Prof de fac avec deux étudiants
A l’ère moderne, je crois bien que c’est Nicolas Sarkozy qui
a parlé de la valeur travail pour dire, en résumé, « travailler plus pour
gagner plus », et nous en sommes, 15 ans, à nous demander si c’est une
valeur de droite ou une valeur de gauche. Pour ma part, je ne sais pas si c’est
une valeur et je m’en contrepignole tout comme de savoir si c’est de droite ou
de gauche. Et je refuse de me mêler de ce débat d’intellectuel ou de philosophe
vu que je n’en suis pas un. Je n’en ai pas les capacités, à ma plus grande
honte, vu le nombre de spécialistes que j’ai vu dans les réseaux sociaux depuis
hier.
Je vais quand même parler un peu de travail mais surtout pas
de « valeur travail » : je ne suis pas cinglé.
« Ouvriers, paysans, nous
sommes
Le grand parti des travailleurs,
La terre n'appartient qu'aux
hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent
!
Mais si les corbeaux, les
vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours. »
Vu que c’est la conclusion (la fin, pardon) de l’Internationale,
je suppose que le travail a un intérêt pour les gens de gauche et ceux qui,
comme la douairière Rousseau, revendiquent le droit à la paresse, il me semble
que le mot « oisif » utilisé dans ce texte de Pottier (le savais-tu ?)
désigne surtout les exploiteurs qui vivent du travail des autres, vils ennemis
naturels de nous tous.
Cela étant, n’allez pas croire que c’est la moindre haine
envers Madame Rousseau qui me fait écrire ce texte : je déteste encore
plus le travail que les inutiles gagnant 7000 euros sur les sièges du Bourbon après
avoir glandé en université pendant des années. Le travail n’est pas une fin en
soi, surtout pour ceux qui ne peuvent pas écrire de billet de blog sur un
ordinateur professionnel.
Avec la sagesse qui me caractérise, je vais citer les
paroles d’une chanson, connue par tous, quant à elle, au sujet du travail.
« Le travail c'est la santé
Rien faire c'est la conserver
Les prisonniers du boulot
N'font pas de vieux os
Ces gens qui courent au grand
galop
En auto, métro ou vélo
Vont-ils voir un film rigolo
Mais non, ils vont à leur boulot
[…]
Ils bossent 11 mois pour les
vacances
Et sont crevés quand elles
commencent
Un mois plus tard, ils sont
costauds
Mais faut reprendre le boulot
Allez tous ensemble »
Et n’oublions un autre chef d’œuvre (heu…) malheureusement
moins connu mais à peine :
« Travailler c'est trop dur
Et voler c'est pas beau
D'mander la charité
C'est quelque chose que je ne
veux plus faire
Chaque jour que moi je vis
On ne demande de quoi je vis
Je dis je vis sur l'amour
Et j'espère vivre vieux »
Tout cela prouve bien que nous ne sommes pas les premiers à
parler de travail… et que certains avaient trouvé un moyen sympathique pour en
vivre.
Travailleurs complètement cons ou esclaves ?
Je sens que l’introduction de ce billet de blog va être trop
longue. Ca m’évitera de développer.
Je vais rappeler que je n’ai jamais caché être favorable au
revenu universel, dans mon blog, et si je n’en parle pas, c’est ce que je suis
assez peu convaincu par notre capacité collective à produire assez de richesses
pour le financer. Je vois un truc simple : tu supprimes les aides diverses
telles qu’APL, AAH, RSA, les allocations familiales… et tu verses 7 ou 800
euros à chacun plus 50 euros par gamin (100 euros pour ceux qui n’ont pas un
conjoint qui touche aussi les 50 balles) et tu ne me fais plus chier.
Les gens seront alors libres de travailler ce qui leur
permettra de cotiser d’une part pour la retraite (à savoir un revenu
proportionnel au montant cotisé à partir d’un certain âge) et d’autre part pour
des assurances, comme une assurance chômage et une relative aux arrêts de
travail, permettant de toucher des revenus, en complément du « RU »
évidemment pendant la retraite mais aussi pendant les « accidents de la
vie » comme on dit (perte du travail, incapacité temporaire ou définitive…).
Ceux qui sont opposés à l’oisiveté sont invités à considérer
qu’on ne peut pas avoir pour but dans la vie de survivre avec 700 euros. Ce qui
sont favorables pourront m’expliquer comment on va payer tout ça sachant que
les revenus ne peuvent provenir que de richesses produites et que, pour ça, il
faut, somme toute, des richesses, d’autant que les revenus du capital et leurs
taxations risquent d’être bien occupés avec le revenu universel... mais tout
cela est bien compliqué.
