Il y a polémique. Relayée par Meluche lui-même : il
parait que le ministère de l’intérieur aurait triché sur les résultats pour
faire croire que la majorité présidentielle est arrivée avant Nupes. En fait,
il semble qu’il y ait plusieurs erreurs dans les déclarations, en faveur ou
défaveur de chacun des camps. En fait, on s’en fout et on attend la semaine
prochaine en espérant que ça se calme. La vérité est pourtant simple : les
deux « camps » ont fait des scores assez faibles et, vu que « Ensemble ! »
ne m’intéresse pas spécialement, je ne vais parler que de Nupes.
La deuxième vérité est que le score est inférieur à celui,
cumulé, des différents candidats de gauche à la présidentielle. La troisième
est que l’ensemble des forces de gauche, Nupes ou « dissidents » n’atteint
pas 30% alors qu’ils devraient dépasser les 40, si on l’en croit les années
précédentes, hors 2017 évidemment. Même en 1993, le fiasco ne fut pas aussi
colossal. Plutôt que de polémiquer et de se voiler la face, il vaudrait mieux
se retrousser les manches.
Tout d’abord, les « dix points » qu’il manque pour
avoir l’espoir d’avoir une majorité comme dans le bon vieux temps sont bien
quelque part… Et c’est évidemment chez LREM (ou « Renaissance » si ma
mémoire est bonne). Je ne fais que le répéter depuis des années. Outre le fait
qu’il me paraitrait assez intelligent, mais moins rigolo, d’arrêter de se
foutre sur la gueule, il faudrait essayer d’analyser cela calmement. Je sais :
ceux d’en face ne font pas mieux…
Le fait que le total des voix est baissé par rapport à la
présidentielle est expliqué par différents phénomènes, comme l’abstention, mais
aussi par les mathématiques : les voix de premier tour de s’additionne
pas. Le projet final est proche du programme de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.
Ceux qui ont voté pour Anne Hidalgo, Fabien Roussel ou Yannick Jadot ne sont
pas tarés : ils auraient voté pour Méluche pour aider ce dernier à passer
le premier tour et s’ils ne l’ont pas fait, c’est pour des raisons précises,
notamment que le projet ne leur plait pas. Il n’allait donc pas voter maintenant
pour un programme qu’ils ont jeté il y a quelques semaines !
C’EST SIMPLE, NON ? Il n’y a que des militants et des
états-majors mineurs qui peuvent penser le contraire. Par contre, ce qu’on n’aurait
pas pu choisir à un premier tour aurait pu être retenu à un second. En schématisant,
il y a quatre candidats de gauche, l’un se qualifie pour le second tour, les
trois autres appellent à voter pour lui et les électeurs se rangent derrière
une majorité. C’est la logique de nos institutions (que l’on peut évidemment
remettre en cause mais ce n’est pas l’objet de mon billet).
Chaque électeur à ses raisons de voter pour l’un ou pour l’autre
à chacun des tours. Je n’ai pas voté dimanche dernier, pour ma part, car je
pensais que la candidate LFI allait passer au premier tour (et on n’en était
pas loin…) et qu’il n’y avait aucun autre candidat de gauche « dissident ».
Toujours est-il que je souhaiterais que mes camarades issus
d’EELV et du PS, voire du PCF mais c’est un peu différent, comprennent pour
quoi je n’ai pas voté pour Nupes et, pour quoi, un tas de gens a préféré autre
chose comme l’abstention, la majorité présidentielle ou un dissident. Je me
suis assez exprimé dans mon blog. Il y a ce qui relève réellement du projet
mais aussi des aspects de principe comme le refus du communautarisme, celui d’une
alliance avec des gens qui n’ont pas rejeté des antisémites notoires et j’en
passe. Vous pouvez penser que ce n’est pas grave mais laisser donc les autres
avoir leurs propres opinions.
Alors quand je vois des publications dans les réseaux
sociaux du genre « ah mais tu ne votes pas Nupes donc tu n’es pas de
gauche », je rigole. Les mantras habituels… Non. C’est bien parce que je
suis de gauche que je refuse de voter Nupes. Je ne retourne pas ma veste, que
les mantras.
