On ne va pas dire que la gauche aura connu un tsunami à l’issue
de la séquence électorale en cours vu que ça lui pend au nez depuis dix ou
vingt ans mais elle est quand même torpillée, notamment à cause des divisions
qui l’habitent mais l’heure de chercher l’œuf ou la poule est bien passée, maintenant,
même si de nombreux ânes continuent à charger la mauvaise mule dans les réseaux
sociaux. Elle est torpillée, certes, mais « le camp de gauche » reste
sans doute majoritaire en voix tant les autres sont aussi dans de sales draps.
Il n’empêche qu’une majorité ne peut pas se faire, dans notre pays, sur une
tendance radicale. « Les élections se gagnent au centre » disais le
vieux sage avant de commander une nouvelle tournée de pastis.
A une semaine du premier tour (et on ne peut pas dire ce qu’elle
sera dans un mois), on peut distinguer trois grosses tendances, du moins, tel
que je le vois dans mon esprit. Il y a tout d’abord la gauche « Nupes »
et, ensuite, la fraction autour de « la fédération de la gauche
républicaine » et, ensuite, les socialistes néofrondeurs, c’est-à-dire refusant
l’accord avec LFI.
Brochette de maires socialistes
Je ne vais pas revenir sur Nupes en particulier vu
que ça fait quelques semaines qu’ils sont au cœur de ce blog. Néanmoins, les
socialistes qui y font partie de cet « accord » m’intéresse. L’Obs
publiait avant-hier un
article (que je n’ai pas lu vu qu’il est réservé aux abonnées) avec pour
titre : « Les maires socialistes se
méfient encore de Mélenchon ». Un lascar l’a partagé dans Twitter
en disant, en gros : c’est normal, idéologiquement, ils sont plus proches
de Macron que de Mélenchon.
C’est exactement mon cas même si regrette que Macron ne soit
pas de gauche et va jusqu’à confier les grands ministères (finances, intérieur…)
à des gugusses bien à droite mais je ne veux pas de la politique prônée par le chef
des zinzinsoumis. Je n’ai pas honte. Je suis même presque fier de préférer un
libéral à des gens qui mettent à mal mes valeurs, sont incapables de se faire
élire et prônent une politique qui serait trop onéreuse pour ne pas être
désastreuse pour les Français les plus faibles. Ils sont peut-être à gauche
mais, dans ce contexte (l’incapacité à se faire élire et la ruine du pays), on
peut déclarer que l’on n’est pas avec eux sans avoir peur de passer pour étant
de droite… Il faut arrêter cette peur, ce phénomène qui fait qu’une grande
partie de la gauche socialiste est tétanisée.
Il faut que les maires de gauche et les différentes sections
socialistes sortent de cette paralysie et voient les chiffres autrement (le PS
reste la deuxième formation politique en termes de nombre d’élus en France suite
aux dernières élections locales : LFI n’a rien de majoritaire) et affirment
un « oui mais on en reparlera ».
Gauche, droite ! Gauche, droite !
Je suis sans doute assez loin, idéologiquement, de la fédération
de la gauche républicaine qui regroupe (selon Wikipedia qui n’est pas à
jour) : Gauche républicaine et socialiste, Mouvement républicain et
citoyen, Les Radicaux de gauche, L'Engagement, Nouvelle Gauche socialiste, Les
Socialistes et L'Écologie populaire. En revanche, je suis assez proche de leur
vision de la République et j’aurais pu cosigner leur dernière publication
(notamment partagée par mon
ami Jeff dans Facebook) qui dit que « la
gauche unie, ce n’est pas la gauche unique », que « la gauche doit pouvoir s’exprimer dans sa diversité »,
qu’une partie des électeurs « populaires » se sont barrés (vers le
FN) et qui défend la priorité absolue à l’éducation, la sortie du pétrole (et
donc le nucléaire, hein !, même si ce n’est pas écrit), la
réindustrialisation et la « défense exigeante
de la laïcité ».
