31 janvier 2023

Lettre ouverte à Dominique Macron et Jacques Borne

 


Ma chère Elisabeth, Mon cher Emmanuel,

Mme la première ministresse, M. le Président TC,

N’allons pas par quatre chemins : par la présente, je vais vous suggérer de retirer votre réforme des retraites dans les meilleurs délais et sans préambule. Nous allons commencer par couper court au débat et à la question que nous avons sur nos lèvres desséchées : cette réforme est-elle nécessaire ou indispensable ? Notez bien que j’ai un avis. La réponse est deux points ouvrons les guillemets négative mais peu importe. De toute manière, toute la gauche est persuadée qu’elle ne sert à rien, est injuste et j’en passe. L’extrême droite, dont nous devrions conchier l’avis, devrait dire la même chose mais elle est quand même capable de faire basculer une majorité au Parlement. La droite dite républicaine ou de gouvernement devrait être partagée. Les centristes, en revanche, voterons pour votre texte. On s’en fout.

La question reste ouverte mais, entre nous, nous parlons de quelques milliards par an et on ne va pas se triturer les testicules vu que cela ne fait quand même rien par rapport à nos différents budgets et, comme dirait les opposants qui mélangent tout par rapport à toutes les aides, aux bénéfices des grandes entreprises, aux dividendes versées par celles du cacarante.

Ne me dites que, après le « quoi qu’il en coûte », cela vous dérange beaucoup ?

 


La question est de savoir pourquoi recommandationnais-je ce revirement immédiat mais sans frais. Tu te rappelles du CPE ? Et ça ne te dérange pas si je te tutoie en parlant à vous deux, en tant que tête de l’exécutif ? C’est l’histoire du petit Villepin qui fut première ministresse en son temps – il était un peu précieux. Et l’histoire du grand Chichi qui présidait en fuyant tout emmerdement pour finir son quinquennat bien aimé du peuple malgré la reprise des essais nucléaires et son épouse du même métal.

Ils ont dit « bon ben les gars, on va faire le CPE. » Il s’agissait de permettre aux entreprises d’embaucher des jeunes, y compris des blancs, aux conditions du bon vieux temps de l’esclavage tout en leur versant une indemnité digne de la moitié du montant minimum. Les jeunes n’étaient pas contents et le dit peuple était un peu énervé. Alors personne n’était satisfait et les manifestations continuaient dans la rue après le vote de loi instaurant ce truc vu qu’on les prenait tout de même un peu pour des cons, ce qui se voyait autant que la peau de mon ventre quand je n’ai plus de tee-shirt 6XL à me mettre même si les raisons ne sont pas identiques.

C’était tellement le bordel que le grand Chichi a dit ah ben c’est trop on va arrêter ce truc. La Constitution disait quand même qu’il devait promulguer une loi votée alors il l’a promulgationnée tout en faisant voter par le parlement une loi d’annulation ou un truc comme ça, les détails ne m’intéressant pas trop, ils m’échappent.

L’exécutif fut alors couvert de ridicule.

Ben mes cochons, Elisanuel et Emmabeth, j’ai bien l’impression que l’on fonce droit vers le même mur honteux. Le peuple est mécontent. Il y a eu les gilets jaunes, le virus, la guerre en Ukraine, l’inflation et tout ce que j’ai oublié et ça commence à bien faire. Les manifestations pourraient bien se multiplier et nous frôlerions alors la révolution ce qui m’empêcherait d’aller siroter mes demis sereinement dans un des bistros du quartier.

J’ai l’air de déconner mais pas du tout. La vérité est que je le sens mal et les barouds d’honneur me les brisent.

 


En retirant ce projet de loi et en passant quelques trucs un peu sociaux voire sociétaux comme l’obligation pour les clergimanes pédophiles d’épouser leurs victimes vous « achèteriez la paix sociales » et ça m’arrangerait assez.

Ensuite, vous pourriez faire passer n’importe quelle loi comme celle sur l’immigration qu’il y a dans les papiers pour donner une heure de gloire à M. Darmanin. Nous retrouverons une situation normale : les gauchistes seront scandalisés et les fachistes trouveraient que vous n’en faites pas assez. Mais le mécontentement ne serait que fictif dans la mesure où personne n’a rien à cirer de l’immigration du moment que ce n’est pas chez eux.

De toute manière, une loi ne servirait à rien : vous n’allez pas bloquer les frontières où, alors, il faudrait faire venir des travailleurs immigrés pour construire des murs qui pourraient les empêcher de repartir à l’issue des travaux. Toutes les autres mesures seraient inutiles sauf si elles sont vraiment inhumaines au point où, même dans les pays exotiques, on aurait du mal à les supporter.

Je pourrais être critiqué, pour ces propos, par mes amis réactionnaires mais le journal Le Monde nous en dit plus sur ce projet : « Ce texte, intitulé « Pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » et que Le Monde a consulté, se décline en vingt-cinq articles. Il y est question de conditionner l’octroi de titres de séjour pluriannuels à la maîtrise d’un certain niveau de français ; de créer un titre de séjour « métiers en tension » accessible aux travailleurs sans papiers ; de renforcer la « double peine » en levant certaines protections à l’éloignement à l’encontre d’étrangers délinquants ; de pouvoir retirer un titre de séjour à un étranger « en cas de rejet des principes de la République » ; de réformer la procédure de demande d’asile pour raccourcir les délais d’instruction ou encore de simplifier le contentieux des étrangers. »

Admettez tout de même que les violons n’ont pas fini de déborder. Mais on s’égare. Je lutterai contre ce texte dans mon blog quand le moment sera venu et j’aurai du mal à trouver un angle d’attaque tant je m’en contrepignole. Vos suggestions seront les bienvenues. Pour les manifestations à venir, veuillez veiller à ne pas boucher les entrées des brasseries.

 


Il vous reste un double volet à régler : comment annoncer l’annulation de la réforme des retraites aux Français tout en ménageant vos supporters qui soutiennent cette réforme des retraites par pur principe. Tout d’abord, je pense que c’est Manu qui doit s’y coller vu qu’il y a déjà eu une réforme avortée lors du premier quinquennat et que c’est lui qui a promis des bêtises.

