Alors que je cherchais des informations, hier matin, sur cet
événement, je suis tombé sur un
article (d’un journal people…), commençant ainsi : « Deux figures de la gauche sous le feu des projecteurs. Ce
samedi 10 juin, François Hollande et Bernard Cazeneuve se donneront rendez-vous
à Créteil (Val-de-Marne) où l’ex-Premier ministre donnera le top départ du
mouvement "La Convention", un espace politique qui entend fédérer la
gauche anti-Mélenchon. »
Je n’ai fait que survoler l’article qui s’étend essentiellement
sur ce que pourrait faire pépère pour torpiller Nanard ce qui a, franchement
peu d’intérêt. Mais c’est moins regrettable que cette introduction qui
laisse entendre qu’il existe une ligne à gauche qui ne vit que pour l’opposition
à Jean-Luc Mélenchon.
J’ai bien trois arguments contre lui. Le premier est que sa
stratégie est mauvaise. Il faut quand même bien se mettre dans la tête que
depuis qu’il se fait entendre, il n’a strictement rien gagné. On mettra à son
crédit d’avoir généré ce qui est devenu le premier groupe d’opposition mais
cela nous fait une belle jambe. La deuxième est que l’on pense que sa ligne
politique affichée est bien trop à gauche. J’ai bien dit « affichée ».
Après tout, en 1997, le camp Jospin avait gagné en promettant des choses comme
les 35 heures et les emplois jeune (et en 1997, il n’y avait pas de
présidentielle mais la gauche est arrivée au gouvernement). En 2012, François
Hollande a gagné en promettant une taxation des hauts revenus à hauteur de 75%
et le mariage pour tous. Il n’empêche que leurs projets paraissaient beaucoup
plus mesurés. Le troisième est qu’il est beaucoup trop clivant, comme on dit.
Il se trouve qu’il est un peu un repoussoir pour beaucoup d’électeurs.
Toujours est-il qu’il faudrait commencer par arrêter de
penser que la « gauche anti Mélenchon » existe réellement. Il s’agit d’une
gauche républicaine, proche de la social-démocratie. Et elle est plus opposée
à une stratégie genre « Nupes » qu’à un seul bonhomme. Ce « centre
gauche » a quasiment toujours existé. Mitterrand n’était pas au centre d’un
mouvement anti-Marchais… et il n’a pu gagner qu’après avoir enterré le
programme commun. En outre, il est probable que Jean-Luc Mélenchon ne soit plus
candidat… Pourquoi irait-on lutter contre sa seule personne ?
Bernard Cazeneuve, en revanche, pourrait représenter un espoir
pour cette gauche républicaine et laïque, pouvant peut-être tirer des leçons
des erreurs passées, quelles qu’elles soient. On me dira qu’il fait peut-être
une erreur en s’affichant avec François Hollande, d’ailleurs, mais le renier reviendrait
à se mettre à dos ceux qui, comme moi, ont bien aimé l’ancien président. Alors,
il reprend le flambeau, progressivement et advienne que pourra.
Qu’il fasse son chemin ! J’essaierai de l’accompagner
à mon niveau dérisoire…
J’entends les premières critiques, comme : il n’est pas
assez connu, il n’a pas de charisme, il « n’imprime pas ». Mais, en 2008
comme en 2013, qui aurait pu prédire que les futurs élus allaient l’être, sans
formuler les mêmes critiques ?
Il a toute sa chance. Comme les « lieutenants » de
Jean-Luc Mélenchon, les Ruffin, les Quatennens… qu’on ne peut pas jeter par
principe !
Ni Mélenchon, ni Cazeneuve, ni moi n’avons de boule de cristal
mais c’est pourtant bien l’avenir qu’ils préparent et que j’essaie d’imaginer.
Pensons d’abord aux prochaines européennes. LFI a bien évidemment intérêt à ce
qu’une liste unique, Nupes, soit présente. Elle arriverait d’ailleurs peut-être
en tête mais je ne pense pas qu’il faille en faire un pari. Si le RN arrive
devant, l’opposition de gauche sera morte et n’aura plus qu’à se reconstruire.
S’il n’y a pas liste Nupes, les sondages montrent qu’il y aura beaucoup plus d’élus
de gauche. Pas que les sondages, d’ailleurs. Mais pensez-vous qu’un défenseur
de l’Europe, proche du Parti Socialiste, puisse défendre les mêmes points de
vue qu’un « LFI », qu’il puisse, ensuite, siéger dans le même groupe
et avoir des votes communs. Un sommet du ridicule serait atteint !
Je pense même qu’en cas de liste commune décidée par « les
appareils », on pourrait voir une liste dissidente, pourquoi pas menée par
Raphaël Glucksmann ?, se présenter sur la ligne de départ.
