16 septembre 2022

Le travail, au centre des valeurs ?

 

Prof de fac avec deux étudiants

A l’ère moderne, je crois bien que c’est Nicolas Sarkozy qui a parlé de la valeur travail pour dire, en résumé, « travailler plus pour gagner plus », et nous en sommes, 15 ans, à nous demander si c’est une valeur de droite ou une valeur de gauche. Pour ma part, je ne sais pas si c’est une valeur et je m’en contrepignole tout comme de savoir si c’est de droite ou de gauche. Et je refuse de me mêler de ce débat d’intellectuel ou de philosophe vu que je n’en suis pas un. Je n’en ai pas les capacités, à ma plus grande honte, vu le nombre de spécialistes que j’ai vu dans les réseaux sociaux depuis hier.

Je vais quand même parler un peu de travail mais surtout pas de « valeur travail » : je ne suis pas cinglé.

« Ouvriers, paysans, nous sommes

Le grand parti des travailleurs,

La terre n'appartient qu'aux hommes,

L'oisif ira loger ailleurs.

Combien de nos chairs se repaissent !

Mais si les corbeaux, les vautours,

Un de ces matins disparaissent,

Le soleil brillera toujours. »

Vu que c’est la conclusion (la fin, pardon) de l’Internationale, je suppose que le travail a un intérêt pour les gens de gauche et ceux qui, comme la douairière Rousseau, revendiquent le droit à la paresse, il me semble que le mot « oisif » utilisé dans ce texte de Pottier (le savais-tu ?) désigne surtout les exploiteurs qui vivent du travail des autres, vils ennemis naturels de nous tous.

Cela étant, n’allez pas croire que c’est la moindre haine envers Madame Rousseau qui me fait écrire ce texte : je déteste encore plus le travail que les inutiles gagnant 7000 euros sur les sièges du Bourbon après avoir glandé en université pendant des années. Le travail n’est pas une fin en soi, surtout pour ceux qui ne peuvent pas écrire de billet de blog sur un ordinateur professionnel.

 

Travailleurs aérés

Avec la sagesse qui me caractérise, je vais citer les paroles d’une chanson, connue par tous, quant à elle, au sujet du travail.

« Le travail c'est la santé

Rien faire c'est la conserver

Les prisonniers du boulot

N'font pas de vieux os

Ces gens qui courent au grand galop

En auto, métro ou vélo

Vont-ils voir un film rigolo

Mais non, ils vont à leur boulot […]

Ils bossent 11 mois pour les vacances

Et sont crevés quand elles commencent

Un mois plus tard, ils sont costauds

Mais faut reprendre le boulot

Allez tous ensemble »

Et n’oublions un autre chef d’œuvre (heu…) malheureusement moins connu mais à peine :

« Travailler c'est trop dur

Et voler c'est pas beau

D'mander la charité

C'est quelque chose que je ne veux plus faire

Chaque jour que moi je vis

On ne demande de quoi je vis

Je dis je vis sur l'amour

Et j'espère vivre vieux »

Tout cela prouve bien que nous ne sommes pas les premiers à parler de travail… et que certains avaient trouvé un moyen sympathique pour en vivre.

 

Travailleurs complètement cons ou esclaves ?

Je sens que l’introduction de ce billet de blog va être trop longue. Ca m’évitera de développer.

Je vais rappeler que je n’ai jamais caché être favorable au revenu universel, dans mon blog, et si je n’en parle pas, c’est ce que je suis assez peu convaincu par notre capacité collective à produire assez de richesses pour le financer. Je vois un truc simple : tu supprimes les aides diverses telles qu’APL, AAH, RSA, les allocations familiales… et tu verses 7 ou 800 euros à chacun plus 50 euros par gamin (100 euros pour ceux qui n’ont pas un conjoint qui touche aussi les 50 balles) et tu ne me fais plus chier.

Les gens seront alors libres de travailler ce qui leur permettra de cotiser d’une part pour la retraite (à savoir un revenu proportionnel au montant cotisé à partir d’un certain âge) et d’autre part pour des assurances, comme une assurance chômage et une relative aux arrêts de travail, permettant de toucher des revenus, en complément du « RU » évidemment pendant la retraite mais aussi pendant les « accidents de la vie » comme on dit (perte du travail, incapacité temporaire ou définitive…).