Vous pourriez commencer par inviter à déjeuner (le même jour, pour limiter les frais) le président du Conseil de l’Europe et la petite dame que personne ne connait mais qui préside la grosse commission pour leur demander de préparer le terrain (encore plus) avec un discours qui consisterait à dire « ah ah, il y a un malentendu assourdissant : l’Europe n’a pas à donner des consignes sur la gestion des comptes sociaux et le système des retraites n’est pas en danger même si le déficit c’est mal, hein ! » Ensuite, vous pourriez envoyer vos troupes détailler des éléments de langage du genre « ah ben ils font chier les socialopes, la réforme qu’ils ont faite du temps d’Hollande avec Touraine, était bien pire que ce que l’on fait là mais comme ils ont fait passer leur usine à gaz sur la pénibilité, le peuple s’est endormi. »

Après, vous profitez des scandales des Ehpad pour lancer une grande consultation (ça fait toujours bien) sur le thème « putain de bordel, comment ça se fait que les structures publiques dépendant des municipalités ou des hôpitaux assurent un bon service pour 1800 euros par mois alors que les structures privées arnaquent des gens qui paient quand même 3 ou 4 000 balles avec un service qui pourrait donner des érections à Mme Lucet ? ». Cela n’est qu’un exemple mais aussi un excellent prétexte pour annoncer une grande réforme à venir (officiellement…) autour du vieillissement de la population et donc remettre en cause les actuels projets sur les retraites en faisant semblant de ne pas y toucher.

Enfin, Manu fera un grand discours solennel : « je vous hais, compris ? » Après, il faudra broder, je ne peux pas tout faire. « Au vu des mouvements sociaux, nous voyons bien que vous êtes beaucoup plus préoccupés par les conditions de la retraite, la dépendance, la fin de vie que par l’âge de la retraite » même si c’est tout le contraire « nous allons donc entamer de nouvelles concertations globales. » Puis vous n’avez pas de raison de vous faire chier : « nous allons commencer par proposer en urgence une légère augmentation des cotisations au-delà du plafond de la sécurité sociale pour améliorer les petites retraites puis pour indexer les populations sur les salaires » ou n’importe quoi d’absolument incompréhensible.

 

A vous de jouer, mes cher.e.s, et agréez donc en passant mes salutations distinguées et tout ce que vous pourrez agréer.

25 janvier 2023

Taxons les riches !


 

L’ineffable et célèbre Prix Nobel d’économie (discipline qui ne devrait pas exister nobellistiquement mais ne réactionnons pas) « propose de mettre en place un taux d'imposition mondial spécial de 70% sur les revenus les plus élevés et un impôt sur la fortune de 2 à 3 %. » J’imagine que nos gauchistes préférés sont en PLS surtout s’ils traduisent, comme BFM, « LE PRIX NOBEL JOSEPH STIGLITZ PROPOSE DE TAXER LES PLUS RICHES À 70% POUR RÉDUIRE LES INÉGALITÉS » (les majuscules sont offertes par la maison).

J’attire quand même leur attention sur deux points. Tout d’abord, il ne parle pas de taxer les plus riches à 70% mais les plus hauts revenus. Ne confondons pas les riches (qui possèdent une fortune) et ceux qui gagnent de l’oseille, sinon on va cibler des pauvres gens (comme moi – smiley – qui dispose d’un appartement valant plus de pognon que la moyenne mais uniquement parce qu’il a pris de la valeur depuis son achat, ce qui n’a rien à voir avec mes revenus).

En outre, il parle bien de faire cela au niveau mondial. On sait que c’est à peu près impossible. Nous pissons donc dans un violon pour rien et il faut arrêter de dire que c’est de la faute de Macron si cela ne se fait pas. C’est bien la preuve que les prix Nobel d’économie ne servent pas à grand-chose : ils préconisent des solutions impossibles.

 


Ce week-end, dans TikTok, je suis tombé sur une interview ou une conférence de presse Du Général (les majuscules sont là pour souligner qu’il s’agit du vrai général, celui qui a prêté son nom à la place de l’étoile) qui date évidemment un peu vu qu’il nous a quitté quatre ans après ma naissance, sans doute à cause de la dépression induite.

Il faisait l’éloge du capitalisme et je me suis dit ah ben il était bien de droite, papi, en disant, pour résumer, que c’était la seule solution pour créer des richesses. Et finissait par taper dessus en expliquant que le système capitaliste ne faisait d’engraisser les salauds de riches et ne participait pas à la redistribution, à la solidarité et tout ça et finissait donc incapable de garantir une espèce d’équilibre.

La seule conclusion qu’on pouvait retirer de ses propos est bien qu’il fallait taxer tous les revenus au même niveau que ceux du capital, ce qui serait de nature à me mettre en joie si je n’étais pas tiraillé par l’appétit qui me vient en cette fin de matinée.

 


Commençons déjà, entre nous-autres, stupides salariés, par se mettre d’accord sur la nécessité de taxer tous les revenus du travail de la même façon. Dans ces revenus du travail, il y a déjà les heures supplémentaires. Sarkozy avait inventé leur défiscalisation ce qui fût une erreur notoire pour différentes raisons. Hollande a supprimé ce truc. Macron l’a rétabli (décidément, si je comprends qu’on puisse être de gauche et avoir soutenu Macron par conviction en 2017, le fait qu’on puisse continuer à le faire autrement que par défaut en 2023 me parait surréaliste).

Commençons donc par refiscaliser ce machin.

On doit faire à l’identique avec toutes les primes et, surtout, avec tout ce qui relève de la participation et de l’intéressement. Après, on s’intéressera aux stock-options (c’est un peu compliqué mais on doit pouvoir faire la différence entre le prix d’achat « pratiqué » et le cours en bourse et imposer la différence). Je m’excuse d’être un peu précis mais il faut bien que j’aille jusqu’au bout de mon raisonnement. Dans le lot, n’oublions tous les petits revenus liés au travail comme les tickets restaurant et les subventions du CE. C’est peut-être dur à attendre mais pourquoi un type aurait-il un don au titre des œuvres sociales pour aller voir des spectacles pornographiques ou des séances de piscine pour mater les gonzesses sans être imposé ? Pour aller plus loin, pourquoi un type aurait-il une complémentaire santé payée par son employeur (et non comprise dans le revenu imposable) alors que d’autres n’en ont pas ?

Nous avons donc tous ces revenus qui, en plus du salaire de base, doivent entrer dans petit un le calcul de l’imposition progressif sur le revenu, petit deux les contributions genre CSG, petit 3, les contributions salariales, à la charge du salarié comme de l’employeur.

Quand on aura fait ça, déjà, on n’aura plus de problème de financement des retraites (si tant est qu’on en ait réellement un). Non mais sans blague.

 


Après, il nous faudra bien traiter les autres revenus que l’on prendra soin de séparer en trois pour notre délire mondial momentané : les revenus du capital, les plus-value (c’est pareil) d’un côté ; ceux de l’immobilier, y compris les plus-values, de l’autre et, enfin, les successions.

