En salle

30 juin 2022

C'est inéluctable : la gauche doit changer

 


Il est temps que cette longue séquence électorale se termine d’autant que j’en ai franchement marre de discuter avec des zinconnus zimbéciles zinsoumis qui, avant de marteler leurs propres vérités, oublient un fait pourtant inéluctable : Jean-Luc Mélenchon s’est présenté trois fois à la présidentielle et n’a pas gagné. Sa stratégie l’a poussé à l’échec et est donc mauvaise. Un article de Slate en explique les raisons et je vais résumer vu que la conclusion est à peu près la même (pas le chemin y menant, vous pouvez lire) que celle de mes billets depuis la mise en place de l’accord Nupes, au moins. En fait, c’est même bien plus vieux. Cela date de l’époque des frondeurs, sous François Hollande. En évinçant progressivement la social-démocratie, la « vraie gauche » n’a fait que rétrécir sa base électorale. On peut sans doute citer une seule phrase pour varier les plaisirs : « Enivré par son score à la présidentielle et énervé par le seul mot «social-démocratie», Jean-Luc Mélenchon n'a pas su laisser de place dans les circonscriptions de ces territoires à des candidats aux profils rassembleurs, capables de maintenir ces lignes de modération et de tenir des discours sans concession sur la laïcité. »  

On pourra en tirer une seule conclusion : il faut que la gauche, celle qui veut gagner, change radicalement de stratégie, ce qui revient d’une part à mettre Jean-Luc Mélenchon sur la touche et d’autre part à changer de comportement, à arrêter ses conclusions hâtives. Ce qui se passe, cette semaine, à l’Assemblée, pour la rentrée de la nouvelle législature, est exemplaire. Nous avons des guignols qui s’amusent alors qu’on attendrait un peu de sérieux… On peut, par exemple, contester les deux vice-présidences accordées au RN ou, au contraire, remarquer que les vice-présidents sont significatifs de l’Assemblée avec un tiers pour chacun des trois « groupes » de tête. On peut dénoncer le fait que des LREM ont sans doute voté pour des RN ou alors penser que les négociations ont eu lieu ailleurs que dans l’hémicycle pour trouver un équilibre et une représentation nationale correspondant au choix des électeurs.

Les protestations ne servent à rien. Elles n’arrivent même pas aux oreilles des Français. Si elle s’en approchaient, nos citoyens ne seraient qu’exaspéré : le Rassemblement National est bel et bien arrivé deuxième. Et, même si j’ai fait un billet (que je revendique) pour expliquer qu’on ne pouvait pas comparer la gauche radicale et l’extrême droite, on n’oubliera pas la collusion de certains Nupessistes avec l’antisémitisme, l’islamisme… bref, autant d’idée que l’on combat contre l’extrême droite.

Il faut faire avec : elle regroupe maintenant environ un tiers des Français. Il faut continuer à lutter contre et à rappeler le principe de base du front républicain : pas un vote pour eux. Et rappeler aux pingouins qui se prennent pour la vraie gauche qu’il ne s’agit pas seulement de ne pas voter pour eux mais de mettre dans l’urne un bulletin pour ceux qui s’y opposent clairement.

Car si dans une circonscription sur sept, les fachos potentiellement fâchés sont arrivés en tête, c’est aussi parce que la gauche n’a pas su maintenir ses troupes.

 


Hier, j’ai publié un article de la presse people dans Facebook. Il parait que les socialos veulent virer les « dissidents », élargis à tous ceux qui contestent l’accord Nupes. Ils sont cons. Il n’y a pas d’autres mots. Déjà qu’ils ne représentent plus rien, ils veulent virer la moitié d’entre eux. Parmi ces dissidents, il y a François Hollande. Ils sont très cons. C’est quand même le dernier qui les a menés à la victoire. C’est indubitable, tout comme la triple défaite de Mélenchon que j’évoquais en début de billet.

A ma publication, un copain (depuis plus de trente ans) qui se revendique de la vraie gauche laissait un premier commentaire : « Peut-être le Parti socialiste est-il en train de redevenir socialiste ? » Je ne lui ai pas répondu que ça ne valait plus dire grande chose : plus personne n’est réellement pour la collectivisation des moyens de production, n’est-ce-pas ? J’ai donc sorti une banalité aimablement et il m’a rétorqué : « Toute la question est de savoir si ce qui fait vivre la gauche, c'est d'avoir dans ses rangs des personnalités qui défendent manifestement des idées de droite ou des organisations qui défendent des idées de gauche... »

Ce pense que ce type de raisonnement commence à bien faire : ce qui fait vivre la gauche n’est certainement pas d’avoir dans ses rangs des personnalités qui la maintiennent dans l’opposition et conchient les idées de la moitié des électeurs potentiels.

