En salle

19 mai 2022

Fermons l'hôpital !

 


Il y a un nouveau mensonge qui circule sur internet, une fakenews : « les urgences des hôpitaux de Bordeaux seront dorénavant fermées la nuit. » C’est évidemment faux (on ne va pas laisser crever les gens vraiment en danger !) et l’utilisation de mensonges permet de passer un message qui n’est pas nécessairement le bon. En l’occurrence, cette fausse fermeture n’est pas uniquement liée aux chiffres que l’on peut voir sur le traitement de l’hôpital par les trois derniers présidents de la République et le mensonge est là à des fins purement électorales.

Je vais y revenir mais, d’une manière générale, il faudrait aussi demander aux citoyens s’ils sont prêts à payer plus d’impôts ou de cotisations pour avoir un meilleur service hospitalier. Prétendre que tout cela ne coûte rien est également un mensonge.

On voit souvent des gens gueuler à cause de la fermeture de maternités, par exemple, mais j’ai vu, hier, un lascar qui disait que cela obligeait à déprogrammer des naissances. Comme si le patron de l’hôpital disait aux femmes : « Madame, nous n’avons pas de personnel, nous serons obligés de vous faire accoucher après le treizième mois de grossesse. » Il ne faut pas se tromper de sujet : une maternité a un coup. Il ne s’agit pas d’avoir une chambre, une sage-femme et une cuisinière, il faut aussi des tas de spécialistes qui pourront intervenir en cas de difficultés. Une maternité, pour être efficace (et avoir un coût supportable), doit avoir un seuil critique… Mais je ne suis pas plus spécialiste du secteur que ceux qui gueulent dans les réseaux sociaux mais ils gueulent à partir des émotions.

Oui, ne pas avoir un hôpital disponible à côté de chez soi est chiant… Mais ne nous trompons pas, la distance n’est pas chiante pour le malade qui, au pire, aura le bonheur de faire un  tour en hélicoptère, mais surtout pour la famille qui aura du mal à rendre les visites. Pour garantir la sécurité, il vaudrait mieux multiplier les hélicoptères que les hôpitaux (non pas pour le prix des bâtiments mais pour celui des spécialistes nécessaires qui doivent assurer des permanences).

 


Alors, revenons à la pseudo fermeture des urgences de Bordeaux. L’inventer est bien pratique mais cela aboutit à fermer des yeux sur d’autres problèmes bien plus graves et qui ont la fâcheuse tendance à « faire monter le FN ».

Les urgences ne fermeront pas la nuit mais elles seront réservées aux patients envoyés par des services spécialisés comme le SMUR (le 15…). Les gens qui souffrent de petits maux ne pourront plus y aller. « Ah ben je suis inquiet, le bébé tousse depuis une demi-heure ! » : c’est fini. Point barre. C’est à « la médecine de ville » de traiter cela et, dans le temps, on avait des médecins de garde.

Le problème est qu’on a plus de médecine de ville et qu’il faut plusieurs jours pour avoir un rendez-vous (la médecine de ville étant pire à la campagne, n’est-ce pas, avec les déserts médicaux). Cela est vrai pour les généralistes mais le devient pour les spécialistes : si vous perdez vos lunettes, vous gagnerez du temps à foncer directement aux urgences du 15x20 plutôt qu’à chercher un rendez-vous chez un ophtalmo d’autant que l’ophtalmo d’aujourd’hui cherche plus à rentabiliser son matériel ou générer des opérations (c’est une expression, hein !) qu’à trouver la bonne taille de verres (de lunettes, pas de bière) pour un gugusse.

 

Ainsi, la surcharge des urgences, qui oblige leur fermeture partielle, n’est pas spécialement due à une baisse du personnel et des moyens mais surtout à des difficultés de la médecine dite de ville. Nier le problème est, à un niveau politique, de la pure bêtise vu que les arguments vont tourner en boucle auprès de militants convaincus et vont faire oublier que le types de la France périphérique qui n’arrive pas à trouver facilement un médecin va voter à l’extrême-droite (je ne dis pas que c’est le seul motif mais tout ce cumule, du chômage du gendre à la pédiatre introuvable). Je n’ai pas la solution et tout cela est sans doute lié à une dérive progressive mais les faits sont là… On ferait mieux de féliciter les gouvernements qui ont tenté de colmater les brèches avec le « zéro reste à charge » ou la suppression du « numerus clausus ».

