Européennes : la fin de la Nupes ?

 

Un sondage à propos des élections européennes de mi-2024 a beaucoup fait parler de lui, ce week-end. Je ne vais pas citer des chiffres précis car les incertitudes sont fortes, d’autant que les électeurs ont souvent tendance à faire un « vote de protestation » lors de ce type d’élection. Ils vont voter contre la « macronnerie » pour certains. D’autres pourraient bien voter contre LFI, par exemple, vu qu’ils n’arrêtent pas de se présenter comme les champions de l’opposition mais ne débouchent sur rien…

Alors, en résumé, si les partis de gauche, LFI, PCF, EELV et PS présentent chacun leur liste, le total des voix de gauche serait supérieur d’une dizaine de points que ceux qu’obtiendraient une liste Nupes. Nos joyeux analystes des réseaux sociaux ont tous une explication, sans doute, valable, et je vais contenter de rappeler que je répète que c’est une évidence, depuis un an… Pour ratisser large, il faut viser large.

Si le mode de scrutin pour les législatives peut justifier la Nupes (ce en quoi, je ne crois pas, sauf d’un point de vue arithmétique), ce n’est pas le cas pour les européennes : plus il y a de voix, plus il y a de députés (à part que les listes qui font moins de 5% n’ont pas d’élus).

 

J’ai bu un verre dans le même bistro que Mathilde Panot, samedi soir (ce qui m’arrive tous les deux ou trois mois, on a les mêmes préférences, visiblement, pour certains loisirs, sauf qu’elle boit du jus d’orange, ma députée) mais je l’avais écouté avant, dans les réseaux sociaux. Elle est pour la présentation de liste unique, au nom de la Nupes.

Je la comprends. Aux européennes de 2019, LFI avait obtenu un peu plus de 6% des voix alors qu’aux législatives précédentes, le score, au premier tour, était de l’ordre de 11%. En 2024, LFI de prendre une belle veste (de mémoire 10% dans le sondage en question). Avec une Nupes, les membres de la coalition pourraient prétendre à être dans un « groupe » représentant 25% des voix. Sans, ils n’auront plus deux chiffres. Pire, il est à peu près sûr qu’EELV fera de l’ordre de 15% et que le PS, s’il reste mauvais, sera au même niveau que LFI.

Ainsi, sans la Nupes, LFI ne pourra plus prétendre à une domination de la gauche alors qu’ils sont bien en tête depuis les dernières législatives. Il n’empêche qu’il vaut mieux que la gauche fasse 35% que 25, non ?

 

Dans les arguments de Mathilde Panot, il y a le fait que la Nupes pourrait gagner cette élection. Il faut rejeter avec une vigueur qui donne soif : un parti français ne peut pas gagner des élections européennes. Point barre. Il n’y a pas l’équivalent de la Nupes à Strasbourg. Si la gauche veut gagner les élections européennes, il faut que les députés de gauche soient majoritaire au parlement et la seule solution… est d’avoir le plus possible de voix possible. C’est un peu le principe de la démocratie, vous me direz…

L’argument sous-jacent, que l’on peut lire dans les réseaux sociaux, est que la Nupes serait la seule formation politique à pouvoir faire plus que le RN. On a les satisfactions qu’on mérite, outre le fait que cela n’est même pas garanti…

Le seul objectif ne peut être que d’avoir le plus d’élus de gauche. Battre le RN a une élection qui n’est pas purement française a peu d’intérêt.

 

EELV devrait donc avoir des listes autonomes. Ca me parait une évidence. Cela étant, je n’ai jamais rien compris à leur stratégie et les propos de leur nouvelle cheffesse, Marine Tondelier, me semble suspects. D’ailleurs, je retiens deux choses de ses déclarations du week-end. La première est qu’elle souhaite une catastrophe nucléaire avec plein de morts pour montrer que le nucléaire est dangereux. La deuxième est que ce n’est pas grave si l’Allemagne a relancé des centrales à charbon vu qu’elle est en bonne voie pour la réduction de l’émission de CO2. On croit rêver vu que les andouilles teutonnes émettent plus de deux fois plus que nous.

Je vais donc arrêter de réfléchir pour les écolos, ça me fatigue. Pour le PCF aussi, remarque. Je passe.

 

Reste donc le PS. Il y a un enjeu, pour lui : battre LFI. Ce n’est pas, au fond, un objectif en soi, mais cela serait au moins une manière de montrer qu’ils ne veulent pas entrer dans les ordres…

Imaginons que le PS fasse une liste avec des candidats clairement partisans de la construction européenne, avec une tête relativement forte (et pas prise en dehors du parti), ils peuvent y arriver, notamment parce que des imbéciles comme moi pourraient se remettre à voter pour lui. Ils pourraient récupérer des électeurs égarés dans la macronnerie et, pourquoi pas, faire un joli score, disons 15%, ce qui semble pourtant inespéré. Ils ont un atout : les électeurs choisissent souvent les loosers, dans cette élection, mais l’être au niveau d’EELV dépasse l’entendement.

 

Ceci n'est pas une photo du grand-père
de Manon Aubry

Dans les réseaux sociaux (et même dans la presse – réservée aux abonnés), certains voient la fin de la Nupes, qui fut peut-être une belle aventure, « un beau roman, une belle histoire. Dont il ne reste qu’un intergroupe. Autant dire rien du tout. »

Et pourquoi pas ? Depuis un an, maintenant, je vois mes potes du PS ne jurer que par elle et ne pas comprendre pourquoi certains « de gauche », comme moi, refusent de voter Nupes. Je suis fatigué de leur expliquer, de leur dire qu’il faut aller voir ailleurs pour ratisser large, comme je le disais. A la limite, ce n’est pas qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’ils refusent de comprendre, comme s’ils voyaient les égarés, comme moi, comme des espèces de traitre ou d’imbéciles qui n’ont pas de conscience.

Le problème est que je ne représente que moi (si je me résonnais et me résolvais à voter Nupes, ça ne changerait pas les choix des autres)…

Cette élection est une chance de résurrection pour le PS. Mais il ne faut pas qu’ils loupent un détail : être réellement européens et rappeler vraiment à quoi sert cette élection et le Parlement, qui agit en fonction des traités existant et des décisions du Conseil...

Il ne vit pas sa vie tout seul et LFI et le RN vont pourtant tenter de nous le faire croire. D’un commun accord. Ce sont des formations populistes et démagogiques. C’est mal et ça me donne soif. Je ne vote pas avec LFI même si je bois des bières à côté de la cheffesse du groupe.