Les recommandations des néoécologistes y compris
gouvernementaux me font assez rire. On s’est bien amusé avec les propos de Le
Maire sur les cols roulés (il est fort probable, d’ailleurs, qu’il plaisantait)
et ceux de Le Gendre sur l’étendage du linge préférable au sèche-linge (on voit
que ce gugusse ne sait pas qu’on n’a pas la place, en appartement). Je m’attends
à entendre des lascars expliquer qu’il faut cuire les nouilles dans la bouilloire
électrique ou tenter de nous persuader que, en hiver, quand il ne fait pas
chaud, justement, on peut bien garder un slibard trois jours avant de le laver…
Je ne suis pas contre les conseils mais ils vont finir par
exaspérer les braves gens, dont moi, évidemment. Dans la maison où je fais du
télétravail, je suis obligé de travailler la fenêtre ouverte car mon bureau est
plein sud et de mettre le chauffage dans une partie de la maison pour maintenir
un 17 ou 18 dans la cuisine et le séjour… Le plus con est que j’oublie
généralement de fermer les fenêtres en quittant le travail, à l’heure où le
bistro m’appelle, et que je me les gèle le soir. En revanche, c’est un bonheur
de ne jamais avoir à chauffer la partie « travail » en hiver et de
pouvoir me réfugier dans le reste de la maison lors des canicules. J’y ai d’ailleurs
installé un tirage de bière. Tout cela est bien personnel, évidemment, mais
chacun aurait des anecdotes de ce type à raconter à moins d’habiter un
appartement entièrement au nord qu’il faut chauffer dès que la température
extérieure passe au-dessous de seize degrés sans compter toutes les
configurations (par exemple, pour chauffer la salle de bain, j’ai un chauffage
électrique séparé de tout le reste).
Je passe évidemment les bureaux, généralement surdimensionnés
à cause du télétravail où la « température ressentie » varie d’un
bout à l’autre mais avec des palanquées de techniciens de maintenance qui nous
expliquent qu’on ne sait pas régler le chauffage et la ventilation… Des fois,
on a envie de les étrangler.
Les mesures exaspèrent les gens tout d’abord parce qu’ils n’ont
pas attendu des conseils pour ajouter des couvertures ou enfiler un pull, à
défaut de la bonne. Je ne dis pas que les conseils sont inutiles : j’ignorais,
par exemple, que le Wifi consommait autant. Et on met depuis longtemps un
couvercle pour faire bouillir l’eau de cuisson non pas pour faire des économies
mais parce que cela va bien plus vite. Et on tente toujours de faire
fonctionner les appareils électriques en heures creuses (mais une machine à
laver, en appartement, fait trop de bruit pour être utilisée de nuit).
Elles sont exaspérantes, également, parce que les mesures
que l’on peut prendre individuellement sont dérisoires par rapport à celles qui
sont du ressort des entreprises et de la collectivité. Certes, les petits
ruisseaux forment les grandes rivières mais, tout de même, si ma commune éteignait
un lampadaire sur deux après 22 heures, toutes les mesures individuelles
deviendraient dérisoires (pour ne citer qu’un exemple). Et je passe un volet
politique : les plus riches consomment plus… Attaquer les plus démunis n’est
pas d’une grande finesse. En plus, on va entrer dans une période de fête : les villes vont être illuminées dans tous les sens (ce qui est heureux, évidemment).
Elles sont exaspérantes, aussi, car on a toujours bien vécu
(ce qui n’empêche pas de changer), tout en limitant la consommation d’énergie
pour des raisons budgétaires, et qu’on finit par avoir l’impression de sombrer
dans le moyen-âge. Certes, l’interdiction de chauffer les terrasses des bistros
est pleine de bon sens mais l’habitude de dîner avec des potes en simili plein
air n’est pas désagréable.
Ainsi et enfin, elles sont exaspérantes car on a l’impression
qu’une grosse régression nous tombe sur la gueule pour des raisons bizarres,
une guerre éloignée, des centrales en maintenance, des fous qui piratent des
gazoducs ou que sais-je. En d’autres termes, on nous impose des changements subitement
alors que rien n’a changé, uniquement pour des motifs économiques et industriels
(si au moins on parlait d’environnement…).
Et maintenant, cher lecteur, tu aurais envie de me dire de
fermer ma gueule (ce qui est hors de question), de me rappeler que tous les Français
ne sont pas des abrutis (ce que je veux bien concevoir mais je ne vais pas
remplacer les halogènes de mon salon, à la mode quand j’ai acheté, par des
leds) et, surtout, me demander ce que je préconise.