 

Mais il est bon de taper sur les gouvernements ! Une des dernières batailles porte sur les soignants qui ont refusé de se faire vacciner contre la covid. Vous penserez ce que vous voudrez de ces vaccins mais le consensus politique et scientifique fait qu’ils sont conseillés et même rendus obligatoires dans certains cas, pour limiter les conséquences de la maladie mais aussi pour réduire les risques de contagion. Il parait logique que des soignants, par ailleurs par nature en contact avec des populations fragiles, soient obligés de se faire vacciner, d’autant que, au fond, ils sont payés par la sécu…

Et s’ils refusent de jouer le jeu, il est bien normal que leurs rémunérations ne soient pas maintenues.

Avoir des positions de principe et gueuler contre le pouvoir en place sans avoir de solution est très facile !

 

Vous faites comment pour payer des soignants à ne rien foutre… ou des spécialistes à attendre que des cas se présentent, dans les hôpitaux ?

10 commentaires:

  1. Qui va payer? mais c'est facile... quelqu'un d'autre allons! c'est pas compliqué.

    Bon c'est vrai que la médecine de ville ou de campagne a changé. Je me souviens des médecins qui étaient taillables et corvéables à merci et qui étaient dispo 7/7 et 365 jours par an. C'était leur vie et c'est assez légitimement que ceux d'aujourd'hui entendent vivre (un peu) quand même à côté. Essaie de trouver un médecin qui fasse encore des consultations libres (celles ou tu arrivais tôt pour constater que tu étais le 8ème) mais il fallait attendre et les gens n'aiment plus (le temps c'est de l'argent) et le toubib savait quand ca commençait et finissait certainement à pas d'heures. Il y a encore des médecins/infirmières de garde entre le samedi 12 heures et le lundi 8 heures, du moins ici.
    Et tu as entièrement raison, à rendre anxiogène tous les sujets, on radicalise la société. Si c'est un objectif, admettons (encore que je ne partage pas) mais si c'est juste électoral...

    PS : ils font la même chose pour la sécurité, le réchauffement climatique, l'emploi, etc...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai du mal à expliquer le changement de la "médecine de ville". Les médecins d'aujourd'hui travaillent tout autant mais ne sont plus disponibles : ils ont donc soit plus de clients, soit ils passent plus de temps avec chacun d'entre eux.

      Supprimer
    2. ca peut comme ça peut être aussi le taux de passage. Je fais partie de cette génération qui va chez le médecin en dernier ressort (mes parents y vont quand c'est limite trop tard), je pense que les gens vont plus vite chez le médecin qu'avant (sans qu'ils aient nécessairement tort)

      Supprimer
    3. « Les médecins d'aujourd'hui travaillent tout autant »

      Faux ! Les médecins travaillent de moins en moins… et notamment les femmes, qui sont de plus en plus nombreuses, malheureusement.

      Cela dit, il va de soi que ce n'est pas l'unique cause de la tiers-mondialisation de notre médecine, ou du moins de ses conditions d'exercice.

      Supprimer
    4. Vous considérez vraiment les femmes comme des médecins ?

      Supprimer
    5. Signé : NJ. Font chier Google avec leurs nouveaux trucs de commentaires. Sur iPhone autant demander une sodomie en direct avant de pouvoir signer un commentaire.

      Supprimer
  2. Sinon, il y a un truc qui marche plutôt bien : les astreintes. Encore faut-il rémunérer les gens !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je sais pas comment ça peut vraiment s’appliquer en médecine. Des astreintes à plein temps ?
      NJ.

      Supprimer
  3. Il s'agit comme tu dis d'un fake à usage électoraliste. Alors que son commanditaire et ses propagateurs aillent se faire mettre et chopent un abcès au cul !

    RépondreSupprimer
  4. J'imagine que ce sont ces cloportes de nupiens qui ont lâché ce pet ?

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...