Voila que dans ma bloguerolle, il y a un lien vers un billet
qui explique qu’Emmanuel Macron va « instrumentaliser
le droit à l'avortement pour se montrer comme le Président de tous ces Français
qui ont refusé de lui donner une majorité. » alors que j’ai dit,
hier, que j’allais être intransigeant. Je vais donc répondre : il y a des
imbéciles d’opposition qui rebondissent sur l’actualité pour exiger la modification
de la Constitution et le président est plus ou moins obligé d’accepter. Franchement,
il faudrait quand même reconnaitre qu’il est tort de se priver d’avoir un
consensus sur la première loi importante qu’il va faire passer suite à sa réélection.
A la lecture de mon billet d’hier, vous aurez sans doute
compris que je suis contre cette modification de la Constitution. Un pote, Arnaud,
dans Facebook a donné un argumentaire supplémentaire. Vous n’avez qu’à vous abonner
et je vais résumer brièvement : on a une configuration politique à la con
avec un tiers au centre et deux autres tiers à chaque extrême et on va
officialiser que la seule possibilité de faire bouger les choses n’est plus de
modifier la loi mais la Constitution. Il faut arrêter de jouer : les USA,
à l’origine de notre frénésie nationale depuis hier, n’ont pas modifié la leur
depuis sa création, même s’ils ont fait quelques amendements mais, nous autres,
nous en sommes à une trentaine depuis 1960.
La Constitution devrait contenir, d’une part, le mode de
fonctionnement des institutions et, d’autre part, les grandes valeurs qui doit
nous guider, comme la laïcité, c’est-à-dire la non-ingérence de la religion
dans les « affaires publiques » mais, aussi, la nécessité, pour l’Etat,
de défendre la liberté de conscience. Ne voila-t-il pas qu’une bande de lascar
veulent y faire figurer comme une espèce de droit suprême l’avortement… Ils ont
oublié que la bouffe, l’eau, le toit et autres joyeusetés comme la santé ne
sont pas définis comme un droit absolu par cette Constitution. Il faudrait voir
à être sérieux.
C’est par ailleurs un phénomène grave qui se passe :
nous avons un « fait divers » (ben oui, la modification de la loi
dans un pays à plusieurs milliers de kilomètres) et nos andouilles nationales
qui veulent agir immédiatement. Je rappelle que, quand Nicolas Sarkozy était Président
de la république, on lui reprochait le phénomène « un fait divers :
une loi ». On ne prend même plus de recul…
En outre, comme le rappelait l’ami Seb, il reste un pays d’Europe,
au moins, où l’interdiction de l’avortement continuer à provoquer
des morts. Cet intérêt subi pour l’IVG aux USA est grotesque et nous
ferions mieux, à défaut de nous occuper de nos fesses, de balayer devant notre
porte.
LREM avait refusé de voter la précédente proposition de loi
de La France Insoumise, en 2018, je crois, visant à « constitutionnaliser »
le droit à l’avortement et ils avaient parfaitement raison. Cette fois, nous
avons la gauche, en générale, qui pousse la majorité dans ses murs pour montrer
sa force et l’obliger à valider un texte inutile. Franchement, Macron aurait tort
de se priver d’en profiter un peu d’autant qu’on le somme, également, de
montrer qu’il peut faire voter des conneries sans majorité absolue.
Avant de me faire insulter pour la deuxième journée
consécutive, je vais rappeler pourquoi c’est inutile dans le sens où cela ne renforce
absolument pas le droit des femmes à pratiquer une IVG. Imaginons qu’un
président populiste soit élu. Ou une présidente d’extrême-droite. On n’en est
pas loin. Elle aurait toute légitimité à modifier la Constitution en utilisant
l’article 11 pour faire passer tout ce dont elle juge nécessaire et, vu qu’elle
aurait été élue, il est fort probable que son referendum passe.
D’ailleurs, n’oublions pas Nupes a, dans ses papiers, le
projet de modifier la Constitution. Ces ânes pourraient y mettre absolument n’importe
quoi : il suffirait d’un vote des électeurs pour tout foutre en l’air.
Rappelons quand même que le peuple est souverain et que le Conseil
Constitutionnel ne donnera jamais tort au résultat d’un referendum. Même de
Gaulle a bien joué avec deux fois. La deuxième, il a perdu, d’ailleurs, mais, pour
la première, il a fait valider tout ce qui foireux actuellement : l’élection
du président au suffrage universel.
Puisqu’on parlait de Marine Le Pen, sans la nommer, récemment,
vous savez ce qu’elle est en train de faire ? Compter
le nombre de députés antiavortement. Dans sa stratégie de communication,
elle dit le contraire mais peu importe : elle est bien en train de compter
ses troupes pour devenir la chef de l’opposition réactionnaire dans ce pays et
enterrer définitivement le front républicain, s’il en avait encore besoin.
Bravo mesdames les militantes et messieurs les féministes
occasionnels et tous les autres gauchistes en peau de lapin : en proposant
une loi de façade qui ne réforme absolument rien dans le pays, vous avez
renforcé le pouvoir de Macron et la voix de Le Pen.
Vous restez fiers ?
Je passe le fait que vous n’avez fait que relancer un débat
idiot. On a vu des propos comme « ah mais si les femmes peuvent avorter en
cas de viol ». Non. Elles doivent pouvoir avorter si elles ne veulent pas
garder le gamin. Point barre.
Et si elles sont enceinte, à vue de nez.
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