Dans une parenthèse, je parlais de mon appartement. Il serait injuste que je sois taxé pour l’avoir mais, si je le vends, il ne parait pas totalement immoral qu’on m’impose sur le pognon que j’aurais gagné par cette vente… On va mettre un délai de prescription (comme pour toutes les plus-values) comme nous ne sommes pas des chiens et un peu de stabilité dans le capital ne fait pas de mal. Disons 10 ans. Tout cela n’est pas si simple. On devoir supprimer les PEA, par exemple, vu que le délai court à partir de l’ouverture et pas de l’achat des titres. Nananère. Concentre-toi, bordel. Je ne suis pas un spécialiste mais je peux théoriser un tas de trucs. On nous a dit qu’il fallait taxer les riches, enfin !

 


Je pense avoir été assez complet – et formel – sur l’imposition sur les revenus mais je n’ai pas abordé deux sujets : l’imposition des successions et celle du capital. Pour les revenus, je voulais aussi signaler que ça n’est pas si simple que cela en a l’air.

Je n’ai jamais été un grand partisan de l’imposition sur le capital (la fortune, pas les revenus, essaie de suivre) et je l’ai souvent dit dans ce blog (aussi pour titiller mes potes de gauche). Par contre, je pourrais en faire des tonnes au sujet des successions, surtout parce que l’entassement du capital me parait une calamité.

Mais là, j’ai la flemme.

 

On va quand même résumer : les plus-values et les dividendes doivent être taxés comme les revenus du travail et Macron a fait une connerie avec la flat-tax. 

Par contre, ne mélangeons pas ce sujet avec la réforme des retraites. C'est bien le travail rémunéré qui doit payé les pensions... C'est un peu le principe de base de notre système "par répartition" et ceux qui voudraient modifier cela pour sauvegarder le système mériteraient un stage au cabanon.

23 janvier 2023

Le parti au fond du trou

 


S’il y a quelque chose qui fonctionne moins bien qu’Internet au Plessis-Hébert, en France, c’est bien la démocratie interne au Parti Socialiste. Tout d’abord, je n’ai jamais compris comment un parti démocratique pouvait choisir son patron avant le congrès où devraient être débattues les différentes orientations.

A l’heure où je mets sous presse, Olivier Faure a été déclaré vainqueur par son club de supporters, ceux de Nicolas Mayer-Rossignol continuent à refuser ce résultat à cause de nombreuses irrégularités et les Français n’ont plus aucune confiance : personne n’a la moindre crédibilité. Bien sûr, je ne suis pas neutre. Je ne souhaite pas la victoire de Faure. Tout d’abord, je suis persuadé qu’il est un mauvais stratège depuis l’élection européenne de 2019, en passant par la désignation de la candidate à la présidentielle pour 2022 (je ne sais pas si un mauvais choix avait été fait mais il n’y avait eu aucun débat d’envergure nationale). Ensuite, il y a la participation à la Nupes qui est une erreur majeure pour des raisons que j’ai largement déjà évoquées dans le blog mais aussi parce que, à l’heure où la macronerie s’enfonce à droite, il y est surréaliste de voir la social-démocratie s’allier avec la gauche radical et perdre toute espoir de retour en grâce. Il y avait un boulevard, non pas pour arriver en tête, mais, au moins, pour ne pas se transformer en poussière…

Par contre, on ne peut pas dire que je sois partisan de Mayer-Rossignol vu que je ne le connaissais il y a quelques semaines.

 


Depuis que j’ai des copains blogueurs membres du Parti Socialiste, je m’intéresse à ces histoires de congrès, d’autant que je les ai rencontrés, pour la plupart, juste avant le fameux congrès de Reims, en 2008, et l’affrontement entre Ségolène Royal et Martine Aubry. Ces querelles ne datent pourtant pas d’hier. On se rappelle les bisbilles entre Jospin et Fabius, par exemple, et on pourrait remonter bien plus loin. Rappelons-nous les amours entre Mitterrand et Rocard.

Ce week-end, j’ai lu beaucoup de comparaison entre la situation actuelle et les bagarre du passé. Or, dans les époques précédentes, le PS était encore un parti de gouvernement et les candidats étaient des personnes reconnues. En 2008, Martine Aubry était ancienne ministre, la « dame des 35 heures ». Ségolène, ancienne ministre aussi (mais moins connue pour cela) mais surtout ancienne candidate à la présidentielle. En 1990, à Rennes, Fabius était un ancien premier ministre et Jospin un ancien premier secrétaire (comme Faure mais bien plus connu) mais aussi ministre reconnu.

Faure et Mayer-Rossignol ne sont rien.

Et, au moins, en 2008, l'affrontement a débouché sur la mise en place d'une nouvelle direction. Elle a abouté à la victoire à la présidentielle d'un socialiste, même si le scénario aurait été jugé improbable à l'époque. Cette fois, c'est plus qu'improbable...

 


A contrario, en temps que vague observateur, je n’ai jamais rien compris aux différences entre les motions présentées au suffrage interne. Je suis sans doute un abruti mais je suppose que les français étaient comme moi.

Cette fois, la différence est claire : Nupes ou pas Nupes.

Mais, vu d’un autre côté, c’est enterrer, ou pas, la social-démocratie, déjà laissée de côté par une partie du PS à la fin du quinquennat d’Hollande.

C’était idiot.

 


Comme dit Trub : « « Je suis ancien combattant, militant socialiste, patron de bistrot. C’est dire si, dans ma vie, j’ai entendu des conneries.  »

Michel Audiard

J'ai beau l'avoir quitté depuis longtemps, je suis toujours avec grand intérêt les péripéties de ce qui a été ma famille politique. J'admire les copains qui ont choisi d'y rester, continuant d'avaler les couleuvres qu'on nous faisait avaler. Audiard c'est pour la rigolade. Bachelot le cite dans son bouquin et c'est toujours bien de citer de l'Audiard. »

 

Alors qu’ils se débrouillent.

Je propose de faire une motion demandant le rétablissement d’Internet dans toute la Normandie.

20 janvier 2023

Travaillons moins !


 

« Comment certains Français peuvent-ils espérer à la fois travailler moins chaque semaine et pendant moins d’années que leurs voisins, bénéficier de prestations sociales supérieures et sécuriser leur retraite? Les richesses qui ne sont pas produites ne peuvent pas être distribuées. » C’est un de mes contacts macroniste de Facebook qui a republié dans ce réseau ce Tweet d’un certains François Cherix qui est un écrivain, militant socialiste (oui…) suisse. Il passe sa vie à défendre Emmanuel Macron dans les réseaux sociaux.

Il fait bien ce qu’il veut, ce bougre.

Tout d’abord, en préambule (car ce n’est pas le sujet de mon billet), il faut être très prudent lors des comparaisons avec les autres pays (du moins, quand ça m’arrange, hein !). Il faut comparer aussi le taux de chômage et différentes statistiques sur le niveau de vie des anciens… Ensuite, toujours en marge, j’ai du mal à comprendre que l’on puisse être de gauche et ne pas avoir une vue globale de l’économie et que seul le travail permet la production de richesse. Cela étant, je n’ai pas à diffuser des brevets de gauchisme.

