Après la présidentielle, il y aura les législatives et on
verra bien ce qui s’y passera. Je ne manquerai pas de donner mon avis,
probablement, mais, ensuite, il faudra se poser la question de la refondation
de la gauche qui, comme je le disais hier, devra renaître de ses cendres. Il faudra,
pour se faire, que le PS renaisse lui-même (voir cet
article du Monde mais il est réservé aux abonnés absents). Et je pense qu’il
ne peut renaitre qu’en changeant ce qui n’est pas un pléonasme. Le PS est mort,
vive le PS.
Je veux bien aider à fonder ou refonder ce grand parti de
centre gauche et libéral mais, je vous préviens, tant que les descendants du PS
n’auront pas arrêté un certain nombre de conneries et ne virera pas franchement
libéral mais protecteur, je continuerai à voter pour le PCF sauf s’il est en mesure
de gagner.
Au cours de mon insomnie nocturne (j’en ai aussi des diurnes :
j’ai du mal à faire la sieste pendant les heures de travail), je réfléchissais
à mon blog et me disais que je passais beaucoup de temps à me justifier de mes
positions presque contradictoires. A la réflexion, ce n’est pas ça. De toute l’histoire
de mon blog, j’ai souvent seriné certains sujets comme la réduction du temps de
travail, la réforme du travail liée aux progrès technologiques, la réforme
territoriale, Notre Dame des Landes et j’en passe.
En outre, je crois bien que je tiens une forme de vengeance :
la gauche qui n’est pas d’accord avec moi et qui a passé du temps à dire que je
n’étais pas de gauche est en train de se planter. La gauche socialiste avec les
écolos vont faire 6%. La gauche arrogante mais insoumise, disons 15, et la
gauche plus traditionnelle, allons, 4, ça simplifiera mes calculs. Nous
arrivons à 25%. Disons à 26 avec la gauche plus radicale, ce qui est dérisoire
et très loin du plus bas historique récent, lors la présidentielle de
2007 (36% mais dont 10 pour la candidate socialiste).
On va commencer par une paire de baffes. Les socialistes
bretons ont récemment taclé
Jean-Yves Le Drian qui fut leur chef absolu… « Tu as changé, Jean-Yves »
(lisez donc l’article). Je vais rappeler à ces pignoufs que celui que nous
appellerons JYLD, figure du socialisme d’une époque, est parti avec les deux
tiers des électeurs du Parti Socialiste et c’est la preuve formelle que c’est
vous qui êtes dans l’erreur. Je ne sais pas si vous avez changé mais ce qu’il y
a de sûr c’est que s’il y a eu un changement, vous n’avez pas su l’accompagner.
Vous êtes nuls et votre candidate est à 2%. Aussi, la première chose est d’arrêter
de dire aux électeurs ce qui veut dire : « vous avez suivi Le Drian,
vous êtes des connards. » Donc cette bande d’ahuri doit immédiatement
arrêter de dire des conneries. En outre, cette bande de sapajous a réussi à
écarter les hollandistes, les derniers à avoir fait gagner la gauche.
C’est de la faute professionnelle.
Le pire est que ces cons s’insurge du retour de Hollande
en personne même quand cette andouille joue à l’éléphant dans un magasin de porcelaine
à Limoges.
Mon deuxième conseil est qu’il faut arrêter de jouer aux
gauchistes pour le principe. Je vais peut-être choquer en citant quelques
exemples. Le premier est que les socialos courent après les autres gauchos et
propose l’augmentation du SMIC. De la part de gugusses souvent payer plus de
5000 euros par mois, il serait temps de changer les batteries et de réfléchir.
