Présidente de groupe de gauche
Jean-Luc Mélenchon a encore commis une erreur en exigeant
que le rapprochement pour les législatives soit fait sur la base de l’avenir en
commun. La première raison est évidemment que si ce programme n’a pas permis de
gagner une première fois, il n’y a aucune raison qu’il fonctionne à nouveau. Ce
n’est pas une question de qualité ou d’efficacité des propositions mais les
électeurs ont fait savoir qu’ils n’en voulaient pas.
Par ailleurs, une partie du « peuple de gauche »
en veut à Jonluk d’avoir fait une OPA sur la gauche et de se sentir comme le
seul représentant d’autant qu’une partie de ces braves gens est écartée d’emblée.
Sur les plus de 20% faits au premier tour de la présidentielle, il y en a une
partie qui viennent de ce qu’on appelle le vote utile (je n’aime pas cette
expression, disons que les gens n’avaient aucune raison de voter pour les
autres qui étaient assurés de perdre) et surtout d’une forte mobilisation des
abstentionnistes ce qui est évidemment à mettre totalement au crédit du candidat.
Ensuite, quoi qu’on en dise et surtout quoi qu’on souhaite,
les élections législatives sont des élections locales : c’est un type qui
se présente devant les électeurs de sa circonscription. Prenons un des députés
PS un peu connu (c’est facile, à part Faure, il y en a deux : Rabault et
Vallaud) : s’il lutte pour un programme « radical », il se rendra
ridicule et ne sera pas élu.
Heureusement que je ne vote plus à Loudéac !
Je pense, en fait, qu’il ne faut pas d’unité au sens de l’adhésion
à un programme en commun : ce n’est pas le but de cette élection. En
outre, il ne faut pas oublier que la probabilité de l’emporter est presque
nulle et penser le contraire est ridicule (j’ai bien dit « presque nulle »
et pas « nulle »). Il faut donc que chaque putatif député fasse
campagne sur son nom, en fonction de ce qu’il aura à défendre. Par exemple (caricatural !),
si la majorité LREM probable fait un texte d’orientation nucléaire, on pourra
difficilement demander à un socialiste de tenir la position de « l’Avenir En
Commun ». Il faut être sérieux. Chaque candidat doit présenter les souhaits
de son parti (surtout pour bénéficier de la campagne nationale) et ce qui lui
sort du cœur.
Point barre.
Photo ratée d'un copain ancien député
L’unité doit être faite uniquement sur la base de
spécificités locales pour qu’on ait un maximum de députés issus des quatre
partis de gauche.
Par exemple (et ce n’est qu’un exemple, désolé de vous prendre
du temps), ma circonscription, au cœur de la banlieue rouge, est
particulière : il est assez probable que le candidat en tête soit celui de
LREM, disons avec 30% devant le candidat LFI et le candidat PCF, tous deux avec
25% (en 2017, ce sont trois gros candidats de gauche qui se partageaient plus
de 40% face à un LREM à 30) ! Les trois seront donc potentiellement
qualifiés pour le second tour. Ce n’est pas utile que les candidats de gauche
soient divisés au point de risquer de ne pas avoir le seuil d’inscrits pour
figurer au second tour (et on l’a vu, en 2017, dans la 10ème du Val
de Marne, on avait les moyens d’avoir trois des candidats de gauche).
La situation était la suivante : le député sortant
avait été élu en 2012 sur la base du soutien qu’il avait affiché à Hollande. Il
était (et est toujours) le président du MRC. Il a fini quatrième. Le troisième
était le communiste vu que, avant 2012, les députés du coin étaient toujours
communistes (Lefort pendant des années puis Gosnat). La deuxième était LFI, Mathilde
Panot, finalement élue et actuellement présidente de groupe à l’Assemblée,
alors que LFI était arrivé en tête des formations de gauche au premier tour de
la présidentielle.
La légitimité des trois n’était pas en cause et ils ne
prenaient pas de risque. Au second tour, ils n’ont pas joué. Seule Panot est
restée candidate (tout comme, en 2012, le sortant s’était désisté vu qu’il est
arrivé second des formations de gauche). Nous sommes dans une logique parfaitement
républicaine. Il faut respecter.
