Il est totalement illusoire de penser qu’une quelconque
unité de la gauche permettra d’obtenir une majorité à l’assemblée et les dirigeants
politiques qui essaient de nous le faire croire, s’ils font leur boulot pour
motiver les troupes et durcir les négociations, sont évidemment des menteurs.
Il est temps de tourner la page et d’admettre la défaite pour la préparation de
la suite. Elle passera évidemment par une tentative de reconquête du pouvoir en
2027 et, d’ici là, par la tenue d’une opposition efficace mais constructive.
Il n’y a pas de raison de désespérer au sujet de la fin de
la gauche. Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter et il n’a pas de
successeur et ce n’est pas la première déroute de la gauche. En 1988, les
deux groupes de gauche comptaient pile poile 300 députés (ce qui était limite,
la majorité étant à 289, d’où l’ouverture au centre pratiquée par Michel
Rocard). En 1993, ce nombre tombait à 80 pour rebondir à 313 en 1997,
permettant à Lionel Jospin de diriger la « majorité plurielle ».
Actuellement, nous sommes à un peu plus de 70 et il n’y a
pas de raison que cela change beaucoup cette année, quoi que l’on fasse et je vais
bien sûr y revenir. Il y aura évidemment des ajustements. On peut imaginer que
le nombre de député du parti socialiste baisse encore mais que ceux du PC et de
LFI montent légèrement compte tenu des variations des résultats à la
présidentielle. Toujours est-il que l’on peut facilement deviner que l’on n’arrivera
pas à « 289 » mais que rien n’est exclu pour la prochaine fois à condition
de ne pas trop jouer aux cons.
Premier ministre notoire |
Je l’ai déjà dit, si une unité est doublement illusoire, sur
sa faisabilité et sa stabilité, d’une part, et sur sa capacité à remporter
quelques circonscription, d’autre part, un rapprochement entre les différents
partis de gauche doit être réalisé pour empêcher, circonscription par circonscription,
des torpillages réciproques. Il faut donc que les échelons nationaux puissent
servir d’arbitre pour évaluer les conflits. On peut imaginer, par exemple, que
dans mon coin, on ait trois candidats de gauche qui pourraient être qualifiés
pour le second tour alors que, dans d’autres, une telle multiplication soit suicidaire.
Mais, chez moi, l’union devra se faire au second tour afin d’éviter de tout
perdre dans une triangulaire ou un quadrangulaire débile.
J’imagine que les artistes qui dirigent nos mouvements
politiques pourraient s’entendre sur quelques règles. Par exemple, on met une priorité
sur le candidat sortant qui, a priori, dispose déjà d’une certaine notoriété
auprès des électeurs puis que l’on observe les résultats à la présidentielle et
aux dernières législatives pour trouver une logique afin de limiter à deux les
candidats de gauche.
J’ai bien dit deux candidats. Il est par exemple assez peu probable
que je vote pour un candidat EELV vu que je considère ce parti comme le moins
républicain.
Mais cela ne suffira pas pour gagner, il faut bien en avoir
conscience. Si un candidat EELV et un candidat LFI se présentent, je ne voterai
pour aucun des deux car ce dernier ne partage pas mes idées sur des sujets importants,
comme l’Europe (et leur républicanisme a aussi de graves lacunes). Je voterai
donc pour le candidat LREM dans une telle configuration.
Vous pouvez penser que je délire et ne représente que moi
mais, dans ce cas, vous devriez vous poser et réfléchir et voir les choses
d’une autre manière : il y avait 340 députés à gauche en 2012 et cela est
tombé à 70… Les électeurs ont bien déserté la gauche et si vous pensez que si c’est
parce que François Hollande et ses valeureux confrères n’étaient pas assez à
gauche, vous devriez sérieusement envisager de faire un séjour au cabanon.
Futur pluriel |
On connait un peu mieux les
exigences de LFI pour l’union et c’est bien naturel qu’ils aient des
exigences vu que les autres guignols ont fait un score dérisoire mais ils
doivent se défendre vu qu’ils ont plus de députés sortant et une meilleure
implantation locale.
Tout d’abord, LFI souhaite « une
répartition des investitures au prorata des scores de l’élection
présidentielle. » Je l’ai dit, je suis contre une répartition qui
ne soit pas issue du terrain. Ca commence très mal. C’est pourtant facile à
dire comme ça, voire c’est évident, mais il se trouve qu’il faut répartir les
investitures selon la capacité de chacun à gagner et faire en sorte que
personne ne soit lésé à l’Assemblée.
Ensuite, « il faut adhérer
aux points majeurs de son programme (retraite à 60 ans, VIe République, blocage
des prix etc.) »
Pour ce qui concerne l’âge de la retraite, les Français
commencent à être désespérer par des slogans débiles. Un type qui commence à
travailler à 25 ans et le fait dans le siège d’une entreprise nationale ne doit
pas avoir les mêmes conditions qu’un ouvrier ayant commencé, en apprentissage,
à 16 ans. Un slogan ne pourra jamais faire une condition de retraite. Il faut
prendre en compte la durée de cotisation, la pénibilité, l’âge limite auquel l’employeur
peut décider de se séparer d’un salarié, l’âge auquel on peut entrevoir une
retraite complète quel que soit la durée de cotisations. Et arrêter de prendre
les gens pour des cons.
La VIème République est totalement illusoire : on a vu
que, au cours de la cinquième, un coup d’Etat est toujours possible : il
suffit qu’un type qui dispose d’une majorité et « d’un élan » fasse
un referendum pour niquer toute la classe politique, avec le soutien du peuple.
