27 juin 2023

Nanterre, de désolation


Fatigué de ce que je peux lire dans les réseaux sociaux, je copie ici la publication que j’ai faite dans Facebook  

Comme je le disais ce matin, la « fusillade » de Nanterre a eu lieu à la porte de nos bureaux. Je pense que je suis arrivé cinq minutes avant. Les collègues moins matinaux ont vu la voiture, les flics partout, la tentative de réanimation… Nous savions qu’il y avait eu une course poursuite qui s’est terminée en bas du Boulevard des Bouvets et qu’un type était mort. On croyait que c’était un passant. Mais on a appris « la vérité » comme tout le monde : par les réseaux sociaux. Par la fenêtre, on a pu voir les attroupements. Des collègues ont même entendu ou cru entendre la mère crier ou pleurer. En sortant pour un « pique nique d’équipe » à 12h15, on a vu la voiture jaune accidentée. On a vu des policiers faire une « fouille au corps » de quelques jeunes passant dans coin (pour être précis, au bout de la grande place du RER dont j’ai oublié le nom). A 13h45, la Mercedes classe A n’était plus là. 


Ce soir, en arrivant à Bicêtre, j’ai vu que cette histoire était en tête des TT de Twitter. Et j’ai lu les monceaux de récupération politique à gerber, qu’ils viennent des défenseurs des flics ou des gauchistes divers. A gerber, vraiment.


Par exemple, la vidéo qui a circulé est claire : le flic qui a tiré n’était pas en état de légitime défense. La question que je me pose est comment en est-il arrivé là, à tirer sur un gamin ? Était-il fou ou à bout de nerf suite à une nuit difficile ? Ou au contraire a-t-il légitimement pensé qu’il n’avait pas d’autre choix ? Les questions méritent d’être posées (sans mettre en retrait l’hypothèse qu’il est fou et très con). 


Comment un gamin, arrêté par les flics, mis en joue par une arme tenue par l’un d’entre eux arrive-t-il à prendre la décision de prendre la fuite ? Quelle que soit la réponse, la folie ou la connerie d’un gamin ne mérite pas la peine de mort. 


Comment des parents dans la « peine absolue » en arrivent-ils à pendre la décision aussi rapidement de porter plainte pour meurtre, ce qui est compréhensible, mais aussi pour faux en écriture publique s’ils ne sont pas manipulés par des individus peu recommandables ? Au risque de passer pour un gros fumier, je me pose même la question : comment osent-ils le faire alors qu’ils ont visiblement échoué dans l’éducation ? (Je ne leur reproche pas cet échec, seulement le fait de porter plainte immédiatement). 


Ça fait plusieurs fois que les forces de l’ordre tuent des gugusses pour refus d’obtempérer. C’est délirant. Ils ne sont pas former à autre chose ? Genre tirer dans les pneus ou un truc comme ça ? Est-ce que les solutions alternatives ne seraient pas trop dangereuses ? Les types de Twitter qui reprochent, peut-être à juste titre, l’usage d’une arme à feu pour les refus d’obtempérer et autres délits de fuite proposent quoi ? 


N’interprétez pas mal ces propos. J’ai dit en début que la vidéo ne laissait aucun doute quant à la culpabilité du type qui a tiré. Les services concernés mèneront l’enquête. Le flic sera peut être puni, peut-être mis à pied… On verra. 


Mais la mort d’un môme mérite-t-elle vraiment une telle récupération politique avec des imbéciles qui vocifèrent en 140 caractères pour faire plaisir à quelques militants ?


La réponse est non.


Une heure après cette publication, je continue à lire les réactions toutes aussi odieuses des uns et des autres. Les gauchistes n’ont cessé de taper sur les flics sans se poser la question de ce que les forces de l’ordre pourraient faire. Les macronistes et les types de droite (des autres droites, pardon) oublient un détail : un môme est mort et le flic n’avait pas le droit (pas que « légal », « moral », aussi). 


Je vomirais bien, tiens ! Mais je suis peu fragile… 

Sans compter que le vrai problème est : comment ces cons de jeunes peuvent prendre du plaisir à rouler dans une Mercedes jaune ?

Qu'ils dégagent tous !

 


Critiquer la stratégie de la gauche, avec la Nupes, n’est pas très compliqué mais est assez mal vu. Il n’empêche que cela fait un an que je le fais et les faits sont là : ce machin ne peut pas faire gagner la gauche. Je suis un peu fatigué de rappeler des évidences. Heureusement, je suis, cette fois, aidé par deux sondages récents.

Le premier, par Elabe (pdf), porte sur les intentions de vote aux européennes. Il y a un mois les lascars de la Nupes nous expliquaient qu’il fallait l’union pour qu’un mouvement de gauche soit premier, devant le FN (alors que, sans l’union, la gauche aurait plus de voix et surtout plus d’élus). Maintenant, ce n’est même plus le cas. Une liste « unique » Nupes arriverait troisième. Se présentant séparément, les quatre partis de la gauche arriveraient, en cumulé, largement devant (avec un tiers de votes en plus qu’avec l’union, excusez du peu !). La Nupes étant troisième, il n’y a plus d’argument pour l’union (sauf vu de LFI, vu qu’ils se retrouveraient derrière les écolos et les socialos).

Les raisons me semblent évidentes et, de toute manière, ce n’est pas la peine de convaincre qui que ce soit par un billet de blog.

Le deuxième, par Odoxa (tout frais, il a été publié ce matin), porte sur la popularité des formations politiques et de leurs élites. Le titre est éloquent : « Le RN met la NUPES KO grâce à la séquence « réforme des retraites ». Vous pouvez lire le reste.

 


La stratégie de la gauche pour la réforme des retraites a donc été mauvaises. Vous me demanderez quelle est la stratégie du RN et je serai bien en peine de vous répondre mais les faits sont là. Il est probable que les Français n’apprécient pas les slogans tous faits et la stratégie du brouhaha. Cette dernière a le mérite de faire plaisir aux militants mais elle n’est pas du tout payante.

On pourrait parler des événements récents. Tout d’abord, la perte d’agrément d’Anticor. On peut juger cela scandaleux mais il ne faut pas se tromper d’argumentation : le tribunal administratif a cassé une décision du gouvernement Castex, pas Anticor qui pourra faire une nouvelle demande. Ensuite, la dissolution des Soulèvements de la terre. Je me suis déjà exprimé. Il n’empêche que les Français n’aiment pas ces mouvements qui poussent à des actions illégales ou violents. Point barre. J’ai vu, hier, des gugusses de la vraie gauche qui se demandaient pourquoi la FNSEA n’était pas interdite compte tenu de toutes les saloperies qu’elle peut faire (saccages de sous-préfectures, déversement de lisier…).

