Il est temps que cette longue séquence électorale se termine
d’autant que j’en ai franchement marre de discuter avec des zinconnus
zimbéciles zinsoumis qui, avant de marteler leurs propres vérités, oublient un
fait pourtant inéluctable : Jean-Luc Mélenchon s’est présenté trois fois à
la présidentielle et n’a pas gagné. Sa stratégie l’a poussé à l’échec et est
donc mauvaise. Un
article de Slate en explique les raisons et je vais résumer vu que la
conclusion est à peu près la même (pas le chemin y menant, vous pouvez lire)
que celle de mes billets depuis la mise en place de l’accord Nupes, au moins.
En fait, c’est même bien plus vieux. Cela date de l’époque des frondeurs, sous
François Hollande. En évinçant progressivement la social-démocratie, la « vraie
gauche » n’a fait que rétrécir sa base électorale. On peut sans doute citer
une seule phrase pour varier les plaisirs : « Enivré par son score à la présidentielle et énervé par le seul mot
«social-démocratie», Jean-Luc Mélenchon n'a pas su laisser de place dans les
circonscriptions de ces territoires à des candidats aux profils rassembleurs,
capables de maintenir ces lignes de modération et de tenir des discours sans
concession sur la laïcité. »
On pourra en tirer une seule conclusion : il faut que
la gauche, celle qui veut gagner, change radicalement de stratégie, ce qui
revient d’une part à mettre Jean-Luc Mélenchon sur la touche et d’autre part à
changer de comportement, à arrêter ses conclusions hâtives. Ce qui se passe,
cette semaine, à l’Assemblée, pour la rentrée de la nouvelle législature, est
exemplaire. Nous avons des guignols qui s’amusent alors qu’on attendrait un peu
de sérieux… On peut, par exemple, contester les deux vice-présidences accordées
au RN ou, au contraire, remarquer que les vice-présidents sont significatifs de
l’Assemblée avec un tiers pour chacun des trois « groupes » de tête.
On peut dénoncer le fait que des LREM ont sans doute voté pour des RN ou alors
penser que les négociations ont eu lieu ailleurs que dans l’hémicycle pour trouver
un équilibre et une représentation nationale correspondant au choix des
électeurs.
Les protestations ne servent à rien. Elles n’arrivent même
pas aux oreilles des Français. Si elle s’en approchaient, nos citoyens ne seraient
qu’exaspéré : le Rassemblement National est bel et bien arrivé deuxième. Et,
même si j’ai fait un
billet (que je revendique) pour expliquer qu’on ne pouvait pas comparer la gauche
radicale et l’extrême droite, on n’oubliera pas la collusion de certains
Nupessistes avec l’antisémitisme, l’islamisme… bref, autant d’idée que l’on
combat contre l’extrême droite.
Il faut faire avec : elle regroupe maintenant environ
un tiers des Français. Il faut continuer à lutter contre et à rappeler le
principe de base du front républicain : pas un vote pour eux. Et rappeler
aux pingouins qui se prennent pour la vraie gauche qu’il ne s’agit pas
seulement de ne pas voter pour eux mais de mettre dans l’urne un bulletin pour
ceux qui s’y opposent clairement.
Car si dans une circonscription sur sept, les fachos
potentiellement fâchés sont arrivés en tête, c’est aussi parce que la gauche n’a
pas su maintenir ses troupes.
Hier, j’ai publié un article de la presse people dans
Facebook. Il parait que les socialos veulent virer les « dissidents »,
élargis à tous ceux qui contestent l’accord Nupes. Ils sont cons. Il n’y a pas
d’autres mots. Déjà qu’ils ne représentent plus rien, ils veulent virer la
moitié d’entre eux. Parmi ces dissidents, il y a François Hollande. Ils sont
très cons. C’est quand même le dernier qui les a menés à la victoire. C’est
indubitable, tout comme la triple défaite de Mélenchon que j’évoquais en début
de billet.
