Hier, vers 17h30, j’étais sous la terrasse couverte de
l’Amandine et la pluie qui pointait a poussé deux jeunes (une vingtaine
d’année) à s’installer à la table d’à côté. J’ai assez vite compris, d’une
part, qu’ils étaient étudiants, dont l’un en physique, et, d’autre part,
militants insoumis. Ils en parlaient beaucoup et, en l’occurrence, ils
préparaient leur visite à la Fête de l’Huma, ce week-end. Cela m’a fait rigoler
car ils cherchaient les débats, ateliers ou conférences qui les intéressaient
le plus alors que, quand j’y allais avec des potes, on cherchait l’itinéraire
le plus court pour visiter nos stands « locaux » tout en passant par
des « régions » où ils produisent de l’alcool fort : ça évitait
d’aller pisser trop souvent.
Les temps changent et je n’irai pas jusqu’à dire que c’est
un mal.
L’étudiant en physique, à un moment, a dit que sa prof de
français (j’ignorais qu’il y avait des profs de français dans ces machins)
était de gauche mais pas insoumise. Il ignorait si elle était communiste ou
socialiste. Je n’ai pas intervenu pour répondre que la gauche ne s’arrête pas
là, qu’il y a les écolos, la gauche franchement radicale et les zozos plus ou
moins centristes, comme moi. Tant pis. Pour conclure il a dit :
« j’espère qu’elle est communiste. C’est quand même mieux d’être
communiste. »
J’étais sur le cul. Mieux que quoi ? Mieux pour
qui ?
J’aurais dû intervenir : j’ai voté Roussel sans pour
autant être communiste. Je me revendique être libéral, républicain et à gauche.
Point barre. Je sais bien que je ne peux pas faire une majorité à moi tout
seul, alors je compose… C’est sûr qu’à la présidentielle mon vote n’était pas
franchement libéral…
J’ai préféré les laisser, d’autant qu’ils ne buvaient pas
d’alcool (je ne comprends pas qu’on puisse se retrouver entre potes dans un
bistro pour préparer la fête de l’huma sans boire l’apéro…). J’ai plongé dans
Facebook et je suis tombé sur une publication du Parti Socialiste (du moins,
d’un socialiste, je n’ai plus la source) qui disait : « cette année,
les socialistes seront à la fête de l’humanité ».
Pour moi, la Fête de l’Huma a toujours été, évidemment, la
fête du PCF mais aussi un rassemblement de toute la gauche ! On dirait que
ces néocrétins néonupessiens découvraient le monde et la manière de faire
gagner la gauche.
On va donner un cours raccourci d’histoire raccourcie :
il y a une cinquantaine d’années, les ancêtres Mitterrand et Marchais faisaient
le programme commun. Ca n’a pas marché. Ils ont divorcé. Juste après, la gauche
a gagné les élections. La gauche doit surtout se retrouver lors des seconds
tours des élections et à la fête de l’humanité. Une union de façade est
grotesque et voir des boutonneux rosâtres oser visiter les cocos est risible.
Rappelons par ailleurs que les projets qui ont permis,
ensuite, de faire gagner les candidats de gauche les plus centristes étaient
quand même relativement radicaux. Vous pouvez rigoler de François Hollande mais
il avait promis de taxer à 75% les très gros revenus. Je me marre encore. Si
Jean-Mélenchon Luc avait été élu, même seulement premier ministre, gageons qu’il
aurait eu ensuite son tournant de la rigueur à lui mais je m’égare : je
voulais faire un billet plein de gentillesse, de mansuétude et d’empathie et je
vais me retrouver vieille vache.
Depuis 2017 (un peu avant, disons-le), la gauche la plus
centriste, comme je l’appelais, s’est disloquée. A l’occasion des dernières
législatives, une partie de la gauche s’est retrouvée autour de la Nupes, par
conviction, par raison ou par habitude mais la gauche disloquée était restée
orpheline. Dimanche dernier, Bernard Cazeneuve a publié son manifeste et on a
tous repris espoir quant à la possibilité d’une espèce de renaissance.
