Comme je l’annonçais dans un récent
billet racontant mes séjours à l’hôpital, mon opération était prévue pour
le mardi 6 juillet et, comme il se doit, j’étais convoqué pour la veille, pour
le mardi 5, donc. Or, il n’aura échappé à personne que nous sommes le mardi 5
juillet… C’est la troisième fois que la secrétaire de mon chirurgien me plante
sur un rendez-vous. Cette fois, je pourrais plaider coupable : outre le
fait que j’aurais pu me méfier vu les antécédents, j’avais bien remarqué cette
incongruité. D’ailleurs, dès hier matin, j’avais envoyé un mail pour demander
une confirmation mais, sans réponse dans l’après-midi, je me suis quand même
pointé à l’hosto.
Le pire est que l’infirmière qui me semble être la cheffesse
de service me désigne responsable… La dernière fois, j’avais attendu une heure
et demie. Cette fois, moins d’une demi-heure et j’avais vingt minutes d’avance.
J’ai un fond de chance dans mon malheur.
En sortant, j’ai prévenu la famille et les potes de Bicêtre
du retard de 24 heures et, bien sûr, mon employeur. Ma cheffesse, après la
formule de politesse d’urgence, m’a dit : « avec
ton passé de consultant, tu vas pouvoir rédiger un rapport et dire ce qui doit
être amélioré ». Je ne lui ai pas dit que j’avais déjà fait un
billet de blog (mais il n’est pas exclu qu’elle le sache…).
Je vais me lancer à nouveau dans le job, sachant que je n’ai
évidemment strictement aucune notion au sujet des volets médicaux : seules
l’organisation et l’informatisation peuvent bénéficier de mon bon sens paysan.
Première étape : il faut supprimer tout ce qui concerne
les procédures d’admission qui peuvent être réalisées par une secrétaire en
moins de cinq minutes mais posent des problèmes aux patients qui doivent se
pointer à des guichets spécifiques pour rien, notamment pour la majorité des
gens, ceux qui sont pris à 100%. A noter que tout le monde devrait être pris à
100%, faut pas déconner non plus mais c’est un autre sujet, bien plus
politique.
Deuxième étape : améliorer l’information aux patients
par l’envoi de mails récapitulatifs mais exhaustifs, sans double emploi. Par
exemple, il arrive que l’on soit convoqué par les « hôpitaux de jour »
qui vont organiser une succession d’examens (un scanner, une échographie, une
IRM…) impliquant différents services. Les patients reçoivent des mails pour chacun
des examens et pas d’information globale ce qui fait qu’on n’y comprend rien.
Par contre, lors de la convocation initiale, par l’hôpital de jour, on ne connaît
pas le programme de la journée. Il faut que ces mails remplacent tous les
autres moyens de communication (un extranet serait néanmoins un plus) car les
courriers, SMS et mails sont souvent contradictoires… Un service téléphonique
doit bien entendu être mis en place pour les zozos sans mail.
Troisième étape : les mails doivent être émis lors de
la prise du rendez-vous, une semaine à l’avance et la veille. Ca ne coûte pas grand-chose
et chacun doit pouvoir s’organiser comme il le sent. Ils doivent être émis vers
les usagers mais aussi vers les différents services internes à l’AP-HP :
secrétariats, services support (radiologie…), infirmières… Charge à chacun de
confirmer les rendez-vous et, si nécessaire, de prendre les mesures nécessaires
en cas d’abandon.
Quatrième étape : dans tous les guichets où l’on doit
se présenter périodiquement, il faut changer les procédures d’accueil et, disons-le,
supprimer tous les « stands » avec des protections en plexiglas et du
personnel qui semble inaccessible. Je rappelle que les patients sont avant tout
des malades et il faut leur éviter toutes les barrières administratives. Il s’agit
de dire « bonjour madame, je suis untel, j’ai rendez-vous pour tel truc
avec machin, je vous confirme mon arrivée, où dois-je attendre et,
éventuellement, ai-je un nouveau formulaire à remplir ? ». C’est
psychologique. S’il faut du plexiglas pour lutter contre les méchants virus, organisez
des machins moins formels, une secrétaire assise à un bureau avec une chaise
pour les clients suffisent largement…
Cinquième étape : mettre en place des « services
référents » car on ne sait jamais à qui s’adresser (un lascar comme moi
est balloté entre cinq hôpitaux de jours : chirurgie thoracique, pneumologie,
réhabilitation par le sport, médecine générale et cardiologie, plus le service d’hospitalisation
« normale » en chirurgie thoracique, et, dans chaque, un ou plusieurs
toubibs ou infirmières en chef). Il faut un seul responsable, capable de
crapahuter à ta place dans les méandres de l’AP-HP, que l’on puisse contacter
par mail ou par téléphone mais aussi « en face à face.