 

Je vais essayer de lui expliquer même si un enfant de trois ans le comprendrait assez bien. Quand un hypermarché remplace des caisses traditionnelles par des caisses automatisées, c’est bien, au minimum, pour avoir autant d’argent avec moins de personnel, donc de travail, et ainsi améliorer sa rentabilité. En fait, il va même en gagner plus, probablement, vu que le « débit » de clients est meilleurs dans les machins automatisés, d’autant qu’ils prennent moins de place.

Il va donc produire au moins autant de richesse avec moins de travail. Je me répète un peu. On appelle ça, aussi, du gain de productivité. Ce qu’on aimerait, c’est que ce gain de productivité soit mieux réparti entre les entreprises et les braves gens. Plutôt que de « tout reverser aux actionnaires », On peut envisager différentes solutions comme faire travailler moins les caissières (vu qu’elles ont moins de travail), améliorer la rémunération des caissières subsistantes, baisser les prix, augmenter les cotisations de l’employeurs pour compenser la suppression de personnel. Je n’ai pas le remède miracle (le dernier point, par exemple, revient à la « taxe robot » de Benoît Hamon, en 2017, mais elle était très mal présentée) d’autant que je crois à une globalisation de l’économie. Il faudrait que la société en général améliore le partage des gains de productivité.

Je ne vais pas multiplier les exemples mais les gains de productivités sont partout. L’autre jour, j’étais en consultation à l’hôpital, l’infirmière du service m’a fait une prise de sang et j’ai reçu le résultat par mail : ça évite de payer des salariés à imprimer des âneries et à les glisser dans des enveloppes.

 


Les militants de gauche sont souvent obtus devant ces gains de productivité, ne voyant qu’une manière de plus, pour l’employeur, de s’en foutre dans les poches. Néanmoins, « caissière » est un métier pénible. Sans compter le fait de supporter des crétins à longueur de journée, il faut prendre des produits sur un tapis, les passer devant un lecteur de code barre, les reposer de l’autre côté… Je ne vous parle même pas de la jouissance de mettre des résultats d’analyse à la chaîne dans des enveloppes…

Ces gains de productivité, liés à un progrès technique, sont bel et bien une amélioration globale de notre sombre monde et il faut arrêter de prétendre le contraire, bordel de merde.

 

Mais, revenons à notre réforme des retraites. Nous avons d’un côté le progrès technique avec ses gains de productivité et un tas de chômeurs en stock mais un gouvernement qui voudrait que l’on travaille plus. Cela va exactement à l’encontre de ce qu’il faudrait faire (et nous pousse dans le même mur que les voisins dont au sujet desquels je parlais en début de note).

Le « travailler plus » aurait un sens si l’on pouvait réellement produire plus, consommer plus et ainsi de suite (ce qui ne colle pas, d’une part, avec notre fainéantise naturelle et, d’autre part, avec la protection de l’environnement) mais cela n’a pas de sens : je n’ai pas besoin de consommer plus (et ce qu’ils l’ont, ce besoin, ont surtout besoin de pognon) et on n’a pas besoin de produire plus quand on a atteint notre « niveau social ».

 

Cette réforme est donc une hérésie. Elle est réduite, par la droite, au financement à long terme des retraites alors que le sujet est plus vaste. D’ailleurs, on parle d’un besoin de financement de l’ordre de quelques pourcents du PIB, pourcentage qui pourrait d’ailleurs être compensé en partie par les gains de productivité en question.

Puisque vous insistez, voila un exemple : grâce au Covid, on a popularisé – voire presque inventé – le télétravail. Pourquoi les entreprises devraient continuer à construire des immeubles de bureau alors que 25% des salariés peuvent maintenant réduire de 60 ou 80% leurs temps de présence dans les locaux de la boite ? On va d’ailleurs y venir… Et je radote : les ouvriers du bâtiment n’ont pas besoin de travailler plus et on ne va pas tous les licencier. Les paramètres de l’équation ne doivent pas porter que sur la retraite…

 


Cette hérésie est souvent combattue par la gauche par des mauvais arguments comme la défense d’avantage acquis ce qui ne fait que conforter les partisans dans leurs positions relatives à la nécessité de travailler plus pour produire plus de richesses que l’on pourrait distribuer.

On trouve beaucoup de commentaires dans les réseaux sur l’augmentation du nombre de milliardaires et les « gains du CAC40 ». C’est maladroit : on va finir par chasser les milliardaires… voir à faire une liste des 200 familles, vieux mythe qui ne va pas nous rappeler les heures les plus glorieuses de notre histoire…

On ferait mieux de chercher l’apaisement (dit l’imbécile angélique) plutôt que la confrontation. Il n’empêche que cette augmentation des revenus du capital est bien la preuve que la production de richesses est réelle et qu’il faut arrêter de nous prendre pour des abrutis. Par contre, il faut arrêter de dire que l’on doit prendre du pognon où il est : une valorisation boursière n’est pas du pognon. Tout peut s’effondrer. C’est le résultat de prévision au sujet de l’évolution des entreprises, pas la vraie richesse des gens.

Ah ! Vous voulez encore un exemple : la valeur de mon appartement à doublé ou triplé depuis que je l’ai acheté mais ce n’est pas du pognon. Si je le vends, il faudra bien que j’habite quelque part… Toutes les choses étant égales par ailleurs d’autant que patati patata.

 

J’en veux beaucoup aux gens de gauche en général qui ont chié sur le quinquennat Hollande qui a pourtant mis en place la mesure la plus utile de tous les temps depuis l’obligation d’entretenir les pompes à bière : aligner la taxation des revenus du patrimoine sur ceux du travail. Cela résolvait une partie de notre souhaitée redistribution. J’en veux aussi à mes confrères d’une gauche modérée qui a fleuri sur la répartition du temps de travail, les trente-cinq heures et tout ça et n’arrive pas à mettre des baffes à la macronerie qu’ils continuent à soutenir.

Cela relève du cabanon.

 

Travaillons moins. J’y excelle.

18 janvier 2023

La réforme des retraites en bérézina pour la gauche

 


Si mon blog est peu actif (enfin… c’est surtout moi) depuis quelques temps, c’est que l’actualité politique est sans intérêt et que je suis tiraillé, quand j’ouvre mon clavier, entre deux sujets : les élections internes au Parti Socialiste et la réforme des retraites. Sur les premières, je pourrais exprimer ma satisfaction de ne pas avoir assisté à un plébiscite pour Olivier Faure : voir la moitié du parti croire en une autre stratégie que la nuptiale me ravit, et pas qu’au lit, et je pourrais en faire des tonnes pour dire pourquoi cette alliance est mortifère. Mais on s’en fout.