Soyons précis : je veux bien comprendre qu’ils ne me
comprennent pas vu que je ne comprends pas leur position et l’important est
bien que le barman me comprenne quand je commande une tournée et qu’il ne
comprenne pas quand je demande l’addition. Cela étant, ce n’est pas à moi d’aller
chercher leur vote mais à eux d’aller chercher le mien. Je ne présente pas de
candidats : eux, si.
Plus ils sont arrogants envers les gens qui ne votent pas
pour eux, plus ils entrainent de rejet ce qui, au fond, est logique. C’est même
une routine dans les réseaux sociaux, on voit tellement de propagande agressive
qu’on se lasse.
Je voulais dire leurs quatre vérités aux copains de la
gauche non elleffiste et je n’en ai dit que trois. La dernière est qu’il y a
deux formations qui sont les grands vainqueurs de ce scrutin, les deux « extrêmes »,
LFI et le RN. Je me fous de ce dernier mais je suppose que mon billet pourrait
être revu par un électeur habituel de LR un peu las.
Il se trouve que le PS et EELV ont été phagocytés par LFI et
ne servent plus que de vagues supplétifs ou de forces opérationnelles pendant
les campagnes. Si vous continuez sur cette voie, vous pourrez bientôt rejoindre
les radicaux de gauche dans leur urinoir (il n’y a plus de cabine téléphonique).
Qu’EELV se débrouille. Ils feraient mieux, par exemple, de s’éloigner d’une
formation politique qui ne fait que du greenwashing… Et j’insiste sur ce point :
quand on fait un accord expliquant que l’on peut renier les décisions des instances
internationales, on ne fait que s’asseoir sur l’environnement puisque toutes
les décisions utiles ne peuvent qu’être prises avec nos voisins et néanmoins
ennemis héréditaires… Tout le reste n’est que du greenwashing. On peut décider
d’interdire je ne sais quel engrais, désherbant ou insecticide mais si les autres
continuent à les utiliser, autant pisser dans un violon d’autant que nos paysans
ne seront plus concurrentiels.
C’est le B A BA. Au rhum, pour ce qui me concerne.
Il reste le PS… Je ne peux que leur conseiller de laisser
passer les quelques jours jusqu’au prochain tour, au fond, il y a un accord,
mais de déchirer ce dernier juste après, d’autant qu’il n’est pas spécialement
apprécié par l’ensemble des adhérents et refaire un groupe de centre gauche
républicains avec tous ceux rendus orphelins par cette ignominie qui est Nupes
et ne pas vous fermez sur vous-mêmes dans cette démarche d’opposition au
pouvoir qui vous a fait couler depuis cinq ans.
Vous pourriez même aller voir Madame Borne et lui dire, avec
le respect dû à son rang : « Bon, mémère,
on te vote la confiance mais tu laisses tomber ta réforme des retraites
débiles. »
On appelle ça négocier et peser. Et, même si c’est à
vérifier, je suppose que cette démarche ne déplairait pas aux adhérents !
Quand je vois ma circonscription natale où les clés vont être laissées à LR
dans un des départements les plus à gauche de France parce que les socialistes
nupessiens se foutent sur la gueule avec les rennaisseurs anciens socialistes.
J’en profite pour salue Marc Le Fur, le futur député du coin
(futur ou presque puisqu’il l’a déjà été de 1993 à 1997 et de 2002 à 2022 dans une
circonscription avec des patelins plutôt à gauche). Bravo à lui. Quand on a l’opposition
la plus bête du monde…
Continuer à soutenir un candidat qui chie sur la République
et tape sur la police : les électeurs ne sont aveugles. Vive la République
et tous ces machins. Et restez à vie dans l'opposition...
Ton billet est excellent. Il reste néanmoins une gauche républicaine qui ne s'est pas vendu à l'extrême gauche : Delga, le PRG, Cazeneuve, le Foll, ton ancien président. Je suis surpris de voir que pour le même nombre de députés, le PS a vendu son ame...
