Le chauffeur du taxi, ce matin, avait mis France Info. Le
fond de l’actualité politique française, ce matin, tournait autour de la
visite du président Macron au marché de Rungis mais a été entrecoupé de reportages
très intéressants, notamment l’un au sujet de
la semaine de quatre jours au Royaume-Uni, cet odieux centre du
libéralisme, et un autre à propos de
la vague polémique sur le chômage au plus bas depuis 40 ans.
Pour le premier, je vais me contenter, pour l’instant, de
citer la fin : « Ces entreprises avaient
adopté le fait d’avoir un jour de congé supplémentaire tout en gardant le même
salaire […]. Des horaires normaux, quatre jours par semaine, sans perte de
salaire et surprise, les bénéfices des entreprises engagées a légèrement
augmenté, de 1,4%. Des entreprises de tout style […]. Pour Pierre Larrouturou […],
pour les entreprises qui ont du mal à recruter, les quatre jours sont un
argument décisif. Depuis la crise sanitaire, dit-il, il y a une aspiration à un
nouvel équilibre entre personnelle et vie professionnelle. »
On voit bien que le travailler plus, promu par le chef de l’Etat
dans la lignée de Nicolas Sarkozy, a une autre époque, a quand même bien des
limites ; le tout étant évoqué aussi au sujet de la réforme des retraites,
justifiée par nos macronistes par la nécessité de travailler plus.
« Il s'en remet au
"bon sens" des Français. Emmanuel Macron, en visite au marché d'intérêt
national de Rungis (Val-de-Marne), a répété, […] qu'il "faut travailler un
peu plus longtemps". Ce déplacement est sa première sortie au contact
direct des Français depuis le lancement, au début de l'année, de sa très
contestée réforme des retraites. "Dans l'ensemble, les gens savent qu'il
faut travailler un peu plus longtemps en moyenne", a affirmé le chef de
l'Etat. »
Il se trompe : les gens ne savent pas. Ils sont
majoritairement opposés à cette réforme. Leur « bon sens » leur dit
que c’est une grosse bêtise, quel que soit ce qui les motive, que ce soit un
chômage persistant, malgré des chiffres hilares, une aspiration à un nouvel
équilibre, une sensation que tout nous échappe, c’est un peu mon leitmotiv :
on ne sait pas comment va évoluer la situation dans les prochaines années, avec
l’augmentation de la productivité notamment avec les progrès de l’intelligence
artificiel (au cœur de l’actualité, aussi, depuis quelques semaines),
la guerre à nos portes, le changement de la terre avec le réchauffement
climatique (on parle maintenant du manque de
pluie en février)… Au point où j’en suis, je pourrais mettre en lien tous les articles de France Info !
Sans compter que, bon, bordel, ça commence à bien faire de vouloir nous faire
trimer d’avantage, hein !
François Hollande a qualifié d’énorme
gâchis les dernières étapes des débats sur cette réforme et c’est également
le mot qui venait à l’esprit et qui, paradoxalement, explique mon mutisme dans
ce blog et non pas l’envie de travailler moins. Je ne sais plus par quel point
prendre l’actualité même si sombrer dans la revue de presse vire un peu à la
solution de facilité.
Un gâchis pour le gouvernement qui foire une réforme qui
contient pourtant des mesures paraissant sympathiques (à certains) comme la
suppression de régimes spéciaux mais qui a viré à une confusion dans les chiffres
au sujet des carrières longues dont on n’a, en fait, plus grand-chose à cirer :
qui travaille à 14 ans de nos jours ? Qui a 43 annuités à 60 ans ? D’un
autre côté qui peut penser qu’il y a beaucoup de Français qui travaillent après
65 ans en ayant vraiment toutes les capacités pour le faire ?
Un gâchis, donc pour la majorité présidentielle, qui doit se
tortorer et défendre une réforme délirante. Je vais m’adresser à mes copains
qui se sentent pieds et points liés avec cet inepte troupeau : comment
pouvez-vous soutenir tout cela après n’avoir juré que par la réduction du temps
de travail, et donc son partage, à une autre époque ? Un peu de sérieux.
Moi-même, j’ai soutenu Emmanuel Macron mais c’était, tout comme vous d’ailleurs,
par l’absence d’alternative parmi les autres forces politiques en présence,
notamment à gauche ! Qui allait voter pour Benoît Hamon ou Anne Hidalgo, à
part par solidarité pour le Parti Socialiste qui nous a accompagné tant de
temps… ?
