Je ne crois pas être moins écolo que les écolos officiels.
Par exemple, je ne prends pas l’avion pour aller à des meetings politiques et
je ne voyage pas pour aller manifester pour ou contre tout et n’importe quoi.
Je n’ai pas de voiture et je voyage surtout en transport en commun et à vélo. J’habite
à mi-temps dans un appartement récent et, pour l’autre mi-temps, dans une
maison bien isolée. Dans les deux, je pisse sous la douche. Ouuuuh ! Si je
puis me permettre. Je veux bien admettre certains défauts : je regarde
beaucoup de films en streaming ce qui est très mal, certainement, et si tous
les habitants de la planète mangeaient autant de viande que moi, la fin du
monde arriverait certainement avant la fin de la journée.
J’aime bien, quand même, me moquer des écolos. Je me
rappelle par exemple un copain blogueur qui donnait beaucoup de leçons mais
habitait un vieux pavillon de proche banlieue et prenait sa voiture pour aller
travailler. Depuis un an, j’ai fait beaucoup de billets pour défendre le
nucléaire, ce que je fais au nom de l’écologie. Je veux bien qu’on se foute de
ma gueule. Je ne suis pas méchant. Tant que je peux me foutre de celle des
Allemands, par exemple, qui ont dû remettre en services des centrales à charbon
pour supprimer celles nucléaires.
Dans le blog, il y a bientôt dix ans, j’ai beaucoup défendu
Notre-Dame-des-Landes, y compris au nom de la défense de l’environnement. Construire
un aéroport à l’extérieur de la ville allait permettre de limiter l’étalement
urbain de cette dernière, notamment en récupérant une partie de l’espace de l’ancien
aérogare. Il allait permettre de limiter la pollution et les dangers de l’aviation
« en centre-ville ». Il allait aussi permettre de protéger des zones
qui auraient dû rester naturelles, comme l’étang de Beaulieu.
Le nouvel aéroport allait permettre de limiter « la
pollution directe », par l’organisation des pistes qui allaient permettre
de « diminuer le roulement » (éviter que les avions doivent « remonter »
la moitié de la piste avant de prendre leur élan, au décollage, et rouler d’un
bout de la piste jusqu’à l’aérogare à l’atterrissage.
Certains arguments des écologies méritaient qu’on s’y
attache. Par exemple, on allait faire peur aux salamandres, pour vous dire. D’autres,
par contre, étaient franchement mensongers… J’avais des collègues nantaises qui
étaient persuadés que la construction allait provoquer la suppression du marais
de Brière, certains n’hésitant pas à les assimiler à la Venise verte, à savoir
les marais poitevins, si ma mémoire est bonne.
Les arguments financiers les dépassaient complètement, par
contre. Le premier concernait le coût de l’aéroport alors que ce dernier serait
à la charge de Vinci (et ne dépassaient pas vraiment celui de la nécessaire
réhabilitation de Nantes Atlantique, seule solution de remplacement possible).
Le suivant concernait les coûts à la charge de la collectivité alors qu’ils
étaient composés essentiellement d’aménagements nécessaires, indépendamment de
l’aéroport, comme une ligne grande vitesse entre les deux « capitales
bretonnes ». Le troisième concernait l’architecture financière vu que les
PPP (partenariats publics privés) alors que, cette fois, on s’en foutait
beaucoup (un aéroport n’est pas un service public : il sert à des
compagnies privées). Le dernier était relatif à la pérennité du transport
aérien (un investissement inutile) comme si les compagnies privées allaient
investir pour un machin sans avenir (sans compter que les écolos se basaient
sur l’augmentation du trafic aérien pour justifier les travaux à Nantes
Atlantique).
Ils ont réussi à « monter des ZAD » et à obtenir
la sympathie du public vu que toutes les actions contre le pouvoir en place a
un côté jouissif. Cela n’est pas sans rappeler les manifestations d’hier, interdites,
par ailleurs, pour lutter contre le « Tunnel Lyon Turin » et qui ont
provoqué une espèce d’extase dans mon Twitter. Il faut quand même rappeler que ce
projet était défendu par les écolos français, il y a une vingtaine d’années
pour des raisons qui semblent évidentes et qu’on fustigeait les écolos italiens
qui ont retourné leur veste depuis.
Le combat écologique est bien souvent un combat à géométrie variable.
Il aurait sans doute fallu que le gouvernement Macron enterre ce projet pour
que nos braves militants crient au loup… Les combats des opposants ont bonne
presse. Ils sont si sympathiques… Si leurs arguments n’étaient pas à
moitié foireux, ils ont au moins le mérite de motiver tous ceux qui ne
pensent qu’à lutter contre le pouvoir en place.
Et je dois dire que c’est bien pour Macron, il n’avait qu’à
pas céder à NDDL. Je me fous de ce tunnel mais je me demande s’il est bien intelligent
de lutter contre un projet qui va permettre de favoriser le fret ferroviaire
par rapport au transport en camion.
Cela n’a rien à voir mais je me suis pris la tête, cette
semaine, avec des copains – des vrais – au sujet du vélo contre la voiture. J’adore
m’engueuler avec des copains quand on est d’accord et que le seul sujet qui pousse
à discuter est leur manque de mesure. A la base nous parlions des automobilistes
rennais qui ronchonnaient car la situation était devenue très difficile et qu’il
n’était plus possible de trouver un stationnement gratuit.
