Emoi, émoi, émoi… Sans retourner sa veste, Jacques Dutronc
va voter Roussel et le
Roussellement. Je cite l’article (pas Dutronc, l’article qui parle de lui) :
« Voter pour le "Roussellement"
revient naturellement à donner sa voix au candidat communiste Fabien Roussel.
Ce dernier a inventé ce terme en opposition au "ruissellement" que
défendrait Emmanuel Macron. Cette théorie économique consisterait à ne pas trop
entraver de taxes et impôts les plus riches afin que, par leurs
investissements, la richesse ruisselle des plus aisés vers les classes
populaires.
Le Roussellement, lui, s'oppose
à cette vision libérale et propose une "redistribution des richesses
auprès de toutes les couches de la population par une augmentation des
salaires, des pensions, par une modération et une plus forte taxation des hauts
revenus afin de stimuler l'activité économique, grâce aux personnes disposant d’un
pouvoir d’achat plus élevé, qui réinjecteraient directement ce surplus de
revenu dans l’économie réelle, notamment par la consommation, plutôt qu’en
favorisant l’enrichissement des personnes les plus riches". »
Je suis bien d’accord avec le Roussellement mais pas du tout
avec la formulation de l’article et, exceptionnellement, je vais me complaire,
aujourd’hui dans une rhétorique qui pue du cul avec une odeur mal masquée par
un populisme de bas étage même si j’habite au cinquième.
La vision d’Emmanuel Macron a sujet est certainement louable :
on n’impose pas trop les plus riches pour qu’ils dépensent leur pognon auprès
des pauvres. Mais ça ne fonctionne pas d’autant qu’il a surtout favorisé les
très riches. Surtout, en aucun cas, ce n’est une vision libérale. C’est du
clientélisme, du favoritisme, du capitalisme, de la finance et j’en passe mais
ce n’est pas libéral.
Selon Google (pour cet article, je vais volontairement me
limiter aux définitions fournies par le moteur de recherche directement, sans
cliquer sur les liens), le libéralisme économique est la « doctrine selon laquelle la liberté économique, le libre
jeu de l'entreprise ne doivent pas être entravés ». Taxer moins les
plus riches ne va pas dans le sens d’une levée des entraves à l’entreprise. C’est
de droite. Et encore.
Si je parle de cela, c’est non seulement parce que je dis
souvent que je suis de gauche et libéral, mais aussi parce que l’on restreint
un peu trop les champs de la politique en mettant des définitions à tout qui,
en plus, à force d’être tripatouillées donnent des articles de Wikipédia
relativement incompréhensibles (d’où ma limitation aux définitions de Google pour
le présent billet) et sans doute d’une autre époque.
Voyons la définition du socialisme selon notre moteur de recherche
favori mais néanmoins capitaliste (c’est vrai, au fait ! Dans le temps, on
opposait la gauche au capitalisme, pas au libéralisme). La première : « Doctrine d'organisation sociale qui entend faire
prévaloir l'intérêt général sur les intérêts particuliers, au moyen d'une
organisation concertée (opposé à libéralisme). » Les machins d’intellos
me gonflent : je ne vois pas l’intérêt général autrement que par la somme
des intérêts particuliers. Surtout, comment peut-on opposer le libéralisme et
le socialisme alors qu’on parle de social-libéralisme de temps en temps ?
Je chipote. La deuxième est la « phase
transitoire entre la disparition du capitalisme et l'instauration du
communisme. » est c’est beaucoup plus intéressant.
Le communisme est une « organisation
politique, sociale, fondée sur la suppression de la propriété privée au profit
de la propriété collective » et « dans
le marxisme, [un] système social où les biens de production appartiennent à la
communauté et qui vise la disparition des classes sociales. » Dans ces
conditions, vous pensez vraiment qu’il y ait beaucoup de communistes, en France ?
Des gens qui voudraient réellement supprimer la propriété privée autrement que
pour fanfaronner ? Par conséquent, vous croyez réellement qu’il y a des
gens, des socialistes, qui veulent une espèce de transition vers le communisme ?
Elle voudrait dire, en gros, la collectivisation des moyens de production. Le
bistro du coin appartiendrait à l’Etat... ? Heu… Le PS et le PCF gardent
leurs noms réciproques pour différentes raisons (et s’ils en changeaient, alors
qu’ils sont connus, ils finiraient dans les oubliettes).
Comment peut-on, dans ce contexte, opposer le libéralisme à
un truc qui n’existe pas (ou peu). Comment mettre dos à dos la liberté d’entreprendre
et la collectivisation des moyens de production en restant sérieux quelques
minutes ?
