Les militants de gauche en général et socialistes en
particulier sont tout de même sacrément barrés ! Qu’ils jugent les accords
« Nupes » bénéfiques voire indispensables est une chose (certains
refusent quand même d’en discuter) mais qu’ils arrivent à les considérer comme
une victoire alors qu’il ne s’agit que des conséquences d’une déroute
électorale me sidère. Le pire est qu’ils considèrent comme une victoire le
départ annoncé des opposants, notamment des partisans de François Hollande comme
si perdre une partie de l’électorat pouvait être considéré comme positif alors
que la gauche a toujours pu gouverner grâce à un large rassemblement et jamais
avec des accords de coin de table à un mois d’un scrutin pouvait être
satisfaisant.
Ainsi, il y a différentes choses qui m’énervent, la première
étant que ces militants s’imaginent parler au nom du peuple sans même se rendre
compte qu’un positionnement politique est avant tout quelque chose d’ancré en
soi, quasiment génétique. Si 30% des électeurs ont voté pour un candidat
ouvertement à gauche, c’est, un peu comme moi, parce que c’est « inscrit
en lui ». Vous pouvez ne pas être d’accord mais rendez-vous compte, quand
même, que de l’autre côté, Valérie Pécresse a eu des voix sur son nom comme si
elle avait vraiment un nombre significatif de partisans…
Ensuite, et dans la lignée, ils se trompent souvent de ce
qui motive un vote. J’ai, hier, une publication qui disait : « 🏆 59% (+9) des jeunes
de 18 à 24 ans prévoient de voter pour la Nouvelle Union Populaire Écologique
et Sociale ! 📖 Allocation d'autonomie de 1063€/mois, suppression de
Parcoursup, planification écologique, etc. La jeunesse sait ce qu'elle veut ! »
L’auteur ne se rend même compte que la seule conclusion que l’on peut en tirer
n’est pas que les jeunes soient à gauche (alors qu’on aurait pu faire il y a
des années) mais qu’ils ne pensent qu’à leur gueule.
Nous sommes le 10 mai. Il y a quarante et un ans, François
Mitterrand était le premier président de gauche à être élu depuis le début de
la Cinquième. Rendons-lui hommage.
Voila, c’est fait. Pendant deux ans, une vraie politique de
gauche a pu être menée, entendons par là une politique telle qui ferait sans
doute plaisir à nos militants d’aujourd’hui mais ils ajoutent, dans la foulée,
les trois années suivantes puis les cinq premières du second mandat et les cinq
de « la législature Jospin » en rejetant les cinq années
hollandesques alors que, pendant ces dix-huit années on a eu des politiques
relativement proches, des avancées sociales teintées de poussées économiquement
libérales.
Notons d’abord que le vrai tournant, sous Mitterrand, ne fut
pas en 1983 mais en juin 1982… Ce gauchisme a tenu un peu plus d’une année et
le constat fut affreux. Je cite un grand économiste : « ah ben bordel ça marche pas ». Ils ont mis en
place la rigueur et ont arrêté les réformes promises. Sans doute que ces reculs
ont accéléré la chute de la gauche aux élections : les législatives de
1986 sont un bel exemple mais dès, les européennes de 1984, la gauche était à
la ramasse (avec, entre nous, une belle poussée du Front National).
Vous pouvez faire le rapprochement avec l’ère Hollande et
expliquer que la chute est liée à la déception mais, dès 1988, la gauche
retrouvait le pouvoir alors qu’elles se morfond, maintenant, les bas-fonds.
Pendant cette nouvelle participation au pouvoir, il y a eu
des grandes choses comme la création du RMI (somme toute à moitié libéral vu qu’inspiré
du revenu universel) mais aussi la création de la CSG (et l’arrêt progressif du
financement de la sécu par les cotisations sur le travail), la séparation en
deux de l’administration des PTT (donc le début du démantèlement des services
publics), la délocalisation de l’ENA (préparant le fin des grands corps,
malades… ?), le traité de Maastricht (l’enfoncement de la France dans une Europe
libérale)… Autant de mesures que j’approuve mais qu’on ne peut qualifier de
gauchistes…
La gauche a perdu le pouvoir à l’occasion d’une affreuse débâcle,
la pire jusqu’alors, mais a fini par le récupérer quatre ans après (nous sommes
à cinq ans de 2017, si je compte bien), arrivant à gouvernement Jospin qui a
fait de bien belles choses, en commençant par le début de la privatisation de France
Télécom (mais pourquoi conserver dans le public une entreprise qui finirait
forcément concurrentielle), celle du GAN et de Thomson, du CIC. On a eu ensuite
la recapitalisation du Crédit Lyonnais (pourquoi pas ? mais il a fini privatisé
grâce au pognon injecté par l’Etat…), l’ouverture du capital d’Air France, la
baisse de l’impôt sur le revenu (tu parles d’une mesure de gauche…)… Notons
aussi la création de la prime pour l’emploi, emblème des usines à gaz fiscales
(le CICE est bien loin…).
