« Hollande, Macron,
Roussel, votre parcours politique est bien erratique... Ça manque de constance
et de conviction. » Voila ce qu’a commenté un imbécile suite à mon
billet d’hier. Ce trou du cul mériterait sans doute que je l’insulte
copieusement mais, ayant été banni 24 heures de Facebook et 12 de Twitter à
cause de mon langage fleuri, je vais m’abstenir et lui consacrer une
publication la troisième du jour car le sujet me trotte dans le crâne depuis
une prise de bec récente avec des supporters de Mélenchon.
Tenez ! Commençons par ces derniers que j’ai pu
observer dans les réseaux sociaux. Par exemple, mes copains « Front de
Gauche » de 2012 étaient pour la plupart supporter de Bayrou 2007 (on
avait alors sympathisé comme blogueurs, pas comme militants) et ceux d’aujourd’hui
étaient de parfaits sociaux-démocrates, souvent soutiens de Lionel Jospin,
jusqu’après l’élection de François Hollande (même si on peut supposer que leur « départ »
date de la primaire de 2011). Pour ma part, je me contente d’avoir choisi un
ancien ministre de pépère pour lui succéder en 2017. Je ne suis pas franchement
une girouette.
Je suis libéral et de gauche. J’ai soutenu Jospin parce qu’il
faisait les 35 heures et privatisait des entreprises qui n’avaient rien à faire
dans le domaine public. J’ai soutenu Hollande qui améliorait l’égalité devant l’impôt
et les modalités de départ en retraite tout en assouplissant le droit du
travail.
Vous vous rappelez l’élection présidentielle de 1988. Il y
avait un candidat qui essayait de faire bouger la gauche de la gauche, Pierre Juquin.
J’ai voté pour lui. En 2022, je vote pour celui qui essaie de faire bouger la
gauche de la gauche, Fabien Roussel. Dans les deux cas, le président sortant
qui n’est pas à l’opposé de ma pensée politique est à peu près assurer d’être
au second tour voire de remporter le scrutin. Avant 1988, je ne votais pas aux
présidentielles. En 1995, 2007 et 2012, j’ai voté pour le candidat socialiste
(en 2002, je n’étais pas à Paris). En 2017, j’ai voté pour la personne la plus
proche du socialiste sortant (sachant que « personne » n’a voté pour
le socialo). A partir de 2002, j’ai toujours voté pour un candidat de la gauche
de la gauche aux élections locales, sauf aux législatives de 2017, souvent pour
un communiste (sauf aux législatives de 2012, un « gauchiste » était
alors soutenu par le PS). A ma décharge : j’habite dans une banlieue
rouge.
Par ailleurs, je tiens ce blog depuis fin 2005 et il serait
assez surprenant que l’on y trouve des contradictions non avouées. Je suis très
constant. Et je vous jure que je n’ai pas changé depuis 1986 ou 1987 (lors de
ma première année d’études, je militais pour les communistes… avant d’en rencontrer.
Leur bilan n’était pas globalement positif…). Et on premier vote, en 1984, pour
les européennes, fût pour les socialos.
En 1988 et 2022, 34 ans après, j’aurais fait deux infidélités
à la sociale démocratie mais, je me répète, je n’aurais mis en danger aucun
candidat de gauche. Si je peux regretter, parfois, mon vote de 1988, c’est pour
une question de principe (et encore, le vieux a fait 35%) car la
lettre aux Français de François Mitterrand,
partant sur un bilan, montrait une vraie vision (terme que j’ai employé
plusieurs fois hier) de l’avenir bien loin de tous les projets technocratiques
avec des successions de mesurettes impraticables qu’on a eues depuis. A ce titre,
et même s’il est bien critiquable par ailleurs, Mitterrand a sans doute été l’un
des derniers hommes politiques « valables ». Au moins, il se cassait
lu cul à griffonner des papelards.