Le troisième groupe est donc composé de ces dirigeants
socialistes qu’ils soient proches de Carole Delga, de François Hollande ou pas
du tout, et qui refusent l’adhésion à Nupes et les contraintes qui vont
avec, notamment la limitation du nombre de circonscriptions… A ma connaissance,
ils sont encore au PS et pas fédérés au sein de machins comme je viens de citer,
ce qui est peut-être dommage. S’ils le faisaient, ils acteraient la fin du PS
(or un « centre gauche » a besoin des « maires socialistes »
dont je parlais plus haut et, bien sûr, des militants qui tournent autour d’eux
mais, sans le faire, ils rendent difficile un rapprochement avec la gauche de
LREM. Je n’ai pas la solution et je vais fermer ma gueule. C’est probablement d’eux
que je suis le plus proche mais comme ils ne sont pas structurés, disais-je, je
peux difficilement adhérer à quoi que ce soit, d’autant qu’il n’y a aucun
représentant dans les circonscriptions qui m’intéressent.
Je pense qu’il va falloir officialiser la possibilité d’appartenir
à deux formations politiques sans que celles-ci menacent d’exclusion… (et cela
me semble d’autant plus important que les enjeux locaux ne sont pas les mêmes
que les enjeux nationaux ; je parlais avant-hier du candidat LREM dans la
troisième circonscription des Côtes d’Armor qui, si j’ai bien compris, n’est
plus au PS alors qu’il avait été élu en ce nom aux régionales : tout cela est
bien grotesque).
Je parlais de trois grosses mouvances mais je ne veux pas
être limitatif. Tout d’abord, il y a évidemment les formations d’extrême
gauche qui ne rentrent pas dans ce périmètre. Contrairement à beaucoup, j’ai
plein de respect pour elle. Et même si elles ne sont pas significatives en
termes de voix, elles sont capables de péter les scores, comme en 2002 (près de
10%, tout de même). Si vous habitez dans le coin de Lannion, votez pour le POID, ça me ferait plaisir d'avoir une belle sœur députée (surtout qu'on évite la politique dans les repas de famille). Ensuite, il y a des acteurs comme les sympathisants communistes
qui se retrouvent dans Nupes mais ont probablement des valeurs plus proches de
celle de la Fédération de gauche républicaine. En complément, il y a des gens
comme François Ruffin dont l’appartenance à LFI donc à Nupes ne fait aucun
doute mais qui expriment parfois des voix franchement discordantes, comme dans
ce récent texte où il affiche une
position sur la sécurité loin de la ligne du parti. Enfin, il y a des écologistes
« indépendants » loin d’EELV et surtout de Nupes et mettant sans
doute en avant l’écologie avant la gauche qui se cherchent un peu et se
retrouvent quasiment fédérés par Corinne Lepage. Ils m’intéressent uniquement
car les aléas des investitures font que je vais voter pour l’un de leurs
représentants… Je ne peux cesser ce paragraphe sans parler de Volt qui
me parait intéressant mais dont je ne connais pas plus que l’existence… et la
page Wikipedia. Surtout, en décrivant ce que je vois comme composantes da la gauche, il ne faudrait pas que j'oublie les socialistes passés à LREM dont le poids est très important.
Je ne sais pas si les gauches sont irréconciliables (j’espère
que des accords permettront de retrouver le pouvoir) mais elles sont vraiment
multiples (et mon recensement ne se veut pas du tout exhaustif mais uniquement
représentatif de ce que je vois autour de moi).
En termes électoraux, je le disais, cette gauche est majoritaire
en France mais pour conquérir le pouvoir, on ne peut pas se contenter de
regrouper 30% à un premier tour… Ainsi, pour moi, on ne peut pas compter sur
une gauche à moins de 40% capable d’attirer le centre droit au second tour. Peu
importe.
Dans ces 30%, ce qui gravite autour de Nupes est réellement
très majoritaire. On ignore le poids des autres. On ne peut donc pas estimer le
poids de chaque composante à l’issue des législatives et, même quand on en
saura plus sur les chiffres, on pourra difficilement avoir une idée de la
répartition des votes vu que toutes les mouvances ne sont pas représentées dans
chacune des circonscriptions et, surtout, que le but final n’est tout de même
pas de mener des combats fratricides… En outre, Jean-Luc Mélenchon prendra sans
doute sa retraite prochainement – le temps de lancer un poulain pour 2017 ?
– et Nupes perdra une partie de son poids.
