Avant d’être assassiné par un nationaliste abruti, Charb a
dit « Un « électeur de gauche » qui vote extrême droite est un électeur
d’extrême droite, point ! » Il avait évidemment raison et ça me fait
bien rire quand je vois les reports de voix de Mélenchon et les insoumis qui
pensent qu’ils auraient pu faire gagner la gauche. Luc Le Vaillant a sorti, dans Libé : « Désormais les choses sont claires : toute autre solution
que le bulletin Macron mène à Le Pen. Désolé d’avoir à le répéter aux ulcérés
de gauche qui s’arrachent les cheveux par touffes et se roulent dans le dépit :
Mélenchon est éliminé. »
Je serai moins méchant et je comprends – même si je le
regrette – qu’on ne veuille pas voter pour Macron. Et si je le comprends, la
principale raison est qu’il y a moins le péril en la demeure qu’il y a une
semaine (par exemple, Macron a neuf points d’avance au dernier « rolling »)
mais je déplore quand même que certains participent à l’élection phare de notre
constitution sans en respecter le principal charme : au premier tour, on
choisit, au deuxième, on élimine.
Qu’on puisse ne pas voter est une chose, on est d’accord,
mais il n’empêche que tenir des propos visant à dédiaboliser Le Pen ou faire
une campagne contre Macron revient à favoriser la candidate qui est soutenu par
un parti politique qui vient de mouvements politiques créés par l’extrême
droite. Tenir ses propos ou faire cette campagne est donc être d’extrême droite,
y’a pas à chier, comme on dit. Quand des gens que je considère comme des amis s’y
lance dans des
médias, ça me navre au plus au point.
Heureusement, je n’ai pas l’habitude de me fâcher avec des
amis et j’arrive très ben à relativiser la connerie de mes citoyens. Après-tout,
depuis 40 ans, environ, si vous buvez un coup avec six potes au comptoir,
statistiquement, il y en a bien un qui a voté pour Le Pen, déjà aveuglé par un
borgne. L’évolution est ainsi faite qu’il vous suffit de trois potes,
actuellement, au comptoir, à condition que vous n’ayez pas, vous-même, voté
pour la fille de, histoire de parfaire les statistiques.
Les sondages sont moins alarmants, disais-je, mais il n’empêche
qu’on a maintenant environ neuf personnes sur vingt qui voteraient pour une candidate
que je vais qualifier de populiste de droite, non pas pour dédiaboliser mais
pour éviter les procès. Et si on ajoute les « huit » points (par
rapport au total : 40% de 20%) des électeurs LFI (aux 46% de Le Pen) qui
vont s’abstenir, le calcul est assez vite fait nous sommes dans un pays où
la moitié des gens qui ont voté au premier tour se foutent totalement d’avoir
ce populisme de droite gagner le deuxième.
Notons bien que si ça ne vous dérange pas, c’est votre
problème.
Joyeux militants - mais attention, pas
d'extrême-droite, hein ! - à un meeting de Le Pen.
Les insoumis ont continué leur cirque, tout ce week-end,
pour, petit 1, expliquer que c’est la faute de Roussel s’il n’ont pas gagner et
tant pis si des gens comme moi qui ont voté Roussel n’auraient jamais voté pour
Mélenchon, petit 2, expliquer qu’ils se font insulter en permanence par les autres
types de gauche, petit 3, jurer qu’ils n’insultent jamais les autres, même ses
connards d’abrutis finis à l’urine qui ne votent pas comme eux (je cite), petit
4, fermer la porte à tout rapprochement pour les législatives avec le PS, petit
5, imposer leur programme comme base d’une unité pour législatives aux deux
autres partis de gauche (si je compte bien). J’en passe.
Je ne passerai pas le fait, par contre, que Mélenchon s’est
présenté trois fois et a échoué trois fois. Même Chirac et Mitterrand n’ont pas
fait autant. D’ailleurs, sur ces trois élections, il y un seul candidat à avoir
totalement été élu avec des voix de gauche et, un autre, qui a bien été aidé
par une partie de la gauche, qui devrait d’ailleurs lui permettre de l’emporter
pour la troisième fois.
Les leçons de gauchisme des insoumis sont à chier.
Je rappelle qu’aux dernières Européennes, la liste LFI est
arrivée cinquième, avec environ le tiers des résultats des autres grosses
formations de gauche. Je rappelle qu’aux dernières municipales, LFI a fait
moins du quart que le PS (et je ne compte pas les candidats socialistes se présentant
en « divers gauche » mais j’ai la gentillesse de ne pas rappeler que
si on ajoute EELV et le PS, LFI a fait moins de 10% de leur score). Notons que
je ne veux pas démontrer autre chose que le fait que les résultats aux
présidentielles sont relativement conjoncturelles et liées à la personnalité et
la notoriété du candidat d’une part et au vote utile, d’autre part.