La question est sûrement très bonne mais on ne m’ôtera pas du crâne qu’il faudrait éviter de se mettre le monde rural à dos quand on veut se faire élire…

 


Je n’ai pas parlé de quelques événements politiques de ce week-end comme la cheffesse des jeunes socialistes, Emma Rafowicz, proche d'Olivier Faure et pro-Nupes, qui a tapé sur les éléphants du PS. Déjà, pour se faire élire, il faudrait éviter de se mettre à dos, non seulement le monde rural, mais aussi les vieux socdems comme moi… Ses propos exacts sont : « Ce n'est pas sérieux de laisser des éléphants responsables de notre chute décider de notre avenir. Restez dans vos salles sombres, dans vos chuchotements, nous ne voulons plus vous entendre. Vous nous avez fait perdre, laissez-nous gagner. » On pense ce qu’on veut sur les responsabilité de chacun mais, derrière ceci, il y a un gros mensonges : ce sont bien les anciens du PS qui ont fait gagner la gauche, pas la nouvelle vague.

Les électeurs ne sont pas des crétins au point de ne pas remarquer que « on nous ment ».

Il y a eu aussi, ce week-end, cette polémique suite à je ne sais plus quel reportage sur la bouffe. La conclusion était, globalement, que les écolos et les lfistes traitaient d’islamophobes tous ceux qui mangent du porc.

Il y a eu, enfin, une infographie qui a circulé à propos de la composition d’un potentiel gouvernement « Nupes ». Je ne sais pas d’où elle vient. Elle est en anglais et on peut donc supposer que ce n’est pas l’œuvre d’un parti ou de ses cadres. Il n’empêche que ce sont bien les militants de la Nupes qui l’ont relayée. Observez-là bien : sur 19 membres d’un gouvernement, il n’y a que cinq femmes. Les facétieux me diront que c’est bien assez mais, tout de même, ça fait comme très tâche pour une formation de gauche…

 


Ces andouilles gauchisantes ont une faculté à sortir des conneries qui m’épate ! Tenez ! Coquerel a tweeté : « Comme j’ai lu ce matin dans Le Parisien quelques critiques d’une députée anonyme sur mon travail de président de la commission des finances, j’ai demandé des statistiques à mon administration. Voilà les faits : Ma commission a plus siégé cette année (277 heures de réunion à ce jour) que n'importe laquelle des années de la précédente législature. J’ai examiné au titre de l'article 40 plus de 46 000 amendements cette année soit plus que n'importe laquelle des années de la précédente législature.  En respectant pour tous le temps limite de rendu qui m’était demandé. No comment. » Il peut dire ce qu’il veut (avec une faute à « tout ») pour se justifier…

Mais le clampin moyen n’est pas dupe. Il y a eu 23 semaines depuis le début de l’année. Cela fait 12 heures de réunion par semaine ce qui n’est tout de même pas la mer à boire. Surtout, ça fait 166 amendements par heure. Un toutes les 22 secondes.

Et il voudrait se persuader et nous persuader qu’il effectue un travail sérieux.

 


Dans Twitter, hier soir, je suis tombé sur des gars (sympas et pas mous du ciboulot) qui reparlaient des causes de la défaite de Ségolène Royal. Pour eux, le motif principal était qu’elle n’avait pas été suivi par le parti. Il y a pourtant un tas de raisons. Je ne vais revenir que sur deux, parce qu’elles servent ma démonstration. Tout d’abord, elle a fait un très bon premier tour, avec un score quasiment identique (légèrement supérieur) à celui de Mitterrand en 1981 et supérieur à celui de Jospin en 1995 (et évidemment 2002). Elle faisait le bonheur de beaucoup de sympathisants de gauche. Par contre, elle s’est plantée au second tour car elle n’arrivait pas à avoir l’image d’une présidente de la République. Elle n’imprimait pas, comme on dit. En outre, le total de la gauche au premier tour était dérisoire, sans doute à cause du score de Bayrou. Ne l’oublions pas, en cette heure de gloire des centristes.

L’autre raison est que Nicolas Sarkozy a fait une très belle campagne avec son « travailler plus pour gagner plus ». Il a dit aux gens « sortez vous les doigts du cul, on va vous aider (défiscalisation des heures supplémentaires, aides à l’accession à la propriété…) ». On « sait », évidemment, que cela ne pouvait pas fonctionner mais le fait est qu’il a réussi à créer une dynamique et on est passés complètement à côté parce qu’on ne pouvait pas blairer le Sarko en question…

 

C’est toute une partie de la gauche qui passe au travers d’analyses de la situation actuelle comme on peut le faire, avec recul, pour 2007. On pourrait le faire pour 2002 vu que ça n’a pas été fait à l’époque où on a laissé deux clans se foutre sur la gueule, l’un disant que c’est la faute de Jospin, l’autre de celle de Taubira et surtout Chevènement… Comme s’il ne pouvait pas y avoir plusieurs raisons dont l’essoufflement de la gauche qui venait de passer cinq ans au pouvoir…

 


Pour le seul PS d’aujourd’hui, c’est pourtant simple. La stratégie pour les Européennes de 2019 était mauvaise alors que le chef était Olivier Faure et les socialos se préparent à le laisser définir la stratégie de 2024 en tolérant les outrances de ses lieutenants. Et la stratégie de Faure est de travailler avec un mouvement aux multiples outrances, avec des alliés qui ne respectent pas les électeurs et se concentrent sur leurs propres fans.

Qui jettent les Français qui mangent du porc, par exemple.

Je n’ai qu’un slogan : QU’ILS DEGAGENT TOUS !

25 juin 2023

On nous ment !

 


H16 est un illustre blogueur libéral. Je le lis parfois à partir de la bloguerolle de Didier Goux mais, hier, c’est un de mes potes « antivaxx » qui a signalé son billet dans Facebook. Il m’amuse, généralement. A une époque, la rumeur courrait qu’il était salarié dans les services de la Commission Européenne ce qui ne manquait pas de sel pour ce vil libéral tapant en permanence sur l’Europe.

Son dernier billet traite de la « surmortalité » constatée en 2022 par rapport à 2020 et 2021. On peut imaginer que lui ou les rigolos qui le relaient veulent démontrer que le Covid n’a pas été si mortel que cela voire que les vaccins ont été dangereux.