Cette année, je suppose que Mathilde Panot sera réélue sans
problème, toujours face à un LREM. Il y a de la place à un autre candidat de
gauche mais il n’y aurait pas de sens à ce que le PCF et le MRC se présentent tous
les deux alors qu’ils ont défendu la même candidature à la présidentielle. Ils
doivent donc s’accorder, a priori devant le PCF (vu qu’il est arrivé en tête en
2017). Le PS et EELV doivent avoir l’humilité de ne pas présenter de candidature
pour ne pas mettre le processus en risque (même si, par chez nous, il n’y en a
pas beaucoup, il y avait même un candidat EELV en 2017).
Il y a donc deux négociations. Tout d’abord, celle entre le
PCF et le MRC pour un candidat commun (sur une base proche des propositions de
Roussel, visiblement) et, ensuite, celle entre le les deux sans candidatures et
les deux avec candidatures…
Ne pas avoir d’unité totale, dans cette circonscription, n’est
pas un problème. Un candidat de gauche sera élu parmi les deux (MRC-PCF et LFI)
qui seront qualifiés, en plus d’un LREM, pour le second tour (les candidats LR
et RN font traditionnellement des scores dérisoires).
Je m'excuse à nouveau : cette partie était un peu
détaillée mais cela était nécessaire pour montrer ce que doivent être les
accords entre partis pour les législatives. Les désistements sont
normaux pour garantir une victoire « de notre bord » mais il ne doit
en aucun cas y avoir d’accord public sur une base programmatique. Je rappelle d’ailleurs
que les accords d’appareil font souvent perdre… Ceux faits en 2012 (entre le PS
et EELV) ont bien failli être dramatiques et coûter la victoire à la présidentielle
tout en générant des politiques délirantes (comme l’obligation pour Hollande de
promettre la fermeture d’une centrale nucléaire, qu’il n’a d’ailleurs pas pu
mettre en œuvre, laissant les basses œuvres au président suivant).
Les accords doivent se faire de manière naturelle, pour
favoriser, circonscription par circonscription, la victoire d’un des partis de
gauche. Il me semble, d’ailleurs, que le désistement pour le second tour est
assez bien respecté à gauche (ce qui n’était pas le cas du temps du PCF et de
la SFIO !) et que les seules triangulaires, qui permettent souvent de
gagner, sont avec un seul des quatre « gros » partis.
Mélenchon a donc fait une grosse erreur. Nos politiciens
doivent faire de la pédagogie. Par exemple, pour RN, il s’agit de tenter de
bâtir une vraie force d’opposition. Pour LFI et PCF, il faut aussi se
positionner en opposants, a priori avec deux groupes de tailles similaires (LFI
fait beaucoup plus au niveau national mais les implantations locales du PCF
sont très fortes). Il reste donc EELV, le PS et LR. Ils ont évidemment intérêt à
avoir des groupes forts. Par contre, il me semble que ces trois partis ne
doivent pas entrer en conflit direct avec LREM. Je me fous évidemment d’EELV et
de LR mais concentrons-nous sur le PS.
Je l’ai assez répété mais une partie de LREM est composée de
types qui viennent du PS. Après cinq ans d’opposition qui ont mené au score que
l’on connait (sans compter l’opposition à Hollande, auparavant), il est temps
d'arrêter la caricature systématique générant un « non » idiot à
chaque loi ou, du moins, de la faire croire dans le public.
Les députés PS élus grâce au soutien des autres partis de
gauche en 2022 ne doivent donc pas entre en conflit avec les députés LREM dont
une partie vient de la gauche. Je sais : admettre cela est un peu
compliqué pour un esprit binaire. Le PS, et donc, ses députés, doivent prôner,
pendant la campagne, une indépendance. Pire, ils doivent même collaborer, dans
certains cas, notamment dans les circonscriptions presque acquises à la droite
où il serait crétin de se foutre sur la gueule, en espérant, évidemment, un retour.
En gros : entre le type du PS et le type de LREM le mieux placé pour l’emporter
face à un candidat LR, il faut une entente et, vue de chez nous, elle ne sera
pas facile à obtenir vu que LREM n’aura pas nécessairement intérêt à se battre
avec LR.
Les marchands d’aspirine ont tout à gagner mais, on verra
par la suite ce que cela peut donner : on sait que l’opposition sera
mauvaise.