Des aménagements de la Constitution actuelle sont évidemment envisageable voire
souhaitable.
Le blocage des prix est de la connerie : la bière est
faite avec des céréales dont le coût est soumis à un marché mondial et un bistro
ne voudra jamais vendre des bières à la pression à perte.
Ainsi, les trois exigences (formulées dans cet article)
relèvent du plus vil populisme et de la méconnaissance des systèmes. C’est
aussi pourquoi pour je refuse de voter pour un candidat s’appuyant sur le
projet LFI et je peux vous garantir que je ne suis pas le seul à gauche.
Rassemblement de futures premiers ministres |
En outre, si la liste n’est pas figée, on voit d’autres
exigences fortes. La première que « nous » refusons est « la
désobéissance avec les traités européennes ». Je me répète mais si quelqu’un
pense qu’on peut faire l’unité de la gauche en envoyant chier l’Europe, il peut
envisager de finir ses jours dans un hôpital psychiatrique et mes potes qui
sont passés insoumis dans la dernière ligne droite devraient arrêter le cannabis
(qu’il faut par ailleurs libérer mais la question n’est pas là).
J’ai entendu aussi parler de l’annulation des réformes du
marché du travail faites notamment du temps de François Hollande. Faire et défaire
sans cesse n’est pas une solution et, avant de gueuler, il faut détailler la
loi et expliquer pourquoi on est contre. Allez donc expliquer aux électeurs qu’il
ne faudrait plus pouvoir licencier un salarié qui refuse d’appliquer les
accords collectifs ou que les syndicats ne peuvent plus utiliser internet pour
diffuser les tracs (ne déformez pas mes propos, je n’ai jamais soutenu la loi
travail en question sauf des bricoles mais je refuse de penser qu’on peut faire
et défaire).
D’autres points me défrisent dans le projet des insoumis mais
je ne sais pas s’ils sont dans les exigences. Il y a évidemment le nucléaire
mais, pour changer de sujet, il y aussi l’annulation (encore…) des réformes
territoriales faites par le passé. C’est une hérésie quand on voit que les
électeurs votent pour des nationalistes aussi par refus des politiques imposées
par Paris. D’ailleurs, Mélenchon y arrive en tête.
"Hé, chef ! Et si on gouvernait avec les cocos ?" |
Ainsi, s’il y a une union, les électeurs risquent forte
de déserter par simple désapprobation d’une partie du programme. On ne peut
pas additionner les voix et on ne peut penser qu’avec une addition cumulant à
30% ont peut avoir le pouvoir. Il faut cesser. Je n’aime plus les études sur la
sociologie électorale vu que ça fait dix ans que la gauche n’est plus
significative mais n’oublions jamais qu’une partie des électeurs
traditionnellement à gauche ont voté Macron et on ne peut pas baser un raisonnement
sur le fait que quelqu’un qui vote ailleurs est de droite alors qu’il ne fait
que défendre les traités européens.
Gare à vos fesses.
Enfin, s’il y avait une solution miracle pour gagner des
élections, ça se saurait. Et on a bien vu que les promesses d’augmentation du
SMIC, des retraites, des minimums divers, par exemple, n’ont servi à rien.
Et brailler un slogan dans les réseaux sociaux ne changera rien. Si une unité n'est pas bâtie largement en amont, elle est obligatoirement néfaste. Et il faut que la personnalité qui mène cette majorité soit exemplaire et reconnue. Ce n'est pas le cas de tout le monde.
Désolé.
Une coquille peut-être, ou c'est moi qui ait la comprenette limitée ce matin. Mais je ne vous reconnait pas dans la phrase " Il est par exemple assez probable que je vote pour un candidat EELV vu que je considère ce parti comme le moins républicain".
RépondreSupprimerSoit vous votez pour un EELV parce qu'il est républicain, soit vous ne votez pas pour lui car il ne l'est pas.
Ou alors, ou alors, peut être que comme moi, vous préférez les candidats les moins républicains, car la république c'est bien, mais la France c'est mieux....
Je corrige.
SupprimerEt merci !
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerA droite, LR est un peu seul...
Supprimernan mais faudra m'expliquer pourquoi tu n'as jamais été aux "affaires", y a plus de bon sens et d'esprit d'analyse dans tes billets que dans la majorité des éditos politiques que je lis ou entends. En plus, si ils ne t'écoutent pas, ca risque d'être un bérézina pour tous les partis de gauche...
RépondreSupprimer'tain, pénible ce nouveau système de commentaires...
SupprimerJe n'ai jamais été aux affaires surement parce que je suis fort pour le yakafocon.
SupprimerOn se fera à ce nouveau système...
Supprimerben c'est ce qu'ils font de toute façon...
SupprimerMacron n'a pas de successeur ... comment le peut-il ? Il vient d'être réengagé pour cinq ans. Je suis certain que ça ne manquera de se bousculer parmi les "Macron Babies" pour reprendre le flambeau, il faudrait juste mettre des djeuns de gauche pour bien arrimer tout ça et faire face aux populistes de tous bords, parce que ce sera eux l'autre partie du "clivage".
RépondreSupprimer(blogspot a encore tripatouillé le formulaire des commentaires !)
Oui, les commentaires ont changé. Et tu as mal interprété ma phrase sur les successeurs. Je voulais simplement dire que tout était ouvert. Quand Chirac a arrêté de présider, il avait Sarko (et Juppé). Quand Mitterrand s'est barré, il avait Jospin (deux après, il a été premier ministre pendant cinq années). Hollande n'avait personne (Cazeneuve était encore "petit jeune" et Valls était grillé). Quant à Sarko, c'est un peu différent.
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