Plus haut, je parlais des actions sociales libérales de
Jospin et d’Hollande mais je vous invite à revisiter le second septennat de
Mitterrand (je n’étais pas électeur en 1981 et le tournant de la rigueur qui a
suivi a été carricatural). Création de la CSG (et donc sortie de certaines
ressources de la sécu des cotisations sur le travail, typiquement libéral) mais
aussi du RMI (de gauche, évidemment, mais voté par les libéraux). Démantèlement
des « PTT », prélude à la privatisation de France Télécom et grande
préparation de l’avenir (vingt ou trente ans après, on a bien la disparition du
courrier et une révolution des télécoms). Je passe la grande étape d’entrée dans
une Europe de l’avenir, bien libérale et autres joyeusetés.
On parle assez peu de cette période et je ne renie rien,
sauf de ne pas avoir voté pour Mitterrand, sans doute car j’étais un fier à
bras mais aussi parce que la lettre aux Français n’avait pas suffisamment de signaux
vers la gauche alors que je la qualifie aujourd’hui d’exemplaire.
Il reste que si je revendique ma constance, ma famille « libérale
socialiste » n’existe pas vraiment et ce qui la représente le mieux, le « socialisme »
(qui n’en est pas un, personne ne parle plus de privatisation des moyens de production)
a, quant à lui, beaucoup bougé. Nombre de ces représentants sont devenus « woke »,
s’intéressant plus à des phénomènes de société avec une importance relative.
Les thèmes sociaux n’étant plus vendeurs, ils sont souvent devenus écolos,
racontant n’importe quoi (surtout sur le nucléaire). En 2022, le PS est à la
ramasse et en est venu à pomper des idées aux autres alors que, au moins, il en
restait quelques-unes en 2017 (que je défendais par ailleurs mais le candidat
était un guignol, il fallait l’éliminer). Ce n’est pas moi qui ai quitté le PS
mais le PS qui m’a lâché. Tant pis.
Au moins, en 2012, François Hollande avait promis de
terrasser le monde de la finance (on connait le résultat…). Depuis, rien.
Mais je reste fidèle à mes opinions, devenant parfois gauchiste quand le candidat ne peut pas être élu, histoire de donner des coups de pied au cul de ceux qui se vautrent dans un libéralisme qui ne tient pourtant la route qu'avec des garde-fous.
J'espère que tu me classes parmi les imbéciles et les trous du cul...
RépondreSupprimerQuel rapport ? Tu es sans doute un peu trop fan de Macron (à mon goût, parce que, au fond, tu fais bien ce que tu veux) mais il n'en est pas moins proche ou ancien proche d'Hollande et je t'ai toujours connu "dans ce coin de l'échiquier".
SupprimerC'est curieux, chez les blogueurs, cette manie de l'autoportrait…
Supprimer(Parodie de Francis Blanche dans Les Tontons)
Il s'est reconnu !
SupprimerEh bien ? Qu'est-ce qui vous arrive ? Voilà plus de cinq heures que vous n'avez pas publié un nouveau billet !
RépondreSupprimerUn p'tit coup d'mou ?
Je suis occupé à plein temps à censurer les commentaires de vieux cons (je vous rappelle que j'ai fait plus de 1000 billets par an, rien que sur ce blog).
SupprimerEdgar Faure, politicien radical du siècle dernier à qui on reprochait, un peu comme à vous, de changer ses choix trop souvent et que l'on traitait de girouette, avait eu ce mot plaisant "Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent"!
RépondreSupprimerC'est bien ça ! Mais la plupart des gens ne se rendent pas compte de leurs propres changements voire des changements des machins qu'ils soutiennent.
SupprimerTon imbécile, certainement mélenchoniste, a surtout de la constance dans la connerie. Son leader restera un perdant tout à fait constant.
RépondreSupprimerJe ne sais pas. Il était plutôt sympa, jusqu'alors...
SupprimerTon vote ne me surprend pas et tes positions ont toujours été claires. Tu ne cours pas derrière la victoire.
RépondreSupprimerUn attelage Chevènement Guigou Delanoé Bayrou Lemaire Muselier Woerth qui courent derrière les postes et la victoire me met plus mal à l'aise que de lire tes écrits, qui montrent chez toi une colonne vertébrale solide.
Bah ! Ne mélenchons pas tout le monde. Ghevènement, Guigou et Delanoé sont trop vieux pour chercher des postes. Tout comme Bayrou, d'ailleurs ! Il a été ministre en 2017 mais je ne suis pas persuadé qu'il veuille recommencer.
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