Je retiens de son argumentation que, petit 1, on nous cache tout et on ne dit rien (ou l’inverse), petit 2, la presse aux ordres ne relaie pas ce genre d’information, petit 3, on nous tait aussi le fait que les autres pays européens sont dans le même cas et, petit 4, qu’aucune explication n’est donnée.

Des arguments exemplaires des complotistes. Peu importe si Google permet de démonter tout cela, diffuser une fausse information permet toujours de convaincre quelques jobards.

 


Une requête Google, pourtant, avec « surmortalité 2022 en France », par exemple, permet de tomber sur le site de l’Insee où l’information est diffusée. Tu parles d’un « on nous cache tout ». Elle permet aussi de tomber sur des articles de presse parus vers le 7 juin, évoquant l’information. Tu parles d’un muselage de la presse aux ordres.

Ces mêmes recherches permettent de lire que les autres pays européens sont également concernés.

Quant aux causes, elles sont évoquées par l’Insee et par les canards en ligne : la vague de grippe de l’hiver 2023 et est arrivée en 2022 ce qui fait qu’il y a eu deux épidémies de grippe en 2022 (par ailleurs, à cause des précautions prises pour la Covid, comme le masque, ces épidémies avaient été très légères les deux années précédentes), d’une part, et la canicule a été très mortelle en 2022, d’autre part. Il y a un tas de raison. Par exemple, l’épidémie de Covid a fait qu’on a diminué les efforts pour détecter « précocement » d’autres maladies qui ont donc été plus mortelles après.

La « page » de l’Insee donne un tas d’informations (certaines déplaisent forcément, comme : « La vaccination est l’un des facteurs qui a réduit le taux de mortalité lié à la Covid-19 »)  dont des aspects statistiques surprenants.

L’Insee a fait son boulot de statisticien et précise bien que des études restent à faire : « L’analyse détaillée des causes de décès par le CépiDc [Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès] permettra d’apporter des éléments d’explication complémentaires à cette hausse. »

 

A part ça, on nous cache tout. Ils sont quand même rigolos, nos complotistes !

24 juin 2023

COR, Anticor, encore et encore

 

Allégorie : le militantisme en France

Côté polémiques, cette semaine, on a fait assez fort ! Entre le rapport du COR, le report d’Anticor, les soulèvements de la terre auxquels, sans scrupule, je vais ajouter cette histoire de sous-marin et de Titanic… Je me demande si les internautes font un peu d’effort pour prendre du recul, pour relativiser et s’ils ne feraient pas mieux de s’en foutre, au fond.

Prenons l’information du jour (qui n’a rien de polémique) qui tourne autour de la Russie et de la « révolte de Wagner ». Je ne doute pas de l’importance de l’information et j’admets qu’il est fort possible qu’une page de l’histoire se joue avec tout cela mais il est tout aussi possible que le chef d’orchestre de Wagner ne fasse que pisser dans un violon voire soit déjà assassiné à l’heure où je vais publier cet article.

Comme vous autres (du moins la plupart d’entre vous…), je souhaite que Poutine soit renversé et qu’on parle d’autre chose, que ces combats, qui tuent tout de même des braves gens, cessent et j’en passe. Il n’empêche que nous ne sommes pas acteurs de la page qui se tourne… Nous ne sommes que spectateurs d’une espèce de match d’impro. Peut-être rigolerons-nous bien, dans un mois ou dans un an, de ce que nous avons pu penser aujourd’hui ? Peut-être constaterons-nous que nous avons eu raison ? Mais, en aucun cas, on n’aura joué un rôle notable…

Que reste-t-il des printemps arabes ?

 

Ah dur dur !

Je parlais du COR dans un récent billet. Je reste stupéfait de constater que des gens qui se prennent pour des militants dans les réseaux ne prennent pas de recul par rapport… au rapport. On voudrait que, subitement, un organisme se mette à faire des prédictions économiques fiables dans le long terme !

Ce qu’il y a de rigolo, c’est que ce sont les militants proches du gouvernement qui s’insurgent. On a bien les indignations à géométrie variable.

 

COR de chasse

A propos d’Anticor, je n’ai pas fait de billet mais les réactions, à gauche, sont parfois totalement délirantes. Tout d’abord, Anticor n’est pas interdit. Ils ont perdu un agrément, je vais y revenir. Néanmoins, n’oublions pas que l’agrément avait été délivré par un récent gouvernement du président Macron. Suspecter les « macronistes » de vouloir museler les « contrepouvoirs » est quand même rigolo.

La suppression de cet agrément n’est pas une décision ministérielle mais de justice (voir d’ailleurs dans un récent billet ce que je pense de la séparation des pouvoirs ; d’ailleurs, on pourrait réfléchir à ce qu’est la « justice administrative »). Je n’ai pas toutes les informations et vous n’en avez pas plus que moi. Mais on dirait bien que l’agrément ait été retiré suite à un signalement par des membres de l’association qui estiment qu’il n’a pas été accordé conformément aux règles en vigueur.

Bref, on n’est pas loin de penser qu’il y a une certaine corruption au sein d’Anticor et vous m’excuserez pour ce raccourci. Je comprends qu’on tape sur le gouvernement mais, passé un certain stade, il faut tout de même lever le pied, d’autant que ce sont bien des juges qui ont retiré l’agrément.

En outre, l’association de lutte anticorruption est « suspectée » d’avoir reçu un financement louche de la part d’un lascar plein aux as. La lutte contre la corruption mérite tout de même que l’on prenne un peu de temps. Et les gauchistes feraient mieux de faire profil bas quand une de leur association fétiche touche du pognon d’une espèce de milliardaire…

Enfin, Anticor va faire (ou a fait) une nouvelle demande d’agrément qui devrait être accepté et pisser dans le violon n’est pas très utile.


Dois-je avouer que j'ai trouvé rigolo des copains de droite et des copains de gauche s'allier pour taper sur le gouvernement, dans cette affaire, ce gouvernement d'une majorité qui avait délivré l'agrément permettant à Anticor de mener des actions en justice ?

 

Chasse sans corps mais préférez
urinez sous la douche, tout de même

A propos des Soulèvements de la terre, j’en ai fait un billet. J’y disais que je n’étais pas forcément pour la dissolution des associations mais que ses membres avaient à répondre devant la justice des actes qu’ils commettent. Je ne comprends pas vraiment que ceux qui défendent ce machin manquent tant de prudence.

