Accord avec LFI : un marché de Nupes

 

Comme je suis un blogueur politique sérieux, dès le saut du lit, je suis allé voir où en étaient les accords entre LFI et les différents partis. Hier, j’avais été sonné par les tweets de Fabien Roussel parlant de celui avec le PCF mais les bonnes nouvelles venaient du PS : on avait enfin une personnalité de tout premier plan, Bernard Cazeneuve, qui disait qu’il quitterait le parti en cas d’accord.

J’imagine que ses propos ont provoqué quelques remue-méninges. S’il démissionne, on peut imaginer qu’il sera suivi par une partie des zozollandais et qu’un lascar comme Stéphane Le Foll n’hésitera pas à créer une nouvelle structure pour l’accueillir. Une de plus. En plus des avatars de mouvements politiques créés par les frondeurs quand ils ont quitté le parti voire ceux qui existaient avant comme le MRC ou les radicaux de gauche.

L’aile gauche est ainsi déjà partie et si l’aile centriste fait pareil, il ne restera plus grand monde dans l’ancienne grande maison, en plus d’Olivier Faure et, sans doute, les maires des grandes villes qui sont bien obligés de rester. Côté « parti de notables », ça ne va pas s’arranger.

 

Hier, j’ai vu la publication dans Twitter (je suis encore bloqué dans Facebook) d’un type (un copain) qui disait, à propos de Cazeneuve : « Un homme d'honneur, de conviction, de sagesse et de mesure. L'antithèse du pétaradant chaviste. » J’ai « retweeté » pour marquer mon approbation et une andouille m’a répondu : « ll n’y a pas plus d’honneur dans l’attitude de Cazeneuve que dans celle de ceux qui recherchent la victoire dans l’union. » A la fin de la rapide discussion qui a suivi, j’ai été désagréable. Tant pis. Forcément, le lascar qui raconte n’importe quoi pour se persuader d’avoir raison finit par changer de sujet. Pas moi.

Cazeneuve refuse toute compromission sur les idées phares du Parti Socialiste et les règles de base de la République : c’est un homme d’honneur. Point barre. Je n’ai rien contre les abrutis à courte vue qui essaient de sauver les meubles mais, dans ce contexte, le PS n’est plus « mon » parti. Point.

A l’heure où je rédige ce billet, un accord a peut-être été signé mais, à la réflexion, ça serait une bonne chose que le PS refuse tout, d’autant qu’on ne leur propose que 70 circonscriptions alors qu’ils ont encore la plus grosse force politique locale. Ils devraient jouer avec les autres pour montrer qui arrive en tête dans des élections locales, car les législatives sont des élections locales.

Et une force qui s’affirme de gauche mais fortement « Républicaine » a tout pour sauver les meubles…

 

Ainsi, c’est Roussel qui m’a déçu, hier, quand on a annoncé l’accord et qu’il a lui-même publié le communiqué de presse avec ceci : « La désobéissance aux règles de l’Union européenne qui seraient en contradiction avec l'application de notre programme, en se libérant du carcan budgétaire, des directives d'ouverture à la concurrence, et en introduisant un principe de non-régression sociale et écologique; la construction d’un nouveau projet au service de la construction écologique et sociale. » Le programme ne prévoyait pas du tout cette « libération du carcan » mais un travail avec les autres pays pour faire évoluer nos textes. Le reste du projet, pour ce qui concerne l’international, était à chier avec le désengagement de l’OTAN, du Sahel et plein de connerie comme ça. J’avais fait semblant de lire en diagonale car l’Europe était préservée. Je cherchais un candidat de gauche pour ne pas voter pour Emmanuel Macron. Il ne restait plus que lui. Il n’en reste même plus pour la prochaine fois…

Maintenant, les choses sont claires.  Au moins, il ne bouge pas sur le nucléaire alors que sa position et à l’opposée de celle de LFI. C’est presque surréaliste.

 

Revenons rapidement à l’accord entre le PS et LFI. Un accord de principe (avec les 70 malheureuses circonscription) aurai été trouvé sans qu’on en sache beaucoup plus et c’est ce que la presse relate ce matin, n’ayant rien d’autre à se mettre sous la dent. Stéphane Le Foll était aux quatre vérités sur la deuxième chaîne de l’ORTF. « Si le PS "continue à être ce qu'il est aujourd’hui, je partirais", déclare Stéphane Le Foll. L'ancien ministre socialiste de l'Agriculture, invité des "4 Vérités" mercredi matin, déplore que le PS "tourne le dos à son histoire", notamment sur la question européenne. Le maire du Mans estime que la perspective de victoire de la gauche à l'Assemblée "est une fable, un leurre", au regard des résultats d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen à la présidentielle. »

C’est Adrien Quatennens qui était envoyé par LFI défendre sa position sur les ondes, ce matin. « Ce n'est pas un simple accord électoral […] On aurait discuté sans doute moins longtemps […] C’est un accord politique global […] La situation ne justifiait pas un blocage. » Renier des années d’engagement politique au service de l’Europe ne justifierait pas un blocage et de longues discussions. Putain de bordel, si je puis me permettre, on n’est pas là pour jouer.

« Incontestablement, à deux élections présidentielles de suite, c'est un programme de rupture qui a été mis en place. Dans l'espace de la gauche, c'est un programme qui l'emporte très largement. » Cette phrase mérite que l’on perde un peu de temps. Tout d’abord, c’est bien dans un espace à gauche que ce programme l’emporterait mais pas du tout chez les Français (Mélenchon a récolté les deux tiers des voix de gauche mais juste un gros cinquième de la totalité des suffrages). C’est une vérité. Pour le reste, c’est mon analyse : c’est Mélenchon qui a « récolté les électeurs » et pas du tout le programme. On pourrait réfléchir aux raisons : il y a une part de vote utile (dans les sondages, les intentions de vote ont été multipliée par deux dans le dernier mois) lié, surtout, à la nullité des autres candidats de gauche (je répète : c’est mon avis).

 

Même si on peut considérer Le Foll comme un politicard, Cazeneuve et lui sont des hommes d’honneur. Ils quittent le parti politique où ils militent quand ils ne sont plus d’accord avec la ligne. Et la ligne devrait être que la politique de la France devrait être menée dans le cadre de la Constitution de la Cinquième république dans celui des traités signés par nos partenaires européens.

Vous pouvez ne pas être d’accord avec ce principe mais pas vraiment avec le fait que des personnalités politiques soient félicités de quitter un parti avec lequel ils ne sont plus d’accord. Au fait, Mélenchon, il n’avait pas quitté le PS ?

A noter que j'apprécie aussi beaucoup la position de Carole Delga qui a présenté les candidats du PS dans sa région sans attendre la position de l'échelon national. Et vu que c'est bien lui qui merde, elle a parfaitement raison.

C'est une autre manière de refuser des accords délirants.

 

Le titre de ce billet est du très bon Goux.