Mes copains Nupessiens ou plus détachés (au K2R) ont, pour
beaucoup, fait une erreur d’analyse, comme si Nanard avait produit une motion
pour le congrès du PS voire d’EELV alors qu’il n’en est rien : il n’est
plus dans un parti. Je ne sais où il va ni s’il le sait lui-même mais j’ai du
mal à imaginer qu’il se lance à la conquête du PS sauf s’il a fait un pari,
avec des copains, un soir de cuite.
Cela étant, cela fait un paquet de temps que je suis dans l’opposition
à la majorité de la gauche tant sur la forme que sur le fond du programme. J’y
reviendrai très certainement, tant je suis bavard, mais je pense avoir fait
assez de billets depuis un an pour montrer les divergences. Par contre, à force
de ronchonner, je donne sans doute l’impression d’être opposé à tout ce qui est
faux. Je vais donner un exemple : un des thèmes principaux de la campagne
mélenchomanique était la retraite à 60 ans. Je n'y suis, effectivement, pas
franchement favorable mais je suis pour la possibilité pour tout un chacun de
prendre sa retraite à un taux important au bout de 40 annuités. Admettez que la
différence est légère vu que l’AEC précisait lui-même que les 60 ans étaient
conditionnés par les 40.
Je suis donc pour cette retraite à condition de ne pas
mentir aux électeurs (du coup, ils vont voir ailleurs) et d’insister sur le
fait que ce départ accéléré est aussi nécessaire pour favoriser le remplacement
des anciens par des jeunes et donc la formation de ces derniers. Je préfère
donc une évolution de la législation (ou du moins des orientations de l’Etat)
pour favoriser cette formation et ce passage de relai (c’était l’objet du « contrat
de génération » de pépère même s’il a fait plouf, je crois) que pousser un
âge de départ arbitrairement (qui fait plouf comme les 60 ans de Mitterrand).
L’autre aspect de mon raisonnement et, donc, de mon
opposition à Nupes est électoraliste. Je ne crois pas que les injonctions perpétuelles
attirent les électeurs et la séquence de cet été a probablement été catastrophique.
Je voyais hier des types trôner avec un logo appelant au boycott de la coupe du
monde de football mais je ne pense pas que lutter contre le sport le plus
populaire dans notre pays soit bien gagnant… C’est comme pour les barbecues…
Tout cela est d’autant plus ridicule que le gouvernement est
également lamentable sur ce sujet. Ces pingouins nous disent comment dépenser
moins d’énergie comme si on mettait les radiateurs à fond pour le plaisir de
pousser les factures.
En intervenant à côté, on se vautre complètement et, comme
on dit, on fait le lit du FN, mais ceux à qui ont dit ça ont le réflexe de
répondre « c’est pas nous, c’est vous ». Pour ma part, je continue à
penser que la vanne de Galtier était bonne, qu’il faut arrêter de critiquer l’humour
sinon on n’est plus Charlie, que la réaction de Mbappé est très saine :
avoir une crise de rire quand son chef sort une ânerie pas politiquement
correcte est la moindre des choses…
Ca ne m’empêche pas de penser que si l’on pouvait travailler
pour éviter les problèmes liés à l’usage de jets privés dans le sport ne serait
pas inutile. Il faut être posé. Social-démocrate, quoi… Pour en revenir à la
coupe du monde de foot, ça fait des années qu’on parle de la climatisation et
des « morts au travail ». Réagir après la bataille est franchement
nul.
Il faudrait que je revoie mes petits jeunes de la terrasse
du bistro d’à côté et leur demande en quoi c’est mieux d’être communiste que
socialiste ? C’est parce que les cocos sont opposés à toute propriété
privée alors que les socialos ne veulent que la collectivisation des moyens de
production ?
C’est compliqué…
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