Sixième étape : rendre complet les dossiers clients. Je
me demande bien pourquoi je dois, à chaque fois, remplir un formulaire pour les
allergies, un pour les préférences alimentaires, un pour les personnes à
contacter.
Notons que, à part la prise en charge à 100% de tout le
monde, tout cela permettra des économies substantielles à part les
investissements informatiques à la base. Les personnels administratifs seront « fusionnés »
pour améliorer le service et éviter des démarches inutiles.
Sinon, j’invite les gens en charge de l’organisation des
repas à manger tous les jours ce qu’ils produisent, dans des plateaux repas
miteux, sur des fauteuils pourris. Ils vont vite découvrir que le rôti de porc
n’a pas besoin de flotter dans une masse de liquide indéfinissable, que la
purée est meilleure quand elle est un peu ferme et j’en passe.
Et ça serait bien meilleur pour le moral. Je me répète : le patient est un malade.
Que de bon sens... A croire que les administrants n'en ont aucun. Pour avoir dû accompagner mon grand père à Oscar Lambret (CHU de Lille, spécialisé en oncologie) plusieurs fois pour ses visites et autres périodes d'hospitalisation, j'ai toujours été effaré de voir un premier monde dans lequel tout semble lent, mal réglé, pas managé (genre le desk avec 4 positions, 1 occupées par un agent et 3 autres derrière qui buvaient du café - c'était peut-être leur pause mais pas très fufute de la prendre devant une cohorte de patients (qui n'ont d'ailleurs jamais aussi porté leur nom))... pour pénétrer ensuite dans un autre (les soignants) dans lequel ce n'est que courses, soins, attentions pour les patients (qui cette fois sont nommé ainsi parce que eux savent qu'ils souffrent)...
RépondreSupprimerPar moment, on aurait cru être dans les douze travaux d'Asterix...
N'ayant pas ton expertise en info, je ne sais pas si c'est possible mais après tout, mon garagiste m'envoie des sms pour me rappeler les contrôles à faire ou les rendez-vous à honorer, ca doit être possible
C'est plus compliqué qu'un garage : la secrétaire de ton toubib te prend des rendez-vous dans différents services, par exemple la radiologie pour un scanner et un IRM. Tu as donc trois rendez-vous dans trois services : ton toubib, le scanner et l'IRM. C'est plus compliqué qu'une bagnole (l'informatique peut tout mais encore faut-il falloir définir ce qu'on veut).
SupprimerPar ailleurs, il faut noter le contraste entre ce bordel administratif et la gentillesse, la compétence et tout ça chez le personnel. Le personnel ne peut pas être au courant de tout.
Je note avec un supplément de satisfaction que, jusqu'à présent, j'ai pu échapper à tout ce bazar.
RépondreSupprimerMon seul rapport avec l'hosto concerne les yeux et j'ai choisi le milieu hospitalier car il permet (au moins pour moi) de ne pénétrer dans ce lieu qu'une fois au lieu de deux quand il y a examen et consultation.
j'ai lu ce matin que l'AP-HP avait un nouveau grand chef. Il s'agit de Nicolas Revel qui n'est autre que le fils de Jean-François du même nom et donc le demi-frère de Mathieu Ricard, moine bouddhiste de son état et interprète du Dalaï-Lama. Ca va peut-être amener de la zénitude dans ce bazar.
Vos secrétaires qui illustrent votre billet ne ressemblent en rien à celles d'aujourd'hui...
RépondreSupprimerQuant à ces dysfonctionnements c'est, hélas, autant de temps gagné pour le mal dont vous souffrez...
Pas plus tard qu'hier, consultation avec un anesthésiste avant billard la semaine prochaine : trois coups de fil durant ma présence et des " où en étions-nous ?" questionnaire rempli à la hâte, encaissement immédiat de 55 euros et au revoir avec la main car il était encore au téléphone. Dire que cet enculé va me tuer à moitié dans quelques jours !
RépondreSupprimerJe te souhaite bon courage. on a un problème dans notre système de santé et c'est pas la mission flash qui sauvera des vies...
RépondreSupprimerL'hopital devrait être la troisième barrière... mais y a même plus les moyens. Et cette sur administration...
Prends soin de toi
Tout le monde le dit : soin de qualité, mais administratif qui peut déconner. Dans le service psy où je vais , j'ai vu la secrétaire ne pas répondre au téléphone pendant 1/4 d'heure. Est-ce un manque de moyen ? ils oublient de remplir des documents ? est-ce un manque de moyen? Dans ce service on me demande des analyses qu'un autre service du même hôpital ( a 500m) demande et reçoit automatiquement du labo. Impossible de se partager le PDF , bah non faut leur imprimer ... sachant qu'ils ne peuvent RIEN imprimer sur place si ça ne vient pas de leur SI. A noter que 100% de mes RDV la dedans sont gérés dans Doctolib avec une efficacité terrible... mais impossible de leur partager des documents via Doctolib ! forcément ça serait tellement pratique.
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