L’expression « Ce n’est pas la girouette qui tourne,
c’est le vent » vient
de Camille Desmoulin et a été reprise par Edgard Faure. Je pourrais la reprendre
à mon compte tant mon positionnement politique est constant (alors que Faure
est passé du Radical-Socialisme au chiraquisme, tout de même) depuis plus de 35
ans. Disons qu’il se situe au centre gauche, proche de la majorité du parti
socialiste des grandes années (disons de sa création à 2017) même si je ne me
revendique pas socialiste
(je ne suis pas pour la suppression de la propriété des moyens de production et
d’échange mais ne jouons pas sur les mots – les mots ont un sens). Je préfère les
expressions « socdem » ou « centre gauche ».
Quand j’ai commencé à fréquenter des militants socialistes
en dehors de mon cercle d’amis proches, à savoir dans les réseaux sociaux,
notamment via les blogs, j’ai été très surpris de voir comment ces andouilles
arrivaient à s’engueuler pour des broutilles. J’ai été réellement estomaqué,
plus tard, à partir de 2017, quand j’ai vu une partie de ces copains devenir
proches de la gauche radicale presque à l’opposé de ce qu’ils pensaient
auparavant…
Que l’on fasse la campagne de quelqu’un avec qui on n’est
pas proche, est une chose, si on considère qu’il est le seul à pouvoir gagner.
Le défendre en permanence par la suite me semble surréaliste, surtout quand il
faut taper sur ceux qui représentent nos « proches d’antan ». Vous me
répondrez que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ce qui ne m’empêche
pas de me sentir droit dans mes bottes, comme disait Juppé.
Ces anciens socdems ont entrainé avec eux une partie des
socialistes, voire tout le parti si l’on considère que le premier secrétaire
est bien dans cette mouvance. Il n’empêche qu’ils n’ont pas entrainé les
électeurs avec eux. Au premier tour de 2012, l’ensemble des candidats de gauche
réunissaient 43,75% des électeurs. En 2017, ce chiffre était tombé à 27,67 pour
rebondir à 31,92 en 2022. Si on considère que nous étions à 36,44 en 2007, on
peut relativiser la chute mais les années précédentes sont plus constantes :
42,89 lors du funeste 2002, 40,59 en 1995, 44,95 en 1988, 46,82 en 1981, 44,94
en 1974… Un score « normal » serait donc entre 42 et 45% pour la
gauche (à un premier tour de présidentielle). On va dire 43,5. La gauche a
perdu 11,5 points…
Pour ce qui concerne ces idiots de pourcentages, vous allez
me dire que je radote. Un bon rappel ne nuit pas mais si on en revient au « ce
n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent », j’aurais tendance à
penser que les électeurs ne bougent pas mais que la girouette est forcée par
des militants politiques perdus.
Si ça peut vous rassurer, j’étais dans « le camp du
bien » à chaque élection, y compris 2022, mais pas 2017. A une époque, on
accordait le bénéfice du doute à Emmanuel Macron. Et l’on peut penser qu’une
grande partie de mes 11,5 points est restée en faveur de l’actuel président.
Dans son dernier billet, Denis évoqué trois personnalités
qui pourraient faire gagner la gauche. Pour l’un d’entre eux, il dit qu’il « peut aussi capter des voix auprès de mes ex-camarades de
la gauche de droite, qui ont toujours cette faculté à jouer contre leur propre
camp comme en 2007. »
Il a parfait le droit de penser que les 11,5% sont de droite.
Avec les 6,5% (pour aller de mes 43,5 à 50), il doit quand même réagir que la
gauche a besoin de 18% d’andouilles de droite pour gagner. Il faudrait respirer
un peu. En outre, il met mon blog en lien pour signaler ceux qui jouent contre
leur propre camp.
Tout d’abord, pour en revenir à 2007, j’ai fait la campagne
de Ségolène Royal mais à reculons. On pourra difficilement me reprocher de ne
pas avoir joué le jeu. Il n’empêche que Mme Royal avait comme slogan « l’ordre
juste » et au programme l’encadrement des mineurs délinquants par des
militaires. Ce ne sont pas franchement des marqueurs de gauche. C’est peut-être
bien elle qui a tapé contre son propre camp. La victoire de Nicolas Sarkozy
était probablement inéluctable mais pas les « 36,44 »% et le score de
François Bayrou (18,57) a plusieurs explications possibles comme un rejet
des positionnements franchement à droite de Royal.
Qui joue contre son propre camp ?