C’est d’ailleurs pareil pour la réforme des retraites. Ou presque. Je vous passe le fait que je risque bien d’avoir à trimer durement à la mine pendant neuf mois de plus. En revanche, on s’ennuie. Dans cet article de 2014, par exemple, l’Insee nous rappelle le nombre de réformes depuis 1993 (sans compter celles avortées, comme en 1995) : 1993, 2003, 2010 et 2014. Depuis que je tiens ce p… de blog, j’ai l’impression de tourner en rond et je suppose que les concitoyens néanmoins électeurs, presque par définition, ne doivent pas être loin de mon état d’esprit. Mitterrand avait peut-être fait trop fort en passant de 65 à 60 ans.

C’était pourtant beau.

 


Je suis opposé à cette réforme mais si je ne fais pas plus de billets de blog, c’est que je suis fatigué des arguments de courte vue présentés par la gauche (et toujours les mêmes, ceux que j’ai défendu par le passé) et que je ne crois plus du tout au rôle « militant » des blogs politiques. D’ailleurs le mien s’appelle « partageons mon avis » : je ne suis pas là pour défendre quoi que ce soit mais pour donner mon avis dont au sujet duquel la plupart des quidams peuvent se foutre à peu près autant que de la première boniche qu’ils ont culbutée au bureau à cause d’horaires délirants.

Mon confrère mais néanmoins ami, de gauche et supporter de Macron, pour vous dire à quel point il cumule, a fait un billet en étalant ses réflexions sur cette réforme. Si vous le permettez (et même si vous l’interdisez, d’ailleurs), je vais en reprendre quelques-uns.

 

Le premier : « j'ai toujours affirmé mon soutien à Macron. (ça c'est pour mettre les choses au clair pour les visiteurs perdus qui pourraient tomber sur ce billet) » En 2017, je n’étais pas du tout opposé à Macron, au point que j’ai voté pour lui quand j’ai « pris acte » que les andouilles gauchisantes allaient se vautrer. Je rappelle quand même que, à cette époque, notre VRP suprême se disait opposé à une augmentation de la durée de cotisation. Au moins, il respectait un des principes forts de la gauche : partager le travail…

Il ne me paraitrait pas inutile que les électeurs de gauche passés chez Macron n’oublient pas ce léger détail et rappelle au gugusse ses prises de positions passées même si on ne doute pas que son revirement de 2022 a quelques raisons électorales de siphonnage de la droite traditionnelle…

 


Le deuxième : « comparé aux autres pays, en France on part à la retraite tôt. » Ce n’est pas une raison. On ne peut pas comparer les pays en oubliant certains détails, comme le taux de pauvreté des personnes âgées et ce genre de bricoles.

Le quatrième (je ne vais pas tous les revoir, non plus) : « le niveau du pouvoir d'achat des retraités en France dépasse celui des travailleurs. » Le sujet mérite débat. Déjà, je ne suis pas sûr que ce qui était vrai il y a dix ou quinze ans le reste. Sans compter que l’âge amène des charges comme le règlement des factures des Ehpad. Toujours est-il que, quand je vois des retraités de plus de 80 ans, je constate qu’ils sont bien assis mais cela n’est plus vrai pour les plus jeunes (notamment depuis que le montant des pensions est basé sur les 25 meilleurs années et plus les 10). J’ai un âge où des proches commencent à « liquider leurs droits » et on ne peut que constater une vraie baisse de revenus. Il faudrait être saoul pour prétendre le contraire.

L’article de l’Insee que je mets en lien dit, par exemple : « Toutefois, les pensions vont évoluer moins rapidement que les revenus d’activité et l’écart entre les deux sera plus important dans les scénarios de croissance plus forte. » Le rapport du COR, cité par tout le monde pour le meilleur comme pour le pire, dire un peu la même chose.

C’est préoccupant.

 

Le onzième (j’ai franchi un gap…) : « il y a autant de régimes spéciaux de retraite que de corporations. » Depuis toujours, cela m’énerve que les réformes des retraites mélangent tous les régimes. Il est clair, à mon sens, qu’on devrait fusionner tous les régimes, non pas par méchanceté mais parce que le monde du travail évolue pendant la quarantaine d’années d’activité et parce que notre système est quand même basé sur la solidarité nationale. On a tous en tête des « régimes » fortement déficitaires qu’il faut renflouer. Quant à ceux excédentaires, rien ne les empêche d’avoir une cagnotte spécifique, une « complémentaire des complémentaires » et qu’ils arrêtent de nous les brouter.

Le quinzième (et j’arrête là) : « le COR contrairement à la gauche n'a pas de boule cristal ». Justement, les partisans de la réforme se basent autant sur ce rapport que les opposants et il faudrait arrêter de nous prendre pour des guignols. C’est un rapport qui prend des hypothèses et expose les impacts bruts. Point barre.

 


Toujours est-il qu’il n’y a pas de problème de financement des retraites (par contre, il y a un problème de baisse de pouvoir d’achat des retraités) avec des prévisions à 50 ans (on croit rêver…) à peu près constante avec un coût du système de l’ordre de 14% du PIB avec un ou deux points de variation. Quand on considère les aléas de nos budgets (notamment en période de « quoiqu’il en coute », on devrait sérieusement ne rien en avoir à cirer.

Par contre, mais copains de gauche n’arrête pas de faire des publications sur le thème : il y a du pognon, il suffit de le prendre ailleurs. Ils oublient d’ailleurs les principes de la retraite par répartition : les cotisations des salariés permettent de filer des sous aux heureux pensionnés. Ils en sortent des infographies (et la presse de gauche officielle ne se lasse pas d’en rajouter, il faut bien vivre) sans même se rendre compte qu’ils sont hors des clous.

N'oublions d’ailleurs pas que le CAC 40 a été divisé par deux entre fin 2000 et début 2003 : prendre du pognon ailleurs ne tiendra pas longtemps si le pognon d’ailleurs disparait.

 

Il n’empêche qu’on est au cœur des politiques à envisager : comment permettre aux pue-la-sueur que nous sommes de profiter des évolutions de la production des richesses et des modes de production, notamment avec une probable baisse du travail… ?

On ne pourra pas continuer à éluder ce sujet, que cela soit d’un point de vue « de droite » en niant les problèmes que de gauche en sortant n’importe quels arguments. C’est ballot, en 2017, quand j’ai choisi Macron, c’était au cœur du projet du candidat du Parti Socialiste avec l’incompris revenu universel et la très mal nommée taxe sur les robots.

 


Ca ne devrait néanmoins pas empêcher les types de gauche croyant sincèrement à Macron à l’époque de pouvoir réviser leurs positions : le seul argument pour Macron reste la nullité de la gauche. Et le débat au sein du PS ne le montre pas.

