En commentaire à mon précédent billet, dans Facebook, l’ami Mark
répond qu’il faut l’union pour figurer au second tour, la règle des 12,5% des
inscrits pouvant empêcher de figurer au second tour. Je vais y revenir mais je
dis bien qu’il doit y avoir des accords en fonction de la situation locale, y
compris, d’ailleurs, au second tour, où un désistement sera le bienvenu en cas
de triangulaire ou quadrangulaire. Je vais détailler ma réponse à Mark mais,
comme à chaque fois que je blogue sur un thème imposé, il me faut être chiant
et précis.
Tout d’abord, il faut revenir sur le but et, surtout,
sur ce qu’il n’est pas : être au second tour, sinon on tombe dans la folie
des insoumis pour la présidentielle où ils se sont trompés de débat. Le but est
double : tout d’abord, avoir le maximum d’élu pour sa propre formation,
ensuite, avoir le maximum d’élu pour les « quatre forces de gauche ».
Parmi ces deux buts, il ne faut pas en mettre un en avant par rapport à l’autre.
Par exemple, moi qui suis proche d’une mouvance sociale-démocrate et
républicaine, je souhaite que le Parti Socialiste soit le plus fort possible et
estime qu’il serait noyé dans la masse en cas de victoire de LFI voire d’EELV
(au fait, ils devraient débrancher Rousseau et les « non jadotistes »
le temps de voir passer cette séquence électorale… La démocratie n’est jamais
soluble dans un bordel monstre). Il y a donc un troisième but : avoir les
plus forts pourcentages au niveau national pour montrer qui est le patron…
Par contre, si on m’impose une union de la gauche dès le
premier tour, avec un candidat LFI ou EELV, il est fort probable que je vote
directement LREM. Un accord national ne pourra pas prendre en compte cette perte
des électeurs plus ou moins centristes à moins de favoriser le parti socialiste,
la formation la plus au centre parmi « les 4 », ce qui ne sera pas le
cas et n’était possible que quand le PS était largement majoritaire. Le
Parti Socialiste devait alors laisser des places aux autres afin de former une
coalition la plus large possible… Ce qu’a tué les gauchistes et les
hollandistes lors du quinquennat d’Hollande, d’ailleurs.
Par ailleurs, j’habite une circonscription où le résultat
fait peu de doute. Le candidat LFI (la candidate, en l’occurrence, vu qu’il s’agit
de Mathilde Panot) sera réélue face à un LREM et il pourrait y avoir deux,
voire trois partis de gauche qualifiés pour le second tour, c’est-à-dire dépassant
les 12,5%. Il faut donc un accord de désistement au second tour pour favoriser
le parti de gauche arrivé en tête. Cet accord n’a rien de novateur. Il est dans
les traditions de la République, il existait entre le PS et le PCF et entre l’UDF
et le RPR, d’ailleurs.
Par contre, je suis issu d’une circonscription en Centre-Bretagne
où les électeurs de gauche devraient traditionnellement préférer le candidat
LREM. La gauche n’a aucune chance de gagner (et la tradition est à l’opposition
à une droite dure) et éliminer le candidat de droite serait une immense
réussite.
Dans ces deux contextes, un accord national n’a aucun sens
et empêcherait les partis de compter leurs forces…
Plus haut, je me cite à titre d’exemple mais je ne suis pas
nombriliste, y compris comme électeur. Chaque circonscription a ses
particularités. Ce qu’il y a de sûr c’est qu’un type du centre gauche, qui constituaient,
à eux tous, la force du PS du temps où il gagnait, avant l’arrivée de LREM,
choisira cette dernière formation plutôt qu’une troupe de gauchiste
antirépublicain et sensiblement europhobes.
J’ai déjà fait deux billets sur les raisons de ne pas avoir
un accord en voila donc un troisième. Présenter plusieurs candidats de gauche
fait prendre le risque ne pas être présent au second tour mais il faut mesurer
ce risque : il y a des circonscriptions où il n’existe pas, soit parce que
la présence au second tour est improbable et la victoire finale impossible,
soit parce que la qualification de plusieurs candidats est possible.
Dans les autres circonscriptions, il faut étudier au cas par
cas et un accord national ne servira à rien (plus précisément, ce qu’on lit
dans la presse des négociations ne sert à rien mais, aussi bien, ils sont déjà
d’accord avec moi et se réunissent pour boire des bières) sauf les trois ou
quatre cas où l’on n’arrivera pas à se départager selon le seul critère qui
vaille : la probabilité, pour la gauche, de gagner à condition d’être au
second tour.
Ce qu’il y a de sûr, par contre, c’est quand on estime qu’un
candidat d’une force de gauche pourrait avoir 15% des inscrits, il faut
empêcher un type qui pourrait en avoir 5 de se présenter vu qu’il pourrait
provoquer l’élimination de l’autre.
Mais le contenu des accords à un niveau politique n’a
strictement aucun intérêt.
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