Le fait est que j’étais parfaitement d’accord avec les
copains : les automobilistes peuvent aussi prendre des stationnements
payants, utiliser d’autres moyens de locomotion et, surtout, qu’on ne peut pas
faire grand-chose contre l’impossibilité de circuler : s’il y a trop de
voitures, il y a trop de voitures… Je pourrais même argumenter longuement pour
défendre la politique d’Anne Hidalgo, à Paris.
Par contre, les copains refusaient le droit aux
automobilistes d’être mécontents… Or, ils ont parfaitement le droit de l’être s’ils
avaient l’habitude de venir à Rennes en voiture et ne peuvent plus le faire. Qu’ils
ne puissent plus le faire à cause de la circulation est un fait mais qu’ils
aient le droit de gueuler en est un autre. Et c’est bien ce que je reproche aux
écolos. Non seulement, ils veulent nous obliger à changer de mode de vie mais
en plus ils voudraient qu’on soit contents. Autant qu’on enlève notre selle
pour circuler à bicyclette, aussi…
Les arguments des écolos entrés dans notre discussion
frisaient la plus profonde bêtise. Ils citaient des articles de presse ne
parlant pas de Rennes et d’autres qui disaient que les « banlieusards »
préféraient de toute manière faire leurs courses « en périphérie »
alors que ceux du centre voulaient faire leurs achats près de chez eux.
Il n’empêche qu’on s’en
fout : la circulation automobile est de plus en plus pénible. Mais
pourquoi se braquer ?
Il faut aussi se mettre à la place des usagers, parfois. Par
exemple, moi. Un très bon exemple. Je n’ai pas une santé parfaite et je n’ai
pas la capacité à faire de la route à vélo dans une grande ville (trop peur des
autres, de la distance…). D’autres ont besoin de leur voiture pour transporter
des achats. D’autres pour véhiculer des proches en difficulté. Moi qui habite
en ville (dans deux autres villes, en fait), je suis obligé d’aller à la
boulangerie à pied ou à vélo ce qui est souvent, tout de même, une perte de
temps (au lieu de consacrer cinq minutes à un trajet, vous voila bloqués une
demi-heure). Récemment, je suis allé acheter des fringues à Loudéac. Je n’ai pas
de voiture donc n’avais pas trop le choix : je suis allé à vélo. Je n’ai
pas trouvé une place où garer ce dernier tout en pouvant mettre le cadenas pour
éviter les vols… A la limite, si j’avais eu une voiture, j’aurais pu me garer
dans un parking près du centre…
Retournons à Paris. En quelques années, les cyclistes sont
devenus des vrais dangers pour les piétons. On les voit foncer sur le trottoir
où il y a une vague piste cyclable indiquée et utiliser leur espèce de sonnette
pour faire dégager de pauvres marcheurs apeurés. Ils méritent des baffes !
D’ailleurs, certaines collectivités s’en rendent compte : dans ma commune de
banlieue, ils ont supprimé certaines pistes cyclables (vous pouvez relire mes
archives dans Facebook, j’ai toujours milité contre celles près de chez moi).
Quand j’allais souvent à l’hôpital, je devais prendre le bus
à côté de l’Ile de la Cité (rue du Petit-Pont, je crois) : il fallait
traverser la piste cyclable pour monter dans le bus. C’était l’enfer tant
certains cyclistes sont réellement des cons. Ils ont une piste, ils s’y croient
prioritaires. Les automobilistes, sur les rues qui leurs sont réservés,
laissent passer les piétons, au moins !
Je prends aussi souvent le taxi (de moins en moins, ma santé
s’améliore mais être privé d’une partie des éponges ne militent pour l’utilisation
des transports soit en commun soit alternatifs), j’ai remarqué qu’on était
souvent emmerdés par les mêmes cyclistes. On le voyait aussi en bus, d’ailleurs.
Les vélos ont le droit de circuler dans les voies de bus et se les accaparent.
L’autre jour, une vidéo a fait le buzz avec Sandrine Rousseau s’attaquant à un
chauffeur de taxi pour défendre un vélo. Je ne sais pas qui avait raison mais
je comprends parfaitement l’exaspération du taxi. Les lascars d’arrêtent pour
déposer un client, se font dépasser par un roi de la pédale qui, ensuite, va
les empêcher d’avancer…
Pour conclure, j’ajouterai que l’écologie ne doit pas être « antiscience ».
On ne parle plus trop des OGM et je n’ai jamais été pour. Cela ne empêche pas
de penser que si modifier quelques gènes permet d’éviter l’utilisation de
pesticides ou de diminuer la consommation d’eau, cela mérite tout de même une
étude.
Sans compter que seule la science pourrait nous permettre de
nourrir toute la planète, pas le fait d’interdire les entrecôtes.
Enfin, il n’est jamais bon de se mettre la population à dos.
Imaginons la petite dame qui habite la vallée de la Maurienne et voit tous les
jours des centaines ou des milliers de camions passer devant chez elle alors qu’elle
n’est pas concernée par les marchandises transportées, elle peut légitimement
penser que les biens en question pourraient être dans des remorques posées sur
des rames de train circulant des dizaines de mètres au dessous…
Pour ma part, je préfèrerais prendre la voiture pour aller au bureau mais je sais que ce n'est pas possible de faire deux fois par jour le trajet entre le Kremlin-Bicêtre et Nanterre.
Ce n'est pas une raison pour que je tolère les donneurs de leçon qui m'engueulent. Surtout par des andouilles qui habitent des pavillons mal isolés.
C'est vrai qu'il est moins polluant et plus facile de faire un tweet qu'un billet de blog.