Un gâchis, peut-être, pour le Rassemblement National même s’il
sera certainement la seule formation politique à progresser, avec cette histoire
(les sondages de popularité le prouvent). Mais l’observation de la réalité
montre qu’ils ont suivi le vent pour le garder en poupe – il faut le faire – sans
rien n’avoir à proposer, en tenant un discours suspect et grossier (il faut
écouter les orateurs, à l’Assemblée, pour s’en rendre compte) et en foirant
totalement une motion censure. Même si elle n’avait aucune chance de passer,
ils n’ont pas réussi à en faire parler et sont passés pour fouteurs de merde.
Un gâchis, évidemment, pour La France Insoumise qui n’a fait
qu’éructer. Les Français ne sont jamais dupes de l’obstruction parlementaire et
le résultat est bien, clair, net et précis, que l’allongement de la durée de
cotisation et la réforme en générale n’ont pas encore été réellement étudiés
par le Parlement. Les vainqueurs pourraient bien être les syndicats, dans ce
contexte, vu qu’ils semblent les seuls à lutter efficacement au point qu’on est
près à soutenir le blocage annoncé (merci néanmoins d’éviter les jours de mes
voyages en Bretagne).
Un gâchis, enfin, pour les autres composants de la Nupes,
entraînés par LFI dans une opposition absurde, n’arrivant pas à émerger malgré
de brillantes interventions qui sont restées dans l’ombre.
Un gâchis par la République et pour la démocratie, donc
notre système, incapable de faire passer des réformes, utiles ou pas, via un
travail serein de nos parlementaires…
Un gâchis pour la France. Avec tout ça, on ne sait pas du
tout où l’on va…
Nos ministres centristes ont donc fanfaronné sur un chômage au plus bas depuis 40 ans. Comme la « catégorie A » n’est pas la seule (on ne peut quand même pas dire que tout va bien) et qu’on ne va pas s’esbaudir à quelques dixièmes de points près, on va simplement rappeler que le chômage a été aussi bas lors de la récente crise sanitaire, tant il y avait d’aides, qu’il a été très bas, aussi, avant la crise des subprimes en 2008, qu’il est au même niveau que dix ans après les « chocs pétroliers »… On n'est donc pas sorti de la crise (la guerre à nos portes et l’inflation galopante ne poussent d’ailleurs pas à l’optimisme...).
Je ne suis pas en train de dire qu’il n’y a pas de mal à se
faire du bien… D’ailleurs, je peux m’en faire aussi. Si vous observer bien la
courbe du chômage, la baisse est constante – malgré de gros soubresauts liés à la
crise sanitaire – depuis les mesures prises par François Hollande, si décriées
par une partie de la gauche, François Hollande dont Emmanuel Macron était le
ministre des Finances et qui a fini par avoir raison avec son histoire d’inversion
de la courbe.
Voila deux courbes proches - plus le double amendée d'une d'entre elles - pour vous faire plaisir.
Not’ Macron parlait ainsi de bon sens. Le bon sens serait qu’il
reporte sa réforme mal ficelée.
Je n’ai pas dit que je croyait à ce report.
Sarko aussi, parlait de bon sens, non ?
Moi aussi, tiens !
Au travail !
Ils exagèrent quand même de manifester les français alors qu''il ne "faut que travailler un peu plus longtemps". Un peu, c'est pas beaucoup quand même!
RépondreSupprimerLa visite à Rungis c'était pour macron un épisode de "Voyage en terre inconnue".
Marco
Une terre Sarkozyenne est-elle inconnue pour lui ?
SupprimerNj
Perso, j'aurais bien voulu voir notre brav' président se coltiner de la barbaque durant ,disons deux heures . Ca aurait , sans doute, servit à son éducation sur le boulot de "ceux qui se lèvent tôt " .
RépondreSupprimerA.b
D'accord avec toi. Si tu as du temps, c'est interessant. https://www.youtube.com/watch?v=Wxp__MZgwAI (on ne peut plus mettre de balises html dans les commentaires?)
RépondreSupprimerPour le HTML, je teste : là
SupprimerEffectivement, ça marche plus.
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