Le grand sujet politique de la semaine a bien sûr tourné
autour du 49.3, des motions de censure et du vote par les députés du RN de
celle déposée par la Nupes. Cela a engendré plusieurs polémiques, presque « à
tiroir » et c’est un peu l’objet de ce billet même si j’aurais tendance à
préféré traiter une autre question : on fait quoi, à présent ? Mais
je n’en ai pas la moindre idée et je n’ai pas l’illusion de pouvoir peser sur
une réponse avec mon pauvre blog…
Néanmoins, que les choses soient claires… Tout d’abord, on
nous dit, à gauche, que c’est la faute de Macron et de sa politique si la
motion de censure a été déposée puis votée par les deux groupes extrêmes. On
peut en discuter mais le fait est que c’est bien la Nupes qui a déposé la
motion de censure. Pas les députés centristes. Il faut assumer.
Ensuite, il est à peu près avéré que les rédacteurs de la motion
Nupes ont fait en sorte que le texte soit acceptable par le Rassemblement
National, en éliminant les sujets de discorde comme en supprimant, par exemple
l’immigration. Il y a donc eu une action délibérée quoiqu’en disent les partisans
d’Olivier Faure qui ne supportent pas les critiques. Je veux bien leur trouver
des excuses (ils n’étaient pas à l’origine, ils n’étaient pas au courant) mais
les faits sont là.
Enfin, il faut voir les résultats. D’une part, c’est bien l’extrême-droite
qui s’est montrée responsable en acceptant de voter un texte proposé par « l’autre
bord ». D’autre part, c’est LR qui a repris du poil de la bête en refusant
de voter pour éviter une censure qui n’aurait que foutu la merde (je vais aussi
y revenir).
Les élus Nupes ont ainsi montré qu’ils sont les idiots
utiles… aux autres, par définition. Google et Wikipedia nous disent : « L'expression « idiot utile » s'applique en politique à
des personnalités qui servent des desseins divergents de leurs représentations
authentiques, et se trouvent, bien que peut-être de bonne foi, utilisées,
instrumentalisées ou manipulées. »
Après, il y a eu des textes, dont de très bons issus de
personnalités de gauche, sur le thème « comment on en est arrivé là »
mais leur conclusion est toujours la même : c’est la faute de Macron si le
RN est fort. Il faut quand même se sortir les doigts du cul et arrêter d’accuser
les autres. Le Front National a bien progressé une deuxième fois au début du
premier quinquennat de Mitterrand et, une suivante, lors du mandat de Jospin.
Je ne dis pas qu’ils sont responsables directement mais les faits sont là… C’est
bien facile de désigner un coupable en omettant ses propres fautes.
On va revoir l’histoire. Le petit Macron, vers 2016, a
constaté que la gauche était à la ramasse, incapable de soutenir franchement ses
propres élus et que les personnalités de droite, à part peut-être Juppé, n’étaient
plus crédibles. François Fillon, par exemple, passait pour un horrible
réactionnaire et personne n’en voulait réellement. Nicolas Sarkozy était resté
grillé après son quinquennat, sa tentative de récupération du parti un peu
après et tout ça.
Je mets Juppé à part car je disais à l’époque, comme
beaucoup de monde mais très moqué, qu’il était le seul, à droite, à pouvoir
gagner. Rappelez-vous, on disait même, à l’époque, que des gens de gauche
avaient été voter pour lui à la primaire des Républicains pour limiter les dégâts…
Les gens de droite ont merdé et les affaires de Fillon ont fait la suite.
Revenons à notre petit Macron. Il s’est dit que les
électeurs n’en pouvaient plus de la gauche et de la droite et a lancé le « ni
de droite ni de gauche » ce qui a bien marché. Les gens de gauche modéré,
comme moi, en avaient assez d’une gauche populiste et radicale, d’un parti socialiste
qui avait tapé sur le candidats qu’ils avaient poussé au pouvoir cinq ans avant
(et Manuel Valls s’est grillé tout seul). Macron a réussi son parti… et, « en
même temps », a permis la mise en place d’une Assemblée Nationale qui lui
était largement majoritaire.
Il a gagné.