Je ne sais pas de quoi partira la reconstruction des forces
de gauche. Seul l’échelon national a la puissance nécessaire pour peser mais seules
les sections locales ont la légitimité pour faire cet échelon national. Il me
semble que le PS de Faure l’a bien oublié et que Mélenchon passe tout de même un
tantinet pour un dictateur au sein de LFI. L’un est fort localement et faible
nationalement et l’autre est faible localement et fort nationalement.
Maire de Brest à coiffure notable |
François Cuillandre, le maire PS de Brest, a publié une
tribune intéressante.
Tout d’abord, une phrase retient mon attention « La vie politique devient, à l’image de ce qui se pratique
dans le foot, un mercato permanent dans lequel chacun se persuade que ce n’est
pas la girouette qui tourne mais le vent qui change. » Tout est dans
le mot « chacun » car il fait que lui et moi en font partie… Il n’empêche
que je faisais récemment un billet à propos
des changements de position politique de certains (et qui avait justement pour
titre « les girouettes »).
Toujours est-il qu’il décrit un beau bordel, au niveau des
circonscriptions et des candidats, où « chacun » s’estime plus légitime
que les autres…
« Quelques apparatchiks
parisiens, pratiquant le centralisme non démocratique, imposent leurs décisions
aux « provinciaux » avec mépris. Désolé mais je ne pratique pas ce sport-là.
Adhérent du même parti depuis 45 ans, je finis par dire : vive la dissidence !
»
Pas mieux ! Et je suis persuadé que le renouveau
viendra des discussions locales : les erreurs du national poussent à la
dissidence.
"Dans ces 30%, ce qui gravite autour de Nupes est réellement très majoritaire. On ignore le poids des autres."
RépondreSupprimerPas tant que ça (ni le "très majoritaire", ni l'ignorance) : suffit de regarder les sondages de premier tour de la présidentielle de février, alors que toutes les nuances de gauche étaient représentées et que l'effet vote utile pour Mélenchon ne jouait pas encore.
Mélenchon plafonnait à 12%, la gauche écolo-socialiste (représentée par Jadot, Hidalgo et Taubira) était à environ 10% et Roussel à 4%. Ce sont donc plus de la moitié des électeurs de gauche (sans compter ceux qui pensaient voter Macron, sans-doute pas loin de 10%) qui n'adhéraient pas au programme de LFI et/ou à la personnalité de Mélenchon.
Et ce n'est pas parce que les dirigeants actuels du PS, du PC ou d'EELV ont choisi majoritairement de "graviter autour de Nupes" pour sauver leurs fesses électorales que c'est le cas de leurs électeurs. Beaucoup d'entre eux ne voteront pour un candidat NUPES au 1er tour des législatives que faute d'avoir un autre choix ou parce que, dans leur circonscription, cet autre choix pourrait conduire à éliminer la gauche du 2d tour.
Dans les derniers sondages pour les législatives (ceux qui distinguent les intentions de vote pour la NUPES de celles pour les candidats de gauche "dissidents"), les dissidents de gauche obtiennent 3 à 4% des intentions de vote alors qu'ils sont loin d'être présents dans toutes les circos et (je suppose) que les sondés ne répondent pas qu'ils ont l'intention de voter pour un parti qui n'est pas représenté dans leur circo. Les 25% de NUPES incluent des sondés qui n'ont pas d'autre choix à gauche dans leur circo (ou un choix qui ne leur plaît pas plus) et d'autres qui se résignent à voter NUPES pour être sûrs d'avoir un candidat de gauche au 2d tour.
Ouais. A part avec quelques sondages, on ne sait pas ce que pense réellement l'électorat.
Supprimeril serait temps effectivement que ce soit la base qui reprenne la main sur les orientations des partis et pas les thinktanks, officines averties ou leader parfois autoproclamé ou coopté par un aéropage. Bon billet as d'habitude
RépondreSupprimerLes officines sont nécessaires pour finir l'élaboration des projets mais tu as raison : ça n'a aucun sens quand ce n'est pas la base qui définit les orientations.
SupprimerMa Doue benniget !
RépondreSupprimerIl faut avoir un master d’anthropologie politique pour entrer ce labyrinthe de gauche et savoir en sortir !
Hélène
Faut savoir nager.
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