Dans TikTok, je suis tombé sur une interview de Mathilde
Panot, tout à fait sérieuse, qui expliquait que la récente montée du FN (du
moins aux dernières élections législatives) était due à la macronerie (terme qu’elle
a employé, ce que je fais souvent aussi : peut-être lit-elle mon blog ?
En tant que voisins, ça serait la moindre des choses, remarque…).
Ce que j’ai trouvé gonflé, c’est qu’elle ait expliqué cela après
la semaine au cours de laquelle LFI et le RN se sont associés pour voter pour
la réintégration des soignants non-vaccinés. Ce vote est un pur scandale mais
il n’est pas l’objet du billet. Je déteste voir des députés de gauche voter
contre la science. C’est un peu comme si l’Education nationale votait pour l’acceptation
de la nomination de « platistes » comme profs de géographie.
Ce débat – qui fait monter le FN ?, je l’ai déjà abordé
dans ce blog, souvent sur le même thème : il faut arrêter que chacun s’exonère
de toutes responsabilités.
Mathilde Panot évoquait surtout le nombre de députés élevé à
l’extrême droite et expliquait que c’était à cause des centristes qui n’avaient
pas fait barrage au second tour. Le problème est que ce n’est pas une histoire
de second tour mais de premier. Je vais rappeler les scores de la gauche au
premier tour des législatives depuis le début de la cinquième république (1986
est un peu à part, à cause de la proportionnelle mais ça ne change pas grande
chose). 1958 : 44, 1962 : 44, 1967 : 44, 1968 : 41, 1973 :
45, 1978 : 49, 1981 : 55, 1986 : 43, 1988 : 49, 1993 :
36, 1997 : 43, 2002 : 37, 2007 : 36, 2012 : 47, 2017 :
27, 2022 : 33.
Il faut arrêter de se voiler la face : l’extrême droite
monte, en pourcentage, parce que les gens ne veulent plus voter à gauche. Point
barre. Expliquer des erreurs de premier tour par des magouilles de second est
tout simplement du mensonge ou de la deuxième fois, sans doute un truc pour
mobiliser les sympathisants mais cela n’a pas d’impact sur l’électorat.
La gauche a toujours fait plus de 40% au premier tour, sauf
depuis qu’elle a été au pouvoir… Il est clair que les électeurs sont déçus. J’y
reviendrai. Mais si elle fait des scores si faibles depuis la création de LFI,
il faut peut-être s’interroger. Se poser des questions sur la montée du Front
National ne serait pas idiot si on exposait les vraies bonnes raisons mais,
avant de donnée des leçons aux autres, il faut peut-être s’interroger pour soi-même.
Les erreurs d’analyse par la gauche sont très anciennes mais
il y a eu un tournant au cours des années Hollande, tant il était de bon ton de
flinguer son camp, la sociale-démocratie… pour exister à la gauche de la
gauche. Mon propos n’est pas de dire qu’Hollande avait réussi, qu’il menait
réellement une politique de gauche ou des conneries comme cela mais il est
temps d’ouvrir les yeux : les électeurs ne se sont pas mis à déserter la
gauche parce qu’ils jugeaient que le gouvernement n’était pas assez à gauche. S’ils
jugeaient que le gouvernement n’était pas assez à gauche, ils auraient voté
plus à gauche.
Se mentir, c’est mal.
Le pire est que ça débouche souvent sur des banalités du
type : « ah ben il faut créer l’union de la gauche », comme si
les gens allaient voter plus la gauche avec un bazar comme la Nupes alors qu’une
partie des électeurs de gauche refusent les compromissions avec la Nupes. La création
de la Nupes a été une calamité pour la gauche, même si Madame Panot disait le
contraire dans l’interview dont je parlais. Les chiffres sont là. Si on
considère que des gens sincères, à gauche, ont voté pour LREM en 2017 car ils
croyaient à la démarche proposée, c’est bien 2022 qui est la pire des années (si
je tire par les cheveux, c’est quand même un peu pour rigoler mais je n’ai pas
spécialement tort).
