« T’es de droite et t’es
dég que ton train pour noël soit annulé ? T’avais qu’à travailler plus
pour te payer un jet privé, feignasse. » Voila le genre de tweet
idiot acclamé par des gauchistes en peau de fesse avec cette grève SNCF !
Parfois, certains se livrent à ce qu’ils doivent appeler une réflexion : « Total soutien aux grévistes SNCF. Ce ne sont pas les
cheminots qui prennent en otage les Français mais bel et bien la direction de
la SNCF et le gouvernement Macron. Olivier Véran ne sait même pas de quoi il
parle. A t -il seulement vécu avec un salaire qui fait de toi un travailleur
pauvre malgré le fait que tu travailles, jour et nuit, les wk, les jours
fériés, les remplacements sans fin, les
heures supplémentaires sans fin, dans le froid, les intempéries, que tu rates chaque fête familiale ou de fin
d'année.....?? J'en doute. »
L’ami Denis, quand il n’est pas occupé à manipuler des
informations pour justifier sa haine des vaccins, se basant parfois sur des
médias de vérification d’information qu’il cassait la veille, va même jusqu’à écrire
« Il est toujours curieux d’entendre, de là où
ils sont, des gens dits de gauche fustiger les pauvres et les grévistes, sans
dire un seul mot sur la suppression de l’ISF et sur les exonérations d’impôts,
de taxes et de charges. »
On pourrait bien entendu répondre à tous les arguments dans
nos blogs mais je ne cherche pas une médaille. Tenez, Denis a fait, dans son
blog, le bilan de
son année de blogage en 2022.
Blogueuse mode |
Je vais faire le mien : une très grande majorité de mes
billets a été consacrée à démontrer que la gauche, notamment avec l’accord
Nupes, faisait fausse route et ne permettrait pas de reconquérir le pouvoir. J’avais
raison. La gauche, dans les urnes, ne dépasse pas les 30 ou 32% et les personnalités
de la gauche radicale, celles qui tirent Nupes, ne décollent pas dans les
enquêtes d’opinion.
J’ai raison ! Je ne dis pas cela pour me vanter, c’est
purement factuel.
Avec la première citation que je fais, ci-dessus, on voit
bien le trait d’ironie mais on voit la double conclusion : tu ne peux être
dégouté par les grèves que si tu es de droite et si tu es de droite eu es assez
con pour te faire baiser par les riches. C’est peut-être vrai mais la question
n’est pas là.
Pour la deuxième, on se demande si l’auteur n’a pas fumé
quelques produits illicites : un chef de bord, à la SNCF, n’est pas un
travailleur pauvre. C’est une personne qui fait un nombre normal d’heures de travail
mais pas nécessairement à celles les plus plaisantes. Il a fait un concours
pour cela et c’est un travailleur protégé : son emploi est garanti à vie.
Au fond, c’est un peu comme si un employé de la restauration se plaignait de
travailler aux heures des repas…
Denis, quant à lui, parle d’un peu de tout, sans trop de
rapport avec la choucroute. Surtout, personne ne fustige les pauvres.
C’est assez facile d’adopter des positions de principe – et d’accuser
les autres d’être de droite – quand on n’est pas concernés tout en laissant
entendre que le seul mal est de louper un repas de famille. Pour ma part, mon TGV
du 17 décembre a été supprimé. Je l’ai remplacé par un nouveau pour le 25 (il n’y
avait rien avant) finalement annulé lui aussi (je croise les doigts : je n’ai
reçu aucun message pour mon train de ce soir…). Dans une situation un peu
particulière, je me fous des réveillons. J’aurais dû passer deux semaines en
Bretagne, prêt de ma mère, hospitalisée, avec du temps pour gérer les aspects
administratifs liés à sa demande d’admission en Ehpad.
En quoi cela vous regarde ce qui motive les gens pour
voyager ? L’étudiant, de 18 ans, va bien être privé de réveillon mais
aussi d’une semaine ou deux en famille après avoir vécu deux mois dans une
chambre de bonne, par exemple. Il a peut-être besoin de se faire couver par sa
mère, de demander à sa grand-mère de lui repriser des chaussettes ou, plus simplement,
à son oncle ingrat de le sodomiser en échange d’une PS5 (comme quoi, il n’est
pas si ingrat que ça).
Comment des militants politiques, pour justifier un
mouvement social qu’il faut défendre par principe, en sont-ils arrivés à
oublier le sort des gens. Je n’aime pas l’expression « prise d’otage »
à propos des grèves (les lascars ne risquent pas leur vie avec une arme sur la
tempe, tout de même) mais pourquoi défendre systématique des grévistes qui ne
cherchent même pas à défendre des avantages acquis, cette fois, mais à obtenir
une augmentation de salaire (ce qui n’est pas malsain) fasse à un nombre
beaucoup plus important de citoyens voulant voyager ?
Ils parlent parfois de défense du service public mais continuent
à saborder ce dernier en défendant des actions peu légitimes dans un contexte où
tout le monde vit dans une situation de crise depuis plusieurs années, entre le
covid et l’inflation, pour ne citer qu’eux.
La vérité est que les salariés de la SNCF, tout comme tous
les salariés défendus par la gauche depuis les lois travail, par exemple, sont
relativement privilégiés. Il n’y a rien de mal à ça, remarquez ! Mais on demande
à des types totalement enfoncés dans la merde à être « solidaires pour »
d’autres qui ont la chance d’avoir une paille pour respirer.
Alors ça lasse…
Mais l’honneur est sauf. L’Etat a poussé la direction à
céder. Les cheminots vont avoir leur augmentation et les voyageurs être
largement indemnisés. L’actionnaire va payer. L’actionnaire c’est l’Etat, c’est
nous… et dans deux mois, on reverra des types de gauche qui expliquent que le déficit
est artificiel et monté pour démontrer qu’il faut privatiser ou un truc comme
ça, avec des slogans de type « nationaliser les pertes pour privatiser les
bénéfices ».
« Ils » ne se rendaient plus compte qu’ils chiaient
sur les vrais pauvres, les opprimés mais n’ouvrent toujours pas les yeux pour
voir le mur qui approche.
Cela étant, la position de l'Etat est probablement expliquée par l'annonce par la SNCF d'un excédent historique...
Je ne sais pas de quoi sera fait mon blog en 2023. Je vais
sans doute continuer à ronchonner tout seul tout en priant pour que les
militants de gauche retrouvent le chemin de la raison. Les premières semaines
devraient être consacrées à la réforme des retraites, si mal jouée par le
gouvernement, si mal combattue par l’opposition, incapable de sortir des
arguments habituels, faisant semblant de s’appuyer sur des rapports d’organismes
gouvernementaux auxquels ils ne comprennent rien.
La routine, quoi.
Au fond, ce blog a dix-sept ans, aujourd’hui… 17 ans que je
vois passer des commentateurs qui m’expliquent ce que je devrais penser.
Elle était très bien, cette grève : au moins, on était avertis par SMS de l'annulation de nos trains pour nous permettre de réserver dans un autre train qui sera annulé sans que nous n'ayons à galérer dans les gares.
Le progrès est indubitable.