Mon cœur est rempli de tristesse à l’idée de voir les
copains se déchirer pour espèce de virus avec du poil au pattes et à celle de
raconter d’aussi grosses conneries en début d’un billet de blog mais on ne
choisit pas toujours ses introductions sinon je serais moins célibataire. Tout
d’abord, mon cœur (le même) aurait été aux gilets jaunes il y a deux ou trois
ans s’ils n’avaient pas été représentés par des espèces d’imbéciles. Il irait
bien aux « antivax » si leurs têtes de file dans les manifestations n’étaient
pas du genre Philippot-Aignant. D’un autre côté, tant de déveine rend la lutte
sympathique.
D’un autre côté, je vois mes copains de gauche « provax »
soutenir les mesures de Macron sans que cela ne leur empêchera de crier, dans
trois jours : « tout sauf Macron en 2022 ». Je suis donc
partagé. Je vais voter pour Francis Lalanne. Au moins, peut-être mettra-t-il en
veilleuse sa carrière de chanteur quand il sera président. Et disons-le
franchement : les idées méritent d’être défendues quel que soit les
andouilles qui se prennent pour les chefs. Depuis trois ou quatre ans, d’ailleurs,
je passe pour lepeniste car je défends la laïcité. Et ça m’amuse beaucoup de
voir la gauche se vautrer lamentablement.
J’ai même vu des clowns ronchonner, ce week-end, parce que
Le Foll avait annoncé sa candidature à la présidentielle, gênant ainsi Hidalgo.
Je m’égare mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’un bon vieux débat entre
militants n’est pas inutile puis qu’il devrait revenir au congrès du parti de
décider, le congrès pouvant mettre en place des primaires (ce n’est pas
exactement ce que prévoient les statuts du PS actuellement).
Mais revenons à nos moutons.
S’il est absolument insupportable de voir les « antivax »
se vautrer dans des arguments qui se voudraient être scientifiques et se faire
récupérer par des cons, il est insupportable de voir la suffisance des « provax »
qui se prennent pour des scientifiques et reprochent aux autres leur manque d’esprit
scientifique tout en ne comprenant rien à la psychologie et ce genre de choses.
A ce sujet, je présente par avance mes excuses pour les traces de mauvaise
humeur dans ce billet mais quand je vois des copains s’engueuler dans les
réseaux sociaux, j’ai envie d’utiliser la machine à baffe. Je vais commencer
par moi pour rappeler ma légendaire objectivité.
Sauf pour ce qui concerne certaines maladies dites infantiles,
j’ai toujours été opposé à une survaccination et surtout une surmédicamentation
notamment car j’ai toujours eu peur que les méchantes bactéries et les
horribles virus mutent pour y échapper provoquant ainsi des formes plus graves.
La question de savoir si j’ai raison ou tort a peu d’intérêt, en fin de compte,
même si la résistance croissante de certaines bactéries aux antibiotiques est
une vérité, vu que savoir si on veut se faire piquer ou pas est surtout psychologique…
Pour cette andouille de coronavirus, j’ai longtemps tenu le
même raisonnement, du genre « se vacciner va provoquer une mutation qui
sera bien plus grave. » Il se trouve que j’avais tort mais, et nous sommes
toujours en pleine psychologie, je n’ai fini par l’admettre que lorsque j’ai eu
pris la décision de me vacciner (et de surcomposer).
En outre, j’ai pris cette décision sans le moindre fondement
scientifique et sans la moindre réflexion surjouée : ne pas me faire
vacciner n’aurait pas maintenu la possibilité que j’avais de passer mon temps à
moitié en Bretagne et à moitié à Paris à moins d’avoir une campagne PCR gérée
par la SNCF…
Si j’en veux aux anti de développer des arguments qui détournent
largement la science (non, l’utilisation de l’ARN n’est pas le signe d’une
thérapie générique), j’en veux aux pro de faire pareil mais avec beaucoup plus
de condescendance. C’est un fait absolu : on ne connaît cette maladie que
depuis moins de deux ans et ça fait moins d’un an qu’on a imaginé des vaccins.
