La gauche pourra-t-elle s'en remettre ?

Ils ont réveillé Eric Dupont-Moretti qui fait campagne, maintenant, et il raconte beaucoup de bêtises comme « Nupes, c’est la chienlit ». Lui qui a des problèmes avec la justice, il ferait mieux de la fermer. Il n’empêche qu’il a dit aussi : « LFI a fait une OPA sur la gauche démocratique et républicaine et disait non à tout, a déclaré Eric Dupont-Moretti. La seule image que je retiens est celle de François Ruffin faisant du bruit avec une boîte à rire dans l’hémicycle. De cette OPA, la gauche ne s’en remettra pas et, localement d’ailleurs, Mme Delga [présidente PS du conseil régional d’Occitanie, NDLR] l’a envisagé et l’a dit clairement. » Je retiens « la gauche ne s’en remettra pas » et, même s’il ferait mieux de s’occuper de ses fesses, je pense qu’il a parfaitement raison.

Cela étant, en deux ou trois jours, son propre parti s’est montré en dessous de tout en refusant de faire la différence entre Nupes et RN. Ils font bien ce qu’ils veulent mais c’est ballot de se mettre à dos une partie de l’électorat. C’est peut-être sa propre formation qui ne s’en remettra pas, ayant montré ses limites. On pourrait se retrouver avec une majorité, chez Nupes, appliquant un programme ruineux car ils ont oublié les revirements de Mitterrand (le tournant de la rigueur) mais aussi de ses successeurs à la tête du pays, comme Jospin qui privatisait à tout va et Hollande obligé de mettre en œuvre une politique de l’offre, à raison, car dans une économie mondialisée, soutenir la demande est une grosse faute. La gauche ne s’en remettrait pas non plus. Quand je pense à tous ces imbéciles qui ont critiqué la politique d’Hollande en appelant à une réindustrialisation de la France mais en refusant de soutenir les industriels.

 

Toujours est-il que, quel que soit le vainqueur de dimanche, la gauche socialiste ne s’en remettra pas soit parce qu’elle sera noyée dans une opposition soit parce qu’elle participera à une majorité jetant la France dans le gouffre… C’est bien sûr le Parti Socialiste qui m’intéresse vu qu’il devrait être « ma famille politique » mais EELV est concernée aussi mais, comme ils ont sombré dans le wokisme après des années à faire n’importe quoi, on ne peut plus rien pour eux. Les militants n’ont rien compris pour les volets politiques hors écologie et finissent tous par déserter, même après avoir frôlé les sommets. Tant pis.

Quant aux communistes, on ne peut que leur recommander de se désolidariser de LFI et à tenter de faire quelque chose avec les partis de la fédération de la gauche républicaine.

Bien sûr, ces braves gens n’ont pas d’autre choix que de suivre Nupes si une majorité est possible de se côté mais ils doivent faire preuve de beaucoup de recul et ne pas voter n’importe quoi. Dites-vous bien, quand même, que Macron aurait intérêt à procéder à une dissolution vers la fin de l’année ou en début d’année prochaine pour retrouver facilement une majorité si la politique de Nupes ne donne pas satisfaction ! Il n’a pas d’urgence : quelle que soit la politique, elle donnera des fruits aux début (le pognon dépensé en plus par l’Etat reviendra dans l’économie) mais l’inflation, le déficit extérieur, la dette… nous rattraperont ensuite. On vit quand même dans une économie réelle et les économistes ayant signé la tribune méritent de faire un long séjour à en maison de repos.

Nos trois formations minoritaires auraient intérêt à faire profil bas, genre voter la confiance et pas le reste…, accepter des ministères mineurs comme le droit des femmes (smiley, hein !) et se faire oublier.

 

Et le Parti Socialiste, dans tout ça ?