RépondreSupprimerTon hémicycle Wikipédia est bien. Mais tu peux mettre "fasciste" des deux côtés.
Je ne pense pas qu'ils soient vendus; Ils entrent dans des habitudes de militants et font campagne pour ce qu'a décidé le parti.
SupprimerPour l'hémicycle, je voulais une vue "théorique" à savoir avec le libéralisme qui touche le socialisme (du moins, c'est ce qui m'a fait rigoler quand j'ai vu ça). Toute la gauche tape sur les "néolibéraux" sans dire de quoi il s'agit...
C'est pas faux le truc de l'hémicycle : bien vu :)
SupprimerCa m'arrive.
Supprimer"En schématisant, il y a quatre candidats de gauche, l’un se qualifie pour le second tour, les trois autres appellent à voter pour lui et les électeurs se rangent derrière une majorité. C’est la logique de nos institutions"
RépondreSupprimerCela, ça marchait quand il n'y avait en gros que deux camps, la gauche et la droite, et (toujours en gros) deux tendances à gauche (PS et PC) : dans les circos où la gauche avait une chance de l'emporter, le premier candidat de gauche était à peu près assuré d'être qualifié pour le second tour, en arrivant au pire deuxième du premier tour.
Mais avec la montée de l'extrême-droite plus celle de l'abstention, et la multiplication des gauches, le ticket d'entrée au second tour est plus élevé.
Avec quatre candidats de gauche ou même trois par circo, une gauche globalement à 30%, et plus de 50% d'abstention, il y aurait bien peu de circos où le premier candidat de gauche dépasserait les 12,5% des inscrits, soit plus de 25% des suffrages exprimés (à moins d'espérer que les électeurs de gauche votent utile en fonction des sondages, même contre leurs convictions - mais dans ce cas quel est intérêt de présenter des candidats "inutiles"...?).
Dans la configuration des législatives de 2022, pour être qualifié il aurait donc fallu que le premier candidat de gauche termine premier ou deuxième du premier tour, devant le candidat de LREM et/ou devant celui du RN. Mais là aussi, dans la plupart des circos cela place la barre à 20% ou 25% des suffrages exprimés. Il n'y a que dans les rares bastions où la gauche reste majoritaire (avec plus de 50% des voix) qu'elle aurait pu se permettre de présenter autant de candidats sans courir le risque d'être éliminée au premier tour d'une circo pourtant gagnable.
Si c'est la logique de nos institutions, c'est une logique perverse... Ou c'est une logique qui favorise les partis capables de passer des accords électoraux équilibrés.
Mais cela n'a pas été la démarche de LFI, qui d'une part a imposé à ses concurrents non pas un "simple" accord électoral mais une coalition contre nature autour d'un programme dont de nombreux points leur posait problème (euphémisme...), et d'autre part s'est servi du score biaisé d'une présidentielle marquée par le vote utile pour limiter arbitrairement le nombre de candidats (et la taille des futurs groupes) PS, EELV et PC, en se foutant royalement de leur légitimité ou de leur représentativité locale (à l'exception des sortants - mais vu les résultats des législatives de 2017 cela concernait moins de 10% des circos, autant dire rien).
Compte-tenu de ce passage en force (et du tombereau d'insultes déversé sur le reste de la gauche par les trolls lfistes), Mélenchon et LFI n'ont que ce qu'ils méritent si des candidatures de gauche dissidentes (mais souvent légitimes) les privent de second tour dans un certain nombre de circonscriptions... Et qu'ils ne viennent pas prétendre que c'est ça qui aura empêché Mélenchon d'être "élu premier ministre" alors que la gauche, dissidents compris, atteint à peine 30% contre 40% pour le centre et la droite (dont les programmes sont certainement plus compatibles entre eux que ceux des partis composant la NUPES).
Tu devrais ouvrir un blog. Je vais être le seul à lire ta prose.
SupprimerTout d'abord, tu cites un de mes propos concernant la présidentielle pour l'utiliser par circonscription. Ca me parait hors sujet.
Sur le reste, et le fond, on est d'accord.