C’est la stricte vérité qu’on manque de recul. Ce n’est pas parce que les technologies
ARN sont pratiquées depuis une trentaine d’années et que les autres machins soient
la base qu’on a du recul. Je maîtrise la recette des pizzas et celle des ananas
confit, ça ne veut pas dire que j’ai du recul tant quant aux pizzas aux ananas confits…
De mauvaises explications ne produisent pas les bons
résultats et, à force de ne pas écouter les autres, on ne sait plus quelles
explications il faut. On en finit par dire qu’on a du recul quand on pense qu’on
se fout du recul et le résultat passe pour « dors, je le veux ». Et l’on
sombre dans un cercle vicieux d’incompréhension qu’un fut de bière ne saurait
arriver à combler.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement fait des
erreurs (tant pis… on ne peut pas tout savoir) et ment effrontément. Il y a eu
l’histoire des masques puis celle des confinements. On nous expliquait que c’était
la seule solution. On nous dit maintenant que le vaccin est la seule solution. On
n’y croit plus. Et encore, avec le masque on se doutait que ça pouvait servir,
ne serait qu’en évitant d’asperger de glaviots les passants imperturbables.
Avec le vaccin, on nous dit qu’il n’empêche pas la maladie
et la contagion mais que c’est la seule solution. Fatalement, on s’assoit sur
le bord et on attend de voir ce que sera la prochaine seule solution. A nouveau
cette impression de se faire baiser dans les grandes largeurs !
Avec le vaccin, on voit bien qu’on continue à nous mentir :
le délai entre les deux doses varie au gré du vent et probablement des stocks
disponibles. Ce n’est pas sérieux. Pour ma part, ils m’ont mis cinq semaines.
Une fin juillet, l’autre fin août. A crois que le planning scientifique de
vaccination dépend surtout des congés des vaccinateurs… Je préfèrerais largement
qu’on nous dise la vérité sur les connaissances mais aussi sur ce qu’on ne
connaît pas. Tenez ! On voit que, pour certains vaccins, il faudra trois
doses. Aussi bien, il faudra, à terme, une dose tous les trois mois…
Avec cette annonce précipitée, ne nous laissant que trois
semaines pour préparer « une suite », le gouvernement a encore merdé.
Revenons en arrière : j’ai eu 55 ans à peu près le jour où les vaccins ont
été ouverts aux plus de 55 ans. Pendant plusieurs semaines, aucun site web ne
proposait cette cause de vaccination (et Doctolib ne fonctionne pas dans mon
coin). Du coup, j’ai trainé. J’avoue. C’est un bien grand mot, d’ailleurs, vu
que je n’avais pas envie de me faire vacciner. Mais si on m’avait dit avant :
fais gaffe, ça sera obligatoire au 1er août, ma démarche aurait
probablement été tout autre… Là, le 12 juillet, je me suis retrouvé coincé avec
la perspective de devoir reconfiner entre début août et mi septembre :
quand je vois des provax dire que j’aurais pu le faire avant, j’ai aussi envie
de distribuer des baffes. Ca me rappelle le boulot, quand les clients exigent
qu’on prennent de l’avance sur un planning contractuel…
Appliquer les mesures dans les trains et dans les lieux de
loisir au milieu de l’été est inique. Quand je vois des provax qui critiquent
les restaurateurs et autres bistrotiers qui se plaignent de devoir vérifier un
pass sanitaire dès le premier août, j’ai de plus en plus la conviction qu’ils
sont totalement déconnectés de l’économie réelle vu que ce sont tous les petits
bistros qui sont mis en danger.
Ce billet de blog est assez long. J’ai beaucoup bavé sur les
provax et je pourrais en faire autant sur les anti mais, bizarrement, ce sont
eux qui ont toute ma sympathie et pas seulement parce que la bataille est
perdue d’avance.
Nous ne sommes évidemment pas en dictature. Faites attention
à ce que vous dites. Mais nous sommes à 18 mois de crise et il y a évidemment
un déficit de démocratie, de consultation du peuple et des élus quant à la
suite à donner. Je ne dirais pas que cela se paiera aux prochaines élections…
Les provax sont l’avantage d’avoir un camp adverse mené par des populistes,
devant une foule qui n’a pas nécessairement que des mauvaises idée.
Toujours est-il que ce n'est pas franchement utile de se foutre sur la gueule et de commander à désigner des responsables vu qu'on ne sait pas de quoi...