Prenons la cheffe des écolos, Marine Tondelier. Elle a tweeté, en réponse à une personne qui parlait « des Soulèvements » : « Donc les femmes qui avortaient clandestinement avant 1975 …  C’était illégal. Et donc illégitime pour vous ? J’attends votre réponse avec une grande impatience. Beaucoup d’autres femmes (et d’hommes d’ailleurs) aussi. Et j’ai plein d’autres exemples. »

C’est complètement ignoble de comparer des femmes qui voulaient se débarrasser d’un enfant qu’elles portaient à des gens qui font des actions ouvertement illégales pour défendre une position politique qu’ils veulent imposer aux autres.

Je ne parle pas, en outre, du fait qu’elle ne se rend pas compte que les militants antiavortements de l’époque auraient pu faire des actions dans les centres d’avortement pour les mêmes raisons que les militants néoécolos en font de nos jours : pour un combat politique.

On pourrait par ailleurs débattre sur la notion de légitimité mais j’invite Mme Tondelier à ouvrir un dictionnaire. La première définition est « Qui est consacré par la loi ou reconnu conforme au droit. » On voit bien ce qu’elle voulait dire mais peut-on vraiment penser que les actions illégales commises par des membres des Soulèvements soient légitimes ?

A part ça, on peut trouver rigolo la dissolution d’un truc qui n’a pas d’existence « légale » (ce n’est pas une « structure juridique »). On peut aussi rappeler que le décret de dissolution pourra être contesté devant le Conseil d’Etat et que ce dernier ne se privera pas de le casser s’il juge abusive la dissolution.

 

La question de la légitimité de certains actes militants est entière. Mais les militants antiavortements, pour reprendre cet exemple, qui en une ou deux semaines ont collé des « stickers » « et si vous l’aviez laissez vivre » sur des milliers de vélos en libre-service à Lyon et Paris ont probablement trouvé leurs actions légitimes…

Ne l’oublions pas.

Je me suis souvent exprimé sur les actions des écolos en France. Tout d’abord, s’ils n’arrivent pas à convaincre les électeurs, c’est tout de même leur faute… Ensuite, je considère que mener des combats contre les institutions françaises pour un problème mondial est un peu limité.

Emmanuel Macron a proposé, hier, une espèce d’ISF mondial pour lutter contre la pauvreté et le climat. Les gauchistes lui sont tombés dessus sur le thème « ah ah, vous n’en voulez pas en France. » Bon ! Il y avait d’autres polémiques pour cacher leurs singeries mais ne pourrait-on pas réfléchir au fait que taxer le capital, en France, n’est pas la même chose que de le faire au niveau mondial ?

 

Sous-marin russe coulé

L’actualité, dans la semaine, a surtout été marquée par cette histoire de sous-marin bourré de milliardaires qui a implosé près du Titanic. Pour ma part, je n’en ai rien à cirer mais j’ai tout de même du mal avec les tweets qui mettaient en parallèle l’énergie autour du « sauvetage » par rapport à celle de celui des bateaux de migrants.

On peut comparer ce qui est comparable ? Et laisser les journalistes publier des informations qui intéressent le public ?

C’est mal, je sais.

Mes condoléances aux familles, aux proches et à tous ceux qui le souhaitent, au fond…

22 juin 2023

Le COR et encore

 


Le blogueur politique tourne en rond. Fatalement. Un nouveau rapport du Conseil d’orientation des retraites doit sortir aujourd’hui. Un tas d’andouilles a commencé à en parler depuis deux jours mais personne ne l’a lu (les copies sorties avant la validation sont surtout utilisées pour faire le buzz). Ce sont les militants macronistes qui en ont beaucoup parlé, avec des propos très négatifs, certains allant jusqu’à demander la fermeture de ce Conseil, par exemple.

Ils feraient mieux d’être prudents, pourtant. Le COR n’est pas le seul à faire des prévisions et le gouvernement a ses propres services. Le problème de ces braves gens ne devrait pas être que le précédent rapport du COR avait des erreurs et n’était pas assez sombre par rapport à la réalité mais bien que la réforme des retraites telles qu’ils ont faites, dans les conditions que l’ont connait, était nulle, inutile et inefficace, ce que disait l’opposition de droite comme de gauche, extrême ou pas.

 

Il y a des documents préparatoires qui sont sortis (exemple en pdf). On lit que les éléments servant à faire des prévisions ont été revus à la hausse, comme le taux de chômage ou l’inflation ou à la baisse, comme la croissance. C’est ballot mais la responsabilité n’en revient pas au COR mais beaucoup plus à ceux qui font la politique de notre pays (si tant est que la politique puisse vraiment avoir un impact dans ce domaine).

On va le voir autrement.

La vérité, je vous le dis, est que la « prévision économique » est un leurre. L’économie n’est pas franchement une science. L’erreur est possible. Regardez les 25 dernières années. On a eu l’éclatement de la bulle monétique, la crise des « subprimes » et une pandémie mondiale, sans compter tout ce que j’ai pu oublier, comme la vodka ingérée par Poutine lui faisant déclarer la guerre à des pays frères pour le plaisir, un peu comme quand je m’enfile une deuxième pinte de bière par pure gourmandise.

 

Après des mois de débats, je ne veux pas proclamer de nouvelles vérités ce qui ne va pas m’empêcher de ressasser des âneries. Tout d’abord, un système de retraite par répartition s’équilibre par la résolution d’une équation avec certains paramètres : le nombre de retraités, la durée de cotisation et le nombre de cotisants, le montant des pensions et le taux de cotisation. Vous mélangez tout ça et vous obtenez un résultat.

Des enjeux liés à la compétitivité des entreprises françaises par rapport aux étrangères nécessitent parfois de jouer sur les taux de cotisation. Dont acte. C’est une décision politique. On peut compenser cela par des dotations de l’Etat (en français : du pognon pompé ailleurs ou des caisses renflouées, peu importe). On peut jouer avec chacun des paramètres mais il ne me semble pas franchement jouissif de baisser le montant des pensions.

Toujours est-il que les prévisions à long terme sont forcément fausses. On ferait mieux de regarder au jour le jour et arrêter de se triturer les méninges tant un potentiel déficit représente un pourcentage dérisoire du PIB et tant que le montant total des pensions ne varie pas trop en fonction de ce PIB, ce qui est le cas.

 


On ferait mieux de préparer l’avenir un peu plus sérieusement, par exemple en se réfugiant au bistro vu qu’on ne sait pas comment la robotique et l’IA transformeront notre monde du travail. Toujours est-il que si la réforme imposée par le gouvernement est ratée, on ne peut pas mettre en cause les instituts qui ne la réclamaient pas et les partis d’opposition.