 

Je vais commencer par déplaire à ses militants, dans la prolongation de mon billet d’hier, mais, traditionnellement, le PS est entre la gauche radicale et le centre, sachant que, si LREM et Macron sont bien à droite, les soutiens de LREM viennent de la gauche (on le voit dans les chiffres : ils ne soutiennent pas la gauche donc sont ailleurs…). Si « Ensemble ! » n’a pas la majorité absolue, il ne serait pas délirant que les socialos lui « votent la confiance » sans être des soutiens inconditionnels comme je le disais ci-dessus, à propos de l’autre coalition, Nupes.

Avoir signé un accord de premier tour sur une base programmatique est une erreur, je l’ai dit, et les militants n’ont pas été consulté, ce qui est une faute majeure, ce qu’a confirmé la justice tout en statuant, finalement, sur le respect des statuts. Opposer des statuts à des valeurs morales est une autre faute de la direction du PS, d’ailleurs.

Cet accord est un engagement. On ne peut pas renier les autres participants. Il n’empêche qu’on peut prendre du recul : on peut se mettre d’accord avec un bourreau et s’engager fortement pour savoir si la mise à mort sera faite par la guillotine, par fusillade ou par pendaison… Le résultat importe peu : il vaut mieux fuir. Entre l’honneur et la sécurité, choisissons le deuxième d’autant qu’il sera tout à l’honneur du parti de revenir vers la base pour annuler la faute morale dont je parlais.

Amen.

 

Après avoir jonglé avec son positionnement crétin, la principale tâche du PS sera de se réconcilier avec d’autres composants de la gauche, comme la fédération de la gauche républicaine, dont je parlais, mais aussi les socialistes « dissidents » delgatocazeuneviens voire les alliés de toujours comme le PS mais surtout pas EELV qui est la seule formation nupessiale, avec LFI, à avoir accepté le fait de pouvoir ne pas respecter les accords européens. Il pourra néanmoins faire appel à des personnalités écolos loin de Nupes, comme Jadot.

La mission suivante sera, évidemment, la nécessité de préparer les prochaines échéances électorales qui se trouvent être les européennes de 2024, ces élections étant souvent difficiles pour le PS qui ne peut néanmoins pas faire pire qu’en 2019, pour l’organisation et pour le résultat.

 

Le parlement européen peut être considéré comme important car significatif de ce que devrait être la politique nationale par rapport à nos conneries franchouillardes qui favorisent l’affrontement entre deux camps moins éloignés qu’il n’y parait. Il y a une culture de négociation et de compromis qu’on devrait vénérer (avec une particularité : le Conseil est prioritaire par rapport au parlement donc le parlement ne peut pas faire n’importe quoi qui serait rejeté par les Etats donc les peuples mais ce n’est pas le sujet).

J’insiste sur le fait que la tête de liste ne doit pas être un sombre inconnu et, surtout, doit être une figure du parti. Une personne comme Cazeneuve ferait bien l’affaire : il a été premier ministre et ministre des Affaires européennes. Il n'a pas participer aux actuelles compromissions. Je me doute par contre qu’il n’a pas envie, d’une part, de faire campagne et, d’autre part, de siéger à Strasbourg.  Il n’empêche que s’il menait la liste, le PS pourrait arriver en tête et donner une bonne leçon à LFI… Faure, pour des raisons qui n’ont rien à voir, pourrait aussi mener la liste ce qui donnerait au chef du parti l’occasion de s’opposer à LFI dans un contexte où l’on ne peut pas mettre nos préoccupations nationales populistes très en avant.

 

Ensuite, le PS devra être au centre de ce qui permettra de mener les batailles qui vont s’enchainer pour les élections locales, avant 2027.

Il est évidemment trop tôt pour parler de tout ça mais il ne me parait pas indispensable de rappeler, avant le deuxième tour des législatives, que le monde ne s’est pas subitement fermé en scellant un accord électorales inepte.

Edit : j'ai à moitié loupé la diffusion de mon billet d'hier. Vous pouvez le lire quand même.