A ma publication, un copain (depuis plus de trente ans) qui
se revendique de la vraie gauche laissait un premier commentaire : « Peut-être le Parti socialiste est-il en train de
redevenir socialiste ? » Je ne lui ai pas répondu que ça ne valait plus
dire grande chose : plus personne n’est réellement pour la
collectivisation des moyens de production, n’est-ce-pas ? J’ai donc sorti
une banalité aimablement et il m’a rétorqué : « Toute la question est de savoir si ce qui fait vivre la
gauche, c'est d'avoir dans ses rangs des personnalités qui défendent
manifestement des idées de droite ou des organisations qui défendent des idées
de gauche... »
Ce pense que ce type de raisonnement commence à bien faire :
ce qui fait vivre la gauche n’est certainement pas d’avoir dans ses rangs des
personnalités qui la maintiennent dans l’opposition et conchient les idées de
la moitié des électeurs potentiels.
Un imbécile est alors intervenu dans notre conversation pour
dire : « Rappelez-moi le score d’Anne Hidalgo
? » Je suppose qu’il le connait mieux que moi donc je ne l’ai pas rappelé
mais il est hors sujet : Anne Hidalgo a fait un mauvais score mais toute
la gauche a fait un mauvais score. La gauche est donc la seule coupable et il
faut qu’elle se le mette dans le crâne…
Je vais le dire un peu autrement. Vers 2016, la gauche
radicale, avec les frondeurs, a mis les socdems, « la hollanderie »,
sur la touche. Je ne suis pas acteur de la vie politique à part en tenant ce
blog mais je fais partie de ce « camp écarté ». Peu importe de savoir
si c’est de la faute de Hollande qui n’a pas mené la bonne politique ou des autres
qui n’ont rien compris. Le fait est que deux séquences électorales (présidentielles
suivies de législatives en 2017 et 2022) avec des échecs de la gauche. Il va
peut-être falloir se mettre dans le crâne que les gens qui ont été écartés
depuis si longtemps restent responsables des échecs alors qu’un couloir s’est
mis en place pour une opposition à la macronerie.
Ceux qui pensent diriger la gauche et, à mon niveau, ceux
qui les soutiennent sont les seuls responsables des mauvais scores de la gauche
et, par conséquent, des bons scores de l’opposition très à droite à Emmanuel
Macron. Vous pouvez toujours faire tourner l’argument que tout est de la faute
de LREM ou des remplaçants, le fait est pourtant, toujours inéluctable :
ceux qui ont mené la gauche sont responsables. Vous avez le droit de ne pas
être d’accord mais le seul argument en votre faveur est qu’il n’y a pas de mal
à se faire du bien.
La première conséquence doit être l’éviction de Jean-Luc
Mélenchon mais aussi d’Olivier Faure et de Julien Bayou, sombrés avec lui dans
la nupessitudes. On gardera avec nous Fabien Roussel et Yannick Jadot et on
fera le tri parmi les autres…
Toujours est-il qu’il faut se réconcilier si on ne veut pas
que la droite radicale, pour ne pas dire l’extrême-droite, prenne le pouvoir en
2027 mais aussi bien rechercher ce qui a pu dégouter à ce point les électeurs,
ceux qui sont perdus, décrits dans l’article de Slate, mais aussi tous les
autres.
Je vais donner un seul exemple : la campagne a été faite
sur la retraite à 60 ans mais personne n’a oublié que cela avait déjà été fait
il y a quarante ans et que ça a été l’échec. C’est regrettable, évidemment,
mais c’est toujours inéluctable : les électeurs ne veulent plus de ces
singeries.
Il y a 89 députés du Rassemblement National. Ils font partie
de la représentation du peuple. On n’y est pour rien et on doit faire avec. On
doit quand même se montrer plus républicains, plus respectueux des institutions
et des valeurs qu’elles portent afin de se présenter dignement devant les électeurs
de prochains fois et faire en sorte, avec de bonnes idées politiques, parlant
réellement aux gens tout en restant porteuses de progrès sociales, ils n’aient
plus envie de voter pour les autres et de nous rappeler, ainsi, à l’ordre.
Prenons cela comme une leçon.
Nous avons un peu plus de quatre ans pour définir nos futurs programmes, la vision de la société que nous présenterons au peuple. Il n'y a qu'une seule urgence : se débarrasser de nos fantômes.