Alors que je m’amusais, hier, à exposer quelques raisons du
déclin du Parti Socialiste aux élections nationales, je suis de plus en plus persuadé
qu’il faut le mettre en regard de celui du grand parti républicain de droite
sans trop, pour autant, tortiller du cul trop longtemps vu que certains motifs
sont assez évidemment, notamment avec ce qu’il faut bien appeler le génie
politique d’Emmanuel Macron qui a réussi à pomper des voix aux deux camps sans compter
l’avancée des populistes de droite comme de gauche et n’y voyez pas trop de mal
même si certaines phrases sont trop longues.
Honnêtement, par exemple et vu qu’on parle de la droite, vous
verriez réellement le Rassemblement National, donc Marine Le Pen, gérer la
boutique. A la limite, on peut imaginer cette Marine tenir l’Elysée, même si le
respect des institutions n’est sans doute pas sa principale préoccupation. Elle
pourrait, par son arbitrage, assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics et la continuité de l’Etat. Elle pourrait sans doute garantir l’unité
nationale même si on peut douter, l’unité du territoire et le respect des
traités. Pouf pouf. Je cite la Constitution, hein ! Elle pourrait nommer
un premier ministre (mais je ne sais pas si elle en trouverait dans son camp vu
qu’il n’aurait sans doute pas la majorité au Parlement), présider le conseil
des ministres, promulguer des lois dans les quinze jours patati patata. Elle pourrait
organiser des referendums, dissoudre ce qu’il y a à dissoudre vu que pour dix
sous t’as plus rien, signer des ordonnances et tout autre papelard décidé en
conseil des ministres y compris les nominations, accréditer des ambassadeurs et
tous les trucs pour lesquels il est élu.
Mais vous l’imaginez donner une orientation politique au
pays, entourée par des gens compétents, d’accord avec elle ?
Cela étant, honnêtement, des gens sans trop de compétences,
on en a vu dans nos deux grands partis de gouvernement, et, vu qu’on parle de
la droite, rappelons-nous de la droite la plus bête du monde du milieu des
années 80 sans compter qu’après avoir fait une phrase trop longue, j’arrive à
utiliser le mot « droite » trois fois – pardon, quatre – dans la même
phrase. Rappelons-nous aussi les seconds couteaux de Raffarin sans compter
lui-même. Déjà Copé pointait… Le record de guignols a sans doute été atteint avec
le gouvernement Fillon même si personne ne doit être exempté, y compris les
ploucs d’Ayrault et Valls, voire du temps du Mitterrand ! Franchement,
Edith Cresson a vraiment dit qu’un rosbif sur quatre était homosexuel ?
Peut-être les Français sont-ils lassés de toutes ces
andouilles et, objectivement, si on a bien rigolé avec quelques lascars et
lascarettes taffant pour Macron, à droite et à gauche, on a notre dose… On n’aime
pas Véran, certes, vu qu’il a été le symbole de restrictions qui nous ont été
imposées mais n’oublions pas ses prédécesseurs et je ne parle pas que de Mattéi
qui était parti se faire bronzer les fesses pendant la canicule et Boulin qui,
au fond, était dans les temps, nous avons eu, excusez du peu : Buzyn,
Bachelot, Hortefeux (vous l’avez oublié ?), Kouchner, Poniatowski, Marcellin,
uniquement sous la cinquième et à ce poste.