Prenons un exemple sans rapport. Que disait Roussel à propos
du nucléaire : « De plus, les besoins en
électricité vont aller croissant, avec les nouveaux usages comme la voiture
électrique. Enfin, j'ajoute que notre ambition de réindustrialiser le pays
nécessite une électricité peu chère. Nous devons nous démarquer des pays
concurrents non pas sur les salaires, mais sur l'énergie. Nous avons tout pour
ça en France. Prenons le cas de l'acier, que je connais bien. Ascoval produit
de l'acier vert, recyclé, mais cette filière a de gros besoins en électricité.
Ce ne sont pas les énergies renouvelables qui suffiront, mais les barrages et
les centrales nucléaires. Je préfère que cette usine soit alimentée par les
moyens de production décarbonée française plutôt que par des centrales à
charbon allemandes ! »
En d’autres termes, s’il est favorable au nucléaire, c’est
pour un tas de raisons (voir l’article,
un peu ancien), souvent de bon sens dont le fait de sécuriser l’accès à l’énergie
par nos entreprises dont on veut favoriser le développement. On lutte donc
contre les entraves à l’entreprise. On n’est pas loin du libéralisme, non ?
La question n’est pas d’être pour ou contre le nucléaire, à
mon avis, mais de ne pas arrêter le nucléaire tant qu’on n’a pas l’assurance
complète que l’on peut s’en passer et c’est très loin d’être le cas, quoi qu’en
disent les concurrents. Et on ne peut surtout pas s’en passer si on veut, par
exemple, remplacer le chauffage au fuel par le chauffage électrique ou promouvoir
les voitures électriques mais aussi si on veut que les entreprises investissent
chez nous, créent de l’emploi et de l’activité et arrivent ainsi à œuvrer pour
l’intérêt général dont au sujet duquel on parlait.
Fermer le ban.
Socdems authentique mais poilus
Rhétorique et populisme, disais-je (mais pas au sujet du
nucléaire que je viens de donner en exemple), mais est la réponse à Denis qui a
fait un certain nombre d’approximations
qui me concernent, je vais y revenir, mais aussi parce que je lui ai fait la
promesse, dans Facebook, de lui expliquer pourquoi je ne voulais pas être catégorisé
dans les socdems et la réponse est simple : je suis fatigué des catégories
quand elles remplacent le bon sens et qu’elles sont issues directement des
grands théoriciens du XIXème siècle et qui ne sont plus adaptées à notre
demande sauf aux yeux de quelques militants perdus.
Parmi les approximations, il y a notamment le fait que j’ai eu
des difficultés à choisir. C’est faux : dès que Roussel a sorti des propos
réellement républicains, c’est-à-dire au moment où il a fait parler de lui, je
l’ai choisi. En complément, j’en serai, dimanche, à mon septième premier tour
de présidentielle et je pourrai dire, sans doute, que je n’aurai voté que trois
fois pour un candidat issu du parti socialiste, et encore, en 2007, c’était
quand même par défaut. Mon seul vote socialiste par vraie conviction était
probablement 2012 (quand je parle de « vote socialiste », je veux
parler de « vote pour un candidat représentant le parti socialiste). En
complément, je vote généralement socialo aux européennes mais, depuis 2002,
pour toutes les élections à caractère local, sauf le deuxième tour des
législatives de 2017, j’ai voté pour des candidats issus de la gauche de la
gauche (PCF ou MRC). Je n’en tire pas de gloriole (dans mon quartier, on n’a « pas
trop le choix ») mais je conchie beaucoup de donneurs de leçon au sujet de
gauchisme alors qu’ils ont découvert les joies du mélenchonisme sur le tard,
souvent après avoir loué Bayrou en 2007 et s’apprêtant, aujourd’hui, à tout
faire pour éliminer celui des deux finalistes qui ne viennent pas de la droite
nationale.
Je précise que je ne mets pas Denis sans ce panier d’abrutis :
je lis ses blogs depuis près de quinze ans et je le connais assez bien. Il n’empêche
que dans le billet que je citais, il revient sur son parcours politique et
finit par nous expliquer qu’il va voter pour Mélenchon alors qu’il ne l’aime
pas, n’est pas d’accord avec lui et, surtout, en totale opposition avec sa
vision de la République. Ca ne s’invente pas. Et c’est moi qui aurai des
difficultés…
A noter que j’ai fait récemment un billet sur la constance
de mon engagement politique et maintiens mes propos : j’ai très souvent
voté à la gauche de la gauche mais je suis parfaitement libéral. On a les
contradictions qu’on mérite et, cependant, il est clair que le parti qui est le
plus proche de mes idées est, en conséquence, le PS. Mais la coupe est plein et
je ne supporte pas sa manière de faire de la politique, surtout cette année où
ils sont incapable de présenter une vision de l’évolution de la société autrement
qu’on courant après les autres partis de gauche alors qu’ils devraient être le
fer de lance…
Alors continuons avec nos définitions et la légèreté qui s’impose
après avoir supervisé le socialisme, le libéralisme et le communisme, je vais
tenter d’expliquer pourquoi je n’aime pas non plus le « socdemisme » et
le « soclibisme », et pas seulement parce qu’il sous-entendent une variante
du socialisme. « Sociale démocratie » : « Socialisme de tendance réformiste (à l'origine, en
Allemagne). » On imagine très bien ce que cela veut dire dans les
faits. Mais en français : rien. « Social libéralisme » :
Google ne propose aucune définition. Wikipedia nous perd. Et en cliquant sur
certains liens, on voit assez bien ce
que ça veut dire : « une notion épouvantail, qui ne définit rien
de très concret. » Je refuse d’y être associé.
