Je ne sais plus qui a parlé pour la première fois de « gauches
irréconciliables » et il me semble que c’est autour de Manuel Valls que
cette notion avait été mise à la mode. Avec les manœuvres actuelles à gauche,
on tombe en plein dedans… avec les éventuelles négations.
Cette fois, nous avons les insoumis qui oublient ce principe
essentiel qui est la divergence « des gauches ». Je vais me limiter à
« deux gauches » pour énoncer les âneries du jour mais c’est faire
abstraction d’une part des partis de la gauche franchement radicale (qui n’est
pas toujours marginale : ils représentaient 10% des électeurs en 2002) et
sans doute du fait que ces deux gauches sont présentes dans chacune des formations
politiques. En outre, je vais faire un peu de théorie alors que je suis tout
sauf un théoricien.
Pour compléter cette introduction, il me faut parler de Valls
puisqu’il incarne un peu cette fracture mais n’oublions pas qu’il a un
positionnement politique proche de celui de François Hollande qui, en 2012,
représentait environ la moitié de la gauche (sans compter que les partisans de
Martine Aubry – je fais évidemment référence à la primaire – ne sont pas bien
éloignés). Si Valls n’est pas aimé par la population gauchisante, ce n’est pas
essentiellement à cause de ses orientations politiques mais plus pour des
raisons presque physiques : le type qui semble pète-sec, droit dans ses
bottes… et sa manière d’appréhender la politique (le 49.3 et tout ça, comme le soutien à Valls après avoir participé à la primaire en 2007).
La frontière entre les deux gauches – appelons-les la vrauche
pour vraie gauche et la çautre pour rentabiliser la cédille de mon clavier et
pour qualifier le « centre gauche » – n’est pas formelle. On va
résumé : les gens de la çautre sont favorable à l’économie de marché et
donc au libéralisme même si ça sent mauvais, ils sont partisans de la
construction européenne et défendent les traités actuels (ce qui n’empêche pas
de vouloir les modifier), ils sont inconditionnels de la laïcité et de profonds
républicains.
Hollande et Valls ne sont pas les avatars de tout ça :
le tournant de la rigueur par Mitterrand, par exemple, date de l’époque où ils
n’avaient pas totalement quitté leurs culottes courtes. Rocard a créé le RMI et
la CMU mais fut aussi le premier à oser penser à réviser les systèmes de
retraite…
Les gens de la vrauche, et c’est une des particularités de
tous ceux proche de l’extrême, s’imaginent être les seuls à gauche et, c’est
tellement une erreur, que l’on ne peut qu’en rigoler. A titre d’exemple, prônant
le « souverainisme économique », ils sont souvent proches d’un
certain nationalisme et donc opposé à un internationalisme. Pour ma part, je
suis « rousselien » : je souhaite que l’on produise des richesses
pour les redistribuer… De fait, le degré de gauchitude n’intervient pas
vraiment dans cette frontière entre les gauches irréconciliables. Le PS et le
PCF ont souvent pu travailler ensemble et la fronde hollandesque est venu de la
part de membres du PS, essentiellement.
Tous ces braves gens se disent progressistes, sans même
expliquer ce qu’est le progrès, mais une partie, pas restreinte à la vrauche au
sens où je l’entends ici est purement réactionnaire c’est-à-dire qu’elle va
défendre des choses du passé et s’opposer, par principe, à certaines évolutions
sans se demander si elles sont bonnes ou mauvaises mais en regardant uniquement
si elles semblent à gauche, recourant ainsi souvent au « left washing »
voire, vu qu’ils se croient écologistes, au « green washing ». Quand
je voyais des gens de gauche lutter contre le travail du dimanche au nom de la
défense de la famille, je me demande si on pouvait avoir des positions plus à
droite, quand on sait que le travail du dimanche est interdit depuis 1906, en
compensation de la fameuse loi de 1905 de séparation de l’église et de l’Etat,
pour permettre aux andouilles d’aller à la messe. Je sors souvent, dans mon
blog, des fausses idées de gauche ou écologistes (comme le mariage pour tous,
les aides à la rénovation thermique et tout ces trucs, sans compter la réforme
du territoire – que LFI veut annuler alors que le texte du PS sur les accords
prône une plus grande autonomie des collectivités territoriales – voire « NDDL »
qui permettait de remplacer des aéroports dégueulasses par un plus propre).
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’entre, ce matin,
dans une telle carricature sans même renier ce fait ! C’est justement car
nous sommes au cœur de la période de préparation des législatives avec les
accords entre les formations de gauche et notamment le
communiqué du parti socialiste dont je parlais qui obligerait des gens
proches du Parti Socialiste ou du Parti Communiste Français à ce réconcilier entre
irréconciliables avec des insoumis ou des écolos indigénistes.
