Le verdict est tombé hier soir : la censure n’a pas été
votée. Cela n’est pas franchement surprenant mais… J’en veux à la majorité qui
a pondu ce texte, évidemment. J’en veux aux « macronistes issus de la
gauche », mes copains, qui l’ont soutenu rejetant tous les principes qu’ils
avaient encore, il y a quelques années. J’en veux aux Républicains – oups, aux
députés LR – qui n’ont pas su écouter le peuple ou, du moins, ses propres
électeurs traditionnels et, tant pis pour eux, qui ont sans doute loupé le coche :
ils n’existent toujours pas.
Cela étant, j’en veux surtout à mon camp, la gauche, cette
nupesserie que je critique depuis un an, qui a mal fait le job ! Ne
finassons pas avec les mots : s’il avait été bien fait, la réforme n’aurait
pas été votée dans ses conditions, avec une telle faiblesse de la majorité.
Ils sont indécrottables ! Hier soir, ils fanfaronnaient
sur le thème « c’est une large victoire, il n’a manqué que 9 voix pour que
la motion passe. ». Non ! C’est un échec. Ca me rappelle le « à
600 000 voix près » de Mélenchon en 2017… Je n’arrive même plus à
deviner à quoi ils jouent. A faire plaisir aux militants pour qu’ils hurlent
plus fort dans les réseaux sociaux.
Hier soir, ils continuaient à gueuler sur le fait que le
passage de la réforme n’est pas démocratique et qu’elle s’est faite sans
respecter l’esprit de la Constitution ! Elle a beau jeu… D’autant qu’ils n’ont
pas manqué d’utiliser la Constitution en votant pour une motion de censure n’émanant
pas de la gauche… Esprit, es-tu là ?
Hier, je n’ai pas écouté les discours à l’Assemblée mais j’ai
suivi le live sur le site de France Info. Mes copains m’ont confirmé l’impression
que j’avais : les orateurs étaient nuls. Je crois qu’il y a eu Aurore
Bergé, mais je n’en fous. Il semble que Boris Vallaud ait été bon. Mais
Mathilde Panot a franchement été nulle. Elle a fait un discours comme si elle
était devant un amphithéâtre devant des étudiants en première année pour les
motiver à faire un blocage. Elle ne se rendait pas compte qu’elle s’adressait à
des élus du peu au pupitre de l’Assemblée nationale. Elle aurait dû être
rassembleuse, faire un discours républicain, sur le thème : « Nous ne
sommes pas des mêmes orientations politiques mais, au moins, nous avons le même
mandat du peuple : faire échouer ce texte, patati patata ». Elle
aurait pu finir par un « Entre ici, Jean Moulin » ou « Vive le
Québec libre ». C’est hors sujet mais ça fait toujours bien.
Non. Elle a opté pour des bassesses sans nom, ravilissant nos
institutions tout en accusant la majorité de le faire. Elle est à l’image de
LFI, créant escarmouche sur escarmouche comme si le seul but était de se faire
plaisir, pas de travailler pour le peuple, celui dont ils se revendiquent.
Tout au long du débat, ils se sont trompés. Je les vois
encore dire dans la même phrase « il n’y a pas de problème de financement »
et « on peut trouver l’argent ailleurs »… Sans se rendre compte de l’aberration
que cela constitue : pourquoi chercher de l’argent ailleurs s’il n’y a pas
de problème ? La question est posée et les citoyens ne sont pas dupes.
D’ailleurs, nos opposants de tout bord se félicitent du
nombre d’opposants au report de l’âge légal et à la retraite mais ont oublié d’interroger
les foules non militantes, au comptoir des bistros, par exemple. Le bas peuple leur
aurait expliqué que ce n’est pas idiot de travailler plus longtemps vu l’augmentation
de l’espérance de vie. Il n’est pas crétin, non plus… Le fond de l’opposition n’est
pas ce chiffre, ce « 64 », mais est largement plus global. Je ne sais
pas l’analyser. Peut-être le sentiment de se faire entuber une fois de suite,
soit pour ce sujet, soit par les pratiques excentriques de cette majorité, soit
pour un rejet de ce monde pseudo-libéral qu’on veut nous imposer. Le rejet est
réel.
Quand on a mon âge – 57 ans dans deux mois, on est de plus
en plus concernés par la retraite et on a de plus en plus de relations à l’être,
des copains qui passent une partie de leurs loisirs à rassembler les papiers
pour prouver à l’administration qu’ils ont déjà assez donné. Vous allez me dire
que je suis paradoxal, il n’en est rien.
Prenons un exemple au hasard : le mien. Vous connaissez
mon âge, maintenant. J’ai commencé à bosser à 19 ans. 38 ans, donc… Je suis las,
pas du travail mais de conditions de vie, de temps de transport, que ça soit
entre mon appartement et le boulot comme entre ma ville de résidence et celle
où j’aspire à buller. Je suis là, aussi, d’un travail mais parce qu’à mon âge,
je ne peux plus progresser, un peu comme si je me levais, le matin, pour
liquider les affaires courantes à reculons…
Prenons mon copain A., 42 ans, marié, deux enfants. Son salaire
ne lui suffit pas. Tous les mois, il finit dans le rouge. Il a pourtant un bon
job, mais vivre en région parisienne est coûteux, même dans la circonscription
de Mathilde Panot. Il se fout de l’âge de la retraite, même s’il est contre la
réforme. Il veut juste faire vivre sa famille sans se saouler la gueule à force
se demander comment s’en sortir.