Avant de savoir si je joue contre mon propre camp, il faut
définir mon propre camp, celui dont au sujet duquel je me vantais de ne pas
avoir bougé d’un iota depuis plus de 35 ans. Il était dans les 31,92% de 2022
mais pas dans les 27,67% de 2017. Ca donne une idée. Tout cela ne veut évidemment
pas dire grand-chose. Disons que me trouve dans le tiers le moins à gauche de
la gauche.
Si je ne joue pas le jeu de mon camp, c’est uniquement à la
marge. En 2022, j’ai voté communiste car je pensais que la candidate de mon
camp ne pouvait pas gagner. En 2017, oups !, je pensais que Macron était
de mon camp. En 1988 (je ne parlais pas des 35 ans au hasard, c’était ma
première participation à une présidentielle), j’avais voté Juquin parce que la
présence du gros candidat de mon camp ne faisait aucun doute (comme en 2002, me
direz-vous, je n’avais d’ailleurs pas voté).
La gauche radicale telle qu’elle est devenue
n’est clairement pas mon camp, par contre. Un camp politique est d’une part « un
programme » mais aussi politique visant à acquérir le pouvoir. La gauche
radicale actuelle n’est plus du tout dans cette logique. Je peux donc taper
dessus sans le moindre remord.
Dans ce « qu’elle est devenue », il y a une part
de communautarisme, qui passerait sûrement pour étant à la marge pour nombre de
militants mais pas pour moi. Il y a une autre base sur la détestation des
institutions. Elle semble peu importante pour beaucoup. Je conçois bien le fait
que mes camarades aiment bien les propositions politiques mais cela ne suffit
pas. Il y a en outre des points du programme que je rejette totalement (je
parle beaucoup du nucléaire, par exemple, et je considère que le rejeter n’est
pas du tout écologique en regard des émissions de gaz à effet de serre ;
je n’ai peut-être pas de leçon à recevoir pour ce qui concerne la défense de l’environnement).
Avant de savoir si je joue contre mon propre camp (bis), il
faut savoir ce qu’on appelle taper. Je communique essentiellement avec mon blog
où chaque billet est lu seulement par quelques petites centaines de lecteurs, mes
comptes Twitter où chaque tweet du plus gros compte est « affiché » auprès
de 60 à 100 personnes et mon compte Facebook, confidentiel comme tous les
comptes Facebook (j’ai en mémoire le fait que chaque publication de petits
comptes est lue par 35 personnes et la plupart des gens qui passent par chez
moi le font pour lire mes histoires de bistros).
Je n’appelle pas cela « taper »…
Denis fait le billet que je citais au sujet des
personnalités qui pourraient faire gagner la gauche. Il parlait de Ségolène
Royal (voir mon extrait ci-dessus). Cela m’a amusé. Surtout que comme girouette,
elle se pose bien là.
Il parle aussi de François Ruffin. « Faible sur les questions environnementales, économiques
et internationales, il lui reste 4 années pour se donner une stature
présidentielle. » Et c’est moi qui tape sur mon camp ? Mouarf.
Et il retient Arnaud Montebourg en expliquant qu’il n’aura
pas le soutien des écologistes à cause de ces positions sur le nucléaire. Il
parle surement des purs militants écolos mais en aucun cas des électeurs bienveillants
qui s’inquiètent réellement du réchauffement climatique et de l’approvisionnement
en électricité…
Enfin, s’il est de bonne guerre de faire des prédictions sur
les futures personnes qui pourraient nous représenter à une prochaine élection,
surtout qu’on a peu de choses pour se donner espoir, je me demande si ce n’est
pas un peu taper contre son camp d’omettre les autres camps. En 2027, Emmanuel Macon
ne sera pas candidat. Il est probable qu’il sera remplacé auprès ce ces espèces
de centristes par Edouard Philippe, Gérard Darmanin, Bruno Lemaire ou quelqu’un
comme ça. C’est-à-dire quelqu’un de bien à droite.
Dans ces circonstances, il y a un boulevard pour le centre
gauche… Qualifier celui qui reste le candidat le plus sérieux de cette « catégorie »
de « Un personnage insipide qui devrait penser
à se reconvertir en majordome pour compléter sa retraite de 1er ministre »
est bien taper contre son camp surtout que la reconversion en secrétaire général
de sous-préfecture serait plus adaptée.
Enfin, l'élection des deux derniers présidents de la République était-elle prévisible quatre ans avant l'échéance ? Et en 2002 ? Et en 1981, ce n'est pas plutôt Rocard que l'on voyait. Mais c'est bien en 1977 que Mitterrand a rejeté le programme commun. Mais je suis hors sujet.
C’est amusant qu’il reste deux blogs politiques de gauche actifs,
dans mon entourage, mais ça limite les blogowars. Au moins, Desmoulins aura gagné une image en haut d'un billet de blog. Et je n'ai pas oublié Juquin.