Par ailleurs, si les gens votent pour le RN, ils ont peut-être
de bonnes raisons, comme le fait de penser que ce parti est plus à même que les
autres de nous sortir du bordel ambiant. Et si c’est le cas, c’est bien parce
que les candidats et cadres de gauche n’arrivent pas à démontrer qu’il serait
une meilleure idée de voter pour eux.
Je racontais, récemment, que j’étais tombé sur un tweet où
le lascar expliquait que la montée du FN, en France, datait du moment où
Jean-Marie Le Pen était passé à une émission de politique sur la 2, vers 1982
(l’heure de vérité, je crois). La vérité est que le Front National a commencé à
faire de bons scores (à deux chiffres au niveau national) à partir du moment où
la gauche a réussi à conquérir le gouvernement, en 1981 (la première élection à
caractère national a été les européennes de 1984, où la liste menée par
Jean-Marie Le Pen a dépassé les 10%).
Je sais que je rabâche mais tant que la gauche n’arrivera
pas à comprendre ses erreurs et, d’une manière générale, les « ressorts »
de l’électorat, elle ne s’en sortira pas. Mettez-vous donc ces éléments factuels
dans la caboche avant de nous sortir de nouvelles théories, facile à démentir
ou déclencher l’hilarité, comme ce que je disais à propos de Madame Panot en introduction :
accuser les autres de faire monter le FN dans la semaine où l’on vote avec le
FN pour faire passer une mesure populiste (et rejetée par son propre électorat)
est de la folie.
Le dernier point sur lequel je voudrais insister est qu’il
faut que la gauche bien-pensante arrête de s’émouvoir quand les sujets orientés
« extrême-droite » sont évoqués par la gauche ou le centre, comme les
âneries de Monsieur Darmanin à propos de l’immigration. Ce ne sont pas des
sujets orientés « extrême-droite » mais des préoccupations réelles des
Français. Ce n’est pas qu’ils soient racistes mais ils ont le droit de s’interroger
sur l’envoi de prestations sociales à l’étranger quand eux-mêmes constatent que
l’argent public serait mieux utilisé en France. Les politiciens raisonnables
doivent traiter le sujet… Et c’est d’autant plus vrai quand il y a, en
parallèle, de l’insécurité culturelle, comme on dit. Et même si vous trouvez
que ce n’est pas vrai, il faut répondre aux électeurs.
C’est ainsi que, vers 2002, la gauche s’est vautrée en
remplaçant les problèmes de sécurité par des problèmes de sentiment d’insécurité.
Et Madame Panot, dans la même interview, est tombée dans
elle-même, accusant Darmanin de tous les maux sans se rendre qu’elle ne faisait
que dire « nous sommes mieux placés que les Français pour connaître leurs
sujets de préoccupation, ils n’ont pas à parler d’immigration. »
Nous sommes le 8 mai. On commémore un truc. Genre : la
fin de la domination par les nazis. Et la gauche nupsiale n’a pour seul
objectif que d’appeler à des manifestations, à côté des cérémonies, pour lutter
contre le gouvernement.
Et on se demande ce qui fait monter le RN…
Le plus drôle est le soutien sans réserve qu'ils expriment pour Meloni. Rouge/Bruns nous voilà !
RépondreSupprimerIls ont arrêté récemment vu que Macron a dit qu'il allait parler à Meloni...
SupprimerEffectivement, on ne peut pas dire que Hollande ait réussi.
RépondreSupprimerPour Le Pen, en 2012, 6 421 426 voix au 1er tour. En 2017, 7 678 491.
Voilà un raisonnement de débile mental. Hollande n’était pas candidat en 2017 mais des connards lui tapent dessus depuis 2014, en gros, en disant « c’est pas de notre faute ».
SupprimerTu es coupable, pauvre con.
NJ