« Le télétravail est une
catastrophe pour l’économie ». Voila ce que braillait un copain –
une connaissance serait plus juste – au comptoir du bistro, l’autre soir. Et le
voila parti pour une démonstration : les clients ne déjeunent plus au
restaurant, les entreprises ne construisent plus de bureau. J’ai bien sûr rétorqué
que c’était faux même si l’impact n’est pas négligeable pour les petites
brasseries des quartiers d’affaire.
Je vous invite néanmoins à faire un saut sur Boursorama pour
consulter l’historique de valorisation des actions, par exemple pour des cadors
de la restauration rapide, tels que Sodexo, et de la construction, tels Vinci.
Ils ont pris de plein fouet dans la gueule la crise sanitaire mais ont fait
leur petit bonhomme de chemin, depuis…
Vinci est revenu à peu près au niveau de début mars 2020 (mais à été
multiplié par trois en 10 ans). Sodexo a moins remonté (20% en dessous d’il y a
trois ans… un peu au-dessus d’il y a quatre ans). Ne nous arrêtons pas là !
Elior a bien baissé mais la chute a commencé avant la crise (pour des raisons
que j’ignore). Bouygues aussi a perdu 20%... mais en a gagné 70 en dix ans.
On ne va pas plaindre ses gentils actionnaires mais toute l’économie
ou presque en a pris plein la gueule à l’occasion de la crise sanitaire et tout
n’est pas dû au télétravail. Et le CAC 40 a doublé en 10 ans (sans pour autant
atteindre son niveau d’avant la « bulle informatique » du début des
années 2000). Il a pris 10% depuis le début de la crise sanitaire.
Alors revenons aux petites brasseries. Elles ont perdu avec
la crise sanitaire. Les modes de consommation ont changé. L’impact du
télétravail est impossible à déterminer et si vous interrogez les patrons de
ces bistros, ils vous répondront à la quasi-unanimité qu’ils ont perdu du chiffre
d’affaires à cause du développement de la restauration rapide.
Qu’ils soient chez eux ou au bureau, les travailleurs
doivent bien déjeuner… Pour ma part, je vais moins souvent à la cantine qu’auparavant
et plus souvent au restaurant. Les entreprises doivent continuer à avoir les
capacités à accueillir tout le personnel et ne vont pas, rapidement, lâcher des
mètres carrés…
Cela étant, je ne suis pas économiste et ne peux pas faire
plus de suppositions…
Mon pote est chauffeur de taxi et n’est donc pas concerné
par le télétravail (et je ne pense pas que beaucoup de monde aille en taxi au
boulot… sans compter que les taxis parisiens qui ne sont pas affiliés à la G7
et, par définition, à Uber, doivent ressentir quelques difficultés,
indépendantes du télétravail).
Il n’est donc pas impossible que sa réaction vis-à-vis du
télétravail soit amplifié, d’une part, par une méconnaissance et, d’autre part,
par une évidente jalousie. Je vais quand même conchier les andouilles qui
voudraient que personnes n’aient des avantages quand, eux-mêmes, ne peuvent pas
en bénéficier. Je ne critique pas, c’est de bonne guerre, mais je suis fatigué
de ces lascars qui lancent des oukases (« Le
télétravail est une catastrophe pour l’économie ») un peu au hasard
et probablement sans fondement tangible.
Disons que 20% des salariés ont accès au télétravail. A un
instant T, il y a la moitié qui n’est pas au bureau, en gros, dont une partie
qui, de toute manière, ne déjeune jamais à la cantine. Alors prétendre
connaître les impacts sur l’économie, pour un trou du cul comme toi et moi, est
un peu gonflé.
En revanche, il ne faut pas regarder que ces aspects
potentiellement négatifs sur l’économie. Je pourrais en trouver des positifs :
il faut bien que les gens mangent donc font plus fonctionner les commerces de
proximités, ils sont moins fatigués et dont plus productifs, la crise sanitaire
a permis de changer le travail en entreprise et d’améliorer tout cela, ils gagnent
du temps libre pour les loisirs dont la consommation de bière. J’en passe.
