En salle

06 mai 2021

Le joli mois de mai et ses soirs de second tour


Nous sommes le 6 mai. C’est l’anniversaire de l’élection de François Hollande à la présidence de la République. On va bientôt fêter le quarantième de celle de François Mitterrand et on commence à voir les souvenirs des sempiternelles andouilles dans Facebook qui se demandent ce qu’il faut penser de tonton. Je dis ça avec toute l’affection nécessaire : je me suis moi-même plongé plusieurs fois dans des commémorations réjouies ou honteuses, le tout depuis la création de ce blog (le 29 décembre 2006… J’avais ma première polémique en commentaire pour l’anniversaire de sa mort, début janvier…).

Le schéma est toujours le même : on a un président de droite qu’on ne peut pas blairer. On se met d’accord pour le virer. On élit un type de gauche. On est contents et on boit du Champagne mais, deux ans après, on passe à la tasse. Mitterrand était une légende, un personnage historique et j’en passe, donc il a continué à être vénéré. Il a de la chance, en plus : il a fini malade, on ne pouvait pas trop taper dessus. Hollande n’est pas une légende, le pauvre, mais, en plus, il a dû se fader tous les tarés des réseaux sociaux qui se sont réveillés un jour avec une conscience politique qu’ils ont découvertes en se rendant compte qu’on peut traiter une personnalité politique d’enculé dans les réseaux sociaux tout en récupérant les likes et en accusant les autres d’homophobie. Il aurait mieux fait d’avoir un cancer de la prostate pour gagner en sérénité.

Cette fois, pour 2022, on est un peu emmerdés. On a président que l’on peut qualifier de droite et se liguer pour le foutre dehors afin de célébrer pendant quelques décennies un type de notre camp mais il a été élu par des électeurs de gauche et a foutu la merde dans tout le scope politique, ce qui est assez rigolo, par exemple quand on observe les événements du week-end dans le sud-est.

En 2012, j’avais activement pris part à la campagne de François Hollande, poussés par les copains blogueurs… que je poussais moi-même à écrire. A l’époque, on s’interrogeait à propos de l’influence ou, pour avoir un mot moins pompeux, de l’impact des blogs sur la vie politique. On n’avait pas trop de doute mais on y mettait du cœur, c’est bien l’essentiel !

Je n’ai pas trop de souvenir de la campagne de 1981 même si elle fût probablement la plus importante : les quinze ans, l’espoir… La soirée fût belle aussi mais je l’ai déjà racontée… Je n’ai plus trop de souvenir des campagnes de 1988 à 2012 et ceux de 2007 se limitent à ma désespéritude à chaque sortie de Ségo. Celle que j’ai le plus oubliée est celle de 2017 d’autant que je pensais encore que Macron était un type de gauche voulant mener une politique au centre… Les aventures de la droite m’amusaient plus que celles de la gauche, déjà perdue ! Je n’oublierai pas, par contre, les mois qui ont suivi quand je disais à la gauche : attention, votre électorat a voté Macron ! Ce n’est pas en traitant les gens d’imbéciles que vous gagnerez…

Le Parti Socialiste a continué et n’a jamais fait l’inventaire du quinquennat Hollande tout comme, sans doute, il a omis celui du premier « quinquennat » de Mitterrand. Moi pas. Je n’ai pas oublié. 35% des électeurs ont voté pour lui au premier tour, en 1988. Pas moi. Le tournant de la rigueur et tout ça. J’avais voté Juquin (alors que ça me ferait bien chier, aujourd’hui, de voter pour un coco devenu écolo). C’est après, que je suis devenu fan du bonhomme, je crois.

Personne, à gauche, ne sait tourner la page ou regarder dans le rétro. Ou mettre Paris en bouteille. Si un élu de gauche est battu par un élu de droite, ce n’est évidemment pas parce qu’il n’est assez à gauche… Je ne sais pas s’il a fallu être proche de la campagne de François Hollande sans être militant, en 2012, pour comprendre que l’élection n’a pas été gagnée par un programme de gauche mais par rapport à Nicolas Sarkozy et ce qu’il représentait. On oublie qu’on était à deux doigts de la défaite : l’écart entre les deux a diminué de plus de 20 points entre les sondages d’octobre et le second tour et le discours du Bourget n’a provoqué qu’un bref rebond dans l’opinion. D’ailleurs, les sondages d’avant l’affaire du Sofitel, à l’époque où l’hypothèse Hollande était risible, les sondages lui donnaient quand même 60% (contre 65 pour DSK et 56 pour Martine Aubry).

 

Cela étant, encore fallait-il franchir le premier tour. Notre adversaire est la finance et tout ça. Et on n’est pas là pour célébrer les 10 ans du 14 mai mais les « 9 du 9 ». Un peu de sérieux.

 

Un an avant le prochain second, la gauche est à la ramasse, comme il y a cinq ans, mais en pire. Nous avons la gauche la plus conne du monde. Je garde espoir car il faut bien… L’espoir que certaines de ces andouilles diront « stop, on va dans le mur. ». L’espoir qu’elles trouveront une personnalité paisible, capable d’entraîner les foules et nous donner une lueur de progrès social. Pourquoi pas le mariage pour tous ? Pourquoi pas la taxation des revenus du capital au même niveau que ceux du travail ? Pourquoi pas une réforme de l’administration des territoires ? Pas le grand soir, le petit pas...

Les types de gauche diront : « s’il n’y a que ça, autant laisser la droite ». Vous avez raison, c’est ce que vous faites ! Vous voudriez que la France soit le pays le plus à gauche du monde.

Moi je m’en fous, je suis content d’avoir soutenu François Hollande pendant cinq ans malgré quelques moments délicats… Je suis fier d’avoir participé, à mon modeste niveau, à sa victoire. Et je reste ému par la soirée du 6 mai 2012 au soir. Connerie de blogueur, j’avais passé la soirée sur le plateau de France 2… J’avais réussi à m’échapper et ne pouvant pas rejoindre les copains qui fêtaient la victoire, j’étais rentré près de chez moi, dans mon petit bistro de banlieue, tenu par des kabyles qui avaient fait la campagne avec moi.

Et c’est la larme à l’œil que nous avons écouté le discours de pépère.

Si on l’avait eu à l’oreille, on aurait moins bien entendu.

14 commentaires:

  1. Quand je pense que, voilà 40 ans, j'ai contribué à faire élire la vieille momie pétainiste (expression houellebecquienne…), le rouge de la honte m'en monte encore au front aujourd'hui ! Au front de gauche, natürlich.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ben oui mais Le Pen n'était pas candidat. Fallait bien voter autre chose.

      Supprimer
  2. Réponses
    1. C’était hier, gros ! Tu te rends compte que ça fait une douzaine d’années qu’on est potes ?

      Supprimer
  3. J'ai joué des notes de clairon dans mon village à l'annonce de l’élection de pépère ! Mais la fin de mandat fut moins glorieuse, puis Hamon est arrivé et a bradé Solférino et le PS.

    RépondreSupprimer
  4. Heureusement que tu bouges un peu sur les réseaux sociaux... On aurait fini par commencer à consulter les rubriques nécrologiques de Loudéac. ;+)

    RépondreSupprimer
  5. Pas mieux.
    Sauf une nuance.
    Le PS a bien fait l’inventaire du quinquennat Hollande.
    J’y étais.
    La presse aussi.
    Mais comme tout le monde s’en foutait, j’imagine que tu es passé au travers.
    Comme tout le monde d’ailleurs 🤣

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J’ai lu quelques trucs... dont les conneries de Faure (du moins ce qui était repris par la presse).

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...