Tiens ! Certains continuent à tenter d’expliquer que ce
vote utile n’existe pas (après nous avoir éviter qu’il fallait voter utilement)
et que LFI n’a pris de voix à personne car ils ont été cherché les abstentionnistes
mais il faut relativiser. Prenez par exemple, les sondages de la première
semaine de janvier. Mélenchon était à 10 et les trois autres à 12. Compte tenu
du résultat final, LFI a pompé quatre points aux autres plus les points de
Taubira (environ 5) et c’est très bien pour eux, d’ailleurs, ça apprendra aux
autres à rater leurs campagnes. Mais ne racontons pas n’importe quoi.
Aux dernières départementales, les socialistes ont gagné 24 présidences
de conseils départementaux sur 95 mais les insoumis n’ont rien glandé. Il faut
dire qu’ils ont obtenu 0,79% des bulletins de vote. Aux régionales se tenant le
même jour, ils avaient fait 0,84%. Bravo.
Enfin, aux législatives de 2017 alors qu’ils avaient été en
tête des formations de gauche à la présidentielles alors que le PCF ne présentait
pas de candidat (tout comme EELV), ils ont bien été en tête aux législatives mais
sont bien dépassés si on ajoute les voix des trois autres formations politiques.
Heureux touriste insoumis aux dictatures diverses.
Tout ça pour dire qu’un peu d’humilité ne nuit pas. Mathilde
Panot a beau jeu d’expliquer qu’il n’y aura pas d’accord avec le PS : c’est
très bien ainsi mais qu’elle n’oublie pas que sa circonscription – celle où je
vote – lui est acquise et que le PS y est historiquement absent ou presque.
Si je précise tout ça dans mon billet sur la dédiabolisation
(les propos sur LFI dépassent la moitié), c’est parce que je suis sidéré par le
comportement lunaire de militants qui furent peut-être républicains mais qui
sont maintenant complètement dépassés au point de fanfaronner sur des conneries
sans rien faire pour nous éviter de tomber dans les bras du populisme de
droite.
Si les cadres de LFI avaient un minimum de jugeotte plutôt
que se battre pour avoir 17 députés alors que les autres n’en auront que 16 –
sur 577, ils demanderaient maintenant à ce que leurs électeurs – déçus – votent
pour Macron et appelleraient l’ensemble des militants qui les ont soutenus à
cesser immédiatement cette dédiabolisation qui vire parfois au terrorisme
intellectuel quand ils accusent les gens qui veulent voter pour le seul
candidat opposer à Le Pen d’être des collaborateurs.
Je rappelle quand même que les mots ont un sens.
Ouf !
RépondreSupprimerMerci, ça fait du bien à lire.
Ca fait du bien à écrire...
SupprimerUn article qui remonte le moral (un peu, mais quand même, c'est agréable). je pense même qu'ils attendent avec délectation le moment ou ils pourront descendre dans la rue et tout casser. Le retour d'une forme de grand soir... ca fait peur en fait
RépondreSupprimerOui et non : à force de faire des conneries, ils perdent de la légitimité... pour les suivantes.
SupprimerEt, entre nous, je pense que beaucoup sont surtout bêtes à manger du foin.
Les torts du père de MLP se seraient transmis génétiquement ? Dans ce cas Fabien Roussel a hérité de ceux du PCF collaborationiste...
RépondreSupprimerTu racontes n'importe quoi. Et je n'aime pas trop ce genre de raccourcis, j'en ai virés pour moins que ça.
SupprimerIl me semble que le rôle de l'extrême droite et du PCF ne furent pas vraiment les mêmes pendant la guerre et, dans toute l'histoire, sur notre territoire.
En outre, si j'ai voté pour Roussel, c'est aussi parce que je savais qu'il n'allait pas être élu et qu'il finirait par représenter un score dérisoire (j'espérais quand même plus...).
Enfin, ton commentaire est très con. La génétique n'a rien à faire dans la relation de Roussel au PCF ni même dans celle de MLP avec son parti mais elle descend de son père, créateur du FN, et qui en a assuré l'éducation.
« Il me semble que le rôle de l'extrême droite et du PCF ne furent pas vraiment les mêmes pendant la guerre »
SupprimerC'est l'évidence même : les gens d'extrême droite (pas tous, bien entendu), royalistes, Croix de feu et autres, furent parmi les premiers à rejoindre Londres et/ou à s'engager dans diverses formes de résistance. Alors que les communistes ont été "collabos" jusqu'en juin 1941, suite au pacte germano-soviétique.
Mouarf... C'est bien connu que l'extrême droite avait surtout des résistants...
SupprimerÉvidemment qu'il y en avait peu… pour la bonne raison que la résistance a toujours compté fort peu de gens (sauf à partir du débarquement…), toutes opinions confondues.
SupprimerMais avoir peu résister est toujours mieux que d'avoir ouvertement collaboré avec les autorités d'occupation. Pour faire reparaître L'Humanité sous contrôle allemand par exemple.
Par votre faute, le colonel Fabien (pas Roussel) va se retourner dans sa tombe.
SupprimerEt quand on fait une faute à "résisté", hein...
Ils sont cons.
RépondreSupprimerOui.
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