Les smicards sont peu nombreux dans l’électorat et, surtout, ils n’aspirent pas
à une augmentation mais à sortir de la merde. Si la nuance vous parait faible,
vous avez encore le temps de réfléchir mais n’oubliez pas de le faire avant le
rebond. D’autres idées du même style sont particulièrement néfaste comme cette
espèce de capital de départ pour les jeunes : on le voit que vous n’avez
pas d’idée et que vous cherchez quelque chose pour faire original. Je vous suggèrerais
bien de réfléchir à ce que vous pourriez proposer pour les jeunes de moins de
18 ans. Au moins, ils ne votent pas et vous ne sombreriez pas dans votre
éternel clientélisme notoire et inefficace.
C’est très important car on a l’impression que vous vous
livrez en une espèce de surenchère entre les formations de gauche pas seulement
vers le « plus disant » mais aussi vers le « plus sérieux disant »
et la seule conclusion possible est la crise de rire ! Pensez donc si dans
deux mois les électeurs se rappelleront les promesses de chacun quant à l’augmentation
du SMIC. Par contre, je vous garantis qu’on continuera à en rire.
C’est valable dans tous les domaines : vous tapez sur les patrons qui gagnent trop de pognon mais vous supportez des clubs de foot qui paient les joueurs des millions. Le foot étant populaire (et vous avez sans doute raison d’aimez ça), arrêtez donc de taper sur les patrons.
Attention ! Ne pas jouer au gauchiste ne signifie pas ne pas être de gauche. On peut se battre pour le partage du travail, pour l'accompagnement des jeunes qui débarquent en entreprise par des anciens qui pourront prendre leur retraite heureux, l'augmentation de la progressivité de l'imposition de tout les revenus, la construction de logements sociaux, de logement étudiants et j'en passe tout un tas.
En d'autres termes, il vaut mieux payer une chambre et à bouffer à un type qui fait des études que lui refiler 1000 euros par mois et par démagogie... Donner de l'argent n'est pas de gauche. Si on investit dans le logement, l'appartement pourra servir à plusieurs générations...
Cela étant, il est assez facile de donner des conseils généralistes
mais entrer dans le concret est plus facile. Bien sûr, certains appelleront à
lutter contre « les » insécurités : physique, économique, sociale,
culturelle et j’en oublie et je souhaite sincèrement qu’on y arrive mais on ne
sait pas trop comment. Mais sans concession.
Je vais citer un exemple parce qu’il me vient tout droit de
la pause déjeuner. A côté du bistro où je bouffe (la Comète, tiens !), il
y avait trois SDF dont deux habitués qu’on aime bien dans le quartier parce qu’ils
sont gentils, ne sont pas agressifs, ont toujours un mot aimable. Le troisième
mettait sa musique à fond et emmerdait tout le monde. Et la terrasse du troquet
était vide. On pourrait demander à ce que soit mis du mobilier anti-SDF mais on
(je parle des habitants du coin) ne le souhaite pas : les deux sont sympas
et c’est moche. Si on en mettait, on trouverait des gauchistes pour gueuler
contre au prétexte que c’est lamentable, qu’on pourchasse les gens et tout ça.
Mais pour autant, ils ne veulent pas de SDF non plus : il ne se sont pas
arrêtés pour boire une pression en terrasse…
C’est quoi, ça, d’avoir des SDF qui font du bruit dans le
coin, comme insécurité ? Physique, culturelle… Peu importe, en fait. C’est
de l’insécurité : on n’est pas bien dans le quartier et cela a un coût au
niveau électoral… Mon dieu ! La mairie ne fait rien pour qu’on ait la
paix.
En plus, ceux qui sont contre le mobilier urbain antiSDF
sont souvent ceux qui veulent la construction d’hébergement pour ces gens qui n’ont
par ailleurs rien demandé et devraient bien pouvoir vivre où ils veulent sans
emmerder les autres et sans leur faire part. Les « ceusses » veulent
qu’on ne chasse pas les SDF mais qu’on les loge ailleurs. Ne sont-ils pas schizophrènes ?
Attention ! Je n’appelle pas à une politique spéciale
pour les SDF, je citais un exemple : il faut du sérieux, du recul, de la
réflexion pour tous les sujets.
Mais quelle meilleure sécurité, pour les parents, de savoir qu'on trouvera un appartement pour les gamins quand ils feront des études ?