Présidente de groupe de gauche
Toute ma publication semble un appel aux magouilles pré-électorales
alors qu’il n’en est rien, contrairement à ce que veut Jonluk, à savoir un
accord national avec des partis qui se couchent devant lui. J’appelle à un
travail au cas par cas, au bon vouloir des instances locales selon les intérêts
locaux de la gauche.
S’il doit y avoir un accord national, c’est uniquement pour
mettre en place une espèce de structure paritaire qui pourra arbitrer certains
conflits, dans la mesure du possible.
Après avoir parlé de ma circonscription pour étudier les cas
locaux, je vais en choisir une autre pour détailler à nouveau.
Non, je déconne.
Et n'hésitons pas, non plus, à taper sur la presse qui raconte n'importe quoi et n'explique pas la composition de la classe politique en France. La Voix du Nord, par exemple, reprise par Asko sur France Inter, a expliqué que le Printemps Républicain appelait à voter pour Le Pen ce qui est d'autant plus délirant que le PR s'est prononcé, contrairement à mes souhaits, pour LREM et que le président du PR sera probablement candidat LREM aux législatives.
Analyse intéressante, mais tu ne crois pas que JLM parlait plutôt de l'investiture LFI avant le premier tour. Dans ce cas, un-e candidat-e présenté-e par le mouvement devrait forcément soutenir le programme.
RépondreSupprimerPar ailleurs, il y a plein d'endroits où des accords LFI - PCF devraient pouvoir se faire. Dans le 93, plusieurs députés ont été élus de cette manière la dernière fois, et le score de Mélenchon ne devrait pas remettre ça en cause. Par contre, effectivement, un accord plus large risque d'être plus compliqué, mais certains écologistes pourraient très bien négocier avec LFI.
Je trouve curieux que tu mettes le PS dans la majorité, mais bon, vu ce qu'il en reste, je ne vais pas chipoter.
Avoir l'investiture LFI et faire un rapprochement revient à peu près au même. Je n'ai pas dit qu'il y aurait des problèmes. J'ai parlé de ma circonscription parce que je la connais mais ce n'est pas partout pareil.
SupprimerLe PS a et aura plus de député que les autres. Je ne le mets pas dans la majorité, je dis qu'il a tort de s'opposer à tout, ça ne fait pas sérieux et après il coule.
Mais, je l'ai déjà dit, le PS est DÉJÀ à l'Élysée !
RépondreSupprimerSinon comment expliquer son score au premier tour ?
Une grande partie de l'aile droite du PS est partie chez Macron. Elle ne votera jamais pour des gens plus à gauche qu'elle.
RépondreSupprimerAprès tous ces crachats envoyés sur LFI et Mélenchon au cours des 5 dernières années, je pense que la conciliation va être bien compliquée.
Les crachats, ça va aussi et surtout dans l'autre sens. Et c'est l'une des raisons principales de sa seulement 3ème place.
SupprimerMoi, je me souviens d'un temps, pas très loin puisqu'il s'agit de la dernière élection européenne. EELV remporte l'élection (surtout à gauche) et là nous sert le discours qu'ils sont la première force politique à gauche, seule capable de remporter à gauche une élection nationale. Je me rappelle avoir bien rigolé ce jour là. Dimanche, le résultat les ramènent à la réalité et c'est tant mieux.
SupprimerLes soumis à JLM feraient bien de se rappeler de ce fait, et il y a d'autres exemples.
Sinon, je suis assez d'accord sur la problématique PS et LREM, sauf que dans les faits, ça ne marches pas. Tout ces députés qui viennent de la gauche et qui ont osé voté la réforme de l'assurance chômage (un seul exemple suffit) L'AN est une chambre d'enregistrement qui fait oublier à certain toutes leurs convictions. Ca ne peut marcher que par un redécoupage des groupes à l'assemblée, et voter en sa libre conscience. Dans le cas contraire, même avec accord, le PS sera écrasé.
Et pour finir, c'est évident. Les accords dès le départ, les électeurs n'en veulent pas. Ca brouille le message politique, du coup ca lève les méfiances. A chaque fois, on perd.
Je pense que les députés de la gauche de LREM gagneraient beaucoup à faire un groupe à part (à conditions de ne pas devenir frondeurs). Je suppose que c'est ce que tu entends par un "rédécoupage des groupes".
SupprimerDe la part de Mélenchon ???
RépondreSupprimerDe quoi tu parles ?
SupprimerPour mon titre, c'est l'objet de tout le billet. Comment éviter la bérézina...