmes
de doses par flacon de six et ce genre de conneries mais ça commence à lasser. Confinez-nous
franchement deux mois sur six si l’hôpital risque d’exploser et cadenassez les
gamins ce qui leur évitera de se faire violer hors du cadre familial mais
arrêtez de m’empêcher de prendre l’apéro avec les copains.
Par pitié.
Beau texte sur notre crisette de civilisation. Je crois déceler une très lointaine filiation avec l'esprit du Professeur Choron (ne serait-ce qu'avec l'attention portée aux liquides voire le vocabulaire par instants (ô combien fugaces).
RépondreSupprimerSur le même thème, mon style est différent, mais nous nous rejoignons sans doute dans l'ironie?
Si vous voulez comparer, bienvenue...
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola (chroniques thématiques tous les 1er du mois)
Merci !
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