Non mais sans blague.

21 juin 2023

Les Sous-vêtements de la terre en sans-culotte ?

 


Il va de soi que je n’aurais pas fait de billet de blog si un titre idiot, à base de sous-vêtements et de sans-culotte, ne m’était pas venu dans le crâne. Vous me connaissez : d’une part, je n’aime pas ses espèces d’associations qui s’imaginent au-dessus des lois et, d’autre part, cette manie qu’a le gouvernement d’interdire les trucs qui s’opposent à lui m’exaspère. Vous me connaissez : j’ai l’habitude d’avoir des avis partagés (ce qui ne garantit rien à part que tout le monde me les broute).

Vous me connaissez : je fais surtout des billets pour taper sur mon camp politiques quand ils font des actions qui me paraissent néfastes (c’était le cas, par exemple, avec la Nupes qui, a mon sens, est une erreur politique majeure vu qu’elle permet à la droite de s’installer de façon durable dans notre pays, preuve en est que la Nupes n’a jamais rien gagné).

 


Soyons objectifs. Je n’aime pas les Soulèvements de la terre parce qu’ils sont partis de l’opposition à des machins que j’ai soutenus (sauf les fameuses bassines qui me paraissent une énorme supercherie). Ils sont nés de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes alors que j’ai défendu cet aéroport avec des arguments que je rappelais dans mon avant-dernier billet (je suis en forme ! C’est mon deuxième aujourd’hui), au nom de la défense de l’environnement, justement.

Je n’ai pas suivi toutes leurs actions mais leur lutte contre le tunnel Lyon-Turin est une funeste connerie. Cette œuvre avait été réclamée il y a une vingtaine d’années par les écolos. Je pense qu’ils avaient raison. Ils avaient peut-être tort, au fond, mais le fait de changer d’avis brutalement est bien la preuve que le combat écologique n’a aucune constance.

J’ai d’ailleurs beaucoup discuté des bienfaits de l’action écologiste depuis mon dernier billet à ce sujet mais aussi, surtout dans Facebook, des bêtises des défenseurs des vélos contre la voiture. Les arguments sont de courte vue et vous pouvez penser le contraire mais ils n’essaient pas de mobiliser les foules en faveurs de leurs causes. A la limite, ils font tout pour décourager tout le monde.

Par ailleurs, le combat est mené contre la France alors qu’elle ne me semble pas au centre des problèmes mettant en danger la survie de notre planète. C’est un vieil argument qui provoque souvent des ricanements amendés par des éléments de langages mais les faits sont pourtant là.

Sandrine Rousseau a déclaré : « Préférer enfermer les militants, dissoudre un mouvement plutôt que de regarder le problème du réchauffement climatique en face. Vous resterez comme ceux qui n’ont finalement rien compris aux enjeux ». C’est pourtant bien Sandrine Rousseau qui n’a rien compris aux enjeux qui devraient consister à mettre le sujet au cœur des préoccupations mondiales et à les sortir de la bête opposition nationale.

 


Par ailleurs, personne ne peut définir les enjeux à la place des autres, surtout sans préciser les enjeux « pour quoi ? ». Nous sommes dans une démocratie. On pourrait en douter mais les cartes sont tout de même rebattues tous les cinq ans. Mme Rousseau fait partie d’une formation politique moribonde qui, a force de faire des conneries, se trouve sous la coupe d’un mouvement de la gauche radicale (ce n’est pas une insulte, c’est par opposition au centre gauche). Aux dernières élections nationales, son parti représentait moins de 5% de électeurs.

Je trouve ça complètement délirant, de la part de la gauche Nupsiales, de vouloir se mettre au cœur de l’opposition gouvernementale à l’Assemblée tout en soutenant des espèces de groupuscules ne présentant pas grand-chose (la pétition de soutien a regroupé une grosse centaine de milliers de votants mais les lascars paradent dans les réseaux sociaux – il n’y a pas de quoi pavoiser, surtout que je pourrais faire la liste des signataires « présumés » parmi mes potes : ils tournent un peu en circuit fermé).

 


Ensuite, je vais rappeler que tous les militants politiques du monde estiment leurs actions légitimes. C’est un peu le principe du militantisme. Mais si un militant de gauche estime que taper sur les flics est légitime (je donne un exemple au hasard), un militant d’extrême droite pourra trouver des raisons légitimes à des ratonnades. Il faut se mettre ça dans le crâne et, plutôt que de faire des bêtises, se demander pourquoi on n’arrive pas à conquérir le pouvoir. On ne mettra évidemment toutes les actions au même niveau... mais chacun trouvera bien son propre niveau.

Enfin, je ne peux pas soutenir un mouvement qui utilise la violence ou base sa lutte sur des actions interdites par la loi.

 

Cela étant, notre bon ministre de l’Intérieur ferait mieux de s’interroger sur les mesures qu’il fait prendre alors qu’il ferait mieux d’utiliser la loi et la justice. Si les manifestants font des conneries illégales, qu’on les foute devant les tribunaux et que les juges décident. Je ne suis pas opposé à des interdictions mais, « à force d’à force », elles finissent par devenir illégitimes…

Vive le cumul !

 


L’ineffable Richard Ferrand « veut changer la constitution pour qu'Emmanuel Macron puisse se représenter à la présidentielle ». Nous devons évidemment nous moquer surtout que beaucoup de veulent plus d’Emmanuel Macron comme président. Ils préfèrent sans doute Edouard Philippe voire Marine Le Pen. Je dis ça pour me moquer même si je préfère Macron aux deux autres gugusses surtout que Philippe n’a plus la tête de panda qu’il avait avant. Maintenant, il ressemble à Juppé, le pauvre.

Cela étant, le lendemain, il est revenu sur ses propos. Il ne pensait pas à Emmanuel Macron. Accordons-lui le bénéfice du doute.

Mais, précisément (c’est une façon de parler : l’article est réservé aux abonnés), il a dit que la « limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats, etc. Tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens ».

Il faut arrêter de raconter des bêtises. Le libre choix des citoyens est surtout limité par l’offre politique lamentable qui s’ouvre à nous (et je n’ai pas la solution).