On ne peut pas savoir et il y a tellement de choses qui
jouent sur l’économie que la part du télétravail est epsilonesque…
C’est comme, d’ailleurs, l’impact sur l’environnement de ce
dernier. Les gens qui « n’en font pas » utilisent quand même la
voiture pour les courses, les gamins, les moyens modernes de communication génèrent
aussi de la consommation… Une recherche Google mon que la baisse d’émission des
gaz à effet de serre n’est même pas de 3%, rien que pour le transport. C’est
bien décevant…
Il faut tout de même arrêter de ne considérer que l’environnement
et l’économie pour tout juger. Le télétravail est un large progrès pour la
plupart des bénéficiaires. Dont moi ! Vous pouvez attendre un agent EDF ou
Orange ou un livreur sans poser de congés, vous pouvez garder les enfants
malades, vous adapter votre rythme et, si tout va bien, vous gagnez une heure
ou deux par jour, si tout va bien.
Les télétravailleurs sont des privilégiés mais on ne peut
pas aboutir tous les privilèges pour des raisons débiles. Il faut faire avec,
ce qui n’est pas existant. Ne serait-ce qu’hier, je ronchonnais après les grévistes
des grandes entreprises qui oublient qu’ils sont privilégiés. Ce n’est pas pour
autant que je veux les pénaliser !
Laissez-nous vivre !
Si on prend le PIB comme critère, il est évident que le télétravail est une catastrophe pour les garagistes, TOTAL et ESSO, les vendeurs d'anxiolytiques et de somnifères, la restauration collective et la mal-bouffe, l'hôtellerie, les transports en commun et le transport aérien, les médecins et les fabricants de vaccins.
RépondreSupprimerEt si on intégrait les externalités négatives dans les critères de mesure de la richesse ?
Très bon article.
Merci.
SupprimerJ'ai l'air de pondre mes billets à la sauvette mais je prends le temps de me documenter : en fait, les gens en télétravail roulent quasiment autant que les autres. Ils ont plus le temps pour aller faire des courses, aller chercher des gamins à l'école, les déposer à des activités diverses...
"Externalité négative" est une expression un peu à la con mais oui, il faut compter autre chose que le PIB, comme le temps consacré à l'éducation des mômes, le bien-être...
Pour le petit coup vite fait dans la réserve à papier photocopie avec la grosse Sandrine de la compta, c'est râpé !
RépondreSupprimerOui mais on peut sauter la concierge.
SupprimerLe seul danger du télétravail si on ne se fixe pas des règles horaires, c'est de trop travailler. Ce fut le cas de mon conjoint et de quelques personnes autour de moi il y a quelques années.
RépondreSupprimerSylvie
Il y a d'autres dangers, comme l'isolement social, notamment chez les jeunes (le gars qui prend un appartement et qui ne connait personne dans le quartier finira par rester chez lui).
SupprimerBizarre: maintenant, c'est chez DG que mes publications échouent systématiquement.
SupprimerÇa viendrait de mon stupidphone, ou de Blogger ( DG est bloqué à 7 commentaires depuis 2 ou 3 jours ) ?
Vu que Catherine me demande de t’informer : ils ont une coupure d’internet. Une nouvelle. Maintenant, merci d’arrêter de me faire chier. J’ai des problèmes plus graves que ces conneries.
Supprimer« Le seul danger du télétravail si on ne se fixe pas des règles horaires, c'est de trop travailler. »
SupprimerMoi qui ai été une sorte de précurseur du télétravail, entre 2012 et 2016, j'ai eu une expérience radicalement opposée : du jour au lendemain, mon temps de travail est passé d'environ huit heures (temps de trajets compris) à une heure, parfois une heure et demie.
Sans diminution de salaire of course, et même avec sérieuses économies : essence, péage, bouffe du midi…
Vous avez travaillé huit heures par jour, vous ?
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