Notons que « libéralisme de gauche » est défini
par Wikipedia : « Le libéralisme est un
ensemble de courants qui vise à faire reconnaître la primauté de l'individu.
Parmi les libéraux, les libéraux de gauche se distinguent en insistant sur la
nécessité d'une certaine égalité des conditions de départ pour tous. »
C’est très réducteur.
J’ai le droit d’être pour la liberté d’entreprendre, la
limitation du temps de travail, la meilleure répartition des richesses produites,
l’égalité des droits, les salaires minimums mais contre un tas de cochonneries
comme les comités d’entreprise et les textes européens sur la concurrence ?
Les (ex) CE servent essentiellement les grosses boites et leurs œuvre sociales
servent surtout à distribuer du pognon avec défiscalisation (ce qui n’est pas
de gauche) alors qu’ils ont été créé pour permettre l’organisation du clubs de
sport et de colonies de vacances pour les gamins. Les textes pour la
concurrence ont une fâcheuse tendance à torpiller les services publiques au
point que les bien communs doivent être utilisés pour le bénéfices des boîtes
privées ce qui n’a strictement rien de libéral. Je suis contre les APL et leur
diminution ne m’a pas choqué parce que c’est donner du pognon à des gens, qu’ils
vont dépenser auprès d’acteurs privés alors que ce pognon serait mieux utilisé
pour la construction de logements sociaux (d’ailleurs, les aides au logement
ont été créées par la droite). Je suis opposé aux mesures macronistes de
fiscalité comme la « flat taxe » qui va au contraire d’une grosse
avancée du quinquennat précédent (avant les revenus du capital étaient moins
taxés que ceux du travail sans compter que les cotisations sur ce dernier sont
les seules à payer un tas de choses) ou toute diminution d’impôts pour les plus
aisés.
Halte aux étiquettes, certainement, mais surtout à ce qu’elles
imposent. Et avant de les imposer, l’insulte suprême étant « tu es
macroniste » ce qui veut dire « tu es encore pire que Sarko »,
il faut réfléchir posément à tout ça et éviter de faire des billets de blog
trop longs.
Ca me rappelle que j'ai défendu le mariage pour tous. Il n'empêche que le mariage est bien un truc de droite et, on pourrait assez facilement démontrer qu'il est antilibéral. Tant pis.
Aucun rapport avec ce billet (que je n'ai pas lu) : vous devriez, chez Netflisque, regarder le film qui s'appelle LA BULLE : première comédie (assez réussie, de Judd Apatow, plutôt bon) à ma connaissance qui intègre le covid, les gestes barrières, les masques, etc.
RépondreSupprimerNon seulement vous ne lisez pas, mais vous trollez les gens qui bossent !
SupprimerAh merde.
SupprimerLibéral de gauche, c'est en fait un oxymore, si j'ai bien compris ? Et Roussel serait un candidat libéral ?
RépondreSupprimerComme le disait Élodie, on ne peut pas trouver un candidat 100% raccord avec nos idées. Avec Roussel et Mélenchon, avoue que nous faisons tous les deux un sacré grand écart.
Tu n’as pas compris mon billet. Tant pis. Tu vas rester dans tes postures.
SupprimerBah voilà, encore 100% d'accord avec le contenu de votre article.
RépondreSupprimerÇa fait chier parce que vous m'emmerdiez il y a 10 ans quand Pépère a été élu et qu'il y avait dans votre blog-roll l'un de vos amis qui importait des produits de Chine... Vous m'avez jeté mais j'ai continué - en douce - à vous lire. ;-)
Et en plus vous aimez bien aller boire un coup au bistrot avec des potes ! J'en viens, à l'instant, que dire de plus ?
Si: Votez Anne Hidalgo !
Non.
SupprimerLe néo végan pendant une mauvaise heure que je ne suis plus a bien apprécié la lecture de ton billet.
RépondreSupprimerSympa de lire tes billets politiques.
Ouf.
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