Il y a d’ailleurs eu une altercation à l’Assemblée, hier, largement relayé par les réseaux sociaux, entre Olivier Faure et Olivier Dussopt. Faure a été nul : l’invective ne sert à rien. Il n’empêche que le ministre du travail pourrait se rappeler d’où il vient. Wikipedia est là pour nous aider : « Proche de la Nouvelle Gauche avec Benoît Hamon, il est membre du Conseil national du Parti socialiste », à propos de ses débuts en politique.

Faudrait pas vieillir. En plus, il a un menton balladurien. Mais on avait dit : pas le physique.

 

11 janvier 2023

Ecoutons le COR, en saignant !

 


La France est un des pays où la pauvreté des personnages âgées est le plus faible (selon Alternatives Economiques, dans un article que je ne peux pas lire vu qu’il est réservé aux abonnés). A mon sens, c’est une excellente raison de ne pas vouloir changer notre système de retraite, à part pour améliorer la situation des plus faibles : ceux qui ont une petite pension. Pour le reste, il est temps de se poser…

Les partisans de la réforme nous disent « le Conseil d’Orientation des retraites estime que le système n’est pas financé jusqu’à 2030 ». Les opposants signalent « le Conseil d’Orientation des retraites estime que le système n’a aucun problème de financement ». Tout cela est évidemment complètement grotesque. J’ai tout de même lu – heu… disons survolé – le rapport de ce sombre COR (pdf). Il est insipide et relativement incompréhensible. Je dis ça pour vous faire plaisir. En vérité, la synthèse du rapport dit : « Au regard de ces résultats, il ne revient pas au COR de se positionner sur le choix du dimensionnement du système de retraite. Selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux sont trop ou pas assez élevés, et qu’il faut ou non mettre en œuvre une réforme du système de retraite. »

 

C’est le premier enseignement (direct…) de ce rapport : le sujet est purement politique. Nous avons un gouvernement venu de la gauche mais bien à droite qui veut cette réforme refusée par la gauche et acceptée par « la droite historique » pour des raisons politiques vu qu’ils ont toujours été partisan du « travailler plus ». Il n’empêche que mon copain FalconHill (copain de très longue date, avec une confiance réciproque énorme), issu de cette droite historique, donne son avis dans son blog et indique que la droite ne devrait pas soutenir cette réforme.

Passons les raisons politiques : « Cette réforme est politique et sert à présenter Macron en réformiste, alors qu’en 10 ans chez Hollande ou en président il n’a que peu fait. Lui donner ce quitus sera ressenti comme un ralliement de fait. Oui, c’est vrai. D’autant plus que c’est l’aider sur une réforme impopulaire, et c’est le deuxième que met en avant Maxime. La soutenir revient à se ranger dans le camp du président et de la majorité. Et ainsi laisser le monopole de l’opposition populaire au RN et à la LFI, car LR aura perdu la légitimé. Les extrêmes n’en demandaient pas tant ! » Je vous laisse lire la suite, à laquelle je n’adhère pas, forcément ! beaucoup plus intéressante… Et également politique…

 


Revenons sur la première partie de la synthèse du rapport du COR. Voila une phrase compliquée (mais la plus simple de ce texte…) : « Les dépenses du système de retraite rapportées au PIB constituent un indicateur déterminant pour évaluer la soutenabilité financière du système de retraite ; il exprime, de manière globale et synthétique, le niveau des prélèvements qu’il faut opérer sur la richesse produite par les actifs pour assurer l’équilibre. »

Le rapport nous montre que le pourcentage des prélèvements rapporté au PIB pour assurer le financement du système est à peu près constant ou, du moins, se stabiliserait autour de 14,7%, compte tenu des réformes déjà votées mais avec pour contrepartie une baisse relative du niveau de vie des retraités par rapport au reste de la population.

Nous allons quand même en rester là, de cette lecture de la synthèse, la conclusion se suffisant à elle-même : « Il convient enfin de souligner les fortes incertitudes qui entourent les travaux de projection présentés dans ce rapport. L’évolution du contexte économique des prochaines années dépendra notamment étroitement de celle de la situation internationale ainsi que celle de la situation sanitaire. » En français : on n’en sait rien, ça dépend de la conjoncture internationale et on aura chaud aux fesses si, en plus, on a un nouveau virus qui nous titille les testicules.

 

Je retiens quand même une phrase qui me parait très importante : « Le débat économique actuel reste cependant très partagé entre « techno-optimistes » et « techno-pessimistes » sur l’avenir des gains de productivité – et notamment sur la possibilité ou non d’un choc positif de productivité lié à la révolution numérique. » Pour moi, c’est le nœud du débat : quel sera l’impact du progrès technologique sur le travail (et donc la part des dépenses « du travail » consacré au financement des retraites, pour ce qui nous concerne), quel que soit le secteur de l’économie. C’était un peu l’objet de mon précédent billet. L’enjeu de toute le monde serait plutôt l’évolution de la répartition de la production de richesses en cas d’évolution « négative » du travail. Je n’ai pas la solution mais il me semble évident que les tergiversations actuelles autour des retraites est assez ridicule. Le gouvernement a fait une grosse connerie en ouvrant ce dossier. Point barre. Il y a d’autres priorités. On le dit depuis des années (je me rappelle, par exemple, des débats autour de l’ubérisation est qui est aussi une refondation des modes de travail).

 


En conséquences, les réactions de la gauche, si elles me paraissent justifiées, sont assez dérisoires et passent à côté des enjeux importants alors que, au fond, tout le monde s’en fout du temps de travail – hors carrières longues – des braves gens, à un ou deux ans près.

Les infographies du genre « les 65 ans, ce n’est pas pour moi » sont ridicules et font apparaître comme tel le débat. On ne va quand même pas se masturber à l’infini pour 2 ou 3% du PIB… Car c’est bien de cette prévision dont on parle et qu’évoque le COR même si je l’ai tu bêtement.

On s’en fout. Contrairement, d'ailleurs, à l'évolution du niveau de vie des retraités : il faudra bien augmenter les pensions et donc le montant global des retraites...

09 janvier 2023

Retour au bercail ?

 

Je n’étais jamais réellement parti mais mes problèmes de santé m’avaient fait zapper le renouvellement de la cotisation en 2021. Ensuite, la transformation du Printemps Républicain en mouvement politique m’avait gavé (j’ai bien digéré depuis). En 2022, le « rapprochement » avec la macronerie m’avait énervé (ce ne fut pas à moi de digérer ensuite…).

J’avais prévu de faire, en ce début d’année, quelques billets pour expliquer mon engagement politique vu que 2022 a été déplorable, pour moi, tant j’étais obnubilé, pour le blog, par les erreurs de la gauche. Mon engagement… et un peu son sens. Il est limité aux réseaux sociaux donc n’a strictement aucune espèce d’intérêt. Et la première semaine de janvier a passé. Je n’ai fait qu’un billet.