Prenons ma copine O. 67 ans, je crois. A la retraite depuis
peu mais à ce qu’on appelle le minimum vieillesse, de l’ordre de 900 euros. Ca
lui assure un revenu confortable, pour elle, vu qu’elle était au RSA
auparavant. Dans l’opération, elle a perdu l’accès à la CMU et ne peut plus se soigner
et refaire son râtelier.
Prenons mon copain J. Un peu plus de 60. Il est dans la
dernière ligne droite et a rassemblé des papiers. Il est musicien. Une partie
comme intermittent, l’autre comme vacataire dans des écoles de musique. Un de
ces bordels. Sa mère est âgée, il ne pense plus, un peu comme moi, à retourner
vivre au bled.
Un objectif chiffré n’est jamais bon et est très peu mobilisateur.
La retraite par répartition, c’est surtout une équation avec trois paramètres,
en plus de l’espérance de vie : le nombre d’année de cotisations, le
montant cotisé et le montant versé. Le tout cumulé pour des millions de
Français. L’âge de retraite n’est qu’annexe. Il vaut mieux se battre pour qu’un
type qui a commencé à bosser à 18 ans puisse se barre à 61. C’est déjà énorme !
Et éviter, en passant, de définir un âge comme étant celui
de la vieillesse légale. C’est comme un tweet, que je voyais l’autre jour, à
propos des ministres au sujet de la retraite des éboueurs. Le lascar disait qu’il
aurait préféré voir les ministres faire ce « métier de merde » (je
cite) plutôt que de les écouter parler de l’âge de leur retraite. Vous pensez
franchement que dire aux électeurs qu’ils font un métier de merde est porteur ?
La retraite, c’est une équation, disais-je. Aller chercher
du pognon ailleurs, comme le disaient certains, pensant taxer les plus riches,
les entreprises, les gros revenus… fait changer les paramètres. Cela tue le
système, cette chose qu’on appelle « la retraite par répartition ». Je
ne suis pas contre le fait d’aller prendre du fric où il y en a, mais surtout
pas pour payer les retraites ! Cela tuerait le système. Le seul endroit où
l’on peut récupérer des sous tourne autour des exonérations de charges, vu qu’elles
contribuent à tuer le système.
S’il n’y a pas de problème de financement – c’est la théorie
initiale, il y en a un des niveaux de revenus des retraités, problème souligné
par le COR dans son rapport (les pensions augmentent moins vite que les
salaires ce qui fait, relativement, une baisse des revenus des retraités). Mais
nos braves opposants comme les affreux partisans n’ont fait que parler des 1200
euros, comme s’il fallait expliquer aux lascars de types qui touchent 1800
euros qu’il leur faut partager avec ceux qui en touchent 1000. La solidarité, c’est
beau, mais ce n’est pas vraiment vendeur. Ceux qui touchent une petite retraite
sont sans doute ceux qui n’ont pas cotiser. Il faut certainement leur permettre
de vivre mieux mais pas sur le dos de notre système par répartition ! Il y
a le budget de l’Etat pour cela… Et on peut aller chercher du pognon ailleurs.
On est hors sujet.
Enfin, faire croire aux jeunes que l’on se bat pour eux, qu’on
leur demande de se battre pour eux, est un mensonge, presque honteux, dans la
mesure où l’on sait très bien que lorsqu’ils seront fatigués de travailler, les
conditions auront complètement changé, ce que j’ai dit à longueurs de billets :
le changement climatique, l’intelligence artificielle et j’en passe, comme des
guerres à nos portes et des crises sanitaires.
Mentir, c’est mal.
Ainsi, la plupart des arguments tenus ont été hors sujet.
Après on échoue, on s’en étonne mais on se vante d’avoir presque réussi.
C’est nul. J’attendais autre chose.
faut admettre que cette opposition est vraiment nulle et sans couilles. la gauche qui s'empêtre dans l'écume de rage de méluche et ses foules d'incendiaires de poubelle, la droite qui se déchire par la peur de ne pas être reconduits pour un mandat local - faudra leur rappeler à ces cons-là que les types qui les invectiveront sur les "marchés" ne votent déjà pas pour eux et ne le feront pas- et le rn qui sent le soufre avec qui personne ne veut jouer avec. heureusement que charles amédée est là pour leurs faire tous tenir la main. la haine rend con.
RépondreSupprimerDésolé de tarder à te répondre (mais j'ai quelques préoccupation par ailleurs, voir mon dernier billet). Je suis assez d'accord avec toi mais, paradoxalement, il faut bien reconnaître que le pouvoir fait une réforme impopulaire. Et qu'elle est assez inutile. Donc il n'aurait pas du.
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