L'inutilité du militantisme politique sur Internet ?

 

Il y a deux jours, Christiane Taubira annonçait renoncer à sa candidature. Nous pourrions en rigoler puisqu’on observe là le résultat de la fabuleuse primaire politique mais ne soyons pas méchants. Depuis, les militants LFI appelle la candidate à soutenir Mélenchon et ses électeurs potentiels à voter pour ces derniers. J’imagine le gugusse : « ah merde, je voulais voter pour Taubira mais elle n’est plus candidate, je vais aller regarder dans Facebook que faire. » Les militants expliquent sérieusement que Mélenchon étant en tête, les types de gauche qui votent ailleurs sont des abrutis et qu’il faut lui donner une chance d’être au second tour.

Je vais leur répondre : Mélenchon n’a quasiment aucune chance d’être au second tour et il n’en a aucune de gagner ce dernier. Cela ne sert donc strictement à rien de voter pour lui sauf si, bien sûr, tu l’aimes bien et tu es sur la même ligne politique. A ce stade, il n’y a pas de vote utile à gauche. La seule chose utile est de mettre une voix pour le nom du candidat d’une force politique que tu espèces est au centre de la recomposition politique ou un truc comme ça. Pour ma part, je vais voter Roussel d’une part pour des raisons politiques (la défense du nucléaire et de la laïcité réunis) mais aussi pour qu’un parti traditionnel avec des militants arrive dans le PS et puisse dire « prout » ce dernier.

L’insistance de ces militants dans les réseaux sociaux (ou les blogs mais nous ne sommes plus nombreux) fait peine à voir tant ils ne se rendent pas compte à quel point leur activisme est totalement inefficace voire contreproductif (comme le mien en début de la campagne 2012, avant qu’on ne me l’explique) parce qu’ils finissent par donner des boutons.

 

Je propose d’organiser des assises de l’utilité de la politique dans les réseaux sociaux. Nous pourrions les faire assis sur des tabourets de comptoir, d’ailleurs. La circulation de fausses news peut servir et, je crois, à l’importance de « la riposte », l’art de faire du bruit négatif lors d’un événement politique mais cela s’arrête là. Tout le reste ne sert à rien que cela soit, d’une part, les propos de fond et, d’autre part, les slogans débiles ou publications courtes.

Les publications avec du fond ne sont pas lues par des électeurs potentiels sauf par les copains prochains du rédacteur qui s’en foutent totalement. C’est un peu paradoxal, tout cela.

Il faut, alors, se demander à quoi elles servent ! Tout d’abord, elles permettent d’entretenir le rêve, l’hypothèse que la politique puisse permettre, un jour, de rendre le monde meilleur. Cela fait plaisir au taulier mais aussi à ses proches. Ensuite, elles permettent au taulier de définir une démonstration, de la mesurer et tout ça mais ça n’est qu’utile pour lui, au moins parce que c’est un loisir comme un autre. Enfin, elles permettent de déclencher une espèce de débat et une discussion avec les plus ou moins proches.

 

J’en profite pour adresser un message subliminal à mes trolls, du moins à celui qui n’a pas compris, la gériatrie n’est pas un cadeau : cela explique parfaitement pourquoi je ne publie pas certains commentaires à mes billets de blog. Pour aller plus loin, on n’aura pas longtemps à chercher la lassitude de Sarkofrance, pour ses coulisses, où il a laissé les commentaires vivre sans lui, comme s’ils étaient possédés par un aéropage d’andouilles sans intérêt. Vous avez deux heures. Au fait, Hélène, le vieux con t’a longuement répondu, hier, mais j’ai tout viré sans lire plus que la première phrase… Il a laissé sept commentaires, hier, alors que je n’avais pas fait de billet, ce taré, et que je ne le publie plus depuis 2016 ou 2017. Vous imaginez la tronche de ma boite « spams » ! Je tiens des copies d’écran à votre disposition. Je pourrais même en faire un billet, un de ces jours.

 

La liberté que l’on peut avoir de publier des choses sur internet, notamment dans Facebook, laisse penser qu’on a une audience, que des centaines de types vont lire alors qu’il n’y en a que quelques dizaines qui voient passer les publications et probablement moins d’une qui y porte attention. C’est pourtant facile de « mesurer » ce que vous lisez et d’en tirer des conclusions pour les autres.

Pour les blogs, c’est un peu pareil avec, en revanche, une grosse différence : on a des compteurs de visites. Par contre, il est impossible d’avoir les chiffres des autres (blogger m’indique entre 200 et 700 lecteurs par billets, la moyenne doit être autour de 350, je crois, mais je m’en fous un peu, je n’utilise ces chiffres que pour analyser, pas pour m’autoglorifier) et les siens sont incertains (vous ne savez pas le nombre de gens qui ouvrent le blog mais ne lisent pas ni le nombre de gugusses qui le lisent sans y aller, via les agrégateurs de flux, par exemple. Comme je disais, il n’y a que les variations qui m’intéressent).

Je connais, par contre, assez bien, la « physionomie » de mes lecteurs. Il y a évidemment des proches mais aussi quelques personnes qui aiment bien ma façon de rentrer dedans). A une époque, j’étais beaucoup lu par la fine fleur du Hollandisme vu que j’étais un des derniers à défendre pépère et les quidams avaient besoin de se rassurer.

 

Je n’aime pas spécialement Jean-Luc Mélenchon mais je lui reconnais d’être un blogueur extraordinaire, enchaînant les billets à la fois personnels et politiques. Je ne peux évidemment pas dire quel est son but mais, notamment hors périodes électorales, il arrive à maintenir une proximité avec les militants LFI et c’est essentiel ! Il va réussir, sans doute, à faire 12%, voire plus, pour différentes raisons mais il y en a une qu’ont complètement oublié les autres : il sait garder le contact avec son public.

Je ne connais pas son but et je ne connais pas le vôtre. J’imagine savoir pourquoi vous commentez mes billets (souvent dans Facebook) mais pas du tout pourquoi, vous, vous allez faire de la politique dans les réseaux sociaux.

Vous devriez y réfléchir.

Dans l'attente, électeurs de Taubira, votez donc pour Roussel puis allez au bistro.

La première photo n'a rien à voir mais ça m'a fait rigoler de la trouver en cherchant "jegoun" dans google images alors que je cherchais une illustration pour les blogs poitiques. Elle vient de chez El Camino, au fait.