Les réseaux sociaux parlent beaucoup de Cédric Villani qui
est passé supporter de Macron à fanatique de Mélenchon ou, du moins, lremiste à
nupsial, et en rigolent. Pour autant, le lascar fait bien ce qu’il veut. La
moindre des choses aurait été qu’il démissionne vu qu’il a été élu par des
braves gens qui souhaitaient soutenir Macron. Une question d’honnêteté.
J’ai connu, avec les blogs, des centristes assez proches de
la gauche qui défendaient François Bayrou en 2007, l’année où ce dernier a fait
près de 19% au premier tour. Les blogs sont passés de mode et je les ai plus ou
moins perdus de vue (parfois volontairement, suite à une engueulade), notamment
en 2017 alors qu’ils étaient devenus supporters de Jean-Luc Mélenchon, ce qui m’amusait
beaucoup. Je le disais pour Villani, chacun fait ce qu’il veut et on peut
changer d’avis. Il n’empêche que leurs leçons de morale voire de politique continuent
à me faire rigoler, longtemps après, moi qui suis d’une constance assez forte
(vous pouvez en rire mais, j’ai un blog depuis plus de quinze ans et vous pouvez
vérifier que je n’ai pas beaucoup changé… sauf que, auparavant, je n’osais pas
critiquer la gauche pour ne pas me faire mal voir. Par qui ? On se demande
bien…).
Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les copains de « ma
mouvance politique », le centre gauche ou la sociale démocratie. Très peu
se retrouvent encore proche du PS mais il y a des vrais fidèles et on ne peut
que les féliciter tout comme, d’ailleurs, les soutiens d’Hamon de 2017 qui ont
suivi ce dernier avec l’espoir d’une reconstruction d’une mouvance politique
(ils se sont plantés). Il y a bien sûr des gugusses comme moi qui ne peuvent
plus blairer le PS mais ne voient pas l’avenir en dehors d’une force de centre
gauche qui ne pourrait pas être dans LREM (mais qui pourrait gouverner avec).
Je ne sais pas si nous sommes toujours nombreux mais nous ne manquons pas de
paradoxes… Tenez ! Un libéral européiste comme moi a voté pour le candidat
PCF à la présidentielle et s’apprête à voter pour un souverainiste de la gauche
de la gauche (enfin, de la droite de la gauche, maintenant, vue la déroute du
PS). Parmi ces sympathiques lascars, il a, évidemment, ceux qui, encore comme
moi, sont resté proche d’une mouvance hollandaise.
Alors je vais parler des autres : les anciens socdems
devenus nupsiaux, voire lfistes, ou lremistes. Je ne vais pas vous abreuver de pourcentages,
comme d’habitude, je n’en ai pas la moindre idée et je ne pars d’absolument
aucune étude, seulement d’un ressenti personnel au vu de l’évolution des copines
et des copains de cheval. C’est d’ailleurs dommage : si on avait une idée de
la part des hollandistes fidèles dans l’opinion, on n’en serait pas là, par
exemple.
Je pense qu’une majeure partie d’entre ces ex socdems sont
allés voir du côté de Macron et y restent fidèles même s’ils sont déçus par le
premier quinquennat. Pour eux, le constat était simple : il est impossible
de travailler avec la gauche de la gauche, le salut ne peut reposer que sur le
centre. L’épisode des frondeurs a été un marqueur fort mais ils sont sans doute
très déçus par Hollande qui n’a pas su canaliser ses troupes. Je ne peux
évidemment pas dire à quel point je les comprends même si je continue à espérer
une renaissance d’une forte force politique de centre gauche, autour ou pas du
PS…
Enfin, il y a les autres. Je ne parle pas des girouettes
passées de Bayrou à Mélenchon (je suppose qu’ils avaient fait une crise de
jeunesse et qu’un côté bisounours les avait poussés dans les bras du Modem)
mais bien des « confrères » socdems avec qui j’ai été très proche il
y a une quinzaine d’années, alors qu’ils soutenaient Jospin, Royal, Aubry, DSK
ou Hollande et qu’ils sont devenus inconditionnels de La France Insoumise.