Je sais bien qu’il n’y a aucune originalité dans mes propos,
malheureusement, mais je ne vois pas l’intérêt des dissertations diverses cherchant
d’autres « prétextes ». L’histoire ne s’arrête pas là. La macronnerie
est donc arrivée au pouvoir et il y a eu un événement que je tiens à souligner,
c’est quand ils ont donné raison aux zadistes à Notre-Dame-des-Landes. Cela m’est
certes resté au travers de la gorge mais ils ont été contre un consensus
national cinquantenaire, contre le résultat d’un référendum local, contre un
processus normal d’évolution de l’aménagement du territoire, donnant raison aux
écologistes incompétents (là, je m’engage et ce n’est pas l’objet du billet).
Les révolutionnaires de gauche en peau de lapin et les
réactionnaires en peau de fesses ont eu une victoire.
Il y a eu, ensuite, l’histoire des gilets jaunes qui n’a été,
en fin de compte, qu’un pet dans l’eau et qui n’a pas été traité comme il
fallait, c’est-à-dire, comme à NDDL, avec des coups de pied au cul. La nouvelle
assemblée venait d’être élue et ce n’était surement pas aux « ronds-points »
de faire la loi, ils n’étaient pas légitimes pour cela.
Ensuite, il y a eu la crise sanitaire qui a généré beaucoup
de mécontentements, ce que l’on peut concevoir. Je passe la fin, avec la guerre
en Ukraine. On pourrait penser que les oppositions avaient un boulevard
(chacune) mais la droite a continué à sombrer, tout comme la gauche socialiste.
Je peux difficilement parler de la droite et montrer comment une telle
stupidité à peu régner. La gauche socialiste m’intéresse plus. Ils n’ont tiré
aucune leçon valable de 2017. Le candidat qu’ils avaient choisi (et dont j’approuvais
l’essentiel du programme, comme le revenu universel et la nécessité de changer
une base de la fiscalité – traduite par la fameuse taxe robot) et qui venait de
leur bord gauche s’est vautré pendant que l’aile centriste, exaspérée par le radicalisme
d’une certaine gauche, s’est rapproché de Macron.
Il n’aurait pas fallu ignorer ces braves gens.
Le Parti Socialiste est cette fois devenu « les idiots
utiles » de la gauche radicale… (notons que, depuis la dernière séquence électorale,
cela ne s’est pas arrangé).
Et on se retrouve maintenant avec une Assemblée Nationale
composée d’un groupe de la majorité présidentielle d’un peu moins de 250 députés,
un d’une gauche radicalisée d’un peu plus de 130, d’une droite traditionnelle
avec une soixantaine de représentants et d’une extrême droite dédiabolisée avec
près de 90 élus. Sur ces 530 lascars (il faudrait faire le calcul avec les 577
députés), on pourrait dire que, mathématiquement (pour trouver un centre de
gravité), 265 à droite et 265 à gauche.
Nupes représente donc moins de la moitié de cette demi-assemblée
mais continue à nous casser les burnes sur le thèmes « les macronistes
sont à droite ». Idéologiquement, je les comprends, mais cela est nier les
nouveaux clivages issus de « pas de droite et pas de gauche ». Sur
les 130, et je vais arrêter avec les chiffres après, il y a trente socialistes
qui auraient bien mieux fait de se rapprocher des 135 (265 moins 130) vers le
centre que des 100 (130 moins 30, essaie de suivre) sur la gauche.
Les 30 socialos auraient pu, aussi, se rapprocher de la
vingtaine de « divers gauche » et de quelques écolos perdus dans la
Roussellerie pour avoir un groupe d’une soixantaine de lascars motivés,
fatalement rejoints par quelques macronistes bien déçus par un tournant
politique vers la droite. Et ils auraient pu s’abstenir de voter un texte de
censure partagé ostensiblement avec l’extrême-droite.
Je rappelle que le thème de ces deux sections était comment
on en est arrivé là. Les camarades socialistes ont tort de chercher des raisons
plus politiques alors qu’il n’y a aucun aboutissement possible sans lever le
bordel dans les rangs du centre gauche officiel. Et ils ont tort, aussi, de
dire en principal argument « Macron, c’est la droite », parce que ça
ne fait pas une ligne politique gagnante. Au contraire, même.
Un autre argument utilisé au sujet du « comment on en
est arrivé là » est « c’est de la faute du gouvernement qui n’a pas
pris en compte nos amendements ». Mais, en fin de compte, cela revient à
dire « c’est de la faute du gouvernement qui n’a pas pris en compte ce que
l’on voulait comme budget. » Or, ce n’est pas à un groupe minoritaire de
fixer le budget. Accepter les termes proposés aurait été particulièrement
antidémocratique de la part du Gouvernement car ça aurait été tourner le dos
aux électeurs des 250 députés centristes. La gauche a voulu marquer le coup en
pleurant : « on ne veut pas de la taxation des superprofits »
mais Renaissance n’a pas été élu pour créer cet impôt ! Les législatives
ont moins de six mois, tout de même.