La réponse est claire : rien. Du moins, je ne sais pas.
Pour le long terme, j’ai bien des idées : renforcer le
nucléaire et le renouvelable (sans dissocier les deux : j’imagine que, à
terme, nos scientifiques auront trouvé mieux que le nucléaire et inventé des
caleçons autonettoyants) et favoriser, disons, une maitrise de la consommation
d’énergie. Pour le court terme, je suis sec. Je vais y revenir si je n’oublie
pas.
Pour la maitrise, par contre, j’ai bien un avis sur le seul
thème « restons prudents ». Par exemple, les évolutions des conditions
de circulation, à Paris, sont aberrantes. Un piéton doit maintenant traverser
des pistes cyclables pour prendre le bus, ces derniers ayant de moins en moins de
voies dédiées. Toujours dans le domaine des transports, je suis très concerné
par les transports publics ruraux (contrairement à un tas d’andouilles qui ont
des avis) mais on m’expliquera comment développer des petites lignes ferrées
pourrait être bénéfique à l’environnement. C’est bien un truc de militants mais
il n’en reste pas moins que faire bouger un autorail de 15 tonnes est plus
polluant que faire rouler un minibus qui, en outre, utilise des infrastructures
partagées.
Pour ma part, j’ai du mal avec les voitures électriques :
il faudrait une espèce de livre blanc. On nous explique que c’est l’avenir mais
que l’autonomie n’est pas suffisante, qu’il n’y a pas assez de points de chargement,
que la production et l’usage de batterie est très polluante. Chaque militant a
ses arguments et on n’y comprend rien.
Enfin, je suis perplexe avec ce qui tourne autour de la rénovation
des logements… C’est bien joli mais aider des propriétaires à améliorer leurs
biens et à payer moins de charges ne me parait spécialement gauchiste.
Dans le moyen terme, on nous parle de taxer les superprofits
mais j’ai un peu de mal, non pas avec l’idée de prendre le pognon où il se
trouve mais avec les idées de la gauche, d’un référendum et tout ça. Il faut être
sérieux. Il existe un impôt sur les bénéfices, il faut sans doute l’augmenter,
tout comme sa progressivité, et il n’y a pas besoin de peigner la girafe.
Surtout, il faut aligner les règles entre les pays, au moins au sein de l’UE (un
accord vient d’être passé, à ce sujet, d’ailleurs).
Quand ces superprofits seront-ils redistribués ? Pourra-t-on
toucher de l’oseille avant l’hiver.
En outre, taxer les compagnies pétrolières me parait de bon
sens mais n’oublions pas que le prix des pleins d’essence est surtout composé
de taxes. Le tout fait quand même un peu faux cul, non ?
Pour le court terme, disais-je, je suis sec. La première
chose serait, évidemment, d’arrêter de nous prendre pour des abrutis, qu’on soit
du gouvernement, je l’ai exposé en début de billet, ou de l’opposition mais je
ne vais pas consacrer un billet de plus aux erreurs de la gauche.
Ainsi, il faut arrêter les propos irritants dont je parlais.
De toute manière, si les efforts de ces communicants portaient des fruits, on n’économiserait
pas 1% de la consommation, je suppose.
Cela n’empêche pas tout d’abord d’être pédagogue :
comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi les prix augmentent tant,
notamment dans l’énergie électrique alors que, au fond, la production nucléaire
ou renouvelable a des coûts relativement fixes ? Pourquoi vaut-il mieux,
pour la collectivité, utiliser en priorité l’électricité dans les heures
creuses ? Comment fonctionne le marché européen de l'électricité ? Pourquoi avons nous des difficultés alors que notre production est une des moins coûteuses ? Ensuite, certains conseils ne sont pas inutiles. Je le disais, j’ai
été surpris de voir la consommation du wifi… On peut en trouver d’autres :
par exemple, il vaut mieux faire son télétravail avec une température
inférieure à 20 degrés quitte à mettre un pull aussi car les bouts des doigts qui
s’agitent sur le clavier sont très sensibles à la chaleur… C’est un truc que j’ai
appris avec les ergonomes du boulot qui nous montraient les bonnes pratiques du
télétravail.
Le problème est éternel : quand on ne peut rien faire,
autant ne rien faire vu que les violons supportent mal l’urine.
Tourner en rond pour se donner l’impression d’être efficace
est utile surtout pour les serveurs de bistro, pas pour les militants des
réseaux sociaux.