Que l’on défende Mélenchon et LFI alors qu’on vient du
centre gauche, je peux aisément le comprendre. Après tout, par les temps qui courent,
c’est la seule mouvance de gauche à avoir un peu le vent en poupe. Mais je ne
comprends pas du tout, le côté « inconditionnel ». L’évolution intellectuelle
de ces andouilles me sidère. Comment peut-on passer d’un camp « sérieux »
à un camp « populiste » sur un coup de tête ? Comment peut-on
passer de la social-démocratie à un gloubi-boulga antieuropéen ? Ainsi,
que l’on fasse campagne pour Nupes, maintenant, me parait très raisonnable mais
je ne comprends franchement pas que l’on puisse tout défendre.
D’ailleurs, je suppose que les 650 propositions de Nupes
sont plus une boite à outils pour les candidats qui pourront mettre en avant ce
qu’il leur va bien.
Je vais même aller plus loin : je ne comprends pas que
l’on puisse passer de la social-démocratie à une gauche plus radicale uniquement
par haine d’Emmanuel Macron. Je ne vais pas détailler plus mais je connais
précisément des anciens militants socialistes qui sont dans cette démarche. D’ailleurs,
je n’aime pas la haine, si je puis me permettre. Je comprends que l’on puisse
ne pas blairer quelqu’un mais le haïr me semble inconcevable dans la plupart
des cas !
Je ne pourrais pas finir ce billet sans évoquer les fausses
girouettes, comme les copains de la gauche radicale qui sont venus soutenir le
centre gauche, à une époque, car c’était le seul salut de notre côté mais qui
sont repartis à la gauche de la gauche depuis… Ils sont peut-être à séparer en
deux partis : ceux qui sont passés par la case frondeur et ceux qui sont
restés fidèles tant que la déconvenue n’était pas certaine.
J’embrasse ces derniers. Mais ils piquent quand même un peu.
Enfin, girouette n’est pas un mal. Je parlais de Villani, au
début, mais aussi de Bayrou qui a eu la force de ne plus arrimer le centre
politique à une droite dure. Et n’est girouette que celui qui change d’avis. Et
seuls les imbéciles n’en changent pas. Comme moi.
Et souvent, ce ne sont pas les militants qui quittent leur camp mais leur camp qui les quitte. Pour le PS, c'est très vrai.
J’ai mis un temps fou pour mettre un visage sur le nom de Villani.
RépondreSupprimerJe ne sais même pas ce qu’il est devenu.
Ce que j’ai vite compris c’est que je ne comprenais rien à ses raisonnements.
Cependant j’ai beaucoup aimé ses broches.
Pour le reste, il faut être expert en gauchitude pour suivre ton billet, je lirai donc avec plaisir les commentaires entre deux jeux à Roland Garros 😉
Hélène
Courage...
SupprimerEst ce que tu connais la répartition par parti des investitures de nupes ?
RépondreSupprimerHélène
Pas par coeur; non.
SupprimerJ'aime beaucoup cet article :)
RépondreSupprimerOuf !
SupprimerIl y a un élément qui me semble depuis quelques temps à prendre en compte, c'est le fait d'avoir une tête de gondole (ça reste du marketing quand même) qui écrase tout, qui occupe l'espace et qui discipline le tout. La droite de gouvernement avait Sarko et il n'y a plus personne pour concentrer tant le pouvoir que les critiques, Hollande n'a jamais eu ce poids la. DSK l'avait mais on connait l'histoire.
RépondreSupprimerMaintenant il y a 3 figures qu'on aime aimer ou détester. Alors ça explique pour partie les changements étonnants que tu évoques et aussi le côté "inconditionnel"
Et je ne m'y reconnait pas
Mélenchon n'a pas le poids de Sarko...
Supprimersi on parle de kilo, je sais pas. Le poids politique, tu as raison. Je parlais de cette capacité à rayonner, attirer la lumière, concentrer et radicaliser les afficionados... Mélenchon a de plus un profil de candidat à la dictature...
SupprimerPersonnellement je suis revenu à mes idées anciennes après dégout de la gauche soc-dem (je me suis expliqué dans Facebook) et je vote pour le moins pire et le + proche de ces idées. Je me demande si de tas d'electeurs ne font pas pareil en fait ^^^ Ton billet est rigolo, y'a presque toutes les combinaisons de changement d'idées au cours des années, et le rappel du cas Villani est interresant : j'ai soutenu ce mec aux municipales à Paris, le voir courir après Melenchon (dont il évite de prononcer le nom) me semble en totale contradiction avec son mandat. Ils sont une dizaine dans ce cas.Mais en France, il n'y a pas de mandat "impératif"
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