On peut le regretter, certes, mais il convient de conserver
un peu d’objectivité. Les discussions n’auraient pas abouti. Le budget n’aurait
pas été voté. Mme Borne a dit : « cessez le feu, hop, 49.3 ».
Après, je suppose qu’il y a eu des tractations secrètes pour interroger les groupes :
qu’est-ce que vous voulez exactement qu’on fasse passer pour nous foutre la
paix ? Je suppose donc qu’il n’y a pas eu de consensus. Les négociations
ont échoué.
Enfin, on a beaucoup spéculé sur le thème : que se
serait-il passé si la censure avait été votée ? Je passe le fait que si ma
tante en avait, on l’appellerait mon oncle. Le sujet n’a aucun intérêt. Un
changement de gouvernement n’aurait rien modifié. Les oppositions de droite comme
de gauche auraient continué à tout faire contre le budget, allant jusqu’à la
paralysie du pays. Une dissolution n’avait aucune chance de rebattre
suffisamment les cartes pour qu’un groupe obtienne une majorité absolue. Alors
la seule solution qu’aurait eu le gouvernement est de faire une alliance avec la
droite traditionnelle.
Le résultat aurait donc été un nouveau virage à droite.
Nos idiots utiles auraient alors dit « on vous avait
bien prévenu ». C’est pourtant bien amusant de constater qu’Hollande, par
exemple, grimpe en force dans les classements de popularité, devançant tous les
autres zouaves issus de la gauche… Mais qu’il reste devancé, seulement, par les deux
premiers Premiers ministres d’Emmanuel Macron…
Ton billet est super et il y a pleins de points et d'accroche pour en discuter.
RépondreSupprimerY un point qui m'amuse car j'en ai parlé avec un ancien député socialiste de ma circonscription, qui avait écrit un bon texte sur son Facebook. Mais je suis faisais la remarque, amicale, que se focaliser sur le RN est idiot.
Aujourd'hui, le 'c'est la faute à Macron si le RN est fort' et doublement idiot. D'abord parce que ce n'est un drame, et que faire un prisme contre un parti jugé non républicain par des gens au comportement douteux et pire (Melenchon, Rousseau et la clique LFI extrême gauche) est pénible.
Concernant LR, je n'ai pas de positions sur savoir s'il fallait ou non voter la motion de LFI. Mais j'avoue que les bravades de Melenchon qui donne des leçons de politique à LR, ça me gonfle. Qu'il s'occupe de ses affidés et de ses troupes.
Enfin, j'ai bien aimé la réponse de Boris Vallaud à Le Maire qui moquait le RN d'avoir voté avec Nupes. C'est qu'en 2015, Le Maire avait voté avec les deux députés FN une motion de censure contre les lois Macron.
Pour ton début, on est d'accord, évidemment.
SupprimerPour LR, la rumeur dit qu'ils ont quelque chose en préparation mais que c'est trop tôt pour voter une censure. Je n'ai pas d'avis, non plus.
Pour Le Maire, il y a aurait beaucoup de choses à dire. Par exemple, je ne vois pas pourquoi Macron l'a mis au gouvernement après toutes les saloperies qu'il a dites.
Billet beaucoup trop long sur un sujet de peu d'intérêt.
RépondreSupprimerÀ mon avis...
Tu n'es pas obligé de lire non plus. Tu n'es pas obligé non plus de t'intéresser à l'avenir de la gauche.
SupprimerFaure, le remora ps de méluche s'est dit écoeuré que Macron ait déclaré hier que la motion de censure nupe avait été rendue acceptable pour raccrocher le rn mais ne l'a pas nié. personne à gauche ne l'a nié. d'ailleurs eelv dit qu'elle ne votera pas celle de lfi . ils ne finiront pas l'année.
RépondreSupprimerPersonne ne peut le nier : c'est la vérité. La rumeur dit même que Méluche en personne supervisait la rédaction. Mais les socialos sont fous : Hélène Geoffroy, opposante à Faure, a fait un communiqué pour s'offusquer mais des personnalités divers du PS l'ont engueulée.
SupprimerIl faudra qu'ils apprennent à dire "oups ah oui on s'est planté".