Samedi, c’était l’anniversaire de l’attentat de « Charlie ». « Tout le monde » a diffusé les photos des idoles assassinées ou a publié un « Toujours Charlie » ou « Je suis Charlie ». Certains se permettent un « Nous ne vous oublierons pas ». Tout le monde sauf moi. Je n’aime pas les commémorations et autres hommages dans les réseaux. On a trop l’impression que les internautes s’expriment par réflexe. Un peu comme s’ils avaient mis une note, à vie, dans leur agenda électronique. «
 Aujourd’hui, parler de Charlie ». Un jour, ils ne sauront même plus pourquoi…

N'y voyez pas de condescendance, de ma part. Je m’en fous. Sauf que, avant Charlie, quand je critiquais l’obscurantisme islamiste, je passais pour un raciste et me faisais incendier dans Twitter. Cela nous rapproche de ce que je disais de mon engagement actuel vis-à-vis des erreurs de la gauche. D’ailleurs, il a fallu que des femmes manifestent contre le voile en Iran, récemment, et prennent de gros risque pour que des féministes en peau de fesse franchouillarde nous lâchent la grappe et arrêtent de dire que nous autres, gros hommes blancs hétéros, n’avions pas à dire comment les femmes devaient s’habiller.

Et j’ai mauvais caractère (plus exactement, je suis soupe-au-lait).

 


Le « rapprochement » du Printemps Républicain ne m’a pas trop dérangé, en tant que tel. De fait, je suis bien plus libéral que gauchiste et mon aversion pour la gauche nupsiale fait que j’ai du mal à me trouver une famille politique… Mais il « nous » obligeait à accepter certaines positions… inacceptables, telles que la promise réforme des retraites.

Mais, paradoxalement, et toujours par exemple, je ne suis pas satisfait de l’opposition par la gauche à cette réforme des retraites, par des arguments qui ne peuvent percuter dans le grand public. Disons-le franchement. Putain de bordel, c’est quoi cette histoire de nous faire travailler plus alors que les dividendes du CAC 40 croient en flèche, que la productivité ne cesse d’augmenter ? Comment faire des réformes sur la base d’objectif à long terme alors qu’on ignore de quoi demain sera fait ?

A la limite, seuls les propos de François Ruffin me donnent une vague satisfaction depuis quelques temps… Qu’avons-nous dans l’actualité, aujourd’hui ? Les guignols de la « droite historique de gouvernement » qui vont se préparer à soutenir la réforme macronique des retraites à condition que l’âge soit « reculé » de 65 à 64. On croit rêver ou nager dans un pur délire. Nous y avons aussi quelques réflexions suite au débat entre les candidats à la direction du PS après le prochain congrès. Je n’ai pas vu ce débat. Il n’empêche que j’ai la furieuse impression que l’on s’y emmerde profondément.

Cela étant, et quelles que soient les divergences que je puisse avoir avec tout un chacun, j’ai trouvé, avec le Printemps Républicain, outre une priorité évidente de lutte pour certaines valeurs, des gens avec les épaules sur la tête. Certes, ma décision de revenir au Printemps Républicain est antérieure aux fumisteries de l’actualité januariassienne (il faudrait inventer un mot, tout de même) et j’aurais pu célébrer l’anniversaire de la mort de Mitterrand, comme tout un chacun mais il semble que tonton ait bien été oublié, cette année, et, comme je le disais, je n’aime pas les célébrations.

 


J’aurais voulu, au débat du PS (que je n’ai pas écouté, je me répète), que l’on parle un peu plus de l’avenir du pays et qu’on arrête de se masturber sur des alliances électorales et que l’on se tourne vers le futur. Entre nous, il faut quand même être bas du front pour penser que le débat entre 60 et 62 ans à gauche et 64 et 65 à droite dont l’ancien centre gauche à le moindre intérêt…

Entre nous, je préfère le débat dans les blogs, depuis très longtemps, de celui purement militant. Prenez le dernier billet de l’ami Seb (il n’arrête pas de faire des billets, ces jours-ci, rebondissant partiellement sur un des miens mais aussi sur un de ceux du vil libéral H16. C’est presque drôle (Seb Musset uni à H16 contre Jégoun mais je m’égare, surtout dans mon rôle de vieille gloire). En fait, je crois que, au fond, on est assez d’accord sur le constat : on va dans le mur. Avec toutes les révolutions à venir du monde du travail (de l’augmentation du prix de l’électricité à l’arrivée de l’Intelligence Artificielle et des robots qui arrivent à être moins cons que nous), on a des questions à se poser.

Ce que je ne vais pas faire maintenant.

 


Pourtant, c’est peut-être ça, mon bercail de blogueur. Parler du monde en rigolant bêtement des positions des partis traditionnels et de la politique à la petite semaine qui n’amène à rien. Même pas à gagner des élections.

On va dire que le Printemps Républicain va me servir de bouée. Il faut bien s’engager. Ou pas.

 

04 janvier 2023

La gauche timbrée de 2023



Il va à peu près de soi que je vous souhaite une bonne année pour 2023 et plus si affinité encore que ça me fasse rire : il y a des gens qui m’avaient souhaité une bonne santé pour 2022… Alors, de cette année, vous en ferez bien ce que vous voudrez… tout comme moi, d’ailleurs. Y compris sur ce blog dès lors que j’aurai trouvé comment le redémarrer ! Pour se faire, il faudrait que je sache ce dont au sujet duquel, outre le perfectionnement de mon jacter, envie d’y brandouiller.

Cela étant, tonton, c’est un blog politique et il est d’usage d’indiquer ce que l’on estime bon pour le pays, le monde, la commune, le cinquième étage du 8 place Victor Hugo ou que sais-je. Je vais continuer à le faire mais il faut bien reconnaitre qu’on a le sentiment de parler dans le vide. Quand on commence à bloguer, on a l’impression que les vérités que l’on peut graver dans les pixels de son écran vont faire le tour du monde mais, au bout d’une diseptaine d’années, je dois reconnaitre que cela en fait au moins quinze que je n’ai aucune illusion. Alors le faire, comme je l’ai souvent fait, par exemple, du temps d’Hollande, ne me semble utile qu’à moi pour travailler ma bouillie cérébrale avec, néanmoins, l’espoir de passer pour un vieux sage ou de sortir de leur solitude les imbéciles qui sont d’accord avec moi.