 


Par contre, je suis assez d’accord au sujet du non-cumul des mandats et on pourrait regarder avec méchanceté toutes les évolutions de la Constitution depuis sa création et toutes les évolutions des pratiques institutionnelles, qu’on a d’ailleurs souvent faites au nom de la démocratie. On pourrait commencer par l’élection du président au suffrage universel même si les exemples les plus évidents sont les pignoleries de Chirac et Jospin avec le quinquennat et l’inversion du calendrier.

Le cumul des mandats est actuellement, je crois, encadré par une loi de 2014. Nous avons eu deux législatives depuis. Lors de la première, en 2017, nous avons une majorité de députés venant de nulle part, sans expérience politique, le tout aboutissant à une majorité écrasante rendant grotesque toute idée de débat parlementaire. En 2022, une partie des guignols de « la fois d’avant » a été remplacée par des types venant du même endroit, sans expérience politique, le tout aboutissant à une absence de majorité nette rendant obligatoire l’utilisation « d’artifices », comme le 49.3.

Non seulement nous avons une Assemblée d’incompétents parce que les personnes compétentes ont préféré conserver des mandats locaux, ce que vous pourrez appeler « conserver des baronnies » mais aussi par les élus n’ont absolument aucune expérience du terrain. Comme ils sont incompétents mais n’ont que ça à faire pour s’occuper et faire parler d’eux, il n’y a plus aucune réflexion, aucun fond et on se retrouve avec des débats débiles par exemple avec des lois qui devraient être censurées en commission, des andouilles qui font de l’obstruction parlementaire puis pleurent parce que les textes ne sont plus étudiés.


 

N'allez pas dire que je raconte n’importe quoi, c’est la triste vérité. On peut en rajouter (au cumul !) avec les pointures locales, comme les maires des grandes villes, les présidents de collectivités territoriales… qui ne sont plus représentées au niveau national, y compris, souvent, au sein de leurs propres partis politiques…

Si je n’ai pas dit n’importe quoi jusqu’alors, laissez moi le faire maintenant, je vous prie.

 

Dans ma grande sagesse, je propose de supprimer cette loi sur le non-cumul des mandats. A priori, les électeurs doivent pouvoir élire qui ils veulent. Je suis formel. Ce qui ne m'empêche pas de penser que des zozos comme Juppé ont un peu abusé du cumul (en d'autres termes, il ne faudrait pas pouvoir être ministre et président d'un exécutif d'une certaine taille en même temps).

Par contre, pour ce qui concerne le cumul dans le temps, et pas que de la fonction présidentielle, je suis beaucoup plus partagé. Je suis à peu près d’accord avec les arguments de Ferrand mais je ne peux pas m’empêcher de penser que pour s’assurer que nos institutions restent démocratiques, il faut s’assurer que les gouvernants ne soient pas là à vie. 


Il faudrait aussi éviter le cumul de la connerie (d'où la photo de Mme Royal pour illustrer ce billet).

 

 

18 juin 2023

Le petit vélo des écolos !


 

Je ne crois pas être moins écolo que les écolos officiels. Par exemple, je ne prends pas l’avion pour aller à des meetings politiques et je ne voyage pas pour aller manifester pour ou contre tout et n’importe quoi. Je n’ai pas de voiture et je voyage surtout en transport en commun et à vélo. J’habite à mi-temps dans un appartement récent et, pour l’autre mi-temps, dans une maison bien isolée. Dans les deux, je pisse sous la douche. Ouuuuh ! Si je puis me permettre. Je veux bien admettre certains défauts : je regarde beaucoup de films en streaming ce qui est très mal, certainement, et si tous les habitants de la planète mangeaient autant de viande que moi, la fin du monde arriverait certainement avant la fin de la journée.

J’aime bien, quand même, me moquer des écolos. Je me rappelle par exemple un copain blogueur qui donnait beaucoup de leçons mais habitait un vieux pavillon de proche banlieue et prenait sa voiture pour aller travailler. Depuis un an, j’ai fait beaucoup de billets pour défendre le nucléaire, ce que je fais au nom de l’écologie. Je veux bien qu’on se foute de ma gueule. Je ne suis pas méchant. Tant que je peux me foutre de celle des Allemands, par exemple, qui ont dû remettre en services des centrales à charbon pour supprimer celles nucléaires.

 


Dans le blog, il y a bientôt dix ans, j’ai beaucoup défendu Notre-Dame-des-Landes, y compris au nom de la défense de l’environnement. Construire un aéroport à l’extérieur de la ville allait permettre de limiter l’étalement urbain de cette dernière, notamment en récupérant une partie de l’espace de l’ancien aérogare. Il allait permettre de limiter la pollution et les dangers de l’aviation « en centre-ville ». Il allait aussi permettre de protéger des zones qui auraient dû rester naturelles, comme l’étang de Beaulieu.

Le nouvel aéroport allait permettre de limiter « la pollution directe », par l’organisation des pistes qui allaient permettre de « diminuer le roulement » (éviter que les avions doivent « remonter » la moitié de la piste avant de prendre leur élan, au décollage, et rouler d’un bout de la piste jusqu’à l’aérogare à l’atterrissage.

Certains arguments des écologies méritaient qu’on s’y attache. Par exemple, on allait faire peur aux salamandres, pour vous dire. D’autres, par contre, étaient franchement mensongers… J’avais des collègues nantaises qui étaient persuadés que la construction allait provoquer la suppression du marais de Brière, certains n’hésitant pas à les assimiler à la Venise verte, à savoir les marais poitevins, si ma mémoire est bonne.

Les arguments financiers les dépassaient complètement, par contre. Le premier concernait le coût de l’aéroport alors que ce dernier serait à la charge de Vinci (et ne dépassaient pas vraiment celui de la nécessaire réhabilitation de Nantes Atlantique, seule solution de remplacement possible). Le suivant concernait les coûts à la charge de la collectivité alors qu’ils étaient composés essentiellement d’aménagements nécessaires, indépendamment de l’aéroport, comme une ligne grande vitesse entre les deux « capitales bretonnes ». Le troisième concernait l’architecture financière vu que les PPP (partenariats publics privés) alors que, cette fois, on s’en foutait beaucoup (un aéroport n’est pas un service public : il sert à des compagnies privées). Le dernier était relatif à la pérennité du transport aérien (un investissement inutile) comme si les compagnies privées allaient investir pour un machin sans avenir (sans compter que les écolos se basaient sur l’augmentation du trafic aérien pour justifier les travaux à Nantes Atlantique).