J’ai récemment fait un billet sur le même sujet, la dégénérescence
de la droite et, pour moi, la grande erreur date de la création de la première
UMP quand la Chiraquie a essayé le monopartisme alors qu’il est assez délicat
de faire des alliances quand on est tous seuls et qu’il était assez idiot de
donner son indépendance au centre (la droite continue à en payer le prix…). Le
plus récent changement de nom, en « Les Républicains » fut
visiblement une grosse erreur, de même que toute la gestion du parti après la
défaite de 2012 et, comme pour le PS, la succession d’andouilles à la tête du
parti ne fut pas heureuse. Vous y croyez, vous, qu’un type comme Christian
Jacob puisse présider le premier parti de France ? Je n’ai rien contre ce
type mais, côté notoriété, ça laisse à désirer. Et Aurélien Pradié, le
secrétaire général ? Je pensais qu’un parti politique devait parler aux
électeurs…
Une autre erreur a été le processus de désignation des
candidats aux deux dernières présidentielles et, il faut le dire, les candidats
eux-mêmes. Pour 2022, ça se discute mais je suis persuadé que Bertrand aurait fait
un bien meilleur candidat que Pécresse. Pour 2017, c’est plus évident. Tout d’abord,
Sarkozy n’aurait jamais dû être candidat. Il était un ancien président fini détesté
– pas au sein de son parti – et avait perdu la dernière finale. Fillon n’était
pas bon cheval et je ne parle pas de ses casseroles. Objectivement, Juppé était
formaté pour le poste, assez vieux pour ne pas commencer une carrière de dictateur
comme disait l’autre et, surtout, était donné largement gagnant : « on »
nous promet un lascar consensuel, limite centriste (il s’agissait d’ailleurs de
lutter contre un centriste), mais « on » ne nous donne pas de bulletin
à son nom. Ce n’est pas du foutage de gueule mais une belle connerie.
On rigole des cabinets de conseil de la macronie mais les
grands partis devraient prendre des organismes indépendants pour évaluer l’image
des chefs de file. Fillon était assurément mauvais.
Pour faire le parallèle avec le Parti Socialiste, on demande
à la droite de faire gagner une candidate de la même manière qu’on a confié à
Hidalgo et Faure le fait de faire gagner le Parti Socialiste alors qu’ils
succèdent à des locdus de la pointure de Jospin, Aubry, Royal, Hollande et j’en
passe (même si tous n’ont pas une fin de carrière exemplaire). Dans le temps, les
partis politiques préparaient les cadres largement à l’avance. Mitterrand a
nommé en 1981 le futur chef de la majorité plurielle à la tête du parti même si
le futur ne fut pas toujours rose quand on connaît les rivalités au sein du
parti. Chirac avait fini par tolérer Sarkozy qui était son successeur désigné
et incontournable. Depuis Sarkozy, à droite, et Hollande (premier secrétaire
pendant 11 ans, tout de même), à gauche, on ne voit pas grand-chose. Surtout à
droite.
En complément, on ne peut pas parler de la déchéance des
deux partis sans parler de faillite de l’idéologie. Quand Macron nous dit « on
va sublimer la gestion », Mélenchon : « on va prendre le pognon
et faire la répartition » et Le Pen : « ils sont tous nuls ça
commence à bien faire », la droite DG (de gouvernement et pas Didier Goux)
nous dit « on va faire chier les étrangers et ceux qui ne bossent pas »
et la gauche DG : « on va faire de l’écologisme parce que c’est à la
mode et faire un peu de gauchisme pour faire joli ». Soyons clair :
cela ne suffit pas. A la limite, Macron pourrait unir les deux phrases…
Je ne peux pas dire ce que devrait être un projet de droite,
évidemment, sans sombrer dans la carricature propre à l’opposant mais je me
rappelle Sarkozy en 2007 : au moins, il dépotait. A gauche, je pense qu’il
faut annoncer accompagner les mutations de la société et, au moins, Hamon le
faisait de manière assez forte en 2017, avec sa taxation des robots et le
revenu universel. Mais il était on ne peut plus maladroit.
Ainsi, si la GDG est nulle pour ce qui concerne les relations
avec les entreprises (elle ne s’occupe que des salariés déjà protégés des
grandes boîtes) et de l’immigration (qu’est-ce qu’on a foutre de la nationalité
d’un type qui en a déjà une autre et vient faire des massacres chez nous ?),
la droite est souvent très nulle pour les sujets plutôt de gauche. Prenez l’opposition
au mariage pour tous, il y a dix ans. C’était une belle connerie. Outre que c’était
clairement au programme de la gauche, l’évolution de la société « dans ce
sens » était assez inéluctable. On comprend très bien que la DDG s’oppose
à ce genre de projet (de même que l’on comprend que la gauche défende les salariés
défendable et les immigrés) mais elle n’a pas son pareil pour se ringardiser.
On a vu des mecs débarquer de Versailles à Paris pour manifester et, la
candidate actuelle, est un des pires représentants de ces bourgeois de la
grande ville au château à côté du Paris populaire et tout ça.
Après, on s’étonne qu’elle finisse à moins de 10% ?