N.B. : j’ai rédigé ce billet avant de commencer le job
mais, depuis, le communiqué en question a disparu du site du PS. C’est ballot.
Heureusement que la
presse garde des traces.
Par exemple, LFI a clairement annoncé, pendant la campagne
de Jean-Luc Mélenchon, qu’ils pourraient envisager de s’asseoir sur les traités
européens. Je disais presque plus haut que c’était la frontière entre les
gauches (et le referendum de 2005, perdu par « mon camp », en est une
belle illustration). Que dit le PS ? « Opposé
au retour du pacte de stabilité et considérant que l’objectif de souveraineté
de la France et de l’Union Européenne dans de nombreux domaines rend nécessaire
"de déroger aux règles actuelles de concurrence", le parti socialiste
se positionne en faveur d'une révision des traités. » Voila une
position d’imbéciles heureux qui ne se prononcent pas. D’ailleurs, ces ânes ne
se rendent pas compte qu’Hollande avait enfumé le peuple en se position en
faveur d’une renégociation de traités.
Soit le PS est pour les traités actuels et souhaite les
modifier, soit il est d’accord avec LFI qui préconise de ne pas les respecter.
Ces deux positions sont irréconciliables, justement.
Le Parti Socialiste met en avant, depuis ce matin, la
planification écologique. Mais est-ce bien digne d’un parti de gouvernement de
sortir ce genre d’âneries que Chirac n’aurait pas renié pour faire croire que l’environnement
l’intéressait. Cela veut dire quoi ? Oups… On sait très bien. Mais ce
louable de faire croire que l’on sauvera la planète sans accord internationaux ?
A quoi sert une planification écologique à la française ? La question est
la même pour tous les sujets… La France peut-elle agit seule en matière d’économie,
de social… ?
On ne va pas négocier, aujourd’hui. Le problème n’est d’ailleurs
pas que les gauches soient irréconciliables. Même dans une cour de récréation,
on peut trouver une entente temporaire (au fait, il y a un
nouveau parti depuis ce matin, à gauche, c’est risible : la fédération
de la gauche républicaine, de mémoire et sans les majuscules ! Elle
regroupe des partis réconciliables mais tellement minoritaire qu’il faut qu’ils
s’associent dans un machin aux couleurs de la République pour s’associer avec LFI).
Le problème est que les membres, notamment de la vrauche, ne le
reconnaissent pas et ne sont donc pas prêts à faire le moindre effort, même
de cour d’école.
Dans des commentaires, dans Facebook, je lisais : « Dans les semaines qui viennent, toutes les bonnes
volontés peuvent défendre la retraite à 60 ans, la vie digne par le travail, la
6eme République, la planification écologique ... Des trucs de gauche en fait
....
L'union Populaire autour de
@Jean-Luc Mélenchon est devenue centrale. C'est un fait incontestable. A lui de
rassembler et à chacun d'entre nous d'y répondre avec lucidité et sans
angélisme. » Cet imbécile, qui se croit être intelligent en
ajoutant un @ devant le nom d’une personnalité, n’a rien compris. La question n’est
pas de pouvoir défendre (je peux défendre n’importe quoi) mais de vouloir
défendre. Cet imbécile appelle « de gauche » des éléments qui n’ont
rien à voir. Cet imbécile pense incontournable un phénomène sans se rendre
compte qu’il revient à la mort de la gauche, au culte de la personnalité, à
tout sauf une sixième république.
Et c’est peut-être là, la frontière entre les gauches. La
mienne me semble pragmatique et ne va pas lutter à coups de slogans pour la
retraite à 60 ans d’un type qui a poursuivi ses études jusqu’à 25 ans…
Irréconciliable à fond, surtout avec des gens qui méprisent
le reste de la gauche.
C’est pas comme si siège du PS faisait un virage à 180° pour
son programme sans consulter les militants.
Ah ! Si, c’est ce qu’il vient de faire. Le PS finira
irréconciliable avec ses propres adhérents…
Il semble que ça commence à réagir comme la tentative d'OPA de Mélenchon.
RépondreSupprimerPourvu que ça dure ...
pas comme mais contre (bien sûr).
SupprimerOui mais ça reste un peu ambigu comme la lettre des maires des grandes villes de gauche.
SupprimerEnfin un commentaire pas débile.
RépondreSupprimermoi j’aime bien Marie-Noelle.
RépondreSupprimeron dit toujours que les frondeurs ont fait perdre le ps, moi je dis non.
Quand on marche vers l’ouest alors qu’on dit qu’on va vers le nord, on n’accuse pas l’aiguille de la boussole.
Bref, on peut pas être pluriel et solo.
Pas,d’accord ?
Hélène