Tenez ! Je parle souvent du nucléaire. Ce n’est quand
même pas difficile de dire qu’on arrêtera les centrales nucléaires quand on
aura trouvé soit une solution pour stocker l’électricité soit pour en produire
de manière propre et fiable (soit les deux…). Vous parlez d’une insécurité dans
les programmes actuels (hors PCF) : en votant pour ces gens, les électeurs
ne sont pas sûrs d’avoir de l’électricité pour se chauffer (ou pour faire
tourner les entreprises). Dans l’attente, on construit des centrales : les
réserves mondiales d’uranium sont suffisantes pour 70 ans.
Dans certains milieux, on a beaucoup parlé du rapport
parlementaire du Sénat au sujet des cabinets de conseil utilisés par les
administrations. Je pourrai faire l’avocat du diable, ayant fait ce boulot. Mais
notez bien deux éléments. Le premier est qu’on reproche aux consultants de
tirer des conclusions sans connaître le métier où ils interviennent mais ceux
qui font ces critiques ne connaissent strictement rien au méditer de
consultant. Le deuxième est qu’on leur reproche de ne pas payer assez d’impôt
mais ces boîtes sont là pour en conseiller d’autres et s’ils payaient beaucoup
d’impôt, cela prouverait leur incompétence. Ainsi, le problème n’est pas que
ces entreprises fassent de l’optimisation fiscale mais que le système permette
d’en faire et ce n’est pas leur faute. Point. Un peu de sérieux.
En balançant des critiques, soyez assuré qu’on ne fait pas
avancer le débat : le public s’en fout probablement mais pense, en plus,
mais « qu’est-ce qu’ils nous font chier ? » Il n’est pas bête.
Il a vu tout ce qu’avait du faire l’Etat dans l’urgence à cause de la crise
sanitaire (et n’oublie pas d’être critique) mais pense aussi à la politique
keynésienne du « quoi qu’il en coûte »… L’Etat Macron a assuré la
sécurité financière alors où est le problème si les entreprises chargées de la
mise en place n’ont pas payé d’impôt. Ca nous offusque, évidemment, vous et moi,
quand on en parle mais de manière globale, tout reproche a peu d’intérêt :
il « n’imprime pas ».
Dans ce sérieux que j’appelle, on n’oubliera pas de l’être
aussi dans la critique. On peut dire que le programme de Macron est bien à droite,
par exemple, mais c’est plus sain d’en rigoler et de dire qu’il a siphonné
Pécresse. N’oublions pas qu’Hollande avait promis une taxation à 75% des hauts revenus,
une renégociation des traités européens et un tas de rigolo. Il fallait bien
assurer ces arrières électoraux mais n’oublions pas tout le travail qu’il a
mené avant de gagner la primaire, avant-même de s’y présenter. On peut dire
maintenant qu’il était libéral de gauche. Et Macron ne doit pas être loin. Tant
pis.
Enfin, la reconstruction de la gauche ne passera que si elle
admet qu’elle ne peut obtenir le pouvoir et donc « gérer » à la
condition de travailler avec des gens qui ne sont pas d’accord avec elle.
Déclarer que son programme est le meilleur ne sert à rien : il faut réunir
les Républicains des deux rives comme j’ai lu récemment (dans ce
bon texte).
Je me demandais pourquoi j'étais revenu lire votre blog après l'avoir abandonné.
RépondreSupprimerBen voilà, j'ai ma réponse ici. Je partage toute votre analyse et me demande même si je ne vais pas voter Roussel au premier tour plutôt qu'Hidalgo, c'est pour dire... Il se présente comme un rassembleur de la gauche sociale que - malheureusement - les Hamon et autres Montebourg n'ont fait que diviser. S'il y a bien des responsables de la disparition du PS ce sont eux et non Pépère !
Reconstruisons la gauche autour de gens comme Roussel, Le Drian voire... Hollande !
A suivre, après les Présidentielles.