 


Ils ont réussi à « monter des ZAD » et à obtenir la sympathie du public vu que toutes les actions contre le pouvoir en place a un côté jouissif. Cela n’est pas sans rappeler les manifestations d’hier, interdites, par ailleurs, pour lutter contre le « Tunnel Lyon Turin » et qui ont provoqué une espèce d’extase dans mon Twitter. Il faut quand même rappeler que ce projet était défendu par les écolos français, il y a une vingtaine d’années pour des raisons qui semblent évidentes et qu’on fustigeait les écolos italiens qui ont retourné leur veste depuis.

Le combat écologique est bien souvent un combat à géométrie variable. Il aurait sans doute fallu que le gouvernement Macron enterre ce projet pour que nos braves militants crient au loup… Les combats des opposants ont bonne presse. Ils sont si sympathiques… Si leurs arguments n’étaient pas à moitié foireux, ils ont au moins le mérite de motiver tous ceux qui ne pensent qu’à lutter contre le pouvoir en place.

Et je dois dire que c’est bien pour Macron, il n’avait qu’à pas céder à NDDL. Je me fous de ce tunnel mais je me demande s’il est bien intelligent de lutter contre un projet qui va permettre de favoriser le fret ferroviaire par rapport au transport en camion.

 

Cela n’a rien à voir mais je me suis pris la tête, cette semaine, avec des copains – des vrais – au sujet du vélo contre la voiture. J’adore m’engueuler avec des copains quand on est d’accord et que le seul sujet qui pousse à discuter est leur manque de mesure. A la base nous parlions des automobilistes rennais qui ronchonnaient car la situation était devenue très difficile et qu’il n’était plus possible de trouver un stationnement gratuit.

Le fait est que j’étais parfaitement d’accord avec les copains : les automobilistes peuvent aussi prendre des stationnements payants, utiliser d’autres moyens de locomotion et, surtout, qu’on ne peut pas faire grand-chose contre l’impossibilité de circuler : s’il y a trop de voitures, il y a trop de voitures… Je pourrais même argumenter longuement pour défendre la politique d’Anne Hidalgo, à Paris.

Par contre, les copains refusaient le droit aux automobilistes d’être mécontents… Or, ils ont parfaitement le droit de l’être s’ils avaient l’habitude de venir à Rennes en voiture et ne peuvent plus le faire. Qu’ils ne puissent plus le faire à cause de la circulation est un fait mais qu’ils aient le droit de gueuler en est un autre. Et c’est bien ce que je reproche aux écolos. Non seulement, ils veulent nous obliger à changer de mode de vie mais en plus ils voudraient qu’on soit contents. Autant qu’on enlève notre selle pour circuler à bicyclette, aussi…

Les arguments des écolos entrés dans notre discussion frisaient la plus profonde bêtise. Ils citaient des articles de presse ne parlant pas de Rennes et d’autres qui disaient que les « banlieusards » préféraient de toute manière faire leurs courses « en périphérie » alors que ceux du centre voulaient faire leurs achats près de chez eux.

 Il n’empêche qu’on s’en fout : la circulation automobile est de plus en plus pénible. Mais pourquoi se braquer ?

 


Il faut aussi se mettre à la place des usagers, parfois. Par exemple, moi. Un très bon exemple. Je n’ai pas une santé parfaite et je n’ai pas la capacité à faire de la route à vélo dans une grande ville (trop peur des autres, de la distance…). D’autres ont besoin de leur voiture pour transporter des achats. D’autres pour véhiculer des proches en difficulté. Moi qui habite en ville (dans deux autres villes, en fait), je suis obligé d’aller à la boulangerie à pied ou à vélo ce qui est souvent, tout de même, une perte de temps (au lieu de consacrer cinq minutes à un trajet, vous voila bloqués une demi-heure). Récemment, je suis allé acheter des fringues à Loudéac. Je n’ai pas de voiture donc n’avais pas trop le choix : je suis allé à vélo. Je n’ai pas trouvé une place où garer ce dernier tout en pouvant mettre le cadenas pour éviter les vols… A la limite, si j’avais eu une voiture, j’aurais pu me garer dans un parking près du centre…

Retournons à Paris. En quelques années, les cyclistes sont devenus des vrais dangers pour les piétons. On les voit foncer sur le trottoir où il y a une vague piste cyclable indiquée et utiliser leur espèce de sonnette pour faire dégager de pauvres marcheurs apeurés. Ils méritent des baffes ! D’ailleurs, certaines collectivités s’en rendent compte : dans ma commune de banlieue, ils ont supprimé certaines pistes cyclables (vous pouvez relire mes archives dans Facebook, j’ai toujours milité contre celles près de chez moi).

Quand j’allais souvent à l’hôpital, je devais prendre le bus à côté de l’Ile de la Cité (rue du Petit-Pont, je crois) : il fallait traverser la piste cyclable pour monter dans le bus. C’était l’enfer tant certains cyclistes sont réellement des cons. Ils ont une piste, ils s’y croient prioritaires. Les automobilistes, sur les rues qui leurs sont réservés, laissent passer les piétons, au moins !

 


Je prends aussi souvent le taxi (de moins en moins, ma santé s’améliore mais être privé d’une partie des éponges ne militent pour l’utilisation des transports soit en commun soit alternatifs), j’ai remarqué qu’on était souvent emmerdés par les mêmes cyclistes. On le voyait aussi en bus, d’ailleurs. Les vélos ont le droit de circuler dans les voies de bus et se les accaparent. L’autre jour, une vidéo a fait le buzz avec Sandrine Rousseau s’attaquant à un chauffeur de taxi pour défendre un vélo. Je ne sais pas qui avait raison mais je comprends parfaitement l’exaspération du taxi. Les lascars d’arrêtent pour déposer un client, se font dépasser par un roi de la pédale qui, ensuite, va les empêcher d’avancer…

 

Pour conclure, j’ajouterai que l’écologie ne doit pas être « antiscience ». On ne parle plus trop des OGM et je n’ai jamais été pour. Cela ne empêche pas de penser que si modifier quelques gènes permet d’éviter l’utilisation de pesticides ou de diminuer la consommation d’eau, cela mérite tout de même une étude.

Sans compter que seule la science pourrait nous permettre de nourrir toute la planète, pas le fait d’interdire les entrecôtes.

Enfin, il n’est jamais bon de se mettre la population à dos. Imaginons la petite dame qui habite la vallée de la Maurienne et voit tous les jours des centaines ou des milliers de camions passer devant chez elle alors qu’elle n’est pas concernée par les marchandises transportées, elle peut légitimement penser que les biens en question pourraient être dans des remorques posées sur des rames de train circulant des dizaines de mètres au dessous…


Pour ma part, je préfèrerais prendre la voiture pour aller au bureau mais je sais que ce n'est pas possible de faire deux fois par jour le trajet entre le Kremlin-Bicêtre et Nanterre. 