D’autres aspects sont à prendre en compte. Tout d’abord, on
a un peu trop tendance à confondre « travail » avec « travail
rémunéré ». Par exemple, je dois éplucher mes pommes de terre avant midi
et, pendant leur cuisson (pour les manger avec des andouillettes), tondre la
pelouse : pour moi, c’est du travail. A contrario, j’ai passé assez de
temps dans ma vie avec 90 minutes de transport par jour pour aller au bureau
sans que cela soit considéré comme du travail. C’est bien triste.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier la nécessité, certes
discutable, de considérer tout un chacun devant contribuer aux besoins de la
société. Je ne vois pas pourquoi certains s’autoriseraient à ne rien glander
alors que d’autres triment pour que tout le monde puisse raconter des conneries
sur un smartphone (par exemple).
Il y a effectivement un problème avec les gens très riches
qui peuvent faire travailler les autres pour le bien général (et pour s’enrichir
encore plus) mais je n’aime pas spécialement couper les têtes d’autant qu’après
avoir regardé « Vikings » puis « Vikings Valhalla », je me
suis mis à The Last Kingom…
Défenseur du travail expliquant (à raison)
qu'il faut travailler moins.
Bon, je ne vais pas développer. Je vais faire une remarque
désagréable. Les gens de gauche qui défendent aujourd’hui le travail comme une
valeur sont invités à arrêter de militer pour diminuer l’âge de départ à la
retraite. Ou à laisser les philosophes philosopher. Le travail n’est pas une
valeur mais un producteur de valeur. J’ai bon, là ? J’en suis même pas sûr.
Donc me voila, en guise de conclusion : je suis d’accord
sur le sujet avec Mâame Rousseau et avec ses opposants. Par contre, cela ne m’empêche
pas de penser qu’elle devrait fermer sa gueule plutôt que d’expliquer à des
électeurs – devenus ex électeurs – qu’on peut vivre normalement sans travailler…
Cette espèce de foldingue, après avoir tué les entrecôtes au barbecue, tu la
gauche.
Par ailleurs, on pourrait pas arrêter d'opposer la droite et à la gauche sur la base de quelques mots d'autant que la gauche radicale a parfois les mêmes thèmes que l'extrême droite et, à sa décharge, vice-versa.
Le titre de ce billet de blog est complètement con.
Le travail ?
RépondreSupprimerQuand je suis parti à la retraite, j'ai accroché au mur un sous-verre.
Deux transats sous un palmier et par dessus un extrait d'un écrivain anglais. Jérôme K Jérôme.
Et j'ai fait mienne sa devise.
Le travail me fascine
Je peux m'asseoir
Et le contempler pendant des heures.
C’est quand même du gaspillage de sous-verre…
SupprimerPas du tout.
SupprimerC'est ce qui me permet de rêver, de faire plein de voyages imaginaires.
J'ai eu la chance, pendant une quinzaine d'années, de pouvoir concilier travail donc salaire avec voyages et rencontres sans oublier des visites de lieux insolites et des paysages sublimes.
"Valeur travail" : charabia grotesque d'une époque qui ne l'est pas moins. À quand une valeur week-end ? Une valeur vacances ? Une valeur RTT ? Une valeur récré pour les plus jeunes ?
RépondreSupprimerUne valeur cuite ?
SupprimerNJ
Putain. Si vous arrivez à signer les commentaires et pas moi…
SupprimerC'est parce que je suis un vrai geek. Élevé sous la mère, bio-compatible, durable et tout le tremblement.
SupprimerJ'espère au moins que vous n'êtes pas geek vegan ou même un écolo geek !-
SupprimerMarrant, je viens de terminer un billet sur cette "valeur travail" qui me parait dépassée...
RépondreSupprimerEvidemment qu'il faut travailler pour vivre, et que ce "droit à la paresse" sorti de l'esprit fécond de dame Rousseau m'est pénible, car c'est avec mon travail que je vais financer l'oisiveté. Mais on ne vit pas pour travailler.
J'ai un biais assez fort dans mon camp sur la valeur travail quand j'en discute. Mais je m'en sors.
Elle a oublié les millions de personnes qui vont financer l'oisiveté... et donc voter ailleurs.
Supprimer