Il y aura donc, je pense, des listes séparées et le Parti Socialiste
sera bien obligé de se mettre en ordre de marche et, fatalement, de tourner un
peu le dos à ses alliés de 2022.
Ensuite, nous aurons des municipales en 2026. Compte tenu du
mode de scrutin, il me semble que des listes communes sont souhaitables et,
dans les grandes villes, elles ne pourront s’articuler qu’autour des sortants,
les écolos et les socialos (je n’ose pas faire de prédictions pour Paris…).
« Bah » disait le sage. Nous voila donc mi 2026
avec, en ligne de mire, l’élection présidentielle, à peu près un an plus tard
(13 mois, si je compte bien). Cazeneuve et le PS auront fait leur chemin, tout
comme d’ailleurs les personnalités des autres formations de gauche. Je ne suis
pas Nostrabérus. Les statuts du PS prévoient une primaire. L’idéal serait que
la campagne puisse commencer avant l’été mais, quoi qu’il en soit, on ne peut
pas imaginer une primaire partir en vrille comme les deux dernières… Les
statuts ont bien le temps d’évoluer mais il est peu probable que le PS puisse
trouver dans ses rangs le candidat idéal… Faire à nouveau un score dérisoire
serait mortifère. S’associer avec la Nupes ? Suivre Cazeneuve ?
Je vous laisse deviner la meilleure solution (même si, en
trois ans, tout peut arriver – d’autant que j’ai parlé des hommes, à ce stade,
mais pas des projets).
Hier soir, je suis allé faire un tour sur Twitter pour avoir
quelques retours sur la convention (je lirai la presse après la sieste). Je
suis tombé sur ce tweet : « Cazeneuve est
un droitard. Il n’est pas de gauche. Fin du débat. »
Expliquez-moi, maintenant, comment un type normalement
constitué mais ne se revendiquant pas d’une gauche radicale pourrait-il voter comme
ce genre de connard ?
J'adore le commentaire de ton gars à la fin. Oui, voter comme ce genre de connard pour qui tout ce qui n'est pas à la gauche de Sandrine Rousseau est limite fasciste, c'est limite.
RépondreSupprimerAprès sur tes trois points, tu pourrais en rajouter un quatrième contre la bande à Mélenchon. C'est leur vision particulière de la république, et leur complaisance (pour ne pas dire plus) envers certains tenants fondamentaliste d'une religion.
Sinon beau billet. Bon dimanche
Merci. Je peux ajouter plein de points mais je voulais me limiter à ce qui fait qu’il n’a aucune chance d’être élu. Celui que tu voudrais que j’ajoute entre très bien dans le troisième des miens.
SupprimerNJ
Vous avez parfaitement résumé la situation dans cet article.
RépondreSupprimerBernard Cazeneuve est quelqu'un de posé, toujours dans la nuance, jamais dans l'excès et qui ne se ridiculisera pas en prenant un scooter pour acheter des croissants un matin...
C'est le Jacques Delors qui nous manque aujourd'hui. Bien sûr, les électeurs de la vraie gauche socialiste rêvent d'un plus jeune pour représenter le PS. Mais y'en n'a pas.
Pour le scooter : bof. Le public aurait dû s'en foutre.
SupprimerEt je ne sais pas s'il y a encore une vraie gauche socialiste.
A la fin d'un billet intéressant, au lieu de vous énerver sur un quidam mélanchoniste, pensez-à cette maxime de Chateaubriand "Il faut être parcimonieux avec son mépris ... il y a tant de nécessiteux". Vous verrez ça aide beaucoup.
RépondreSupprimerLa Dive
Ce n'est pas qu'une marque de mépris et ce n'est pas un énervement de ma part. Je me suis sans doute mal exprimé. C'est plus un avertissement (ne me demandez pas à qui, hein !) : ce genre de propos énervent les types de la "gauche modérée" comme moi et pousse à se détourner des partis que ces gens peuvent représenter.
SupprimerCela étant, vous avez raison. Je ne devrais même pas lire ces abrutis.
SupprimerTa conclusion résume le débat : la gauche "soc-dem" est de facto coincée par Mélenchon et sa clique qui définit la vérité et insulte tout ce qui ne pense pas comme lui, voir vocifère comme l'aboyard à l'assemblée. Attendons les propositions programmatiques de ce monsieur Cazeneuve avant de le juger, sinon ce n'est parler que de la forme. Et d'ailleurs du programme on va en parler comme tu le dis pour les européennes... et là on va rigoler , les carpes et les lapins...
RépondreSupprimerOui. Et en plus ses ânes ne se rendent pas compte qu'il reste quatre ans et que tout peut arriver, y compris qu'eux-mêmes peuvent changer d'avis...
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