A-t-on réellement entendu Marine Le Pen taper contre le mariage pour tous ?
Prenez le débat actuel sur la
fin de vie, le sujet de l’époque…
La DDG, comme la GDG, doit dès à présent préparer l’après-Macron
(ou l’après-Le Pen…) car il n’aura pas de successeur au sein de LREM. Le seul
que l’on puisse voir est Edouard Philippe mais il est franchement estampillé à
droite. Par contre, les deux formations ne doivent pas entrer à nouveau dans
une opposition farouche mais faire avec. Si Macron va faire 30%, il aura
sûrement un tiers de ses électeurs qui viennent de la droite et un autre de la
gauche.
C’est con… Mais on ne va pas s’asseoir sur 10 points quand
on est à moins de 10. Voire à moins de 2.
Notre démocratie est ainsi faite que c’est une personne et
pas un programme qui se présente à l’élection (et même si on change de
constitution, on continuera à voter de préférence en fonction des chefs de
parti, nous sommes faits ainsi : il ne faut pas changer de constitution,
donc). La DDG et la GDG doivent se mettre en ordre de marche pour désigner
maintenant les candidats de demain, s’ils existent (et je n’ai pas la solution).
Les partis doivent faire attention à ne pas nommer ceux qui
sont responsables d’échecs cuisant, ce qui est le cas, par exemple, de Wauquiez
qui a perdu le parti suite à la gamelle de 2019. On en parle beaucoup,
actuellement, mais il représente à la fois une ligne et une personnalité qui,
en l’état actuel, ne sont pas en odeur de sainteté dans « l’opinion
publique de droite » tout comme, d’ailleurs, Fillon et Sarkozy auraient dû
être appelés à un autre avenir, en 2012. Il y a des raisons au rejet de ces
trois personnes et, n’étant potentiellement pas électeur, je ne peux pas les
deviner… Je pourrais m’exprimer sur des types de gauche genre Cambadélis ou
Valls qui sont partis par la petite porte, par contre, mais je n’ai pas envie d’être
méchant, ce matin.
A vous de jouer.
Il faudrait vous défaire de cette idée très naïve, selon laquelle la compétence et l'intelligence seraient nécessaires pour gouverner un pays : les exemples contraires abondent, et pas seulement sous la Ve République.
RépondreSupprimerQuant à cette notion d'une droite et d'une gauche "de gouvernement", elle est risible, puisque ce sont le PS (en gros) et l'UMP (en gros aussi) qui se sont auto-attribué ce diplôme parfaitement imaginaire.
Rappelons-nous que Bonaparte n'avait jamais rien gouverné avant de devenir Premier Consul…
Décidément, et de plus en plus, je ne vois qu'un régime souhaitable : la monarchie absolue, éventuellement tempérée par un petit régicide de temps en temps.
Cette notion "de gouvernement" est une appellation courante pour le reste je m'en fous. Je fais évidemment référence à "Modem + UMP (LR) + PS + PC + EELV".
SupprimerL'idée d'avoir un peu de compétence (je n'ai pas parlé d'intelligence) n'est pas spécialement naïve : quand on fait la loi ou un budget, encore faut-il qu'ils soient applicables et "conformes".
Pour la monarchie régicidaire, pourquoi pas ? Je suis de moins en moins favorable à un parlementarisme et nos Présidents sont souvent des monarques (régicidés tous les cinq ans) dans le sens où l'élection des députés dépend d'eux.
Et le compétence ne dépend pas nécessairement de l'expérience (au fond, Macron a fait deux ou trois ans comme ministre et c'est tout : il est très fort en politique puisqu'il a été élu et, en fin de compte, a réussi à gouverner ce bordel même s'il y a eu des couacs).
SupprimerCorrection :
RépondreSupprimerSi jamais mon commentaire t’es parvenu, il faudrait remplacer « en continuant » par « en cessant de considérer... »
Hélène
Très juste et la photo de Christian Jacob suffit : ce sont des clowns devenus réactionnaires puis moisis , cf les sorties de Pecresse sur les charters. Et ces abrutis ont sifflé le nom de Sarkozy qui les avait fait, les avait mis là où ils sont. Ils ne meritent que leur sort, exploser en vol dans 5 jours.
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