Ce n'est pas une raison pour que je tolère les donneurs de leçon qui m'engueulent. Surtout par des andouilles qui habitent des pavillons mal isolés. 

C'est vrai qu'il est moins polluant et plus facile de faire un tweet qu'un billet de blog.


15 juin 2023

Utilisons le 49.3 pour dissoudre le Conseil de l'Europe


 

Il y a parfois des informations qui me mettent hors de moi (c’est une façon de parler…) comme, hier : « Le 49.3 « soulève des interrogations au regard de la séparation des pouvoirs », selon le Conseil de l’Europe ». Voyant cela, les réseaux sociaux et la classe politique (d’opposition) s’en donnent à cœur joie pour la faire circuler avec des commentaires acerbes. La cruche d’or est attribuée à Ségolène Royal ce qui n’est pas vraiment surprenant. La dame a tweeté : « Un rappel à l’ordre contre les#49.3 du gouvernement français par le conseil de l’Europe qui souligne une atteinte à la séparation des pouvoirs. Pas glorieux pour notre pays qui faisait figure de référence pour le respect de l’Etat de droit et qui a donné au monde une constitution ».

Elle a oublié qu’elle avait partie de trois gouvernements dont celui de Bérégovoy qui a utilisé trois fois cet article et celui de Valls, pour six fois (sur deux textes) , ayant, en tout, entrainé le dépôt de cinq motions de censure. Il y a donc deux sujets, le Conseil de l’Europe et l’article 49.3 de la Constitution.

 


Pour un gouvernement, avoir la possibilité d’utiliser le 49.3 pour les textes budgétaires est nécessaire, surtout dans la configuration actuelle de notre Assemblée nationale qui a trois grosses composantes ne pouvant que difficilement avoir une majorité compte tenu de l’absence de culture de compromis dans notre pays… Il faut bien un budget. Ce n’est pas spécialement antidémocratique contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire. Le Gouvernement dit au parlement, en gros : « voila ce qu’on va faire, si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez voter pour nous virer ».

Pour les textes « non budgétaires », cela pourrait se discuter. Mais Elisabeth Borne ne l’a pas fait, contrairement aux gouvernements auxquels participait Mme Royal et à peu près tous les gouvernements de gauche, comme Mauroy, Fabius, Rocard, bien sûr et Cresson (Jospin, Ayrault et Cazeneuve sont passés à travers).

 

Pour notre réforme des retraites, il y a d’autres aspects bien plus graves, comme le fait d’utiliser une loi rectificative d’une loi budgétaire (qui, qui plus est, rectifiait un texte plus fréquent) au prétexte d’un besoin de financement qui n’avait même pas été demandé par l’instance (le Conseil d’Orientation des Retraites) chargé d’étudier ces points.

A mon avis, mais je rappelle que je ne suis ni juriste ni constitutionnaliste, c’est la position du Conseil Constitutionnel qui est suspecte.

 


Pour ce qui concerne la séparation des pouvoirs cité par le Conseil de l’Europe, on peut tout de même en rire même si c’est une grande idée définie par des braves gens depuis près de 2000 ans et ressortie en France il y a trois ans si j’en crois le CV de Montesquieu. Dans notre pays, ça fait quand même quelques décennies que le parlement est, pour des raisons électorales, à la botte de l’exécutif ou, si vous préférez, qu’il « nomme » l’exécutif. Quant à la justice, les juges dépendent de l’exécutif et l’entité en charge de garantir son indépendance, le Conseil supérieur de la magistrature, est présidé par le chef de l’exécutif.

Restons calme. Rappelons aussi à nos militants de gauche, que la séparation des pouvoirs est un des socles du libéralisme.

Pendant que j’y suis, vous me direz ce qu’insinue Madame Royal quand elle dit que notre pays à donné au monde une constitution…


Il reste à évoquer le Conseil de l’Europe. Ceux qui en parlent oublient généralement de préciser de quoi il s’agit ce qui permet d’entretenir une confusion avec les instances supérieures de l’Union Européenne, notamment le Conseil européen.

N’oubliez pas que le « Conseil de l’Europe » n’est pas le « Conseil européen ».

L’Union Européenne est une instance politique et économique issue de la CEE, elle-même venant de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Le Conseil de l’Europe n’est qu’un machin comme dirait l’autre, créé après la guerre, qui a pour objet non seulement la promotion des droits de l’homme et quelques bricoles comme la compréhension mutuelle des cultures… « Les objectifs premiers du Conseil de l'Europe sont définis dans le Traité de Londres du 5 mai 1949. Son introduction rappelle l'attachement aux valeurs de paix, de justice et de coopération internationale, aux valeurs spirituelles et morales du patrimoine commun de l'Europe, grâce auxquelles furent posés les principes démocratiques de liberté individuelle, de liberté politique et de prééminence du droit. Dès cette introduction apparaît la notion de « progrès social ». »

Savez-vous que la patronne de ce machin est la Croate Marija Pejčinović Burić ? Et que le président de l’assemblée parlementaire Tiny Kox qui nous vient des Pays-bas ? Que les deux types les plus connus de la représentation française sont André Vallini et Philippe Vigier ?

 


Ce machin est évidemment devenu grotesque compte tenu du développement des institutions de l’Union Européenne et on se demande bien ce qu’il en a à foutre de notre bon vieux 49.3… Il se trouve, en plus, que ce n’est pas le Conseil de l’Europe qui a donné son avis mais un de ses organes consultatif, la Commission européenne pour la démocratie par le droit (oui...) dite Commission de Venise.

« Elle a été créée en 1990, après la chute du mur de Berlin, à une période où une aide constitutionnelle était nécessaire pour les États d'Europe centrale et orientale. »

Parmi les états membres, on notera l’Algérie, le Brésil, le Canada, le Chili, la Corée du Sud, le Costa Rica, les Etats-Unis, Israël, le Kazakhstan, le Kirghizistan (oui, ça existe), le Maroc, le Mexique, le Pérou, la Russie et la Tunisie…

Autant dire qu’on peut royalement se foutre de son avis qui n’a pas grand-chose d’Européen, par ailleurs…


Vous allez me dire que je suis gonflé de taper sur ces jolies institutions internationale mais ce n'est pas mieux que de buzzer sur un sujet qu'on ne connait pas.