La déroute en commun

 

Notre illustration : excellent sujet de billet de blog

Hier en fin d’après-midi, je voyais sur Twitter une série de publications de Jean-Luc Mélenchon avec des vidéos de différents lascars très propres sur eux mais que je ne pouvais pas écouter, étant au comptoir. Compte tenu des commentaires du candidat, j’en ai conclu qu’il y avait une espèce de grande messe pour la présentation du chiffrage du projet ce que me confirme internet mais aucun article de faisait la une des sites d’information. C’est donc un échec presque complet car la cérémonie ne va intéresser que des fans et des imbéciles comme moi qui ne cherchent qu’à titiller Jonluk comme disent les libérogauchistes.

Je n’ai pas la mémoire des chiffres mais, globalement, c’est braves gens expliquent qu’ils vont augmenter les prélèvements fiscaux de 200 milliards tout en augmentant les dépenses de 150 ou vice versa. Le montant global importe peu mais, quand même, rappelons que le budget de l’Etat est de l’ordre de 250 milliards et qu’ils veulent donc le faire bondir. A noter que je ne suis pas contre les prélèvements obligatoires, étant libérodépensier, mais 70 ou 80% de plus, ça fait une belle révolution et notre économie ne s’en remettrait surement pas.

Comme, en plus, ils veulent augmenter le pouvoir d’achat de 80% de la population et pas seulement les dépenses louables dans des services publics, on n’y comprend qu’une seule chose : ceux qui ont du pognon, les 20%, ne vont pas tarder à se faire la malle dans des contrées libérolichtenchtaguesque mais on va me rétorquer que je fais du chantage patati patata, qu’ils ont la fibre patriotique et qu’on leur coupera les couilles sinon. Promis ! Je resterai si je suis dans les 20% ce qui ne fait que peu de doutes (ils pousseraient la proportion à 95% que je l’aurai toujours dans l’os mais, concrètement, les mesures vantées par des types plein aux as – il faut voir le fan club – pour faire plaisir aux pauvres est toujours amusant).

Mon autre crainte, plus sérieuse, porte sur le fait qu’ils revendiquent la possibilité de s’asseoir unilatéralement sur les traités européens pour mettre en œuvre le projet. Quitter l’Europe n’est certainement pas une idée de gauche et rompre des accords que nous avons passé à 450 millions de gugusses pour arriver sur une solution nationaliste ne m’amuse pas du tout. Comment nos voisins pourraient-ils nous faire confiance, par la suite, d’autant que nous allons contribuer à faire chuter leur monnaie (au moins, les rosbifs faisaient bien ce qu’ils veulent, ils n’avaient pas l’euro). Alors, non seulement le projet est mortifère mais, en plus, on oublie ce disait le vieux : « le nationalisme, c’est la guerre ». Les fanatiques vont me rétorquer que ce n’est pas du nationalisme. Déjà qu’on nous casse les couilles depuis des années avec le patriotisme économique sans mettre en avant l’Europe, mettre en avant les projets nationaux décidés démocratiquement (du moins, par le vote…) par une partie des concitoyens est bien du repli sur soi et du nationalisme.

Ce n’est pas discutable. Par contre, vous pouvez être pour ou contre, je n’en ai rien à cirer. Ce blog s’appelle « partageons mon avis » et pas « partageons l’avis de tous les crétins d’internet ». Ainsi, même si chaque mesure du projet de l’AEC (l’Avenir En Commun) peut être louable et bénéfique, le total ne tient pas la route.

 

J’ai un copain ancien socdem devenu fan parmi tous les copains rencontrés à la grande époque des blogs, il y a une quinzaine d’années, avec des chemins qui se dispersent (au moins, il me semble que je reste droit dans mes bottes, libéralgauchiste), qui tweetait : « Pour comprendre ce qui se passe, il faut voir que le niveau de préparation et de structuration de #Melenchon est sans comparaison avec ses concurrents. Et que ça finira par se traduire en sondages et donc en rapport de forces dans une hypothétique union. » pendant cette messe ce qui est drôle. A la limite, n’importe quel parti politique pourrait « louer » des acteurs pour réciter des louanges et les partis historiques me paraissent un tantinet mieux organisés qu’un comité central isolé. Puis « Comme prévu, ça *finit* par se traduire dans les sondages. Ce n'est pas qu'une affaire d'homme, même si on n'a pas des #Mélenchon si souvent. C'est aussi une question de dispositif politique, de travail d'équipe de long terme et de sérieux programmatique. »

Il n’y a pas de mal à se faire du bien et j’espère sincèrement, sans y croire, que Jean-Luc Mélenchon passera à la deuxième place même si je préfèrerais voter pour Macron pour m’opposer à Le Pen, Zemmour ou Pécresse plutôt que pour m’opposer à ce projet qui nous mènerait à la ruine mais qui a le mérite d’exister vu que les partis de droite n’ont pas de vrai programme.

Nier que la progression de Mélenchon est une valeur d’homme est très drôle et le travail d’équipe de long terme a été fait en partie par le PCF à une autre époque, PCF qui a toujours un projet, comme le PS et, sans doute, EELV mais ils se sont décrédibilisés en disant qu’il ne fallait pas faire de lessive à 18h ce qui est un peu limité comme projet d’avenir.

La traduction dans les sondages mérite d’être étudiée : Mélenchon est donné à 13% alors qu’il oscille entre 8 et 15 depuis cinq ans, je vois mal la révolution. Son bon maintien est expliqué par la déroute du PS voire l’abandon de Taubira et je ne doute pas que si Jadot ne rebondit pas, il finira par donner des voix à son collègue. Cela étant, Mélenchon reste à égalité avec un candidat venu de l’extrême droite et assez loin derrière une autre candidate venant de ce coin.

En d’autres termes, plutôt que de fanfaronner sur une vague embellie sondagière (qui pourrait d’ailleurs certainement s’améliorer, comme en 2017, où le candidat a fait beaucoup plus à la fin de la dernière ligne droite), on pourrait réfléchir au fait de rassembler moins de deux fois moins d’électeurs que les partis proches du fascisme sans le poil dans les oreilles sauf peut-être pour Zemmour, je n’ai pas vérifié. Et vous ajoutez les autres voix de gauche à Méluche, il ne dépassera jamais ces deux gugusses réunis d’autant que les voix de gauche se portent surtout sur Macron ce que vous pouvez nier pour vous faire plaisir.

Ainsi, le Jonluk ne fait que jouer une carte personnelle et chacun de ses actes, de ses tweets, de ceux de ces subalternes de conscience et tout cela empêche éperdument la reconstruction de la gauche ce qui explique d’ailleurs pourquoi la plupart des partis de gauche sans candidats soutiennent maintenant le mouton cadet Roussel : la Gauche Républicaine et Socialiste, les Radicaux de Gauche, la Nouvelle Gauche Socialiste et le Mouvement républicains et citoyen. J’espère n’avoir oublié personne.

A part moi, œuf corse.