Ceux qui sont opposés à l’oisiveté sont invités à considérer qu’on ne peut pas avoir pour but dans la vie de survivre avec 700 euros. Ce qui sont favorables pourront m’expliquer comment on va payer tout ça sachant que les revenus ne peuvent provenir que de richesses produites et que, pour ça, il faut, somme toute, des richesses, d’autant que les revenus du capital et leurs taxations risquent d’être bien occupés avec le revenu universel... mais tout cela est bien compliqué.

 

Travailleurs au repos

D’autres aspects sont à prendre en compte. Tout d’abord, on a un peu trop tendance à confondre « travail » avec « travail rémunéré ». Par exemple, je dois éplucher mes pommes de terre avant midi et, pendant leur cuisson (pour les manger avec des andouillettes), tondre la pelouse : pour moi, c’est du travail. A contrario, j’ai passé assez de temps dans ma vie avec 90 minutes de transport par jour pour aller au bureau sans que cela soit considéré comme du travail. C’est bien triste.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier la nécessité, certes discutable, de considérer tout un chacun devant contribuer aux besoins de la société. Je ne vois pas pourquoi certains s’autoriseraient à ne rien glander alors que d’autres triment pour que tout le monde puisse raconter des conneries sur un smartphone (par exemple).

Il y a effectivement un problème avec les gens très riches qui peuvent faire travailler les autres pour le bien général (et pour s’enrichir encore plus) mais je n’aime pas spécialement couper les têtes d’autant qu’après avoir regardé « Vikings » puis « Vikings Valhalla », je me suis mis à The Last Kingom

 

Défenseur du travail expliquant (à raison)
qu'il faut travailler moins.

Bon, je ne vais pas développer. Je vais faire une remarque désagréable. Les gens de gauche qui défendent aujourd’hui le travail comme une valeur sont invités à arrêter de militer pour diminuer l’âge de départ à la retraite. Ou à laisser les philosophes philosopher. Le travail n’est pas une valeur mais un producteur de valeur. J’ai bon, là ? J’en suis même pas sûr.

 

Donc me voila, en guise de conclusion : je suis d’accord sur le sujet avec Mâame Rousseau et avec ses opposants. Par contre, cela ne m’empêche pas de penser qu’elle devrait fermer sa gueule plutôt que d’expliquer à des électeurs – devenus ex électeurs – qu’on peut vivre normalement sans travailler… Cette espèce de foldingue, après avoir tué les entrecôtes au barbecue, tu la gauche.

Par ailleurs, on pourrait pas arrêter d'opposer la droite et à la gauche sur la base de quelques mots d'autant que la gauche radicale a parfois les mêmes thèmes que l'extrême droite et, à sa décharge, vice-versa.


Le titre de ce billet de blog est complètement con.

10 commentaires:

  1. Le travail ?
    Quand je suis parti à la retraite, j'ai accroché au mur un sous-verre.
    Deux transats sous un palmier et par dessus un extrait d'un écrivain anglais. Jérôme K Jérôme.
    Et j'ai fait mienne sa devise.

    Le travail me fascine
    Je peux m'asseoir
    Et le contempler pendant des heures.

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    1. C’est quand même du gaspillage de sous-verre…

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    2. Pas du tout.
      C'est ce qui me permet de rêver, de faire plein de voyages imaginaires.
      J'ai eu la chance, pendant une quinzaine d'années, de pouvoir concilier travail donc salaire avec voyages et rencontres sans oublier des visites de lieux insolites et des paysages sublimes.

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  2. "Valeur travail" : charabia grotesque d'une époque qui ne l'est pas moins. À quand une valeur week-end ? Une valeur vacances ? Une valeur RTT ? Une valeur récré pour les plus jeunes ?

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    1. Une valeur cuite ?
      NJ

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    2. Putain. Si vous arrivez à signer les commentaires et pas moi…

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    3. C'est parce que je suis un vrai geek. Élevé sous la mère, bio-compatible, durable et tout le tremblement.

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    4. J'espère au moins que vous n'êtes pas geek vegan ou même un écolo geek !-

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  3. Marrant, je viens de terminer un billet sur cette "valeur travail" qui me parait dépassée...

    Evidemment qu'il faut travailler pour vivre, et que ce "droit à la paresse" sorti de l'esprit fécond de dame Rousseau m'est pénible, car c'est avec mon travail que je vais financer l'oisiveté. Mais on ne vit pas pour travailler.

    J'ai un biais assez fort dans mon camp sur la valeur travail quand j'en discute. Mais je m'en sors.

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    1. Elle a oublié les millions de personnes qui vont financer l'oisiveté... et donc voter ailleurs.

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