Ma deuxième contrebasse dinde est de déblatérer autour de ce que devrais faire la gauche pour reconquériser son électorat. J’ai beaucoup donné en 2022 ce qui ne fût pas d’une grande finesse de ma part si j’en crois mes non-lecteurs. Si je le fais, tout de même, c’est pour vider mes nerfs quand l’heure de l’apéro n’est pas proche car cela m’énerve de voir des types que j’aime bien nier des évidences surtout quand elles sont démontrables. Prenons la stratégie du PS depuis « après 2012 » : il perd toutes les élections nationales. On peut trouver toutes les explications possibles. Alors prenons la stratégie du PS depuis « après 2017 » : il perd toutes les élections nationales. Mettre cela sur le dos du hollandisme triomphant battu n’a plus de trop de sens.

La stratégie est mauvaise : on perd. C’est ce que j’appelais, à l’instant, une évidence démontrable même si un puriste de la langue pourrait qualifier cela de ridicule.

 


Quelle que soit la manière d’aborder le sujet, notamment via l’échec de la Nupes ou l’ineptie des nouveaux wokistes, c’est pareil. 30% des électeurs votent à gauche, sans doute à cause d’un vote « conditionné » (ben oui, quand on se prétend de gauche, on vote pour ce qui est officiellement à gauche mais j’ai passé l’âge), et pas grâce à une adhésion à des idées politiques emplafonnées dans un catalogue de mesures sans cohérence, sans dessein, sans projet…

Une étude des sondages de popularité va dans mon sens : les chefs de la gauche opposées à la Nupes sont largement placés devant les partisans de ce bordel. C’est une preuve. Il n’y a même pas à discuter.

 

Il reste, bien sûr, à évoquer « individuellement les sujets de fonds ». Je mets des guillemets pour faire joli. Prenez cette histoire de suppression des timbres rouge par la Poste. Dans les réseaux sociaux, les internautes de gauche mais aussi les éternels populistes ont ronchonné, comme toujours. L’ami Seb en a même fait un billet de blog.

Mais, comme à chaque fois, d’ailleurs, qu’est évoqué un service public « de proximité » (transport, poste…), le cœur parle à la place du cerveau. La vraie question est : qui a encore besoin d’envoyer du courrier urgent ? Je suis sérieux : posez-vous la question ! Je voyais un exemple cité : les arrêts de travail. Il faudra qu’ils arrivent au plus vite à la CPAM. Il faut donc un envoi prioritaire. Or, la vraie question est de savoir pourquoi un arrêt de travail saisi par un toubib sur un ordinateur connecté à Internet nécessite un envoi par la Poste ? Et je ne parle pas que du coût de traitement. Et pourquoi en moins de 48 ? S’il faut changer les textes et les règles, changeons les… Je vais y revenir.

Je vous laisse multiplier les exemples et expliquer quels sont les cas où les individus équipés d’internet ne peuvent pas y échapper ? Il n’y en a pas, je suppose.

Pour l’anecdote, j’ai eu un arrêt de travail cet été, je l’ai envoyé « en vert ». Il y avait un imprimé pour le 13 juillet au 13 août mais les gens de la CPAM n’ont retenu que du 13 au 31 juillet suite à je ne sais quelle heure. Et comme j’étais réellement malade (« à bout de souffle » dans tous les sens), je n’ai même pas pensé à faire une copie. Je veux bien comprendre leurs problèmes d’organisations et leurs erreurs humaines mais plutôt que d’obliger un service public à acheminer un papier en moins de 48h, on pourrait obliger les différents acteurs à avoir un fonctionnement correct.

 


Par-delà cette bête logique (et j’attends vos exemples), nos internautes populogauchisants sortent l’argument des inégalités notamment vis-à-vis de la « fracture numérique ». A part l’aspect territorial lié à l’accès au haut débit, ils ne savent sans doute pas ce que cela veut dire.

Il me semble que lutter contre la fracture numérique n’est pas de permettre à ceux qui en sont victimes de pouvoir se passer d’internet mais au contraire d’en bénéficier : et si la feuille d’arrêt de travail saisie sur le terminal du docteur pouvait directement être envoyée à la CPAM, le sujet serait assez vite résolu. Les lascars n’auraient pas accès à internet, certes, mais ils n’en auraient plus besoin. Et s’ils ne cherchent pas à avoir à accès à Internet autrement que pour de vrais besoins, c’est qu’ils n’en ont rien à cirer et je ne vois pas pourquoi les emmerder avec cela…

 


Ce qui nous fait franchir un stade : les militants vont se fourvoyer sur la définition de la fracture numérique pour se concentrer sur ceux qui n’ont pas accès à internet (soit personne hors contrainte de haut débit, vu que toute le monde ou presque à un smartphone ou une box pour la télé) ou ceux qui ne savent utiliser internet (et là, la proportion de la population n’est pas neutre – je suis moi-même emmerdé quand je dois réservé un vulgaire billet de train en passant par SNCF Connect) sans étudier les solutions qui pourraient permettre à tout le monde de profiter du numérique (par exemple, en envoyant automatiquement les arrêts de travail).

De fait, les arguments électoraux que l’on pourrait en tirer (et je suppose que c’est le but de toutes les publications sur le timbre rouge) tombent à l’eau : aucun électeur ne va changer son vote à part pour l’extrême droite s’il est exclu de quelques progrès technologiques avec des impacts concrets. Laissons-donc les spécialistes travailler… et les partis politiques expliquer comment ils comptent faire travailler ces spécialistes et imaginer des solutions (tenez ! Vendre des billets de train dans des bureaux de poste me rendrait bien service…).

 

Il reste que la presse (et les blogueurs comme l’ami Seb) concentre les remarques autour de la solution de remplacement proposée par La Poste qui, c’est vrai, ressemble à une usine à gaz. Ils oublient toutefois de rappeler que c’est du pipi de chat vu que les recommandés peuvent s’envoyer par courrier électronique depuis longtemps (le principe est le même : l’usager tape son texte sur un ordinateur et La Poste fait le reste).

Il faut voir les impacts « techniques » ou « organisationnels ». Un courrier standard doit être acheminé du bureau de poste où vous le… posterez, jusqu’au bureau d’où partira le facteur du destinataire. C’est un peu compliqué (le service reste mais il ne peut plus être garanti sans délai). Avec le nouveau machin, vous avez une garantie de distribution à J+1 (s’il y a une tournée du facteur…). Cela étant, on s’en fout, ça ne sert à rien. Et, en fin de compte, on a un progrès pour les victimes de la fracture numérique qui pourront prendre rendez-vous avec le facteur, qui pourra scanner les documents et les envoyer lui-même, garantissant, alors, un vrai J+1.

N'oubliez jamais de comparer le courrier que vous recevez avec celui que vous envoyez. Ce n’est pas le même usage…

 

Voila ce que j’aimerais continuer à faire sur mon blog : expliquer, réfléchir, recevoir de vraies contradictions si je me plante… et arrêter d’hurler « ah ben la fin de la lettre rouge est l’avènement du libéralisme ».

Admettez quand même qu’on a mieux à faire.