Je ne compte pas les aspects positifs, évidemment largement
supérieurs, mais il me semble que la liste des méfaits de François Hollande est
largement plus courte et que les militants qui s’expriment aujourd’hui manquent
beaucoup d’objectivité.
Ce « manque » me met en colère mais il est
complètement délirant de penser qu’un militant de gauche puisse encore penser
que tout est blanc ou tout est noir alors que la politique se doit d’être
adaptée aux circonstances. Si une politique de gauche officielle aboutit à l’appauvrissement
de la France, elle est forcément mauvaise pour les citoyens… et donc pas de
gauche. C’est ballot. La haine actuelle est entièrement dirigée contre le
centre-gauche et même plus contre la macronie, c’est une chose, et surtout pas contre
la droite ni l’extrême droite, mais ces andouilles en viennent à taper contre
Valls qui lutterait contre la gauche et pas la droite.
L’industrie pharmaceutique a encore de la marge de progrès…
Je suis un peu fatigué de passer pour un suppôt d’Hollande.
Pas plus tard qu’hier, un lascar voulait savoir ce que je pensais de propos qu’il
avait tenus. Je n’ai pas que ça à foutre que de toute lire. En l’occurrence, il
s’agissait de pépère qui disait qu’il ne savait pas s’il allait se présenter.
Il faut bien se rendre compte que je m’en fous totalement sauf s’il se
présenter dans la dixième circonscription du Val de Marne… Et j’ai dit
récemment tout ce que j’avais à dire, à savoir que Sarko et Giscard sont la
preuve que le retour d’un ancien président n’est jamais vraiment une bonne
chose, ni pour lui, ni pour le peuple (sauf s’il s’agit d’une mission « à
l’écart » comme quand Giscard a préparé le TCE… qui fut d’ailleurs un fiasco
en particulier parce qu’il avait perdu la main).
Je suis, politique, très proche de lui, on s’en doute, mais
ce qui m’intéresse aujourd’hui serait plutôt que tout le monde comprenne que la
gauche ne peut gagner si on en exclut toute la partie qui n’est pas franchement
gauchiste… Et que, d’autre part, certains militants comprennent que certaines
mesures qui nous font sombrer dans la modernité ne sont pas toujours négatives.
Par exemple, c’est un des gouvernements de gauche dont je parlais qui permis la
mise en place des intercommunalités telles que nous les connaissons ce qui me parait
une bonne chose (mais l’AEC lutte contre, consultez donc son projet). Ou alors,
je parlais de la privatisation d’Air France : pourquoi voudriez-vous que
ce machin reste dans le domaine public ? En conséquence, pourquoi voudriez-vous
que les aéroports restent publics alors qu’ils sont majoritairement utilisés
par des compagnies privées ? Et si des gouvernements de gauche successifs
n’avaient pas réformé « les PTT », aurions-nous des abonnements
internet à des prix dérisoires (tiens ! on vient d’arrêter l’horloge parlante,
ce machin qui nécessitait de payer pour avoir l’heure…) ou des forfaits mobiles
à deux euros par mois si la concurrence ne l’avait pas permis ?
Ce qui m’énerve aussi, ce sont les ânes de la vraie gauche
qui n’apportent pas assez d’attention à des sujets comme l’islamisme. J’en
voyais un, ce matin, qui qualifiait de droite (il est gentil) ou d’extrême
droite les gens qui critiquaient l’investiture de Bouhafs. Et je ne parle même
pas du fait que cela était probablement instrumentalisé par le roi Méluche qui
ne pouvait qu’imaginer la suite. Sans compter que les âneries de ces lfistes,
comme le parachutage de la famille du bigboss, montre que la rénovation des
pratiques politiques n’est pas encore là…
Ainsi, la question n’est pas de savoir si les gens de mon
camp ont raison d’une part sur la politique à mener et d’autre part sur ce qui pourrait
convaincre beaucoup électeurs de voter « pour nous » mais simplement
sur le fait de savoir si une gauche qui oublierait une partie des électeurs
pourrait en convaincre assez pour espérer une victoire. En l’absence de candidat
socdem, j’ai voté pour le communiste. C’est vous dire si je fais d’énormes concessions
sur certains points.