Un imbécile est alors intervenu dans notre conversation pour dire : « Rappelez-moi le score d’Anne Hidalgo ? » Je suppose qu’il le connait mieux que moi donc je ne l’ai pas rappelé mais il est hors sujet : Anne Hidalgo a fait un mauvais score mais toute la gauche a fait un mauvais score. La gauche est donc la seule coupable et il faut qu’elle se le mette dans le crâne…

 


Je vais le dire un peu autrement. Vers 2016, la gauche radicale, avec les frondeurs, a mis les socdems, « la hollanderie », sur la touche. Je ne suis pas acteur de la vie politique à part en tenant ce blog mais je fais partie de ce « camp écarté ». Peu importe de savoir si c’est de la faute de Hollande qui n’a pas mené la bonne politique ou des autres qui n’ont rien compris. Le fait est que deux séquences électorales (présidentielles suivies de législatives en 2017 et 2022) avec des échecs de la gauche. Il va peut-être falloir se mettre dans le crâne que les gens qui ont été écartés depuis si longtemps restent responsables des échecs alors qu’un couloir s’est mis en place pour une opposition à la macronerie.

Ceux qui pensent diriger la gauche et, à mon niveau, ceux qui les soutiennent sont les seuls responsables des mauvais scores de la gauche et, par conséquent, des bons scores de l’opposition très à droite à Emmanuel Macron. Vous pouvez toujours faire tourner l’argument que tout est de la faute de LREM ou des remplaçants, le fait est pourtant, toujours inéluctable : ceux qui ont mené la gauche sont responsables. Vous avez le droit de ne pas être d’accord mais le seul argument en votre faveur est qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien.

 

La première conséquence doit être l’éviction de Jean-Luc Mélenchon mais aussi d’Olivier Faure et de Julien Bayou, sombrés avec lui dans la nupessitudes. On gardera avec nous Fabien Roussel et Yannick Jadot et on fera le tri parmi les autres…

Toujours est-il qu’il faut se réconcilier si on ne veut pas que la droite radicale, pour ne pas dire l’extrême-droite, prenne le pouvoir en 2027 mais aussi bien rechercher ce qui a pu dégouter à ce point les électeurs, ceux qui sont perdus, décrits dans l’article de Slate, mais aussi tous les autres.

Je vais donner un seul exemple : la campagne a été faite sur la retraite à 60 ans mais personne n’a oublié que cela avait déjà été fait il y a quarante ans et que ça a été l’échec. C’est regrettable, évidemment, mais c’est toujours inéluctable : les électeurs ne veulent plus de ces singeries.

 


Il y a 89 députés du Rassemblement National. Ils font partie de la représentation du peuple. On n’y est pour rien et on doit faire avec. On doit quand même se montrer plus républicains, plus respectueux des institutions et des valeurs qu’elles portent afin de se présenter dignement devant les électeurs de prochains fois et faire en sorte, avec de bonnes idées politiques, parlant réellement aux gens tout en restant porteuses de progrès sociales, ils n’aient plus envie de voter pour les autres et de nous rappeler, ainsi, à l’ordre.

Prenons cela comme une leçon.


Nous avons un peu plus de quatre ans pour définir nos futurs programmes, la vision de la société que nous présenterons au peuple. Il n'y a qu'une seule urgence : se débarrasser de nos fantômes. 

5 commentaires:

  1. Surtout se rendre compte que le RN a capté le vote des travailleurs pauvres. Ceux qu'on appelait les prolos. Elle est là leur défaite.

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    1. Ils le savent, je suppose. Mais il faut qu'ils arrêtent "de faire semblant".

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  2. En attendant, la direction actuelle du PS est bien partie pour procéder à une purge (stalinienne ?) et à virer ses "dissidents" - qu'une bonne partie des militants locaux risquent de suivre, sans parler des électeurs dont la plupart sont déjà partis.
    Reste à voir ce que feront les quelques grands élus qui, sans faire partie des 79 dissidents visés par la procédure d'exclusion (celle-ci ne concerne a priori que les candidats aux législatives hors Nupes), les ont soutenus, et si le PS est prêt à perdre quelques présidents de région ou maires de grandes villes...

    Si cette purge se fait avant le prochain congrès, ça garantira à Faure & co de conserver la mainmise sur un groupuscule appendice (de plus en plus dépendant) de LFI, et un groupe à l'Assemblée. Mais ce n'est certainement pas autour de ce qui s'appellera encore PS que pourra se reconstruire une gauche sociale-démocrate, capable d'accéder au gouvernement en obtenant la majorité au 2e tour de la prochaine présidentielle.

    Quant à la gauche mélenchoniste (si elle survit à son lider maximo) elle en sera bien sûr également incapable vu la réaction de rejet qu'elle provoque chez les trois-quarts des électeurs (et la moitié de ceux de gauche) : ce n'est pas pour rien que moins de 16% des électeurs inscrits ont voté Mélenchon au 1er tour de la présidentielle malgré l'effet vote utile, à peine 12% des inscrits ont voté pour la Nupes au 1er tour des législatives et 13,5% au 2e tour.

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    1. Voir mon billet d'aujourd'hui : il faut soit que le PS se saborde (avec la démission de Faure) soit que les dissidents se bougent les fesses pour créer un nouveau parti.

      La gauche radicale redeviendra poussière après le départ de Méluche...

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  3. Je vois que vous avez du pain sur la planche à gauche. A droite c'est un peu pareil et il va falloir faire fissa car je ne crois pas que nous ayons 5 ans devant nous pour reconstruire des partis un peu sérieux ...
    La Dive

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