Il faudrait que tout le monde en fasse autant. Et ça fait
des années que la gauche de la gauche n’a qu’un seul objectif : détruire
les socialistes. Mais il faudrait que les socialistes se le mettent dans le
crânent et arrêtent d’applaudir quand la réponse à un propos est « tu n’es
pas de gauche ».
On ne gagnera pas ainsi.
Hier Bompard disait que Roussel n'avait pas son mot à dire sur le maintient de Bouhafs, ce matin, le gugusse est débarqué. ça commence fort chez les nupes.
RépondreSupprimerM'est avis que tout est prémédité pour foutre la merde. Ils sont très forts à la tête de LFI...
Supprimerla NUPES a, à peine, une semaine que j'ai l'impression qu'elle vole déjà en éclat. Bouhafs, le candidat anti mariage pour tous, nominations et dissidences qui se multiplient, élus de terrain contre parachuté ... et ils n'ont pas encore passé la toise des votes...
RépondreSupprimerAlors essayer de discerner une ligne politique claire dans ce qui n'est, à mon point de vue, qu'une collection de propositions censées ratisser toutes les chapelles possibles...
Et tu voudrais que la foule des twittos et meta (qui ne sont d'ailleurs qu'une infime partie, mais visible, de l'électorat) fassent preuve de discernement sur les faits passés? c'est plutôt du passé faisons table rase... et reconstruisons... mais ils n'ont pas de fondation, ca se cassera la gueule.
LFI voulait un bloc à gauche, contre un bloc au centre (appelé droite) et un bloc extrême droite (appelé extrême droite), ils y sont. Ils feront du bruit à l'assemblée mais ne pourront rien changer puisque pas majoritaire, n'en déplaise au futur 1er ministre de droit divin. Il leur restera la rue... et c'est d'après moi l'objectif
Ils vont perdre, à vie.
SupprimerExcellent article ! (décidément...)
RépondreSupprimerJe me souviens bien de Mai 1981, mon premier vote à 18 ans. Au bout de 3 mois les Français ont ouvert leurs fenêtres, ont regardé autour d'eux et ont commencé à dire: "Mais qu'est-ce qui a changé pour MOI ?"
MOI, MOI, MOI ! C'est le problème du gaulois, d'où les branlées que s'est prises le PS en 1983 (avant les européennes de 1984 il y avait eu les municipales de 1983, véritable déroute), puis 1986 bien sûr, 1993, et la pire à mes yeux en 2002.
Je le dis souvent, j'aime bien cette phrase d'Edouard Philippe quand il a été nommé Premier Ministre: "Les Français en ont marre de faire l'essuie-glace" droite-gauche-droite-... etc. Du coup, je suis devenu centriste. Mais attassion, pas centriste de droite type Bayrou mais centriste de gauche type Hollande.
Comme toi je pense. ;-)
Edouard Philippe, de centre gauche ?
SupprimerNon, bien sûr, Edouard Philippe est de droite. J'ai simplement écrit que j'aimais bien sa phrase sur l'essuie-glace.
Supprimerla création de la prime pour l’emploi, emblème des usines à gaz fiscales c'est un impot négatif encore un truc "liberal" , et selon moi un truc très bien : ça remplit le réfrigérateur de gens qui n'ont pas/ne peuvent pas avoir de CDI très bien payé au chaud. Je ne sais pas si c'est une usine à gaz à utiliser je n'en bénéficie pas, mais ça me semble se passer sur le site de la CAF par exemple pour les bénéficiaires du RSA , ça fonctionne même si tu es auto/micro entrepreneur. C'est selon moi un très grand progrès, du même niveau que la CMU ou des "chèques" (energie par exemple ,décidé du temps de FH mis en place par Macron) et autres à venir : de la redistribution ciblée. Je découvre qu'en 2020, 4,43 millions de foyers ont bénéficié de la prime d'activité. Ce n'est pas rien.
RépondreSupprimerJe n'ai pas grand chose contre, à part le volet "usine à gaz" (un dispositif fiscal doit être compréhensible par tous) et, oui, c'est libéral ce qui, dans le contexte, m'amuse beaucoup.
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